Liberté et libéralisme ?
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Description

« Liberté et libéralisme ? » : si chaque mot composant un titre a son importance, il n’échappe à personne qu’il en va de même pour le point d’interrogation. Celui-ci induit, si pas une remise en cause, du moins un doute. La liberté et le libéralisme sont-ils forcément, spontanément, naturellement, liés l’un à l’autre ? Si oui, est-ce de façon exclusive ? Et en quel sens faut-il lire leur relation : est-ce la liberté qui crée le libéralisme ou à l’inverse, est-ce le libéralisme qui engendre et maintient la, ou les, liberté(s) ? Quid de la liberté face à l’égalité ? Et comment vivre la liberté de culte ?

Richard Miller est né à Charleroi, le 16 novembre 1954. Docteur en philosophie de l’ULB et homme politique libéral − député wallon et sénateur de communauté, élu de Mons/Borinage −, ex-ministre de la culture, il est l’auteur d’essais politiques, de monographies d’art et de recueils de nouvelles. Sa thèse de doctorat, présentée en janvier 2011 et éditée chez Ousia, a pour titre L’imaginisation du réel. Elle traite de l’intégration réciproque du fictif et du réel, ainsi que de la limite impossible que constitue l’extrême violence. Par ailleurs, Richard Miller, par de nombreuses conférences sur la littérature, l’art, l’Europe, la guerre... s’efforce de dégager une méthodologie pour une historiographie culturelle.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782803103133
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LIBERTÉ ET LIBÉRALISME ? INTRODUCTION P HILOSP OP HIQUE À L'HUMANISME LIBÉRAL
RICHARD MILLER
Liberté et libéralisme ? Introduction philosophique à l’humanisme libéral
Préface de Lambros Couloubaritsis
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-8031-0313-3 © 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 1
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
L'Aurore - Editions numériques rue de Verlaine, 12 - 4537 Seraing-le-Château (Belgique) contact@laurore.net www.laurore.net
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-008-1
A propos L’Aurore est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
Ce livre reprend deux leçons présentées par Richard Miller au Collège Belgique en mai 2012, qui tentèrent d’éclairer le statut du libéralisme et sa valeur pour notre contemporanéité. Bien que l’aspiration à la liberté soit sans doute le bien le plus précieux, son lien avec le libéralisme n’a cessé d’alimenter des discussions contradictoires ? L’auteur, philosophe et homme politique, réfléchit sur ce lien, avec une pensée originale et l’espoir secret de voir se dégager une orientation politique pertinente pour notre temps. L’ouvrage fait converger trois perspectives : l’imaginisation du réel, qui circonscrit la vision philosophique de l’auteur, les thèses opposées sur la liberté de F. Hayek et de J.-P. Sartre, et une illustration autour de la liberté religieuse. Sans dévoiler son contenu, je souhaite relever l’idée qui les réunit : la thèse de Schelling d’après laquelle la condition du libéralisme est l’idée que « la liberté est un pouvoir pour le bien et pour le mal ». L’auteur montre que c’est parce que l’être humain libre est capable de faire autant le meilleur et que le pire, qu’il faut un projet politique démocratique capable de faire la part des choses. Bien que l’aspiration à la liberté précède historiquement le libéralisme, celui-ci se caractérise surtout par l’idée de confianceen la liberté, qui relève également d’une confiance en l’imprévisibilité, au risque et en la perfectibilité humaine. Pour un libéral, dit-il, « il vaut mieux maintenir la part de risque, que de tuer toute liberté par excès de pouvoir, de réglementation, de planification ». Mieux, « l’enjeu du libéralisme est de savoir comment gouverner