Les révélations de Saint-Jacques de Compostelle

Luc G. Brunette

Description

«Sur le Chemin, sois pèlerin. Si tu n’y parviens pas, abandonne ton ego, cesse d’être celui que tu crois être, et alors tu deviendras pèlerin.» Voici une des révélations de ce chemin mythique.
Chaque année, des milliers de personnes marchent vers Santiago de Compostella en quête de réponses, de renouveau spirituel et de rencontres enrichissantes avec les autres et surtout avec soi-même. Espérant
qu’une étincelle fera jaillir la lumière, éloigner les ténèbres et dissiper le brouillard de l’esprit.
L’auteur a connu sur ce chemin cet instant à partir duquel tout peut devenir possible. À son retour, il réalise qu’après avoir «fait le Chemin», le Chemin continue à se faire en lui. Dans cet ouvrage magnifiquement illustré, il nous partage le résultat de lectures, de rencontres et de réflexions. Il nous offre sa vision de ce qu’est être pèlerin sur le Chemin de Compostelle et dans la vie.

Informations

• Publié par: Éditions AdA
• Date de parution: 18 janvier 2019
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782897867706
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Copyright © 2018 Luc Brunette
Copyright © 2018 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : L. Lespinay
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux
Mise en pages : Catherine Bélisle
Conception de la couverture : Félix Bellerose
Photos : © Thinkstock, © Luc Brunette
ISBN livre : 978-2-89786-768-3
ISBN PDF : 978-2-89786-769-0
ISBN ePub : 978-2-89786-770-6
Première impression : 2018
Dépôt légal : 2018
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Brunette, Luc G., auteur
Les révélations de Saint-Jacques de Compostelle / Luc G. Brunette.
ISBN 978-2-89786-768-3
1. Brunette, Luc G. - Voyages - Espagne - Saint-Jacques-de-Compostelle. 2. Pèlerinages chrétiens - Espagne - Saint-Jacques-de-Compostelle. 3. Espagne (Nord) - Descriptions et voyages. I. Titre.
BX2321.S3B78 2018 263'.0424611 C2018-941664-5
I l nous arrive tous de nous retrouver à un endroit précis et à un moment précis, dans un état de réceptivité si intense que nous pouvons percevoir la véritable nature de ce qui se révèle à nous et qui nous indique une voie, un chemin, un destin. Un instant durant lequel des visions et des révélations se présentent de façon claire, limpide, et qui peuvent changer nos vies si nous avons le courage de nous laisser guider par elles.
Ces instants peuvent arriver n’importe où et à tout moment. J’ai vécu cet événement rare et précieux lors de mon cheminement vers Santiago de Compostella. C’était sur l’Alto de Mostelares. Endroit magique, hors du temps et de tout lieu. Un endroit où tout peut devenir possible. Comme une ardoise sur laquelle nous pouvons tout effacer et réécrire nos projets de vie.
Alto de Mostelares, je m’en souviens comme si c’était hier. Je revis encore aujourd’hui la même émotion que celle vécue ce jour-là.
C’est sur ce haut plateau situé entre les villages de Castrojeriz et Itero del Castillo que j’ai reçu la première révélation du Chemin.
Confronté à une réalité forte et puissante, j’avais, durant les onze jours précédents, vidé mon esprit de toutes réflexions et de tous questionnements quant à ma motivation à marcher vers Compostelle.
Au départ, mon but premier était de jouer au touriste et de conquérir le Chemin. La culture nord-américaine m’a enseigné que « vouloir, c’est pouvoir ». Au cours de nombreuses années, j’avais lu des centaines de livres et assisté à de nombreuses conférences données par de grands motivateurs et gourous de la pensée magique. Il suffisait de vouloir avec une volonté de fer et de poser les gestes nécessaires afin d’obtenir tout ce que l’on désire. Je suis donc parti conquérir le Chemin, puisque c’était ce que je désirais.
Il en fut tout autrement. Rendu à Castrojeriz, tout mon être avait été vidé, nettoyé et préparé à accueillir ce que la vie allait y déposer. J’allais bientôt être conquis et me soumettre au Chemin.
