Les toiles des rêves
388 pages
Français

Les toiles des rêves , livre ebook

-

388 pages
Français

Description

Pourquoi de nombreux psychanalystes rêvent-ils de leurs analysants ? Que nous révèlent les constantes qui se retrouvent aussi bien dans ces rêves que dans les grandes oeuvres picturales mythiques que ce livre va s'attacher à déchiffrer - l'origine de la mort, la castration, l'engendrement, la scène primitive, la difficulté du rapport aux autres, particulièrement à ceux de l'autre sexe ? Le message que décrivent ses toiles, auquel chacun peut avoir accès par ses rêves et la cure analytique n'est autre que celui de l'inconscient.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296243118
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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L’Harmattan

DU MÊME AUTEUR

De l’« autisme », tomes I et II, EFEditions.
LaBouteille à l’ancre(roman, sous le pseudonyme
EFEditions.
Le Rêve de l’analyste, éditionsLeManuscrit.

de

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN: 978-2-296-10566-9
EAN: 9782296105669

Léon

Parkeur),

Toute ma reconnaissance à Sabine Chagny
pour les discussions et relances où se sont mêlées
l'élaboration de sa thèse et celle du présent livre.

Mes plus vifs remerciements
àBéatrice Tocque pour sa relecture attentive
et ses conseils éclairés en matière de style.

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Je ne suis pas historiend’art.Je ne suis qu’unamateur quiaime
regarder les peintures.Parfois, à lacontemplation d’uneœuvre, il me vient des
associations, comme on dit enanalyse, desassociations d’idées.Oh, pas
forcément à mon père, mamère, et tout mon bestiaire personnel, bien qu’il soit
là, guettant dans l’ombre, derrière une colonne du musée. Disons que je lis la
peinture d’une certaine façon et qu’il me plaît d’analyser malecture.Je ne
prétends donc à nulle objectivité.Par contre, dans larécurrence de mes
modalités de lecture, peut-être sera-t-il possible de dégager une structure,
surtout s’il se trouve des similitudesavec l’analyse de mes rêves, qui
euxmêmes reproduisent forcément quelque chose de lastructure des cures
auxquelles ils fontallusion.Peut-être y retrouverait-on quelque chose des rêves
typiques de Freud, et finalement de lastructure comme telle, structure de
l’humain en tant qu’elle confine à lastructure du langage.
Laquestion qui se formule là pourrait prendre cette forme:qu’en est-il
du fameux grand Autre deLacan ? En lisant mes rêves, est-ce que je ne produis
pas, finalement, lamême chose qu’enanalysant une œuvre, ce qui laisserait dire
que, lastructure étant partout, elle se laisse lire partout en produisant les mêmes
significations ?C’est-à-dire que, lorsqu’un sujet se met en mouvement en
parlant de ceci, il en viendrait toujours à dessiner en creux, dans ce qui manque,
l’image de sapropre fonction enacte, lalettre d’uneabsence qui ne cesse de
couriraprès un comblement inatteignable.
Je vous prie d’êtreattentif à ce point : de même que jen’analyserai pas
une œuvre, mais mon rapport à cette œuvre, de même je n’analyserai pas ce
qu’il est convenu d’appeler unpatient, maismon rapportà celui que j’appelle
dès lors unanalysant, rapport qu’on désigne du vocable detransfert.Les
œuvres, j’en fais l’hypothèse, puisent leur inspiration dans celamême: le
rapporthumain, et nonl’homme comme tel.J’ai parfois choisi des tableaux se
référant à des mythes, dont beaucoup d’artistes ont voulu donner leur version.
Cette profusion me semble déjà un indice de ce que ce mythe représente
quelque chose pour beaucoup de monde, tous ceux qui se sont sentis sollicités
par luiau point d’en commander une représentation ou d’en mettre en œuvre le

