Masques Berbères et théâtre maghrébin
270 pages
Français

Masques Berbères et théâtre maghrébin , livre ebook

-

270 pages
Français

Description

Longtemps, les masques ont été peu connus au Maghreb. Ces masques et les expressions tumultueuses qui accompagnent leurs sorties semblent avoir embarrassé des observateurs incapables de les interpréter. Ces défoulements collectifs sans retenue sont apparus si paradoxaux qu'au mieux une certaine pudeur, mais plus vraisemblablement des interdits, ont incité à faire silence : de telles expressions ne pouvaient qu'être réprouvées tant par l'orthodoxie musulmane que par l'école française (Camille Lacoste-Dujardin).

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782336331560
Langue Français
Poids de l'ouvrage 22 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Masques berbères et théâtre maghrébin Mohand Aït Ahmed
Longtemps, les masques ont été peu connus au Maghreb.
Mohand Aït Ahmed le montre bien, lui qui n’a pu trouver, Masques berbères
à propos de sa Kabylie natale, qu’à peine une malheureuse
dizaine de pages écrites à ce sujet, et qui a prospecté, partout et théâtre maghrébinailleurs au Maghreb, une bibliographie qui demeure, à propos
des masques, tout aussi indigente. Curieuse négligence de la
part de tant d’auteurs potentiels, tous ceux qui, voyageurs,
ethnographes apprentis ou non, administrateurs coloniaux,
universitaires, ont observé et décrit maints autres rituels, maints
autres faits de culture maghrébine. En réalité, ces masques et
les expressions violentes, tumultueuses, qui accompagnent
leurs sorties, semblent avoir bien embarrassé des observateurs
incapables de les interpréter. Ces rituels ruraux, alors vus et
compris comme des carnavals, des mascarades, des charivaris,
et les défoulements collectifs qu’ils paraissent manifester sans
retenue, souvent obscènes, toujours fortement sexualisés, sont
apparus si paradoxaux, si étonnants, qu’au mieux une certaine
pudeur, mais plus vraisemblablement des interdits, ont incité
à faire silence ; car de telles expressions ne pouvaient qu’être
réprouvées tant par l’orthodoxie musulmane que par l’école
française.
Camille Lacoste-Dujardin
Né en 1950 en Kabylie (At Jennad) et après des études à l’École
des hautes études en sciences sociales (EHESS, Paris), Mohand
Aït Ahmed livre ici une partie des recherches qui l’ont occupé
durant de nombreuses années.
Préface de Camille Lacoste-Dujardin
Photographie de couverture © M. R. RABATE,
A. GOLDENBERG.
27 €
ISBN : 978-2-343-00795-3
HC_PF_AIT-AHMED_MASQUES-BERBERES-THEATRE-MAGHREBIN.indd 1 06/11/13 17:05
Masques berbères et théâtre maghrébin Mohand Aït Ahmed






Masques berbères
et théâtre maghrébin


Mohand Aït Ahmed



Masques berbères
et théâtre maghrébin






Préface de Camille Lacoste-Dujardin













































© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-00795-3
EAN : 9782343007953

