Objets d'initiation

Christine Théodore

Description

Partie en 2006 soigner et former au sein du service de psychiatrie adulte du CHU Yagaldo à Ouagadougou, l'auteure va rencontrer la "médecine" de village. Elle apprend, au cours de dix années de "conversations" avec un chasseur dozo, une théorie du monde et une technique passant par la circulation d'objets au sein d'interactions qui s'en trouvent modifiée. Les dozo sont chasseurs, devins, phytothérapeutes. Leurs actions exercent une régulation au sein des mondes traversés, ainsi qu'entre ces mondes. Il s'agit de prendre soin d'un système relationnel corporel, social, mystique.

Sujets

• Anthropologie
• Burkina Faso
• Psychologie
• Psychanalyse
• Ethnologie
• Civilisation
• Afrique subsaharienne
• Psychiatrie
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2017
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9782140036347
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 11 Mo

Extrait

d’objets au sein d’interactions qui s’en trouvent modifiées. En effet, les

Etudes africaines

Série Ethnologie

Christine T

Objets d’initiation Rencontre avec un chasseur dozo

Échanges d’objets et modifications des interactions

Préface de Doris Bonnet

OBJETS D’INITIATION

Rencontre avec un chasseur dozo

Échanges d’objets et modifications des interactions

Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc. Dernières parutions Pierre GIGUÈRE,L’accès à l’habitat dans l’Afrique des villes. Un toit pour l’Afrique, 2017. Christelle BELPORO,responsabilité des entreprises multi- La na-tionales pour les violations des droits de l’homme en Afrique, 2017. Jean-François NGANDU KAMUNGA,Les baluba d’hier et d’aujourd’hui, permanences, ruptures, transformations et ex- tinctions des traditions africaines, 2017. Firmin AHOUA, Benjamin OHI ELUGBE,Typologie et docu- mentation des langues en Afrique de l’Ouest, 2017. Alphonse MAKENGO NKUTU,Les partis politiques de la République démocratique du Congo. Analyse faite à partir de différents textes légaux portant organisation et fonctionnement des partis politiques (1990 à nos jours), 2017. Hygin Ignace AMBOULOU,Code des investissements et des activités économiques. Première édition, 2017. Hygin Ignace AMBOULOU,Traité de fiscalité des entreprises. Première édition, 2017. Hygin Ignace AMBOULOU,La problématique du conflit de normes et de compétences dans la situation de coexistence des juridictions communautaires, 2017. Hygin Ignace AMBOULOU,La construction du marché commun africain et la problématique de l’harmonisation des traités régionaux, 2017. Hygin Ignace AMBOULOU,Traité de droit des transports de marchandises par route et des opérations de dédouanement. Première édition, 2017.

Christine T HÉODORE

OBJETS D’INITIATION

Rencontre avec un chasseur dozo

Échanges d’objets et modifications des interactions Préface de Doris Bonnet

Cet ouvrage a été élaboré à partir d’un mémoire e pour le diplôme de l’EPHE, 5 section. La soutenance a eu lieu le 13 novembre 2015 à l’École pratique des hautes études Université Paris-Sorbonne Directeur d’études : Michael Houseman

© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] ISBN : 978-2-343-10488-1 EAN : 9782343104881

À Jean Paul Ouedraougo...

Préface L’ouvrage de Christine Théodore porte sur l’ethnographie d’un guérisseur burkinabé exerçant dans un village au sud-est du Burkina Faso. L’auteur est psychothérapeute en milieu hospitalier en Ile-de-France et formatrice auprès d’infirmiers et de psychologues du service de psychiatrie de l’hôpital général Yalgado à Ouagadougou (Burkina Faso). L’originalité de son travail repose sur la description des échanges entre les deux protagonistes, la psychothérapeute et le guérisseur. Elle nous restitue leurs relations inter- langagières mais aussi des dons d’objets diversifiés (protections religieuses, animaux). Engagée dans un travail d’«ethno-psy» en Ile-de- France, Christine Théodore a pris soin de mener un véritable travail de recherche ethnographique, évitant par là même une présentation «hybride» où le lecteur hésiterait entre la psychologie et l’ethnologie. La minutieuse description de la circulation des objets et des savoirs permet en grande partie d’éviter cet écueil. En préambule, l’auteur décrit le lieu d’exercice du guérisseur, à 350 kilomètres de la capitale et les nombreux allers et retours menés au cours de plusieurs années, entre deux formations conduites au service de psychiatrie à Ouagadougou. Dans cette formation, elle invite les acteurs de la santé mentale à se servir des outils psychanalytiques et anthropologiques pour définir la place du sujet. Dans la première partie de l’ouvrage, l’auteur retrace les préparatifs des voyages et le trajet proprement dit vers le village du guérisseur. La description des consultations permet de rendre compte des recommandations et rituels thérapeutiques, mais également de la mise en scène de soi (tant pour l’auteur que pour la façon dont le guérisseur se

