Pervers narcissiques
165 pages
Français

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Pervers narcissiques , livre ebook

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Description

Ces dix récits cliniques éclairent le déploiement de la perversion narcissique dans les groupes et les organisations, les pervers narcissiques ne parlent que sous l’empire du besoin de se valoriser aux dépens des autres. L’apogée perverse de leur jubilation est atteinte lorsqu’ils sont parvenus à rendre les membres d’un groupe entier assujettis et complices passifs ou actifs de leur impulsivité cruelle. Les victimes désignées ou collatérales ne sortent pas indemnes de leur participation involontaire à cette dérive.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2019
Nombre de lectures 11
EAN13 9782304046533
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

André Sirota
Pervers narcissiques
Comprendre, déjouer, surmonter
Collection Marges et Passages
©Couverture : L es visages emboîtés avec la suggestion des masques , André Sirota, dessin, 2016.
ISBN 9782304046533 © Janvier 2017 Éditions Le Manuscrit Paris


Dédicace
Anthropologue de groupes actuels et tiers externe auprès d’équipes de travail, c’est en lisant les travaux de Paul-Claude Racamier 1 que j’ai avancé vers de nouvelles élaborations et capacités d’observations des processus collectifs en institution. C’est pourquoi, j’ai souhaité rappeler quelques pensées de Paul-Claude Racamier à propos de la perversion narcissique dans les organisations.
« Assurément la perversion narcissique est une perversité . (…) Figurent en vedettes parmi les pervers narcissiques : les imposteurs, les escrocs et mystificateurs… »
« L’origine de la perversion narcissique se trouve dans l’universelle mégalomanie infantile et primitive. Autant le concept, que ce qu’il connote de réalité clinique, se situe dans le fil (…) de la séduction narcissique. »
« Une séduction narcissique perpétuée mais souffrante débouche sur la psychose. Une séduction narcissique alliée à l’autoérotisme (et à quelques pulsions partielles) débouchera sur la perversion narcissique . »
« Comme (…) chez l’imposteur et l’escroc, se trouve prévalante et permanente, chez le pervers narcissique , l’illusion active de remplacer vraiment et impunément auprès de la mère le père, qui est évincé en pensée et en fait. »
« À l’éviction du père, à l’évitement de l’Œdipe, au démantèlement du surmoi, la séduction narcissique ajoute en prime majeure la tentative d’immunité conflictuelle. »
« Si le désir de plaire narcissiquement peut faire des vantards lorsqu’il est faible, des vedettes lorsqu’il réussit, ou des psychotiques lorsqu’il avorte, il ne suffit pas encore à “faire” un pervers. Encore faut-il, en effet, une défense spécifique. Cette défense sera de telle sorte qu’elle travaille, au service du narcissisme du sujet, à l’encontre d’un processus psychique, menaçant et redouté, de deuil ou de conflit interne. Aussitôt ce processus sera dénié. Une fois soumis au déni, il sera expulsé chez autrui, en vertu de puissantes manœuvres. Ainsi la défense sera-t-elle, pour le sujet, verrouillée, le reste n’étant plus que l’affaire de l’entourage. »
« Ainsi le mouvement pervers est-il mis en place. Reste à le combler. »
« La mise en œuvre de la séduction narcissique , la survalorisation de soi, l’érotisation du système défensif, la jouissance obtenue autant dans la survalorisation de soi que dans la déroute des objets utilisés comme verrous et faire-valoir et par là même disqualifiés en tant que personnes : voilà ce qui, parachevant le mouvement, le propulse jusqu’à la perversion. »
« L’objet ? Il ne sera pas aimé. Cloué au sol, (…) exploité, disqualifié, il n’aura plus rien d’enviable. »
« Attaché comme il est à ne rien devoir à personne, le pervers narcissique en vient, plus que quiconque au monde, à dépendre de l’entourage, de la circonstance et de l’occasion. Car, on l’a bien compris, le mouvement pervers ne s’achève que par le concours involontaire, mais actif et nécessaire, de l’entourage. »
« C’est en cela que les circonstances occasionnelles, un milieu propice complaisant, un bouillon de culture, sont absolument indispensables à l’accomplissement de la perversion. »
« Où rencontrer des pervers (narcissiques) ? Bien peu dans notre bureau : un pervers ne désire se soigner que s’il ne l’est pas suffisamment. Encore moins sur le divan du psychanalyste : la démarche psychanalytique et la pente perverse sont antinomiques. (Toutefois, il est des pervers que la mode de la psychanalyse attire, pour le plumage et pour le vernis qu’ils pensent y trouver, et si possible sans se mouiller les pieds.) »
Le seigneur dit à Méphistophélès :
« N’as-tu dans ce vieux sac autre chose à montrer ?
Viendras-tu seulement toujours pour dénigrer ?
N’est-il jamais pour toi rien de bon sur la terre ? 2 »
Méphistophélès à Faust :
« Un plaisir surnaturel !
S’étendre la nuit sur les montagnes humides de rosée,
embrasser avec extase la terre et le ciel,
s’enfler d’une sorte de divinité, pénétrer avec transport
par la pensée jusqu’à la moelle de la terre,
repasser en son sein tous les six jours de la création,
bientôt s’épandre avec délices dans le grand tout,
dépouiller entièrement tout ce qu’on a d’humain,
et finir cette haute contemplation…
Je n’ose dire comment… 3 »