A Kateb Yacine Pour leur aide amicale, je remercie particulièrement Camille
Lacoste-Dujardin, Thierry Bovier-Lapierre, Catherine Fernand,
Denise Vernay et Luigina Sokrani. AVANT-PROPOS
Hormis la mise en forme, quelques illustrations et précisions
bibliographiques, cet ouvrage sera enfin livré tel qu’il a été écrit
voilà plus de vingt ans, comme l’aimable préface de Camille
Lacoste-Dujardin.
Cet immense retard est aussi la conséquence d’un choix
compliqué, entre la poursuite d’études convenables en Algérie et
l’engagement en faveur d’un pluralisme d’opinions, que depuis
le début des années 1970 de jeunes étudiants avaient
l’impertinence de penser indissociable d’une souveraineté nationale, très
chèrement acquise.
En effet, dans ce pays nouvellement indépendant et «
socialiste », inimaginables et immergées encore à cette époque, les idées
nouvelles à l’origine de nombreuses révoltes populaires qui
avaient marqué, directement ou par ricochet, les années 1980 et
posé les jalons des quelques libertés actuelles, n’avaient jamais
cessé d’agir sur mon parcours, de porter mon activisme social et
politique, même après mon arrivée en France, lorsqu’il a fallu
quitter mon pays.
Le sujet de cette publication me fait également repenser à Kateb
Yacine qui a soutenu de toutes ses forces quelques jeunes
intenables, à sa révolte prémonitoire, contagieuse contre un arabisme
forcené, disant quelque part, beaucoup plus tôt et sans regret,
s’agissant d’une autre époque, d’une autre lutte, armée celle-là,
mais également victorieuse : quelle jeunesse malheureuse nous
avons connue !
11PREFACE
« Toute l’humanité connaît les masques » écrivait fort
justement Marcel Mauss, et le père de l’ethnologie française ajoutait :
« le masque est à l’origine de la notion de personne ». Ces
affirmations sont aujourd’hui si généralement reconnues que l’on ne
peut concevoir pourquoi et comment les cultures maghrébines
feraient exception à cette règle universelle.
Longtemps, pourtant, les masques ont été peu connus au
Maghreb. Mohand Aït Ahmed le montre bien, lui qui n’a pu trouver, à
propos de sa Kabylie natale, qu’à peine une malheureuse dizaine
de pages écrites à ce sujet, et qui a prospecté, partout ailleurs au
Maghreb, une bibliographie qui demeure, à propos des masques,
tout aussi indigente. Curieuse négligence de la part de tant
d’auteurs potentiels, tous ceux qui, voyageurs, ethnographes apprentis
ou non, administrateurs coloniaux, universitaires, ont observé et
décrit maints autres rituels, maints autres faits de culture
maghrébine. En réalité, ces masques et les expressions violentes,
tumultueuses, qui accompagnent leurs sorties, semblent avoir
bien embarrassé des observateurs incapables de les interpréter.
Ces rituels ruraux, alors vus et compris comme des carnavals, des
mascarades, des charivaris, et les défoulements collectifs qu’ils
paraissent manifester sans retenue, souvent obscènes, toujours
fortement sexualisés, sont apparus si paradoxaux, si étonnants,
qu’au mieux une certaine pudeur, mais plus vraisemblablement
des interdits, ont incité à faire silence ; car de telles expressions
13Masque berbère et théâtre maghrébin
ne pouvaient qu’être réprouvées tant par l’orthodoxie musulmane
que par l’école française.
Mais l’enfant qui fut un jour, effrayé par une sortie de masques
dans sa montagne kabyle en a gardé un souvenir si vif qu’il ne
pouvait, lui, devenu homme et chercheur, rester sans comprendre.
C’est pourquoi Mohand Aït Ahmed a conduit résolument et sans
relâche son enquête, dépouillant, à l’affût des masques, toute la
bibliographie possible à travers tout le grand Maghreb. Ainsi
a-til pu parvenir à réunir divers fragments, certes épars, mais dont
le rassemblement parvient à faire la cohérence, dans l’inventaire
qui fonde aujourd’hui son étude. Travail patient mais fructueux
puisqu’il donne l’occasion de pouvoir encore porter attention, en
terre maghrébine, à des manifestations culturelles encore fraîches
il n’y a pas si longtemps, et de pouvoir y lire et réfléchir sur des
témoignages de telles pratiques festives communes à toute
l’humanité. Et cela, au moment même où la transition s’opère
sous nos yeux, depuis ces masques fondateurs jusqu’à ce qu’ils
préfigurent et qui se développe actuellement : le théâtre
maghrébin.
Tout le mérite de Mohand Aït Ahmed, est d’avoir compris
l’importance de ces fêtes à masques dans la riche culture
maghrébine comme prémices d’un art théâtral aujourd’hui en plein
essor. Certes, les cérémonies où figurent des masques paraissent
avoir été intégrées à des syncrétismes hérités de vieux mythes
agraires, et transmettre alors au spectateur des messages de l’autre
monde. Pourtant, par ailleurs, le petit nombre des porteurs de
masques, “les personnages” qu’ils jouent -on sait que persona en
latin, était d’abord un “masque de théâtre”-, donnent à voir, dans
les farces qu’ils interprètent, des esquisses de représentations
théâtrales qui, accompagnées de danses et de musiques, suscitent
tantôt l’horreur d’où naît la tragédie, et tantôt la dérision, la
satire, la parodie -de la religion, du pouvoir-, qui préfigurent la
comédie. On pourra suivre ainsi, dans le cours de ce livre, le
cheminement et les aspects divers qui, au Maghreb, conduisent
du rite sacré au théâtre contemporain.

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