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présente à elle). On constate que chacun est attentif à la perception de l’Autre, aux signes de sa reconnaissance sociale en qualité de thérapeute. Progressivement, l’auteur nous introduit dans cet espace de communication, de consultation, nous livrant leur intimité relationnelle et professionnelle. La description et l’analyse des circuits interactionnels nous offrent de belles pages de lecture. Celles relatives au statut obligé de chasseur pour le guérisseur mossi posent la question de l’altérité professionnelle. Progressivement, l’ethnographe prend le statut de consultante, voire de cliente, car comment pourrait-elle, s’interroge-t-elle, adopter la figure du chasseur mossi ? Mais elle comprend, écrit-elle, que le chasseur n’est pas forcément celui qui chasse, comme le forgeron n’est pas obligatoirement celui qui forge, tel que le disait l’anthropologue spécialiste des Mossi, Michel Izard. Ici, être forgeron ou chasseur est un statut social. Pour le guérisseur, la thérapie est une « chasse » pour laquelle il faut éduquer sa vision.

L’auteur nous livre ensuite quelques émotions personnelles, souvent vécues par les ethnologues sur le terrain, témoignages de ce qu’on peut assimiler à des questionnements identitaires lorsqu’il s’agit de passer d’une logique de pensée interprétative à une autre. Mais, au final, elle souligne que « la convocation des identités » s’inscrit prioritairement dans ces échanges d’objets entre elle et le guérisseur.

La dernière partie de cet ouvrage introduit le lecteur dans un « dispositif interactionnel de type initiatique » tel que le définit et l’a vécu l’auteur. A cette étape, Christine Théodore engage une relation non seulement de soin mais d’initiation avec le guérisseur (séances de divination, sacrifices à réaliser). L’auteur analyse progressivement et avec honnêteté sa relation duelle au guérisseur, avec un sentiment d’exclusivité à son égard qui la conduit à ne pas

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mesurer le contexte social dans lequel vit cet homme, notamment à l’occasion de funérailles où il est convoqué par l’entourage et le village, juste avant une séance de divination prévue avec Christine Théodore. Les allers et retours furtifs que l’auteur s’est imposés dans son enquête ethnographique, afin de poursuivre en parallèle sa formation à la capitale, ne lui permettent vraisem- blablement pas d’observer et d’analyser le contexte familial et social du guérisseur-devin comme le ferait un anthropologue sur un terrain de longue durée. Dans ce travail, l’auteur n’est probablement pas dupe qu’il s’agit davantage d’une initiation individuelle plutôt que d’unqu’un travail d’anthropologie « académique », même si elle a mené de véritables recueils de données ethnographiques, en particulier sur les objets (cadeaux, objets délivrés, objets prescrits) remarquablement décrits et analysés dans cet ouvrage. Ceci étant, elle convoque nombre d’anthropologues africanistes pour analyser la société d’appartenance du guérisseur-devin et pour s’interroger sur la notion d’efficacité symbolique. Son rapport à l’anthropologie semble se conformer à une relation initiatique : un cheminement progressif, un accès à la connaissance ponctué d’interrogations sur les effets de ce savoir dans sa pratique de psychothérapeute, notamment en Ile-de-France et en référence à Georges Devereux. Du reste, elle ne trompe pas son lecteur et conclut ce travail en affirmant son identité professionnelle de psychologue clinicienne. Doris Bonnet, anthropologue Directrice de recherche émérite à l’Institut de Recherche pour le Développement. Membre du Centre Population et Développement (CEPED), Université Paris Descartes.

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