Lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek
256 pages
Français

Lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek , livre ebook

256 pages
Français

Description

Cette réflexion traite des lieux complexes, en tension, dans leurs fonctions, leurs usages, leurs symboliques, au Maghreb et au Machrek au début du XXIe siècle. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Égypte, existent des espaces marqués par des temporalités millénaires, qui se structurent, jusqu'à l'époque contemporaine, autour de fonctions ou d'activités nombreuses. Il perdure depuis des siècles des lieux saints, sacrés, souvent saturés de sens, pour certains ouverts au tourisme international, partagés entre les symboliques, les croyances, les cultes, des religions monothéistes du Livre. Ces lieux vivants et sièges d'une religion populaire, sont aussi menacées de destruction, en lien avec la montée de l'intégrisme dans certaines sociétés arabo-musulmanes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140139970
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Jéàn RIeucau ét MOhàméd SouIssI
Lieux symboliques complexes au Maghreb et au MachrekAppropriation, tensions et partage
Lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek Appropriation, tensions et partage
Coordination scientifique : Jean RIEUCAU, Mohamed SOUISSI Comité scientifique : Jean RIEUCAU, Mohamed SOUISSI, Abdelkarim DAOUD, Maël CRÉPY Coordination technique :Kamel Hlali En couverture :Leminaret de la Grande Mosquée de Testour (Tunisie). Photographie : Jean RIEUCAU (juillet 2017). La ville de Testour, dite « Testour l’Andalouse », située dans le nordouest de la Tunisie, est construite sur le site de l’antique Tichilla romaine. Après la chute de Grenade en 1492, les AraboAndalous sont expulsés d’Espagne en 1609. Leur migration à partir de la Castille, de l’Aragon et de l’Andalousie vers Testour, commence dès 1580. Dans cette ville, juifs et e musulmans, dès la fin du XVI siècle, vivent en harmonie. Ces immigrés bâtissent des maisons avec un patio central. En 1720, un prêtre espagnol visite la ville et assiste à une e corrida. La tauromachie sera pratiquée jusqu’au XVIII siècle. Le castillan sera parlé durant un siècle et demi, d’une part dans la minorité juive, d’autre part, dans la communauté musulmane issue de la péninsule ibérique qui ignore la langue arabe. Les immigrés sont des Andalous musulmans et des juifs séfarades. La communauté juive mauresque se regroupe dans unehara(quartier juif desmédinasen Tunisie) empreinte d’un fort cachet architectural andalou. En 2019, subsistent un cimetière et unezaouïajuive, entretenus mais fermés. Le minaret de la Grande Mosquée, d’une hauteur de 22,50 mètres, est édifié en 1630, par un immigré andaloumusulman. Il combine des traditions architecturales locales, ifrîqiyennes, et des techniques décoratives hispanomauresques. Elles se traduisent par le recours à des briques rouges de style andalou, par la couverture du toit du minaret au moyen de tuiles. La tour inférieure est construite selon un procédé originaire de Tolède. Elle est surmontée d’une seconde tour, de forme orthogonale. L’ensemble est couronné d’un lanternon à toit pyramidal. Ce minaret rappelle la forme et le bâti des clochers de Castille et d’Aragon. Il a la particularité d’être décoré par des étoiles de David, en témoignage de la reconnaissance envers la communauté juive, qui aurait contribué à son financement. Aujourd’hui, la communauté juive, le judaïsme séfarade, l’héritage linguistique du castillan, le patrimoine immatériel tauromachique, ont disparu. Subsistent, l’empreinte architecturale hispanomauresque, les traditions musicales araboandalouses (festival international de malouf : musique instrumentale traditionnelle des pays du Maghreb, d’origine andalouse), un savoirfaire culinaire, un artisanat réputé. Jean RIEUCAU Montpellier, novembre 2018 Ce travail de recherche a bénéficié du concours du Département de géographie et du Laboratoire Système d’Informations Géographiques (Syfacte) de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Sfax (Tunisie), de l’Association tunisienne de Climatologie (ATUClimat), de la Maison de France (Institut français de Sfax) ; del’Institut de Recherche en Géographie (IRG), Université de Lyon, Lumière Lyon 2 (5, avenue PierreMendèsFrance, 69676 Bron Cedex), de l’UMR 5600, Environnement, Ville, Société (Université de Lyon, 18, rue Chevreul, 69362 Lyon Cedex). © L’Harmattan, 2020 57, rue de l’ÉcolePolytechnique, 75005 Paris www.editionsharmattan.fr ISBN : 9782343186078 EAN : 9782343186078
Sous la direction de Jean RIEUCAU et Mohamed SOUISSI Lieux symboliques complexes au Maghreb et au Machrek Appropriation, tensions et partage Ouvrage publié avec le soutien financier du Département de géographie et du Laboratoire Système d’Informations géographiques (Syfacte) de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Sfax (Tunisie), del’Institut de Recherche en Géographie (IRG), de l’UMR 5600, Environnement, Ville, Société (Université de Lyon).