1 Les passages insérés ici sont extraits de l’ouvrage de Paul-Claude Racamier , intitulé Le Génie des origines que les éditions Payot ont publié en 1992 entre les pages 280 et 306.

2 Gœthe, J.-W., 1808, prologue, Faust, première partie, trad. fr. P. Bregeault de Chastenay. Baden, Zone d’occupation française, 1948, p. 12.

3 G œthe , J.-W., 1808, Faust, première partie ; trad fr. G. de Nerval (1828), Paris, Garnier-Flammarion, 1964, p. 132.


Introduction
Dès sa naissance, le futur pervers narcissique de société est mis à la place d’un autre. Dans le fantasme de l’un de ses deux parents qui s’impose, l’enfant est d’abord idolâtré, conçu comme l’enfant-dieu-tout-puissant appelé à venger les désaveux subis ou transmis. Il est assigné à cette place, porté au pinacle, jusqu’au jour où il est déclaré nul. L’enfant nouveau et réel à advenir en lui ne compte pas. Le narcissisme qui va se forger dans cet enfant est l’amour de soi propre à celui qui ne peut s’aimer pour ce qu’il est en propre et en devenir pour avoir été adulé, et non pas aimé, pour un autre chimérique.
En société, ce Narcisse passe sa vie cherchant à être cet autre. Il se recherche désespérément, sans jamais se trouver. Il ne se reconnaît jamais dans le miroir qu’il convoque sans cesse, bien qu’il ne supporte pas de le regarder et le brise à l’occasion. Il ne se reconnaît ni dans ses propres paroles, si on les lui fait entendre, ni dans celles d’autrui. Il se méfie de toute parole du sujet qui n’est pour lui que tromperie. Pour lui, en lui le sujet ne compte pas, n’existe pas ; il en sait quelque chose.
Comme c’est le verbe autant que le corps, supportés par les désirs inconscients et croisés des parents à notre endroit qui nous constituent, le pervers narcissique lutte pour en réchapper. Il tente de domestiquer le verbe afin de le soustraire à toute polysémie, pour en faire un auxiliaire à son service exclusif. Il excelle dans son maniement pour disqualifier toute parole d’autrui. Fuyant un double deuil impossible, le deuil d’avoir un jour été l’enfant-dieu, et le deuil de l’enfant réel en lui, la vérité ou la réalité sur ce qui le fonde psychiquement, et par extension, la vérité en général ne l’intéresse pas.
Quand Narcisse est érudit, intelligent, surprenant, brillant, séducteur, fascinant, si l’on n’est pas subjugué, on dira de lui qu’il est un grand pervers. Par analogie avec le pervers psychosexuel et aussi différenciation, j’appellerai dans ce livre pervers psychosocial (en usant parfois du sigle PPS) le personnage-type dépeint dans cet ouvrage, parce qu’il a besoin des autres et d’un espace public pour déployer sans cesse son scénario. Ce protagoniste sera aussi appelé pervers de société ou pervers narcissique ( cf . Racamier , 1986, 1987, 1992 et Eiguer, 1989b) ou Narcisse de société, ou, avec Diet (1996), le thanatophore, selon que l’accent est mis sur sa capacité mortifère, sur la scène sociale dont il a besoin, sur son narcissisme ou sur la perversion.


Chapitre I Le Groupe : site d’observation et d’engagements
La vie des groupes de tout ordre est caractérisée par une succession de conflits, d’expression de haines, de guerres ou de guérillas plus ou moins extrêmes ou jouées, alternant avec des phases d’apaisement apparent, de négociations, de concertations, de solidarités, de collaborations désirées ou contraintes. Lors des conflits, toute communauté — familiale, professionnelle, associative, poli

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