Physiologie du risque face à l'histoire

Bernard Jouanjean

Description

Ce livre établit un lien entre fonctions physiologiques, équilibre individuel et représentations sociales. Il propose une approche physiologique de la prévention tant sur le plan de la répartition des tâches dans la société contemporaine que dans celle de l'Inde primitive. Il envisage sur un plan médical la création d'un système de santé fondé sur une vision dynamique de la prévention.

Sujets

• Anthropologie
• Médecine
• Sociologie
• Santé
• Ethnologie
• Civilisation

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2009
• Nombre de lectures: 229
• EAN13: 9782296923706
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Physiologie du risque face à l’Histoire
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http:// www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-06909-1
EAN : 9782296069091

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Bernard J OUANJEAN

Physiologie du risque face à l’Histoire


Préface de Claude Hagège


L’H ARMATTAN
Pratique et Ethique médicales
Collection dirigée par Richard Moreau et Roger Teyssou

La collection Les Acteurs de la Science , prévue pour recevoir des études sur l’épopée scientifique moderne, se dédouble pour accueillir des ouvrages consacrés spécifiquement aux questions fondamentales que la santé pose actuellement. Cette nouvelle série cherche à faire le point objectivement et en dehors des modes sur des connaissances, des hypothèses et des enjeux souvent essentiels pour la vie de l’homme. Elle reprend certains titres publiés auparavant dans Acteurs de la science.

Déjà parus

Eric SOLYOM, Les cahiers d’un chirurgien. Témoin de la faillite du système de santé , 2009.
Lionel CHARBIT, L’information médicale . Informer le patient et le grand public : de l’obligation légale à la pratique , 2009.
Docteur Jean CHABRIER, Seules les femmes savent marcher avec des talons aiguilles. Souvenirs d’un gynécologue accoucheur , 2008.
Philippe RAULT-DOUMAX, L’assurance-maladie au risque de la mondialisation , 2008.
Philippe PIRNAY, L’aléa thérapeutique en chirurgie , 2008.
Angélique SENTILHES-MONKAM, L’hospitalisation à domicile , une autre manière de soigner , 2007.
Vincent DELAHAYE et Lucie GUYOT-DELAHAYE, Le désir médical , 2007.
Georges DUBOUCHER, Adieu ma belle Médecine. Logique d’une métamorphose , 2007.
Aziz Charles MESBAH, Mémoires d’un pédiatre , 2007.
Bruno GREFFE, Mes gardes de nuit à l’hôpital, 2006
Georges TCHOBROUTSKY, Les limites de la médecine , 2006.
Vanina MOLLO, Catherine SAUVAGNAC, La décision médicale collective , 2006.
Jacques FRANCK, La ballade du généraliste , 2006.
Henri LAMENDIN, Petites histoires de l’art dentaire d’hier et d’aujourd’hui , 2006.
Arnault PFERSDORFF, Ethique et pédiatrie , 2006.
Claude WAGNER, L’ergothérapie , 2005.
Je remercie Monsieur Claude Hagège, Professeur de théorie linguistique au Collège de France, pour avoir pris toute la mesure du mot Prévention.


Je remercie Madame Anne Szulmajster – Celnikier, Ingénieur à la IV e section de l’École pratique des hautes études (EPHE) et à la chaire de théorie linguistique du Collège de France, pour son écoute attentive et ses conseils avisés.