le mieux pour que nous soyons le plus libre ». Or, Schelling parle depouvoirpour le bien et pour le mal. La question de savoir ce qui rend possible ce pouvoir et de quoi il est fait renvoie à trois principes : chaque vie humaine est unique, elle est interdépendante de celle d’autrui et elle est plurielle. C’est pour développer ces principes que Richard Miller introduit une thèse philosophique qui associe la faculté de l’homme d’imaginiser le réel (de le construire et le façonner librement par son imagination selon les situations) et lesimaginaires singuliers. Aucun être humain ne se limite à une image figée de la vie, mais s’emporte sans cesse vers d’autres images de la vie qui produit une pluralité fuyante et irréductible, et en même temps assume une identité plurielle. Or, comme l’a discerné Sartre, la vie sociale restreint l’éventail des possibles, donc aussi des libertés possibles. Pour y réagir, il faut, dit Miller, privilégier la pluralité de la personne, que l’attitude libérale doit valoriser en élargissant les choix possibles sur le plan de la démocratiepolitique etéconomique. Celle-ci doit être sans cesse réinventée en vue d’allier fonctionnement démocratique et production de biens, en tenant compte autant des aspects positifs de la vie que du pouvoir de l’être humain d’accomplir le mal. Le modèle libéral de la société lui paraît plus apte à répondre à ce défi, parce que, contrairement à d’autres modèles sociétaux qui entravent les risques inhérents à la liberté en utilisant différentes stratégies, le libéralisme opte pour un type de société fondé sur la puissance créatrice de la liberté et sur le caractère raisonnable et perfectible de chacune et de chacun, bref, sur laconfianceen l’être humain. Après cette analyse de « la liberté libérale, éclairée par la thèse de l’imaginisation du réel », l’auteur introduit la notion d’égalité libérale. À première vue, face aux trois principes de vie posés pour la liberté, il semble y avoir incompatibilité avec l’égalité, à moins qu’elle soit une égalité universelle (fondée sur le suffrage universel) qui transcende toutes les affiliations exclusives en conformité avec l’infinité de la liberté humaine. Pour la pensée libérale, il faut que la liberté et l’égalité soient concrètes et relatives à la réalité. Pour cela, il convient d’affronter les situations concrètes au moyen d’un libéralisme decombat, vivant la concrétisation d’une égale capacité à mener une vie unique, une vie avec autrui et une vie plurielle. Ce combat en faveur de la liberté doit être aussi un combat contre les inégalités et les
souffrances humaines. Cela suppose une forme de résistance face aux nouvelles puissances que sont les ennemis de la démocratie et les spéculateurs qui favorisent des situations où règnent les déchéances humaines et qui ont pour résultat de saper la confiance dans la liberté humaine. Entre le « toujours » et le « jamais », dit Richard Miller, le libéralisme responsable devrait choisir le « quand cela est nécessaire » il faut s’indigner, s’opposer, résister et exiger, « jusqu’à pouvoir transformer le réel ». En somme, le libéralisme, tel que Richard Miller le défend, rejoint d’abord l’idée de Thucydide à propos de la démocratie comme étant le régime où les citoyens ontconfiance en la liberté. Ce libéralisme admet ensuite la possibilité du mal, de sorte qu’il reconnaît le risque et la perfectibilité, et favorise la pluralité en tant que fondement des potentialités créatrices de l’être humain. Enfin, il refuse les injustices et les inégalités qui ébranlent la dignité humaine, sans pour cela occulter laconfianceaux capacités de l’être humain de défendre tant la liberté que l’égalité. Théoricien du libéralisme social, Richard Miller cherche, par cette dernière idée, à sauvegarder l’autonomie de l’être humain et sa dignité.
