Migrations, mobilités, frontières et voisinages
334 pages
Français

Migrations, mobilités, frontières et voisinages , livre ebook

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Description

Au fil de l'histoire, des règles et des lois ont été édictées pour conforter la propriété privée naissante. Enfin, la construction des Etats et des Nations s'est concrétisée par l'élaboration des frontières. Qu'en est-il des populations nomades ? Quelle est la réalité de l'immigration légale et illégale ? Comment l'Europe accueille les migrants et combat l'immigration clandestine ? Les politiques d'intégrations sont-elles à la hauteur des enjeux ? Peut-on imaginer une société cosmopolite sans frontière et sans passeport ? (Articles en français et en anglais).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296473171
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Migrations, mobilités, frontières & voisinages
CollectionLocal & Global dirigée par Gilles ROUET et François SOULAGES Cette collection publie des livres réfléchissant au double phénomène articulé qui scande et structure les mondes contemporains, à savoir la précipitation vers le global et la revendication du local. Pour certains, « globalisation » et « mondialisation » sont synonymes, pour d’autres la confrontation des triplets sémantiques « globe/global/globalisation » et « monde/mondial/mondialisation » articule des analyses, des constats négatifs de cette transformation/évolution avec la positivité d’une ouverture au monde, être-au-monde, découverte de l’autre comme monde, un monde qui dépasse le seul globe, constat physique, l’économique, qui s’inscrit dans une quête de sens. Mais aussi un monde décrit comme global plutôt qu’universel.
Sous la direction de Serge DUFOULON & Mária ROŠTEKOVÁ Migrations, mobilités, frontières & voisinages
Les directeurs de la publication remercient particulièrement l’équipe de la faculté des sciences politiques et des relations internationales de Banská Bystrica pour la relecture et les corrections des chapitres en anglais ainsi que Pauline Rouet, pour sa relecture attentive de la partie en langue française. Publié avec le concours du département de sociologie de l’Université Pierre Mendès France, Grenoble, de l’Institut d’études européennes de l’Université Jagellon, Cracovie, de l’Institut d’études européennes et internationales de Reims, de la Chaire Jean Monnetad personam «Identités et Cultures en Europe » et de la Faculté des sciences politiques et des relations internationales, Université Matej Bel, Banská Bystrica
© L'HARM ATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56363-6 EAN : 9782296563636
Introduction Anciennes et nouvelles frontières Au mois de mai 2011, faisant écho aux révolutions arabes, la France et le Danemark ont évoqué un rétablissement de leurs frontières nationales. Les portes du club Europe seraient aujourd’hui menacées par tous les non-membres venant d’on ne sait où : Tunisiens, Libyens, Syriens, Kurdes, Afghans, etc. Ils sont supposés mettre en danger la paix sociale, déséquilibrer les marchés de l’emploi, bouleverser l’équilibre démographique européen, être porteurs dans leur sillage de maladies, de corruption, de criminalité, de perversité, ils peuvent violer nos femmes, etc. Par ailleurs, certains membres du club montrés du doigt par d'autres n’auraient pas toutes les accréditations techniques et les comportements requis pour être perçus comme dignes d’intérêt et suffisamment respectables pour être côtoyés au sein de la communauté, nous pensons ici aux Roms, aux gens du voyage, etc. Curieuse cette Europe qui dans le même mouvement prétend à son « unité dans la diversité » et montre une frilosité et une fragilité manifeste face au changement social et à l’altérité d’où qu’elle vienne ! 1 Face à l’invasion des outsiders , de quels types de réponses disposent les humains européens dans leur sagesse et leur équanimité ? Ils commencent tout simplement par rappeler au monde que les États existent y compris au sein de l’Union européenne et qu’ils sont souverains notamment en matière de circulation d’individus, qu’ils décident qui peut venir chez eux ou 2 non : on croirait revoir ce film merveilleuxDevine qui vient dîner ?Le
