Pour une démarche clinique engagée
146 pages
Français

Pour une démarche clinique engagée , livre ebook

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146 pages
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Description

C'est parce que la réalité se présente comme complexe et changeante que les auteurs de ce livre se sont engagés dans des méthodes de recherche originales. Le qualificatif "clinique" s'est imposé pour qualifier et approfondir la démarche : il s'agit d'approcher des cas individuels, des situations et des processus singuliers saisis dans leurs histoires et leur complexité.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296531772
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrage coordonné par Ruth Canter Kohn
Pour une démarche clinique engagée
Pour une démarche clinique engagée
Savoir et Formation Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004), Michel GaultetDominique Fablet  A la croisée de l'économique, du social et du culturel, des acquis du passé et des investissements qui engagent l'avenir, la formation s'impose désormais comme passage obligé, tant pour la survie et le développement des sociétés, que pour l'accomplissement des individus.  La formation articule savoir et savoir-faire, elle conjugue l'appropriation des connaissances et des pratiques à des fins professionnelles, sociales, personnelles et l'exploration des thèses et des valeurs qui les sous-tendent, du sens à leur assigner.  La collectionSavoir et Formation veut contribuer à l'information et à la réflexion sur ces aspects majeurs. Dernières parutions Nadine BEDNARZ,Recherche collaborative et pratique enseignante. Regarder ensemble autrement, 2013. Gilles MONCEAU (dir.),L’analyse institutionnelle des pratiques. Une socio-clinique des tourments institutionnels au Brésil et en France, 2012. Francine COUDERT et Claude ROUYER (coord.),Former à la supervision et l’analyse des pratiques des professionnels de l’intervention sociale à l’ETSUP, 2012. Dominique FABLET (coord.),Supervision et analyse des pratiques professionnelles dans le champ des institutions sociales et éducatives, 2012.Frédérique LERBET-SERENI et Franck VIALLE (sous la dir. de),Mythes et éducation, 2012. Joël CLANET (coord.),Pratiques enseignantes. Quels ancrages théoriques pour quelles recherches ?, 2012. Solange CIAVALDINI-CARTAUT (coord.),Innover en formation. Accom-pagner autrement les enseignants entrant dans le métier, 2012. Marguerite ALTET, Marc BRU et Claudine BLANCHARD-LAVILLE (coord.),Observer les pratiques enseignantes, 2012. Jacqueline FONTAINE et Bénédicte GENDRON,La retraite au miroir du genre, 2012. François AUGÉ,L’École de A à Z. Petit Dictionnaire personnel, 2012. Daniel ARANDA (textes réunis par),L’enfant et le livre, l’enfant dans le livre, 2012. Michel FEBRER,Enseigner en prison. Le paradoxe de la liberté péda-gogique dans un univers clos, 2011. Marianne HARDY, Brigitte BELMONT, Elisabeth HUREAUX (coord.), Des recherches-actions pour changer l’école. Expériences faites, 2011.
Ouvrage coordonné par Ruth Canter KohnPour une démarche clinique engagée
Les auteurs Sophie Boniface, Directrice de Centre d’Information et d’Orientation, Docteur en Sciences de l’éducation. Ruth Canter Kohn, Professeure émérite des universités en Sciences de l’éducation, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Marie-France Casellas-Ménière, Assistante de service sociale, « Diplôme d’Etude Approfondi » en Sciences de l’éducation. Anna Jolonch i Anglada, Responsable de programme, Institut Bofill, Barcelone, Docteur en Sciences de l’éducation. Jacques Le Moigne, Inspecteur de l’Education Nationale, Docteur en Sciences de l’éducation. Gilles Monceau, Professeur des universités en Sciences de l’éducation, Université de Cergy-Pontoise. Anne Perraut Soliveres, Cadre infirmier, Docteur en Sciences de l’éducation, Directrice de rédaction. Josette Verhennemann, Formatrice d’adultes, Docteur en Sciences de l’éducation. Arlette Weichert, Animatrice théâtrale et Professeur d’Allemand, « Diplôme d’Etude Approfondi » en Sciences de l’éducation. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00261-3 EAN : 9782343002613
