Migrations, dynamiques agricoles et problèmes fonciers dans le Nord-Cameroun
215 pages
Français

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Migrations, dynamiques agricoles et problèmes fonciers dans le Nord-Cameroun , livre ebook

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Description

A partir des années 1970, des courants migratoires venus de l'extrême-Nord ont fait tripler la population dans certaines zones de la région du Nord-Cameroun. Les migrants devaient combler un vide démographique et faire progresser la spéculation cotonnière et les cultures de céréales. Toutefois, le vide n'était qu'apparent, ces espaces appartenant économiquement aux éleveurs, et politiquement, aux lamidats peuls. Néanmoins, aucune politique de développement ne saurait s'effectuer sans une sécurisation du droit de propriété et une réforme foncière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 604
EAN13 9782296716650
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MIGRATIONS, DYNAMIQUES AGRICOLES
ET PROBLÈMES FONCIERS
DANS LE NORD-CAMEROUN
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13909-1
EAN : 9782296139091

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Abdoulay MFEWOU


MIGRATIONS, DYNAMIQUES AGRICOLES
ET PROBLÈMES FONCIERS
DANS LE NORD-CAMEROUN

Le périmètre irrigué de Lagdo
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa


Dernières parutions

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Innocent BIRUKA, Sagesse rwandaise et culture de la paix, 2010.
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Françoise UGOCHUKWU, Le pays igbo du Nigeria, 2010.
« Pour éviter les pratiques des dégradations des ressources forestières, le développement agricole du Cameroun passera dans la zone de savane. Cette agriculture a besoin d’une sécurité foncière qui devient un enjeu majeur de maintien de l’ordre public ». (Mfewou A. 2010)
INTRODUCTION GENERALE
Développement agricole et migrations au Nord-Cameroun


Le Nord-Cameroun est limité à l’Ouest par la République fédérale du Nigeria et à l’Est par la République du Tchad et la République Centrafricaine. Il est composé des régions administratives de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord et occupe une superficie de 164 000 km 2 , représentant 35 % du territoire camerounais. Il est situé entre 6°et 13°de latitude Nord et entre 9°et 15°de longitude Est en zone soudanienne et soudano-sahélienne. Sa population représentait 2,2 millions d’habitants en 1976 et 3,2 millions d’habitants en 1987, soit 30% de la population camerounaise. Le taux de croissance annuel moyen sur presque une décennie, soit 1987-1999, serait de 3,3%. Ce taux est resté constant dans l’ensemble du Nord-Cameroun et présente de fortes disparités régionales.
Soumise à un climat tropical soudanien à affinité sahélienne, la région du Nord-Cameroun a une pluviométrie moyenne de 900 à 1 000 mm qui diminue à mesure que l’on progresse vers la région de l’Extrême-Nord. Sa végétation dominante est de type savanicole (Donfack P. et al, 1996) . Les sols varient des glacis aux roches acides, aux sols ferrugineux lessivés en passant par les dépôts sédimentaires anciens (Branbant P., 1986) . En dépit des conditions climatiques moyennement favorables, le Nord-Cameroun a de bonnes potentialités agricoles. L’agriculture est la base de l’économie et occupe plus de 60% de la population active. La culture du coton qui occupe une superficie de 85 000 km 2 s’étend sur les régions du Nord et de l’Extrême-Nord entre les isohyètes 700 et 1 200 mm. Dans l’ensemble du bassin de la Bénoué, la population et les surfaces cultivées (sorgho, muskuwari, maïs, coton) sont passées respectivement de 1980 à 1991 de 151 802 habitants et la superficie de 15 338 ha à 65 752 ha. L’ouverture des terres agricoles a suivi la courbe de l’augmentation de la population, due aussi bien à l’arrivée et à l’installation des migrants qu’à la croissance naturelle des populations. L’élevage constitue aussi une source de revenus et fournit une importante source de protéines animales à la population (Njoya A. et al, 1997) . On enregistre 1 700 000 bovins (38 % du cheptel national), 1 400 000 ovins et 1 500 000 caprins (55 % des petits ruminants du pays). Avec la construction de la retenue de Lagdo sur la Bénoué, la pêche qui a atteint une production de 1000 tonnes/an reste une activité attractive et entretient aussi des flux migratoires (DPEFEN, 1997).
Au cours des années 1955, les migrations rurales au Nord-Cameroun ont pris un double aspect : d’une part, des déplacements spontanés relevant de la dynamique propre à chaque ethnie, d’autre part, des colonisations des zones d’accueil sélectionnées, organisées vers des territoires considérés comme des zones propres à l’agriculture, tout en évitant les parties déjà peuplées.
Après les Indépendances, les choix de l’administration nationale ont été décisifs dans le déclenchement des migrations organisées, d’abord en rétablissant les conditions d’accueil indispensable, ensuite en incitant au départ les habitants des zones surpeuplées de l’Extrême-Nord en vue d’un développement mieux équilibré des activités rurales et, par conséquent, de l’économie régionale (Boutrais J. 1971) . Avec ce courant migratoire organisé vers les années 1970, la densité de la population a augmenté, atteignant 20 habitants/km 2 . Dans cette région, le statut d’occupation des terres est individuel, mais différemment observé autour du périmètre irrigué de Lagdo. L’occupation des terres se fait par attribution par la mission d’étude sous le contrôle du lamido Peul. Le paysan n’est qu’un usufruitier. Même quand la législation foncière nationale existe dans les documents administratifs, chaque lamido demeure le seul gestionnaire du terroir et dans la pratique, la complexité des problèmes fonciers fait entrevoir un vide juridique laissé par l’administration à l’initiative des chefs traditionnels.
Le développement des mouvements migratoires s’est amplifié dans la cuvette de la Bénoué. La nouvelle route nationale bitumée, reliant Maroua à Garoua et à Ngaoundéré, facilite le déplacement vers des territoires peu peuplés (1970). Le flux migratoire orienté de l’Extrême-Nord vers la Bénoué amène les migrations rurales à prendre le dessus sur le classique exode rural vers les villes (Clavier H. 1975) . L’action de la Sodécoton a aussi joué un rôle essentiel dans la colonisation du bassin de la Bénoué. Pour la promotion de culture du coton au Nord-Cameroun, elle intervient dans les opérations de développement rural et d’appui aux migrants.
La péjoration des conditions climatiques pendant les années 1973 a été également un élément déclenchant, de même que les stress ultérieurs de 1983. Elle va définitivement orienter la mobilité des populations de l’Extrême-Nord vers le bassin de la Bénoué pour y faire du coton.
Dans les projets de développement rural, de nombreux migrants venus des montagnes ou des plaines de l’Extrême-Nord ont été conduits vers le bassin de la Bénoué dans un quadrilatère d’une superficie de 63 000 km 2 . En 1982, le périmètre a été étendu, couvrant une superficie de 11 000km 2 qui s’est ajoutée à la première. L’objectif de ces projets était d’améliorer la production agricole et d’accroître la productivité à but commercial pour faire tourner l’économie de la zone.
Les mouvements organisés ou spontanés de la population prennent leur origine dans les plaines de l’Extrême-Nord (60%), davantage que dans les montagnes. Le courant migratoire, renforcé par l’épisode de sécheresse au début des années 1983, se prolonge au delà de la Bénoué, au Sud de Garoua. La route nationale Garoua-Ngaoundéré constitue actuellement l’axe de progression du front pionnier de peuplement pour permettre un flux commercial rapide. Le projet Sud-Est Bénoué par exemple, lancé dès 1978, adopte pour la seconde phase (1982-1986)

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