1. Nous pensons aux travaux d’Howard S. Becker sur la déviance et la façon dont la société construit le déviant, ici l’errant et le migrant in Howard S. Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Métailié, Paris, 1985 (éd. originale 1963). 2.Guess who’s coming to dinnersorti en 1967 est un film de Stanley Kramer avec dans les rôles principaux Katharine Hepburn, Spencer Tracy et Sydney Poitier (ici l’outsider). Comment un homme noir fut-il médecin met face à leurs contradictions une famille américaine blanche progressiste et non raciste en épousant leur fille ? On se retrouve face à une réaction et à une réflexion du type « je ne suis pas raciste, mais… ». 7
film, lui, finit bien or nous ne savons pas ce qu’il adviendra de la série « Europe ». Une première réponse instinctive de défense et de protection : Frontières ! La forteresse Europe tend à se recroqueviller à l’intérieur 3 des frontières de l’espace Schengen . S’enfermer dans un entre soi en enfermant les autres à l’extérieur de l’Europe… Comportements également étranges d’individus ou de population qui souhaitent s’attacher à l’Europe pour des centaines de raisons plus légitimes les unes que les autres : travail, sécurité, confort, etc., pour un rêve de mieux vivre qui vire bien souvent au cauchemar. Dans leur déplacement dans le temps, l’espace et les catégories sociales, ces migrants renoncent alors à leurs immenses horizons de liberté et de futur probable en fuyant les contraintes présentes. Les frontières dessinent des brisures, entre les familles (Mur de Berlin, Corée, Palestine, USA-Mexique, etc.), entre les amis et entre les cultures… Les frontières viennent interrompre l’inlassable mouvement des vagues s’effaçant sur la plage pour se fondre avec le sable : du ressac des masses vers le calme apaisant de l’écume de mer, cette mer qui charrie toutes sortes d’individus indésirables sur les côtes d’Europe qui espèrent rejoindre d’autres indésirables établis. Les frontières perturbent le mouvement naturel de l’errance des
L’Europe et ses États membres affichent beaucoup de contradictions de ce genre, entre déclarations de principes et pratiques juridico-sociales. 3. Comme le note Didier Bigo, professeur au King’s college à Londres, « Schengen est un espace de contrôle qui ne correspond pas à l’Union » et d’ailleurs, « cette hétérogénéité des espaces empêche une homogénéisation du contrôle ». Si la première convention de Schengen date de 1985, la mise en application des principes a été très progressive et pas pour tous les pays en même temps. 22 pays de l’UE (sur 27) en sont actuellement membres. L’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie ont rejoint l’espace en 2007. À ces derniers s’ajoutent des pays associés non membres de l’UE : la Norvège, l’Islande et la Suisse. Le Royaume-Uni et l’Irlande ont toujours refusé d’en faire partie, situation paradoxale puisque dans le même temps ils réclament le droit de participer à toutes les bases de données échangeant des informations sur les visas. La Roumanie, la Bulgarie et Chypre sont au contraire en attente d’entrer dans l’espace. Pour le moment, les Pays-Bas par exemple s’y opposent. Remplir les critères techniques ne suffira pas à l’entrée cette année de la Bulgarie dans l’espace Schengen, a ainsi déclaré jeudi à Sofia le ministre néerlandais des Affaires européennes Ben Knapen. Selon lui, «il va de soi que l’ouverture et la surveillance des frontières n’est pas qu’une question de critères techniques. Il s’agit aussi de l’État de droit et du fonctionnement et des capacités du système judiciaire». En général, la France, l’Allemagne et d’autres pays de l’UE exigent de la part de la Roumanie et de la Bulgarie des résultats plus marqués dans la lutte contre la criminalité et la corruption. inLibération14/05/2011, <www.liberation.fr/monde/01 012337217-ce-que-la-disparition-de-l-espace-schengen-pourrait-changer-pour-vous>. 8
hommes, de la pensée et des choses que l’on observe structurellement dans les mythes, chez le philosophe et dans l’économie des objets : Marcel Mauss parlait-il d’autre chose dans son 4 remarquableEssai sur le donde mouvement généralisé, de la que circulation des hommes et des biens ? Dans les premiers chapitres de cet ouvrage, les auteurs tenteront d’appréhender ce mouvement d’errance au cœur des peuples et de la pensée. Les hommes étaient porteurs de leurs racines accrochées au ciel avant de s’enraciner dans des lieux clos. À l’échelle de l’histoire de l’humanité, de l’errance à la migration, il n’y a qu’un pas et des processus : avec des constructions historiques, des frontières, des nations et des États et bien d’autres choses encore. On assiste alors à une reconfiguration des règles de circulation