DES MÊMES AUTEURS Jean RIEUCAU (direction J. Rieucau)Les gens de mer. Sète en Languedoc, L’Harmattan, Paris, 1990, 320 p. (direction J. Rieucau, G. Cholvy)Le Languedoc, le Roussillon et la mer des origines à la fin e du XX siècle, L’Harmattan, Paris, 1992, Tome 1 : 310 p, Tome 2 : 411 p. Systèmes littoraux, sociétés maritimes et riveraines de la mer (HauteNormandie, Languedoc Roussillon, quelques exemples en Afrique noire francophone), « habilitation à diriger des recherches en géographie », Université MontpellierIII, 1995, 347 p. (direction F. Péron, J. Rieucau)La Maritimité aujourd’hui, L’Harmattan, Paris, 1996, 356 p. (direction J. Rieucau, J. Lageiste)L’Empreinte du tourisme. Contribution à l’identité du fait touristique, L’Harmattan, Paris, 2006, 342 p. (direction J. Lageiste, J. Rieucau) La plage : un territoire atypique,Géographie et Cultures, L’Harmattan, Paris, 2008, n° 67, 143 p. (direction J. Rieucau)Le Kenya dans la troisième révolution touristique. Audelà du safari, L’Harmattan, Paris, 2014, 233 p. La zaouïa au Maghreb. Entre le religieux et le tourisme rituel. Le cas de zaouïa de Sidi El Kantaoui (Tunisie), L’Harmattan, Paris, 2016,98 p. Mohamed SOUISSI « Le tourisme international en Tunisie : vers de nouvelles formes et la réorganisation de l’espace touristique », Thèse de Géographie, Université ParisSorbonne, ParisIV, 2007, 424 p. Le tourisme international en Tunisie : contraintes et nouveaux produits,la Tunisie et la géographie des nouveaux espaces touristiques,Presses Académiques Francophones, Sarrebruck, 2015, 680 p. La zaouïa au Maghreb. Entre le religieux et le tourisme rituel. Le cas de zaouïa de Sidi El Kantaoui (Tunisie), L’Harmattan, Paris, 2016,98 p.
SOMMAIRE
AVANTPROPOS ..........................................................................................7 Jean RIEUCAU INTRODUCTION ........................................................................................11 Jean RIEUCAU CHAPITRE I DES LIEUX SACRÉS, CULTUELS, SIÈGES D’UNE RELIGION POPULAIRE ET D’UNE FRÉQUENTATION TOURISTIQUE ..................................35 Fabrique d’un patrimoine judéoberbère dans l’Atlas au Maroc : des réseaux au service de l’ancrage ..............................................................37 Mari OIRY VARACCA La fréquentation estivale dela zaouïade Sidi Bouakazine (Sud de la ville de Sfax) : quelles considérations bioclimatiques et thérapeutiques ?.........................................................................................67 Mounir JARRAYA Un lieu sacré, vivant, siège d’une religion populaire, ouvert au tourisme. Leszaouïas..................................................................................87en Tunisie Jean RIEUCAU, Mohamed SOUISSI Lazaouïavue sous l’angle de l’utopie et de l’hétérotopie..........................115 Nesrine ELLOUZE L’évolution architecturale et symbolique de lazaouïade Sidi H’cene en Algérie : entre tradition et modernité .....................................................129 Wiem ZEROUATI Confort thermique à l’intérieur des mausolées en été en Tunisie ...............153 Salem DAHECH
5
CHAPITRE II DU MICROLIEU AU MÉGALIEU. DES ÉCHELLES GÉOGRAPHIQUES AUX TERRITORIALITÉS COMPLEXES.......167 Histoire, temps présent et évolution de la symbolique des lieux : le cas de l’avenue Habib Bourguiba à Tunis...............................................169 Abdelkarim DAOUD Du géosite désertique au géosymbole oasien : échelles spatiotemporelles de la complexité dans la dépression de Kharga (désert Libyque, Égypte)..185 Maël CRÉPY L’oasis de Ksar Ghilane : l’eau qui jaillit du désert ....................................203 Najiba CHKIR, Aissa AGOUN SaintGeorgesdel’Oyapock ou l’impossible frontière ..............................235 Olivier ARCHAMBEAU
6
AVANTPROPOS
Jean RIEUCAU
Le thème des lieux « complexes » et « partagés » a été l’objet d’un colloque pluridisciplinaire, qui s’est tenu à Sfax, en Tunisie, les 22 et 23 mars 2018, dans les locaux de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (laboratoire Syfacte) et dans ceux de la Maison de France (Institut français de Sfax). Il était intitulé « Les lieux complexes, partagés entre fonctions, usages, symboliques, identifications et appropriations différenciés ». Durant deux jours, le colloque a rassemblé des géographes, des historiens, des économistes, des sociologues, des architectes, des designers. La discipline géographique, en particulier, a mobilisé plusieurs de ses composantes : géomorphologie, hydrologie, climatologie, géographie du risque, géographie de la santé, géographie urbaine, géographie du tourisme, géographie culturelle. Aux yeux des deux organisateurs, Jean Rieucau et Mohamed Souissi, cette rencontre de spécialistes, d’appartenance disciplinaire différente, issus tant d’Europe que du Maghreb, avait pour principal objectif de faciliter les échanges d’idées, de démarches et d’entrées réflexives, dans un domaine en débat dans le champ des sciences humaines, principalement en histoire, mais encore peu travaillé par les géographes. Le Maghreb et le Machrek donnent le cadre géographique des thématiques de la rencontre. La tenue du colloque dans la ville de Sfax explique le plus grand nombre d’interventions portant sur des thèmes et des terrains situés en Tunisie. L’Algérie, le Maroc et l’Égypte fournissent d’autres éclairages, issus de recherches de terrain. Dans toutes les cultures, dans toutes les civilisations, nombre de lieux, en un même emplacement, associent dans le temps, plusieurs utilisations, simultanément ou successivement. Ces usages peuvent fonctionner de manière juxtaposée (coexistence) ou partagée, mais