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projet, et tous ceux qui auront aimé l’œuvre, même si ce n’est que pour
l’esthétique.Je considère que l’appréciation de labeauté faitaussi partie du
problème qui nous occupe, et qu’on peut donc se demander pourquoi et
comment se fait-il que nous déclarions: ceci est beau (se situant sur leversant
objectif), ou:j’aime cela(plus subjectivement). D’autres tableaux ne font
référence àaucun mythe et pourtant leur construction et l’histoire qu’ils content
écrivent quelque chose de lastructure.
C’est une histoire d’amour entre l’œuvre d’art et l’amateur, de même
que lapsychanalyse est une histoire d’amour entre unanalysant et unanalyste.
C’est l’objet même de lapsychanalyse.Souvent les œuvres racontent une
histoire d’amour, fût-elle vécue l’instant d’un seul regard (Actéon), fût-elle
tragique (Œdipe et lasphinge,Judith etHolopherne), érotique (la Vénus
d’Urbino), historique (Portrait deGabrielle d’Estrées), mystique (latentation de
SaintAntoine), voire métallurgique (Vénus etVulcain) ou trompeuse (le
tricheur à l’as de carreau, labonnediseuse deaventure).
Entre les rêves, les mythes, et l’art, n’ya-t-il pas tissage d’une même
structure ?Celle-ci ne serait-elle pasalors lamise en rapport de ce qu’il yade
plus particulier, voire d’intime,avec ce qu’il yade plus universel?Tout le
monde naît d’un rapport sexuel, mais chacun à samanière.Tout le monde est
confronté à ladifférence des sexes, quitte à l’interpréter comme castration, mais
chacun à safaçon.Ceci constitue notre porte d’entrée dans le monde, et du
coup, notre façon d’entrer dans le cadre de cette peinture du monde que les
mythes tissent pour nous.
Si je mets l’accent sur le rapport, c’est uneautre façon de mettre
l’accent sur le cadre.Ce dernier représente l’interface entre lapeinture et le
mur.Du coup, il peut se lire comme l’interface entre latoile blanche et la
peinturce qui met les deux en re :apport, c’est latouche du pinceau, mais
qu’est-elle d’autre que l’art même du peintre, là où s’actualise sasubjectivité,
non pas comme telle mais dans unautre rapport, à son modèle, à son
commanditaire, à ses contemporains, à l’histoire de l’art et à l’histoire tout
court.Magritte fut le champion de lamise en scène du tableau dans le tableau,
dans lequel tout l’art consiste en l’habileté à faire percevoir à lafois la
continuité et ladiscontinuité entre le dedans et dehors, entre un espacetableau
dans le tableau, supposé à deux dimensions, et un espace supposé à trois
dimensions, le lieu dans lequel est posé ce tableau représenté, pourtant luiaussi
à deux dimensions puisqu’il est toujoursau sein du tableau.Entre les deux, une
ligneaussi invisible que celle de laparole lorsqu’elle tente de cadrer unaccord
entre deux protagonistes, une ligne qui fait cadre, posantainsi latroisième
dimension dans le tableau en métaphore du cadre qui code l’œuvre en
représentation par oppositionau mur qui serait réalité.Ici le cadre de lafenêtre
joue de lasimilitudeavec le cadre du tableau qui de surcroît est un chevalet : il
renvoie, nonau tableauachevé, maisau travail du peintre, à lafonction
engendrante plutôt qu’à l’objet engendré.Cette duplicité se litaussi dans l’objet
engendré lui-même, ce qu’on peut lire dans le tableau: est-ce un tableau devant
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une fenêtre ou une fenêtre ouverte sur la réalité à laquelle la présence d’un
cadre vide donne une apparence de tableau ?

Tableau1: RenNMagritte :Les promenades d/Euclide, 1955
© Adagp,Paris 2009

Dans les deux cas, c’est un tableau.L’ambiguïté se retrouveau niveau
de lasignification de l’objet engendré: on peut lire un châteauavec deux tours
ou voir dans ladeuxième tour une route s’enfonçant dans une fictive troisième
dimension.D’une tour à l’autre, on change d’espace ou on reste dans le même,
c’est selon, mais passer de l’un à l’autre espace suppose de faire le deuil d’une
tour, castration métaphorique renouantavec ladéfinition quePoincaré donne de
l’espace.On ne peut le faire qu’en donnant les limites de cet espace, qui est un
autre espace: un espace dendimensions est un espace coupé par un espace de
1,
n-1 dimensions.Telle est ladéfinition de l’espace que donnePoincaréau début
du vingtième siècle.L’habileté du tableau deMagritte réside en ceci: dans la
mise à plat de latour de droite (perte de ladimensionyde latour, -1) se lit la
profondeur d’une fictive dimensionzpar laquelle le peintre dénie (+1) lamise à
plat (-1) que suppose le tableau.
Cette façon de questionner le rapport entre lareprésentation et ce qui
serait censé ne pas être de lareprésentation nous renvoie à notre question
fondamentale, recoupant celle que

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