des individus et des choses au gré de l’appropriation et des découpages des territoires. Il y a, dès lors, obligation d’établir une typologie des individus et de mettre en place une régulation pour ceux qui n’appartiennent pas encore aux nations et aux territoires qu’ils traversent où sur lesquels ils souhaitent s’établir : étiquetage ethno-socio-économique qui porte en lui les graines de la discorde entre les hommes, mais aussi renforcement du contrôle social. La division naît de la discrimination dans la dualité nous et les autres. Enfin apparaît la mobilité, déplacement acceptable et aseptisé ne concernant que des individus et ne mettant surtout pas en danger la vie des sociétés. Les auteurs, sociologues, politistes, économistes, mathématiciens et juristes observent et analysent les caractéristiques des règles de circulation pour les migrants en Europe. Ils répondent aux questions de savoir qui sont ces migrants, pourquoi ils souhaitent intégrer la communauté européenne et comment les accueillir. À travers leurs contributions, nous observons les moyens mis en œuvre par l’UE pour se doter d’outils de contrôle des flux migratoires, mais aussi de protections et de respect des migrants. Faire partie du club Europe n’est pas chose aisée. Si naturellement, les derniers pays qui en sont devenus membres grâce à leurs frontières, une histoire et une culture communes, comme la Slovaquie, la Bulgarie, la Roumanie, etc., ont pu l’être sous conditions et pour certains quasiment de fait, ces pays, néanmoins, peuvent être singuliers pour les types de migrants qu’ils reçoivent et les réponses politiques qu’ils mettent en œuvre pour une meilleure compréhension et insertion de ces 4. Marcel Mauss, « Essai sur le don. Formes et raisons de l’échange dans les sociétés archaïques »,Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, (1950) 1991. 9
migrants. Les analyses de cas des pays de l’est de l’Europe nous permettent de comprendre des singularités migratoires et des réponses adaptées, ou non, concoctées aux confins de l’Europe. Il serait tout à fait inconséquent de considérer les lieux où l’on vit sans tenir compte du voisinage : avoir de bons voisins que l’on respecte et avec qui échanger est fondamental pour tout foyer, toute région, tout État, toute culture, et plus particulièrement pour la Communauté européenne. Les chercheurs nous donnent à voir ce qui se passe aux marches de l’Europe, avec l’Ukraine et avec les pays du Sud, nous amenant à considérer d’autres types de relations culturelles, économiques et juridiques, nous donnant à voir d’autres modes de vie culturels et religieux. Il serait trop long et réducteur d’anticiper sur la pensée et les exposés de mes amis et collègues qui ont bien voulu participer à cette aventure commune de penser et de discuter ensemble les thématiques que recouvre le titre de cet ouvrageMigrations, Mobilités, Frontières & Voisinages. À travers différentes approches disciplinaires différenciées, ils ont tenté d’éclairer des aspects spécifiques, du global au local : là encore, la pensée est plurielle et comme dans une auberge espagnole, elle se nourrit de ce que les convives y apportent. À ce point de la présentation de l’ouvrage, ma pensée erre et je ne peux m’empêcher de songer aux étoiles que les navigateurs suivaient dans leurs périples… à la pâle lune luisante qui berçait nos rêves d’explorateurs et nous mis en demeure de la rejoindre… aux défis d’aventures humaines que représentent l’Europe et la liberté de circuler… Devrons-nous nous enfermer « chez nous » et laisser les monstruosités discriminantes des catégories de la pensée et des pratiques régner en tyran ou, au contraire, serons-nous à même de 5 construire une humanité métisse , cosmopolite, singulière et plurielle, 6 dans laquelle l’étranger retrouve son honneur « d’envoyé des dieux » ayant à nouveau droit de cité ? Serge Dufoulon
5. François Laplantine et Alexis Nouss,Métissages, Paris, éd. Pauvert, Librairie Arthème Fayard, 2001. 6. «Dans le monde antique, à l’origine, lorsque l’individu est encore peu protégé par les lois, l’hospitalité est un devoir fondamental et sacré. En Grèce, l’étranger qui demande asile est toujours accueilli comme un envoyé des dieux, sinon comme une divinité en personne. Les poèmes homériques font de fréquentes allusions à l’hospitalité: Encyclopédia Universalis,». Sources <www.universalis.fr/encyclopedie/hospitalite/#i_13413>. 10
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