7
aussi croisée, entremêlée, enchevêtrée, entrelacée. Cette publication traite de l’ensemble des activités et des usages possibles en un même lieu. La montée du religieux, dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, explique que les lieux de culte et les lieux sacrés occupent une place primordiale dans ce livre. Les lieux retenus et étudiés sont actifs, en fonctionnement, fréquentés. Cette publication privilégie des lieux aux fonctions et aux activités multiples, inattendues, improbables, que l’on ne s’attend pas à voir cohabiter (militaires, thérapeutiques, agricoles, marchandes, récréatives, touristiques, religieuses, cultuelles). Les usages qui s’y déroulent s’appuient à la fois sur des acteurs publics, privés, religieux et sur la société civile. Sont privilégiés des lieux participant de systèmes riches, dans lesquels il y a trop d’agents, trop d’acteurs, trop de relations. L’échelle des lieux présentés couvre quelques hectares, quelques kilomètres carrés, voire des milliers de kilomètres carrés. La temporalité de ces emplacements privilégie indifféremment le temps court ou le temps long, étalé sur plusieurs siècles. Ces lieux sont localisés en milieu urbain, rural, littoral, désertique. Deux concepts transversaux aux échanges scientifiques suscités par cette rencontre peuvent éclairer une majorité des communications de ce livre : celui d’antimondecelui d’hétérotopie. La notion et d’antimondeconcerne l’ensemble des lieux hors la loi commune, sans lesquels le monde normal ne pourrait fonctionner. Certains comportements et la pratique de certains lieux permettent d’échapper, de se distinguer ou de se cacher des règles sociétales régissant la vie quotidienne L’hétérotopie désigne des espaces autres, en rupture, en contradiction, avec les autres emplacements. Il s’agit de lieux réels, des sortes d’utopies réalisées, hébergeant l’imaginaire. L’hétérotopie constitue une rupture temporelle, une sortie de la vie quotidienne. Ce livre se divise en deux parties. Un premier ensemble de textes traite des lieux saints et sacrés, mêlant culte et fréquentation touristique.lieu » soulève laDans le champ religieux, la dimension « question de l’inscription spatiale du comportement, de l’attitude religieuse. Le concept de « lieu saint », qui constitue fréquemment un espace délimité et spécialisé, fait appel à un foisonnement d’appellations en sciences sociales : lieu sacré, lieu de culte, lieu de piété, lieu de prière, sanctuaire, souvent employées comme synonymes.L’espace sacré est isolé et distinct des activités ordinaires et possède des bâtiments spécifiques. Un deuxième ensemble de textes aborde la question de la complexité territoriale, du micro au méga
8
lieu. Les microlieux concernent les quartiers, avenues et places, qui forment de petits fragments de territoire, morcelés en plusieurs types d’espaces dits communs. Ils participent des lieux aux usages complexes et partagés. Les mégalieux comprennent des espaces et territoires situés sur des marges et sur des frontières. De taille plus ample, les oasis et les grandes dépressions désertiques, en position de marge territoriale, dans les États du Maghreb et du Machrek, associent des fonctions et des usages partagés, d’une grande complexité diachronique, marqués par de fortes permanences depuis des siècles (agriculture, élevage, tourisme, activité thérapeutique, activité militaire, activité religieuse, cultuelle). Elles demeurent aujourd’hui des espaces en tension. Plusieurs soutiens financiers, tant en Tunisie qu’en France, ont apporté leur contribution et leur soutien logistiques à cette manifestation scientifique, ainsi qu’à la publication desActes. Nous tenons à remercier très vivement leDépartement de géographiede la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Sfax (Tunisie), le LaboratoireSystème d’Informations Géographiques, Formations en Aménagement, Cartographie, Télédétection et Environnement(Syfacte) de la faculté éponyme etl’Association Tunisienne de Climatologie(ATUClimat). Que soit également remercié la Maison de France (Institut français de Sfax) qui a mis certains locaux à la disposition du colloque. Côté français, nous adressons nos vifs remerciements au soutien del’Institut de Recherche en Géographie(IRG) de l’Université Lumière Lyon 2, ainsi qu’à l’UMR 5600, Environnement, Ville, Société(Université de Lyon).
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents