Lucien Goldmann
200 pages
Français

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Lucien Goldmann , livre ebook

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Description

Né en 1913 à Bucarest, Lucien Goldmann est un sociologue engagé ; influencé par Lukacs, Hegel, Marx, il développe une réflexion sur le marxisme, l'art, la littérature et la culture. Sociologue indépendant, inclassable, qui n'a pas laissé une école de disciples, injustement oublié, son oeuvre mérite d'être revisitée tant par sa richesse que par la pertinence de son propos.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 88
EAN13 9782296464261
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lucien Goldmann
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54817-6
EAN : 9782296548176

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Lucien GOLDMANN


Actes des journées d’études
(IMEC, Abbaye d’Ardennes, Caen, 13-14 septembre 2009)


Coordonné par Jean FERRETTE


L’HARMATTAN
LES PARTENAIRES POUR L’ORGANISATION DU COLLOQUE :



IMEC
Abbaye d’Ardenne,
14280 St-Germain la Blanche-Herbe



CERReV :
Université de Caen, Esplanade de la Paix,
14000 CAEN
Annie Goldmann
PRÉSENTATION DU "DIALOGUE DANS UN
BUFFET DE GARE" DE LUCIEN GOLDMANN


Je suis heureuse de me trouver parmi vous aujourd’hui. C’est un honneur et un plaisir et je remercie chaleureusement les responsables de l’IMEC d’avoir pris l’initiative d’organiser ce colloque ainsi que le comité scientifique qui en a suivi la réalisation avec efficacité et conviction.
Cette réunion est la preuve que quarante ans après sa mort, l’œuvre de Lucien Goldmann est toujours présente. Elle est le témoin d’une période de la vie intellectuelle française, – les années cinquante et soixante – particulièrement riche en débats, polémiques et controverses.
Goldmann y a apporté une contribution dont les répercussions sont encore vivantes. Avec le recul, elle nous permet de comprendre les questions, les espoirs, que la recherche philosophique et sociologique se posait et, aujourd’hui, de nous demander si ces questions et ces espoirs sont encore d’actualité.
Je suis particulièrement émue de retrouver ici des amis de cette époque, de rencontrer ceux qui, sans l’avoir connu, se sont plongés dans ses écrits, poursuivant une pensée qui suscite réflexions et débats, et que mes deux fils, Michel et Philippe assistent à cette manifestation en hommage à leur père.
Mon propos est de vous présenter un texte inédit de Goldmann qui date probablement des années 1943-1944. Il n’y a pas, à ma connaissance d’autres écrits antérieurs à cette période.
On pourrait penser que donner des indications biographiques de Goldmann irait à l’encontre de ses principes méthodologiques. Cependant, il ne s’agit pas de vie personnelle, mais des circonstances historiques particulières dans lesquelles ce dialogue s’inscrit, tout comme ses analyses de Racine et de Pascal tiennent compte de la rupture de Racine avec Port-Royal, et des "conversions" de Pascal, pour résoudre l’énigme de la présence divine dans le monde.
Il me faudra remonter aux années de formation de Goldmann à partir de la fin des années vingt, en Roumanie.
Jeune étudiant, militant du parti communiste roumain clandestin où il était affecté au secteur Agit-Prop, il doit faire une première autocritique pour ne pas en être exclu (probablement pour trotskisme). De Bucarest, il part pour Vienne, ville de sa famille maternelle – ce qui explique que sa langue maternelle fut l’allemand – afin d’étudier les austro-marxistes, en suivant en particulier les cours de Max Adler. C’est là, me raconta-t-il, qu’il prit connaissance des écrits de Lukács exprimées dans Histoire et Conscience de classe pour lequel il éprouvera toujours, ainsi qu’à l’égard de Rosa Luxemburg, une grande admiration. Il me semble improbable qu’il n’ait pas eu connaissance de la polémique soulevée par les Thèses Blum , à la suite de laquelle Lukács se retira de la vie politique pour se consacrer à ses travaux littéraires. On verra que, plus tard, dans les années noires, Goldmann prendra la même décision.
Après un an, il retourne à Bucarest, reprend ses activités au parti mais entre encore en dissidence, et, en 1934, après l’assassinat de Kirov – dont il s’était persuadé qu’il était l’œuvre de Staline – il rompt définitivement avec l’action politique et décide de se rendre à Paris.