SOMMAIRE Introduction. Une longue exploration...................................71– Démarche clinique, la forme d’une révolte Sophie Boniface...................................................................................112– Une démarche clinique en rechercheRuth Canter Kohn. .............................................................................253– Pour une vision rapprochée de la recherche « Dieu gît dans les détails » Marie-France Casellas-Ménière. ..........................................................394professionnelle– Ombres et lumières sur l’activité Jacques Le Moigne..............................................................................535– Présence et patience Arlette Weichert..................................................................................676– Écrire : les pleins et les déliésJosette Verhenneman...........................................................................757– Les trois écoutesRuth Canter Kohn..............................................................................878– Effets d’une pratique clinique de recherche Gilles Monceau...................................................................................919– Heurs et malheurs du praticien-chercheur : la vie après la thèse… Anne Perrault Soliveres.......................................................................10510– Regarder les marges et se laisser interroger. Une approche clinique de l’exclusion Anna Jolonch i Anglada.....................................................................119Annexe…........................................................................................129
Introduction. Une longue exploration Au départ La démarche clinique développée dans ce livre fait partie intégrale des inscriptions sociales et professionnelles des auteurs. Née dans le cadre de recherches universitaires, elle a fini par déborder celui-ci. Elle constitue aujourd'hui un engagement là où les identités sociales et professionnelles sont chahutées, où le social est souvent évoqué comme cache-misère d'une réalité économique de plus en plus dure pour le plus grand nombre. Elle éclaire le caractère univoque et restrictif de l’attribution institutionnelle des places. Elle est révolte contre ce qui « va de soi », s’insurge contre le « on ne peut rien », nous oblige à questionner les impératifs économiques, institutionnels, culturels… Ainsi elle interroge la société, nous empêchant de rester de simples observateurs des transformations en cours. 1 C'est parce que nous avons été confrontés, dans nos activités respectives, à des situations paradoxales et intenables, que la plupart d'entre nous avons repris (ou pris pour la première fois) le chemin de l'université. C'est parce que la réalité se présente comme complexe et changeante, voire incompréhensible, qu'il nous a fallu chercher des voies moins classiques et de nouveaux concepts. Progressivement s'est élaborée, construite par le groupe, une approche de la recherche en sciences humaines – un « objet » et une « méthode » – qui a conduit à affiner et à élargir à la fois la démarche elle-même et ses champs d'application. Confusément et en tâtonnant au début, puis de plus en plus clairement au fil du temps et des rencontres, nous avons mis des mots sur nos insatisfactions. Nous nous sommes mis en quête d'alternatives : positions d'entre-deux, jeux avec les paradoxes où l'on tente d'être à la fois au balcon (spectateur du monde), dans la rue (acteur) et dans l'escalier (dans le magma de ses implications). La simultanéité de positions difficiles à vivre mais fructueuses en questions et réponses nouvelles est formalisée par certains membres du groupe dans l'expression « praticien-chercheur ». Le mouvement continuel entre nos concepts de chercheurs et nos expériences de praticiens a montré que la recherche nourrit l'activité professionnelle et réciproquement. Nous avons choisi de vivre les contrastes et les déchirements, mais aussi les recoupements entre le dedans et le dehors, entre faire et penser, entre agir et regarder, couramment conçus comme contradictoires. Ce rapport au monde et ce positionnement social cherchent la tension créatrice entre des univers généralement séparés. La question 1 Le « nous » employé tout au long de l'ouvrage se réfère aux membres encore actifs d'un groupe constitué en 1990, suite à un atelier doctoral intitulé : « Démarche clinique de recherche », animé par Ruth Canter Kohn au Département des Sciences de l'Education de l'Université Paris 8.