En quittant Castrojeriz au matin du douzième jour de marche, je ne m’attendais pas à ce que la vie m’impose un face-à-face avec moi-même.
Après une longue ascension de 1,5 km sous un soleil de plomb, à plus de 35 degrés, avec dix kilos dans mon sac à dos, j’arrive sur le plateau en sueur et à bout de souffle.
Je m’arrête et je prends quelques minutes de repos. Je me retourne pour voir le trajet parcouru depuis Castrojeriz : le ciel bleu et limpide, les montagnes au loin, la colline sur laquelle nous est dévoilé comme un diamant le Castillo, dont l’histoire remonte à l’époque romaine. Au bas de cette colline s’étale en arc de cercle, tel un collier serti de pierres précieuses, le village d’à peine 900 âmes, dont l’histoire remonte elle aussi à l’époque romaine. Il nous est présenté dans un écrin de verdure, du vert mature de cette fin d’été, formé par les champs tout autour. Un ensemble magnifique. Un précieux bijou qu’un joaillier de grand talent a fort bien confectionné, à force de patience et de minutie.
Après une courte pause, je me mets en marche pour traverser le plateau. Le chemin de sable et de cailloux file tout droit dans un paysage de végétation jaunie, brûlée par le chaud soleil d’été. La chaleur, le vent chaud et sec du Sud qui chante et caresse mon visage, tout cela donne une impression de traversée du désert.
Arrivé sur l’autre versant et juste avant de redescendre, je m’arrête pour admirer le paysage. Devant moi, un contraste stupéfiant. Alors que le versant Est offre toute la beauté d’un paysage de carte postale, le versant Ouest offre le merveilleux spectacle du vide. La Meseta s’étale, nue, dans toute sa splendeur virginale.
Je réalise que le versant Est représente tout ce que j’ai vécu jusque-là, alors que le versant Ouest m’indique qu’à partir de ce point tout est nouveau, et que je peux y créer et déposer tout ce que je veux.
À perte de vue, aussi loin que porte le regard, je ne vois que des champs dorés, comme couverts d’une poudre d’or, caressés par le vent. Quelques arbustes dispersés ici et là, aucun village en vue. Et au milieu de cette mer d’or se déroule, comme un long cordon sinueux, le Chemin qui mène vers la lumière.
Admirant la vastitude de ce lieu, je prends conscience de ma petitesse et de mon insignifiance devant l’immensité de l’œuvre qui est devant moi.
Du coup, je réalise que mes peurs, mes doutes, mes craintes et mes questionnements sont eux aussi petits et insignifiants.
Nos peurs ne sont bien souvent que des illusions portées par le jugement des autres.
Les situations qui nous semblent pénibles et difficiles, les défis et les obligations que nous nous imposons chaque jour et qui, à hauteur d’homme, nous semblent parfois insurmontables, tout cela est en réalité bien petit et dérisoire en comparaison de l’univers qui nous entoure.
J’admirais le vide et le vide était en moi. À cet instant, je prends conscience que tout ce en quoi je crois ou ne crois pas n’est que création de mon esprit et ne représente en réalité que du vide.
Durant ma vie d’adulte, je m’étais conforté dans mes décisions et dans un faux sentiment de sécurité matérielle. Depuis quelque temps, je manquais d’espace.
Tout comme l’enfant à naître qui, bien que confortable et au chaud dans le sein de sa mère, finit par s’y trouver à l’étroit et sait qu’il devra un jour se présenter au monde, je devais naître, une deuxième fois.
Une communion avec le Grand Tout s’est opérée entre la montée et la descente. J’ai su dès cet instant que plus rien ne serait jamais pareil. Au moment même où j’ai reçu la première révélation, des barrières sont tombées et un nouvel horizon s’est ouvert devant moi.
Je suis parti de Castrojeriz, touriste conquérant ; je suis arrivé à Itero del Castillo, pèlerin. De l’obscurité à la lumière.
Durant le reste de mon parcours vers Saint-Jacques, j’ai réfléchi, médité, et me suis questionné sur la signification de cette révélation.
À partir de ce jour, j’ai toujours pris mes décisions en tenant compte de ce qui m’a été révélé sur l’Alto de Mostelares.
Depuis, j’ai quitté la frénésie d’une grande ville, un emploi rémunérateur qui ne me con