Paradoxes de la sociologie
212 pages
Français

Paradoxes de la sociologie , livre ebook

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212 pages
Français

Description

La sociologie est une discipline hybride, tiraillée entre des styles cognitifs aux exigences opposées, des objectifs difficilement compatibles, et des préférences de méthode qu'il n'est pas toujours aisé de justifier. Au sein de la corporation des sociologues se manifestent des aspirations contradictoires. L'espoir tenace de construire peu à peu une véritable science de la vie sociale croise le souci plus immédiat d'apporter une connaissance utile à la collectivité.

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Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296488960
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES PARADOXES DE LA SOCIOLOGIE
LOGIQUES SOCIALESCollection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de mé-thodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Charlotte LECLERC-DAFOL,Pietro Germi et la comédie à l’italienne, Cinéma, Satire et société, 2012. Suzie GUTH,L’itinéraire sociologique de Robert Ezra Park de Red Wing à Chicago, 2012. Isabelle BIANQUIS,anthropologie d’un objet-frontièreL’alcool : , 2012. Loïc JARNET,Figures de la rationalité dans les STAPS, 2012. Jean FERRETTE,La Société Métallurgique de Normandie, Grandeur et déclin d’une communauté ouvrière, 2012. Aline CHAMAHIAN, Claire LEFRANÇOIS,Vivre les âges de la vie, de l’adolescence au grand âge, 2012. Sacha LEDUC,Les Ressentiments de la société du travail. La couverture maladie universelle (CMU) en quête de légitimité, 2012.Charlotte BOISTEAU,Violences, sécurités et territoires,2012. Emmanuel QUENSON,Une socio-histoire des relations formation-emploi,2012. Hugues JACQUET,L’intelligence de la main, 2012. Arnaud ALESSANDRIN (dir),La transidentité. Des changements individuels au débat de société, 2012. Andrea TRIBESS,Un village sarde contemporain : pouvoirs et contrepouvoirs, 2012.
Jacques Coenen-Huther
LES PARADOXES DE LA SOCIOLOGIE
Du même auteur
Observation participante et théorie sociologique Paris, L'Harmattan, ͳ99ͷ
TocquevilleParis, Presses Universitaires de France, coll. QSJ ?, ͳ99͹. Trad. japonaise, Tokyo, Hakasuisha, ʹͲͲͲ
À l’écoute des humbles. Entretiens en milieu populaire Paris, L’Harmattan, ʹͲͲͳ
Sociologie des élites Paris, Armand Colin, ʹͲͲͶ Trad. serbe, Belgrade, Clio, ʹͲͲ͸ Trad. roumaine, Bucarest, Polirom, ʹͲͲ͹
Comprendre DurkheimParis, Armand Colin, ʹͲͳͲ
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96716-8 EAN : 9782296967168
Pour Josette, dont le soutien ne m’a jamais fait défaut
Introduction Un certain regard La sociologie est par excellence une discipline hybride : rares sont ceux qui en doutent encore et qui s’accrochent à l’idée qu’elle est « une science comme les autres ». Discipline hybride, elle est tiraillée sans cesse entre des styles cognitifs aux exigences contradictoires, des objectifs difficilement com-patibles, des orientations théoriques disparates et des préféren-ces de méthode qu’il n’est pas toujours aisé de justifier. Aucune tentative de faire prévaloir une option théorique ou méthodolo-gique n’a jamais pu s’imposer durablement. Il y a une cinquan-taine d’années, le fonctionnalisme a paru pouvoir accéder à la prééminence, soit par la propagation d’un langage commun – l’objectif de Parsons – soit par la diffusion d’un protocole de recherche : la tentative plus modeste de Merton. Un demi-siècle plus tard, le déclin irrémédiable de cette manière de conceptua-liser et d’analyser les phénomènes sociaux semble consommé et l’on ne peut que s’étonner après-coup de l’engouement qu’elle a suscité de part et d’autre de l’Atlantique. Depuis lors, les styles sociologiques se sont succédés, favorisant ce qu’il faut bien appeler des effets de mode. C’est ainsi que nous avons assisté successivement à la « mort du sujet », au « retour de l’acteur » et à l’avènement de « l’individu pluriel ». Périodiquement, on enregistre des appels à élaborer une « nouvelle sociologie » dont les catégories conceptuelles rendraient caduques toutes celles qui les ont précédées. De cette instabilité intrinsèque résulte une corporation très hétérogène – les sociologues certi-fiés ou autoproclamés – au sein de laquelle on ne discerne au-cune tendance à la convergence des préoccupations et des prati-ques.
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En général, la professionnalisation est considérée à tort ou à raison comme le test du degré de maturité d’une discipline à ambition scientifique et de son acceptation par l’opinion. Un nombre non négligeable de sociologues exercent incontesta-blement des rôles professionnels, qu’il s’agisse de recherches sur mandat ou d’activités d’étude et de conseil, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Cette professionnalisation de nombreux sociologues ne peut néanmoins pas être considé-rée comme une véritable professionnalisation de la sociologie car elle requiert le plus souvent l’abandon de toute identité dis-ciplinaire. C’est une sociologie réduite à des techniques de récolte ou d’analyse de données qui est ainsi placée au service de la prise de décision, dans des tâches qui relèvent de la comptabilité ou de l’ingénierie sociale. Ces techniques, dont la sociologie n’a nullement le monopole, sont mises en œuvre dans des activités dont il serait injuste de nier la pertinence sociale car elles jouent incontestablement un rôle dans le pilo-tage de sociétés devenues trop complexes pour être gérées sans leur concours. Pour ne citer que quelques exemples, la collecte de données chiffrées en matière d’évolution démographique, de soins de santé, d’assurances sociales ou d’infrastructures scolai-res est d’une importance indiscutable. De telles activités ne contribuent cependant guère à l’élaboration progressive d’une science de l’être humain en société car elles n’offrent que très rarement la possibilité d’une définition autonome de probléma-tiques scientifiques, distinctes des problèmes perçus par le sens commun. Dès lors, la sociologie se confond aux yeux du plus grand nombre avec l’étude de ce qu’il est convenu d’appeler « les problèmes sociaux » et les sociologues sont perçus le plus souvent comme des spécialistes – pas toujours les plus habiles d’ailleurs – de l’administration de questionnaires ou du traite-ment de statistiques. Cette situation ambiguë renforce encore l’hétérogénéité de la corporation des sociologues. Des théori-ciens sans grande expérience pratique affichent une certaine condescendance à l’égard de leurs collègues soucieux de ré-pondre à ce qu’on appelle depuis Schumpeter la demande « caméraliste », c’est-à-dire suscitée par l’administration ; ces collègues, éloignés des institutions universitaires ou para-universitaires, cultivent volontiers un empirisme radical et ne
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