Il y mène la vie d’un étudiant pauvre, apatride – l’ambassade roumaine lui ayant refusé le renouvellement de son passeport – vivant de petits boulots mais fréquentant assidûment la Sorbonne et la Bibliothèque nationale. La France, et Paris en particulier, était alors le lieu d’exil de l’intelligentsia de langue allemande fuyant le nazisme. Cette émigration était divisée, déchirée par des conflits internes violents et irréductibles entre communistes, trotskistes, socialistes, adversaires du nazisme de tous genres. Mais cette émigration, ne voulant pas renoncer à sauvegarder la culture allemande avilie par le nazisme, avait mis sur pied des structures où les noms connus comme Adorno, Benjamin, Horkheimer, Heinrich Mann, Joseph Roth, et tant d’autres, apparaissaient dans des revues, des petites publications et surtout des rencontres régulières dans les arrière-salles des cafés parisiens que Goldmann fréquentait assidûment. Selon un témoignage d’un ami de l’époque – rencontré après sa mort – il connaissait tout le monde, mais il n’était alors qu’un jeune étudiant inconnu.
La défaite de 1940 le jette sur les routes de la débâcle ; apatride, sans papiers ; juif, il est particulièrement vulnérable. Traversant la France il arrive dans le sud où il est interné dans un camp de rétention d’étrangers de Rivesalte, dont il s’évade rapidement ; il s’installe à Toulouse où se sont réfugiés beaucoup d’universitaires et intellectuels avec lesquels il se lia : Clara Malraux, Jean-Pierre Vernant, Claude Vigée, etc.
Goldmann m’a toujours dit qu’en période où les circonstances historiques n’offrent aucun issue possible, la solution était de s’adonner au travail scientifique, non par refus du réel, mais au contraire pour le comprendre, ce qui est une forme d’action. Il a d’ailleurs mis en exergue à la première édition de son livre La communauté humaine et l’univers chez Kant , publié en 1945 à Zürich, cette phrase de Kant : « Parmi tous les états, aucun n’est plus inutile que celui du savant tant qu’il est dans la simplicité naturelle, et aucun plus nécessaire dans l’état d’oppression par la superstition ou par la force ».
En 1942, les allemands envahissent la zone libre ; en vertu de l’article 19 de la convention d’armistice franco-allemande, signée en 1940, « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich ».
C’est le moment où les réfugiés menacés, surtout les juifs étrangers, tentent de passer en Espagne. Goldmann parvient à franchir clandestinement la frontière Suisse, où, dès son arrivée, il est interné dans un camp pour réfugiés. Il en sort grâce à l’intervention de Jean Piaget, qui lui obtient une bourse afin de préparer à Zürich une thèse de doctorat, d’abord publiée en allemand, puis en français lors de son retour à Paris en 1945 ; ce sera La communauté humaine et l’Univers chez Kant.
Joseph Gabel, réfugié lui aussi à Toulouse en 42 a raconté au colloque de Cerisy sur Goldmann en 1979, que celui-ci lui avait causé la plus grande frayeur de sa vie. Réveillé en sursaut au milieu de la nuit par de violents coups à sa porte, persuadé qu’il s’agissait de la police venu l’arrêter, il ouvrit précautionneusement pour trouver Goldmann tout excité qui lui dit : « Je viens de trouver la clé de la philosophie de Kant », puis disparut dans la nuit.
Il me semble que ce dialogue que je vais vous présenter aujourd’hui, se situerait à peu prés à cette époque, entre la fin de sa réflexion sur Kant et la découverte de la vision tragique. Ce texte pourrait se référer à une vraie discussion entre un professeur et un étudiant, comme il pourrait être une fiction. Le début est abrupt, comme s’il s’agissait de la continuation d’un dialogue antérieur ; il s’inscrit clairement dans la problématique kantienne de la Critique du jugement à savoir que le beau est humain et que le jugement esthétique permet d’unir le transcendantal et l’empirique.
Dialogue dans un buffet de gare
Les deux intervenants sont indiqués chacun par une lettre, G. se référant évidemment à Goldmann et P. n’ayant pu être identifié.
P. En somme, jusqu’à présent aucune philosophie n’a rendu c

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