Lambros Couloubaritsis, Membre de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques
Introduction
« Liberté et libéralisme ? » : si chaque mot composant un titre a son importance, il n’échappe à personne qu’il en va de même pour le point d’interrogation. Celui-ci induit, si pas une remise en cause, du moins un doute. La liberté et le libéralisme sont-ils forcément, spontanément, naturellement, liés l’un à l’autre ? Si oui, est-ce de façon exclusive ? Et en quel sens faut-il lire leur relation : est-ce la liberté qui crée le libéralisme ou à l’inverse, est-ce le libéralisme qui engendre et maintient la, ou les, liberté(s) ? La liberté meurt-elle sans libéralisme ? Le libéralisme est-il la seule réponse éthique, politique, économique, sociale et culturelle, aux attentes de la liberté ? Anticipons d’emblée l’échappatoire la plus courante : ce type de réflexions relèverait du domaine de la philosophie, voire de la métaphysique, et n’aurait pas, en conséquence, droit de cité en politique. Sur le rapport entre les idées et l’engagement politique, les choses sont loin d’être aussi simplistes ; de façon générale mais aussi de façon très particulière pour ce qui concerne le libéralisme. L’histoire même de son développement montre au contraire combien il est inséparable d’un tel questionnement philosophique. L’humanisme libéral a pris naissance à un « moment » de l’histoire européenne, et ce à travers les écrits, les débats et les avancées de la philosophie s’insurgeant contre l’obscurantisme théocratique, et contre la violence des Guerres de Religions (retenons cette notion de « violence » sur laquelle nous reviendrons). Le berceau du libéralisme est la philosophie. Il n’est donc pas surprenant que lorsque Friedrich Hayek énonce sa théorie libérale d’un ordre spontané de la société et du marché, il déborde la stricte analyse du prix et de la production pour fonder philosophiquement son propos. Il a en effet ressenti le besoin d’un socle épistémologique plus solide pour asseoir ses analyses de la société et de son fonctionnement. Hayek a donc élaboré une philosophie de la connaissance, justifiant son modèle économique, ainsi que sa vision du droit et de l’État, dans un ouvrage 1 publié dès 1952, et intitulé.L’ordre sensoriel J’insiste sur ce qualificatif « sensoriel », par lequel Hayek donne à sa philosophie libérale un ancrage originel dans notre sensibilité, dans notre perception, dans notre appareil sensoriel. Son idée centrale est que tout comme la société, l’esprit humain ne progresse pas par sélection de buts. Ce ne sont pas des buts concrets qui régissent l’action humaine, mais une succession d’expériences qui excluent certains comportements jugés insatisfaisants. L’esprit humain 2 progresse à tâtons dans l’inconnu. Retenons cet axiome du libéralisme hayekien : il n’y a pas d’objectifs à priori, pas de planification possible, pas detriomphe de la raison. Le libéralisme d’Hayek est tout entier fondé sur une critique de la raison ! Liberté et libéralisme ? Mon objectif est de répondre à cette interrogation, et ce de deux façons. D’une part, plutôt que de répéter les principes du libéralisme tels que l’on peut les découvrir chez tel ou tel auteur – il existe d’excellentes chrestomathies commentées de ces 3 textes, notamment celle rédigée par Pierre Manent ou, plus récente, celle de Corentin de Salle – mon approche sera différente. Il s’agira de confronter le libéralisme à sa critique. J’ai la faiblesse de croire en effet que toute pensée, toute idéologie, toute croyance trouve le plus grand intérêt à prendre connaissance, à lire, à étudier, et à se colleter avec ce que la critique présente de meilleur et de plus fort. Avoir l’esprit critique, ce qui est une attitude très libérale, ne consiste pas seulement à critiquer les autres, mais à pouvoir aussi entendre la critique reçue. C’est là que se trouvent les germes de ce qui affermit et de ce qui ouvre des nouveaux horizons. À titre d’exemple, l’intelligentsia de conviction musulmane devrait pouvoir relire les pages
4 que Lévi-Strauss a consacrées à l’Islam dansTristes Tropiques. Dans le même esprit, confronter la pensée libérale à la critique adverse ne peut être qu’un exercice revigorant (une sorte, pour prendre une formule à la mode depuis la crise financière, de « stress-test »). Nous procéderons à un tel exercice, avec la mise en présence de deux ouvrages majeurs, parus la même année 1960, laConstitution de la liberté de Friedrich Hayek, et laCritique de la Raison dialectique de Jean-Paul Sartre. Mon espoir secret étant d’en voir se dégager une orientation politique pertinente pour notre temps. Une orientation libérale plus revendicative et davantage présente sur le terrain des inégalités sociales. Ma seconde tentative de réponse à la question initiale prendra la forme d’une définition de la liberté, à partir de la thèse que j’ai défendue à l’Université libre de Bruxelles, sous la direction de Lambros Couloubaritsis et de Baudouin Decharneux ; thèse qui portait sur la 5 perception (mot évoqué à propos d’Hayek) humaine de la réalité . C’est par là que je vais commencer.
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