Toute ma gratitude à Mademoiselle Madeleine Biardeau, Directeur d’étude à la V e section de l’EPHE, pour m’avoir transmis sa vision de l’Inde.
P RÉFACE
Ce n’est pas tout à fait par hasard, sans doute, que l’auteur du livre que l’on va lire est, notamment, le médecin du Collège de France, c’est-à-dire d’une institution où se trouvait le laboratoire d’un immense savant, Claude Bernard. Les pages qui suivent, en effet, rappellent avec autorité, et non sans courage quand on songe aux inerties qu’elles remettent en question, certaines des grandes idées de Claude Bernard dans son ouvrage capital de 1865, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Ce que le physiologiste américain Walter Cannon devait, en 1929, appeler homéostasie n’était autre que la stabilité du milieu intérieur, soulignée dans le grand livre de Claude Bernard.
Mais sur ces prémisses solides, Bernard Jouanjean propose une construction originale, et qui, à bien des égards, va plus loin encore. Car c’est à la base d’une notion essentielle, et encore largement méconnue dans la pratique comme dans les institutions médicales, à savoir la notion de prévention, qu’il pose celle de régulation, ou équilibre, indéfiniment et attentivement maintenu, entre les divers facteurs biologiques. Il nous montre avec insistance et clarté que toute la recherche médicale, que cela soit explicitement affirmé ou seulement implicite, n’a d’autre propos que de développer, et même d’exalter, toutes les fois que cela est possible, les formes et les instruments d’équilibre qui appartiennent, de par l’état naturel, aux organismes humains.
C’est assez dire que nous sommes ici en présence d’un livre fondamental. Il voit, en effet, dans la prévention, comme préservation assidue des équilibres physiologiques, le principe thérapeutique de base, et non pas une simple entreprise auxiliaire de la thérapeutique. Ici apparaît donc en pleine lumière la dimension sociale et éthique de l’activité médicale, tout entière articulée sur la préservation du bien-être des sociétés humaines. On ne peut certes pas imaginer que les médecins ne se laisseront pas convaincre par ces idées lumineuses, auxquelles le talent d’exposition de l’auteur et la force de sa conviction confèrent l’image de la « simple » évidence. Mais jusqu’ici, aucun d’entre eux, même parmi ceux qui seraient prêts à reconnaître l’importance de ces idées, n’a été aussi loin que Bernard Jouanjean, qui leur consacre tout un livre. Et tout autant que les médecins, le public au sens large, sur un problème aussi essentiel que celui de la santé publique, ne peut que se sentir pleinement concerné. Les conclusions de l’auteur apparaissent avec une parfaite logique dans ce qu’elles ont de fortement novateur, pour ne pas dire davantage : la prévention devient étroitement solidaire de l’acte curatif lui-même, puisqu’elle a pour objet d’anticiper les atteintes pathologiques par une étude soigneuse et minutieuse des facteurs de risques. Plus encore, la notion même de santé n’est dès lors plus séparable de celle de prévention.
Mais en outre, la démarche du docteur Jouanjean se singularise par une autre originalité, toute particulière. Non content de souligner l’importance considérable de cette notion de stabilité ou d’homéostasie du point de vue purement physiologique et médical, il en met en lumière les relations profondes avec les représentations sociales. Intéressé depuis longtemps par la culture de l’Inde classique et par celle de la Chine ancienne, il montre avec pénétration la manière dont est construite la notion d’équilibre socio-écologique dans ces deux grandes cultures de l’Orient. Développant une réflexion nourrie par sa curiosité aiguë de ces aires de civilisations, dont d’autres n’ont souvent qu’une connaissance superficielle ou suscitée par un exotisme de pacotille, l’auteur s’interroge, dans des pages pleines de finesse et d’aperçus profonds, sur les adéquations ou les contradictions entre bipartition ou tripartition des fonctions sociales d’une part et d’autre part les caractéristiques des sociétés qu’il appelle à bas ou à haut risque.
On pourrait se demander quelle pertinence de telles considérations et de telles analyses historiques possèdent pour le problème central de la prévention, auquel Bernard Jouanjean, médecin de prévention, consacre son activité professionnelle autant que son engagement intellectuel. Cette pertinence, en fait, est évidente, si l’on veut bien se persuader de la valeur des arguments, rappelés ci-dessus, qui établissent la solidarité logique et factuelle entre prévention et maintien de l’équilibre. Tout est articulé sur une tentation profonde de Bernard Jouanjean, qui définit sa personnalité et s’exprime en un mot non dénué de beauté et de pouvoir suggestif : la quête de l’harmonie.


Claude Hagège, Collège de France, mars 2009
I NTRODUCTION
Notre monde connaît actuellement de tels bouleversements qu’il est impossible de ne pas s’inquiéter de l’avenir. Certains vous diront cependant que les siècles précédents ont connu de telles angoisses. Les connaissances scientifiques acquises au cours du vingtième siècle ayant profondément modifié l’échelle des risques encourus par l’homme, la survie de notre civilisation est devenue aujourd’hui un enjeu. Nous sommes entrés depuis le milieu du XX e siècle dans une civilisation à hauts risques pour la vie elle-même et nous en proposerons, dans le développement de cet