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« Comment suis-je engagé ? » devient alors centrale, aucune réponse définitive ne saurait lui être apportée. D'autres préoccupations touchent directement les relations entre les personnes concernées dans toute situation particulière. La question des rapports de pouvoir apparaît rapidement, ceux entre « chercheur » et « sujet de recherche », entre « professionnel » et « usager », entre le praticien chercheur et ses collègues praticiens : qui a le droit de dire quoi, et dans quelles conditions ? Comment le « sujet » est-il traité ? Comment vivre des relations entre sujets conçus à la fois comme singuliers et semblables ? … L'existence de ce groupe, dont le statut et le fonctionnement matériel ont été eux-mêmes dans l'entre-deux, en marge, est quasiment hors institution (sans financement, sans inscription dans un cursus, ne figure dans aucune brochure, etc.). Il a néanmoins bénéficié de quelques avantages symboliques et matériels de l’institution universitaire. Échappant à certaines contraintes, le groupe a pu prendre son temps sans avoir à en rendre compte, s'ouvrir aux personnes s'intéressant à ce travail sans se soucier de leur statut, esquiver les jeux de pouvoir de cette institution. Si le coût économique en a été minime, le coût en énergie personnelle et adaptabilité, au contraire, fut élevé. La pérennisation du groupe est en elle-même l'expérimentation d'une position originale dans l'université. Pour qualifier la démarche, le terme « clinique » s'est imposé à nous comme une évidence, même si nous ne nous reconnaissions pas dans toutes ses connotations, comme celles provenant du domaine médical (l'intérêt exclusif pour la souffrance et son traitement, le pouvoir du médecin expert) ou celles découlant de la primauté accordée à un regard scrutateur. Une démarche « clinique » Vu l'engouement actuel pour le terme « clinique » et l'éventail de significations qui lui sont accordées, il peut sembler quelque peu intrépide de présenter une démarche de recherche et d'action sous cette appellation ; il faut alors quelques éclaircissements. Mais on doit signaler tout de suite que le lecteur ne trouvera pas une étude étymologique du mot, ni un développement historique des champs par lesquels il est passé, ni un catalogue de ses usages divers, ni encore une définition « définitive ». Seront plutôt évoqués les principaux penseurs qui nous ont marqués et, surtout, les fondements de notre choix de ce qualificatif. C’est dans l’expérience médicale que naît la clinique. Comme l’écrit Michel Foucault : « On a l’impression que, pour la première fois depuis des millénaires, les médecins, libres enfin de théories et de chimères, ont consenti à aborder pour lui-même et dans la pureté d’un regard non prévenu, l’objet de leur expérience ». Selon Foucault, l’identification et le travail des analogies dans les observations de situations à la fois similaires et distinctes sont des
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caractéristiques de toute approche clinique. Les sujets, les situations ou les processus sociaux sont singuliers sans être radicalement différents les uns des autres ; c’est parce que des analogies existent entre des humains, pourtant tous uniques, qu’une clinique peut se construire. Cette démarche et ce qualificatif vont être repris par la psychologie à la toute fin du 19e siècle, puis par la sociologie au début du 20e siècle. Dans ces domaines, il s’agit d’approcher des cas individuels, des situations et des processus singuliers saisis dans leurs histoires et leurs complexités. Un grand nombre de cas et de situations étudiés ne fait plus autorité sur l’exploration fine des singularités humaines. L’induction le dispute à la déduction et les théories générales doivent intégrer et s’enrichir des multiples situations particulières qui peuvent les contredire. À cette époque, la prégnance du modèle médical d’alors ne permet cependant pas encore d’entendre pleinement ce que les sujets ont à dire de leurs propres maux. Le développement de la psychanalyse fera évoluer cette situation. En France, c’est à la fin des années 1960 qu’Edgar Morin se prononce pour une sociologie clinique qui combine l’observation et l’intervention. Le sociologue ne se focalise plus sur la distanciation et l’objectivation et n’hésite pas à activer lui-même la dynamique sociale qu’il étudie, afin de mieux en comprendre les ressorts. En 1980, la traduction française du livre de Georges Devereux,De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement, aura un très fort retentissement. Cet auteur radicalise la critique des dispositifs de recherche en montrant, exemples à l’appui, comment ils peuvent être surdéterminés par la tentative du chercheur de réduire sa propre angoisse face à l’objet de son étude. Une réflexion nouvelle sur le rapport du chercheur à son objet se développe. Il est alors question de l’analyse du contre-transfert et de l’implication, de l’auto-analyse et de la réflexivité. C’est dans le contexte du début des années 1990, où le terme « clinique » se diffuse rapidement, que nous débutons nos travaux. De nombreuses publications proposent alors d’expliciter la démarche clinique en sciences humaines mais aussi dans les domaines plus délimités de la sociologie, de la psychologie et des sciences de l’éducation. Si notre engagement dans la démarche clinique est singulier, il n’est pas isolé. Les différentes contributions réunies dans cet ouvrage portent de nombreuses traces de nos échanges avec d’autres, qui nous ont conduits à préciser progressivement nos propres postures. Une clinique engagée Après nous être emparés de ce terme, nous l'avons habité comme il nous a habités et enrichis. Nous avons questionné ce mot, ce qui a mis en relief ses multiples sens, ses contradictions et ses ambiguïtés. Ce travail nous a permis de nous l'approprier en connaissance de cause, d'écouter ses usages dans divers contextes.
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