Patrimoines, héritages et développement rural en Europe
249 pages
Français

Patrimoines, héritages et développement rural en Europe , livre ebook

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Description

La reprise démographique, le déploiement des fonctions résidentielles et touristiques et les nouvelles formes de mobilité attestent une certaine dynamique des espace ruraux. Avec la crise du modèle urbain, l'image positive véhiculée par les campagnes et leur patrimoine explique en partie cette attractivité. A quels éléments de l'histoire le système des représentations des espaces ruraux renvoie-t-il ? Quelles images véhicule-t-il ? Comment s'inscrit-il dans les politiques publiques de développement territorial ?

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Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 55
EAN13 9782296264359
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

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Extrait

Patrimoines, héritages et développement rural en Europe
DES MÊMES AUTEURS : Audrerie D., Dedeire M. (coord.),Tourisme, culture, patrimoine, Editions Pilote 24, Périgeux, 2002. Berger A., Rouzier J.,Ville/campagne. La fin d’un dualisme,Economica, 1977. Berger A., Catanzano J., Fornairon J., Rouzier J.,La Revanche du Sud. Un défi à la France,L’Harmattan 1988.Berger A., Dedeire M., Font E.,Nouveaux Espaces ruraux en Languedoc Roussillon, Territoires en mutation, n° 1, Publications de l’Université PaulValéry, Montpellier 3, 1997.Berger A., Chevalier P., Dedeire M.,Les Nouveaux Territoires ruraux. Eléments d’analyse, Publications de l’Université Paul Valéry, Montpellier 3, 2005.Berger A., Chevalier P., Cortes G., Dedeire M. (coord.),Héritages et trajectoires rurales en Europe, L’Harmattan, « Logiques sociales », 2009.Chevalier P.,Dynamiques tertiaires de l’espace rural, Publications del’Université Paul Valéry, Montpellier 3, 2002.Chevalier P., Dedeire M. (coord.),Qualités et territoires, Revue de l’Economie Méridionale, n° 213, Montpellier, 2006.Cortes G.,Partir pour rester. Survie et mutations des sociétés paysannes andines (Bolivie), Editions de l’ORSTOM, 2000.Capron G., Cortes G., Guétat H. (coord.),Liens et lieux de la mobilité. Ces autres territoires, Belin, 2005.BabyCollin V., Guétat H., Cortes G., Faret L. (coord.),Migrants des Suds. Acteurs, trajectoires et territoires de la mobilité internationale, IRD/Presses universitairesde la Méditerranée, 2009.Cortes G., Faret L. (coord.),Les circulations transnationales. Lire les turbulences migratoires contemporaines, Armand Colin,2009.Secrétariat d’édition : Sylvie Hammel Cet ouvrage a été édité avec le concours financier de l’Université Montpellier 3, du Centre National de la Recherche Scientifique, du Pôle Universitaire Européen de Montpellier et du LanguedocRoussillon et de la Région LanguedocRoussillon        !  "#      !!"!"#! $% !!"!"#!
Sous la direction de Alain Berger, Pascal Chevalier, Geneviève Cortes, Marc Dedeire
Patrimoines, héritages et développement rural en Europe
PATRIMOINES,HÉRITAGES ET DÉVELOPPEMENT RURAL ENEUROPE
Alain Berger, Pascal Chevalier, Geneviève Cortes, Marc Dedeire
Le patrimoine constitue aujourd’hui un enjeu majeur de société. Il est une transmission, une forme d’héritage qui peut être saisie col-lectivement ou individuellement. Objet composite et transversal, mobilisé par les acteurs, il conduit souvent à des formes complexes de développement territorial. S’appuyant sur des ressources maté-rielles ou immatérielles, elles-mêmes produits de l’histoire, il s’avère être un levier parfois décisif dans la mise en place des poli-tiques de développement local. Ces dernières, à l’interface entre patrimoine, ressources et territoires, se basent sur des interactions qui dépendent pour beaucoup de la capacité des acteurs à révéler et valoriser leurs ressources territoriales. Ces interactions oscillent souvent entre des logiques économiques, sociales et culturelles (modes d’habiter et de se représenter l’espace) et des logiques poli-tiques (interactions entre niveaux de gouvernance par exemple) qui situent la question du développement non pas dans le cadre d’une approche segmentée mais dans une dimension bien plus globale et transversale.
Les fonctions qu’on décerne de façon intentionnelle ou non au patrimoine, notamment dans le cadre de politiques de développe-ment territorial, sont, le plus souvent, en lien avec la valeur qu’on lui attribue. Celle-ci dépend du niveau scalaire à partir duquel les interactions entre ressource, patrimoine et territoire se mettent en
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place. On perçoit souvent deux niveaux d’intervention, le local qui reflète la représentation des acteurs locaux et leur aptitude à mettre en mouvement la valorisation de leur héritage et le niveau global qui composent entre des intérêts locaux et des intérêts généraux. Dans les deux cas, la spontanéité des acteurs s’identi-fie dans la construction sociale des ressources territoriales comme dans la stratégie de requalification du patrimoine, le degré de réactivité étant lié aux caractéristiques des sociétés et à leurs capacités d’innovation.
De même, l’espace rural répond de manière différenciée aux grands bouleversements initiés par les fortes interactions local/global. Il peut soit connaitre des processus de résistance en maintenant et figeant des bases structurelles héritées de son his-toire, soit mettre en place des stratégies d’intégration à différents niveaux. Ces stratégies peuvent conduire à l’établissement de nouveaux systèmes territoriaux où les questions du patrimoine et de l’héritage se mêlent aux problématiques de développement et d’intégration économique et sociale à travers la mise en place de nouvelles filières innovantes ou de nouveaux modes de gestion de systèmes productifs locaux ruraux. Les stratégies de développe-ment local qui en découlent peuvent dans ce cas dépendre de la qualité de l’organisation territoriale et de ses aptitudes et capacité à diffuser du savoir et des apprentissages collectifs (Veltz P., 2002, p. 104).
Les ressources sont donc à la fois des éléments de la géographie des lieux, ce qui est l’expression première de la notion d’héritage, et des processus de construction sociale constituant des atouts territo-riaux sur lesquels les acteurs développent leurs activités, leurs modes de vie ou leurs cultures. Il n’existe donc pas de standard de développement territorial par les ressources et le patrimoine. Ce sont des actifs territoriaux collés aux personnes qui les mobilisent, et de fait, les dynamiques territoriales sont des mélanges toujours particulier de ressources présentes et d’opportunités futures (Scott A., 1997, p. 122).
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Potentiel patrimonial et les dynamiques du système de production au sein des territoires ruraux
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Le potentiel patrimonial exerce une réelle influence sur les dyna-miques des territoires ruraux. De nombreuses recherches présentent l'évolution des activités traditionnelles, agriculture et artisanat notamment, dans leurs relations avec l'objet patrimonial. Le référent au potentiel patrimonial au sein des modes de production permet de spécifier et de différencier les produits et les services par rapport à leurs concurrents et de créer des opportunités de gains de plus values tout en les protégeant plus ou moins fortement. Dans une telle démarche, quelles sont les activités rurales susceptibles d’être impliquées et les espaces ruraux les plus concernés ? Quelle place tient l'innovation patrimoniale autour des ressources, des savoir-faire, des connaissances sur ces territoires économiques ? Comment l'articulation entre les espaces de production et les espaces de consommation s'opère-t-elle à l'échelle régionale et nationale ? La question de la spécification des ressources territoriales peut être confrontée à celle de leur dimension patrimoniale. Faut-il qu’il y ait une dimension patrimoniale à la ressource dans les processus de construction des territoires locaux ? Cette question renvoie dans un premier temps à la montée progressive du rôle du patrimoine dans le développement local des espaces ruraux. Ce glissement a pour point de départ, la place du patrimoine dans la cellule familiale agricole structurant les relations sociales de la paysannerie jusqu’au e milieu duXIXsiècle. La reproduction sociale et économique de la structure paysanne au sein des campagnes était conditionnée à la faible déperdition ou dispersion du foncier au sein d’une étendue géographique relativement limitée, estimée souvent « à la journée de marche ». Le développement local s’appuyait donc sur un ensemble de pratiques patrimoniales qui garantissait au territoire une stabilité démographique, économique et aussi des transferts de savoir-faire limités à l’espace local. A partir de la période de croissance d’après guerre puis lors de la crise industrielle des années 1970, la place des ressources rurales va être en partie occultée dans le développement. Seules les ressources
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naturelles, surtout autour du foncier, et des mécanismes d’appro-priations, vont connaitre des pressions. Mais la chute du prix des terres agricoles à compter de 1978 peut s’expliquer par d’autres fac-teurs que les liens classiques entre rente foncière et localisation. En effet, les revenus espérés de l’exploitation d’un patrimoine foncier, expression de la capitalisation, sont minorés et agissent sur la valeur même du foncier agricole. Cependant, d’autres facteurs peuvent influencer le marché foncier et illustrent ce glissement patrimonial. Le volume de l’offre de terre dans les territoires, qui s’est réduit à partir de 1975, et celui de la demande n’expliquent pas l’essentiel de cette évolution. De la même façon, les usages non agricoles des terres, avec la « rurbanisation » par exemple, la diversification et la multifonctionnalité de l’espace rural dès les années 80 conduisent à développer une demande d’espace reposant sur d’autres critères que la potentialité agricole. Avec la crise économique agissant sur les structures industrielles et sur les territoires ruraux, l’agriculture est devenue, comme l’in-dustrie, un secteur en difficulté. Malgré cette crise, l’espace utile à l’agriculture reste toujours aussi important. A ce titre, on peut s’in-terroger sur les raisons de cette tendance. L’espace agricole utile est-il toujours aussi important en volume, même dans les zones les moins favorables à l’agriculture ? Peut-on évaluer les transferts du patrimoine foncier qui s’opèrent du fait de la différenciation des usages de l’espace rural ? C’est en partie ce qui est avancé dans le cadre de recherches menées sur les dimensions patrimoniales des ressources, en lien avec les trajectoires de développement. De nombreux outils et instruments de l’aménagement du territoire expriment une sorte de volonté interventionniste dans la protection. Même si les conceptions de la protection du patrimoine sont très différentes selon les pays, des points communs existent comme la relation entre héritage et patrimoine ainsi que des tendances à l’appro-priation et à la patrimonialisation des ressources. De nombreuses questions peuvent se poser sur cette appro-priation patrimoniale, comme la notion même de patrimoine dans une conception large et souvent triviale, dans la mesure où
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l’information diffusée par les connaissances patrimoniales repo-sent principalement sur des donnés techniques et surtout des inventaires. Mémoire technique et savoir relationnel, en lien notamment avec l’environnement social, génèrent des construc-tions qui forgent une trame cognitive partagée.
Le patrimoine est donc aussi une accumulation, une mémoire construite soit individuelle par le fruit de l’expérience ou soit par apprentissages multiples. Dans ce cas, la complexité de l’appré-hension des savoirs techniques mais aussi des savoirs organisation-nels peut-elle être traduite en termes de patrimoine ? On parle dans ce cas de mémoire collective. Un bien collectif comme une res-source collective peut-elle sous cette hypothèse avoir un sens ? C’est notamment l’accès à ce patrimoine qui devient problémati-que dès lors qu’un groupe social repère un intérêt individuel, ou collectif à l’appropriation. Réduire le patrimoine à une classifica-tion, notamment par les inventaires, constitue un aspect limité des formes patrimoniales que la société accorde aux différentes res-sources ayant ce statut. Il est difficile de faire un inventaire des patrimoines dans leur intégralité, de le recenser, comme d’explorer la mémoire patrimoniale. De la même façon, les logiques d’inven-taires peuvent être faussées lorsqu’elles vont être codifiées. Cela engendre un appauvrissement et donc des risques d’instrumentali-sation de l’objet patrimonial. Dans le cas le plus fréquent, les transferts depuis une valorisation tacite du patrimoine vers sa codi-fication engendrent des représentations construites. Dans ce cas, qu’est ce qui peut justifier les droits de faire et de transformer les mémoires patrimoniales ?
La capacité d’action notamment en lien avec les systèmes pro-ductifs pose donc la question de l’appropriation patrimoniale. Le patrimoine est une perspective d’ancrage au passé, une capacité d’action des individus et, en somme, une capacité de projection dans l’avenir (Linck Th., 2009). Le patrimoine devient un enjeu de pouvoir ayant souvent une origine économique, qui renvoie souvent à des instructions et des conditions d’action autour des dynamiques patrimoniales. L’intérêt de la recherche doit être plus centré aujourd’hui sur les termes de la transformation patrimoniale que sur
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les logiques d’inventaires pour se focaliser plus précisément sur les transformations patrimoniales et leurs conditions d’accès. Le rôle des institutions aux différents échelons territoriaux et des dispositifs de protection du patrimoine par exemple vont dans ce sens. C’est la pratique de la relance qui permet de donner à l’héritage une dimension patrimoniale. La relance est un élément de mobilisa-tion de l'héritage, transformant ce dernier en patrimoine. Au sein des milieux ruraux, de multiples expériences montrent que la relance témoigne de la capacité des acteurs à s’approprier l’histoire, quitte à la transformer. On peut parler de la châtaigne et de ses produits dérivés comme exemple d’une relance en référence à un mode de représentation et un système de valeur réactualisé, à savoir une vie saine et naturelle des paysans cévenols ou corses aux siècles passés, alors qu’en fait, elle symbolisait aussi la difficulté de vivre et la misère des campagnes de cette époque. L’exode des populations s’était alors accompagné de l’abandon de la consommation de ce type de produit, de moins en moins en phase avec une consomma-tion urbaine déconnectée des produits locaux. Ainsi, même si la châtaigne est empruntée à ce passé miséreux, aujourd’hui les pro-ducteurs cévenols ou ardéchois la réintroduisent sous différents aspects en référence à leurs régions et à l’image qu’ils veulent en donner. De ce point de vue, la relance est une empreinte de la stra-tégie de développement territorial. La relance peut être entreprise par un individu ou un petit groupe de personnes. Cette captation de ressources locales et son dévelop-pement seront, le plus souvent, le fait d’un leader capable de mobi-liser les différents acteurs locaux mais également aussi régionaux ou nationaux, afin de relancer une production avec l’image patrimo-niale qui l’accompagne. Il peut y avoir, également une captation politique de l’héritage avec sa mise en scène. Ceci permet de dépas-ser le seul cadre local et le seul produit, en associant à l’héritage mobilisé plusieurs sortes de biens et de services formant une sorte d’hybridation de ressources plus complexe que la châtaigne des « anciens ». Dans la plupart des cas, il est nécessaire d'adapter l'héritage au contexte actuel. Il n'y a pas de développement patrimonial bénéfique
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