Pratiques soignantes et dépénalisation de l euthanasie
248 pages
Français

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Pratiques soignantes et dépénalisation de l'euthanasie , livre ebook

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Description

Dans le contexte social et politique actuel, des soignants ont souhaité réfléchir à leur pratique au cas où le législateur envisagerait une dépénalisation de l'euthanasie. Si l'interdit de l'homicide n'est plus un repère collectif, chaque citoyen, chaque soignant, chaque équipe devra constituer ses propres repères, afin de déterminer ce qui fait sens ou non-sens pour le patient, ses proches, mais aussi l'ensemble de la société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296986848
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Donatien MALLET

En collaboration avec
Nolwenn Begat, François Chaumier,
Valérie Duchêne, Godefroy Hirsch, Sophie Olivereau




Pratiques soignantes
et dépénalisation de l’euthanasie
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmat tan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98684-8
EAN : 9782296986848
NOMENCLATURE
Le terme « euthanasie » est souvent utilisé sans que soient précisées les pratiques qu’il recouvre. Cette imprécision, voire ce flou, ajoute à la confusion du débat, notamment dans le champ médiatique. Avant de débuter ce travail, il est nécessaire de s’accorder sur une nomenclature.
Si l’on se réfère aux textes législatifs réglementaires et aux recommandations des sociétés savantes, il faut clairement distinguer trois types de pratiques selon leurs objectifs et leurs conditions de réalisation 1 :
– L’intensification des traitements antalgiques ou sédatifs
– La non-introduction, la limitation et l’arrêt des traitements
– L’euthanasie
1. L’intensification des traitements antalgiques ou sédatifs
Parfois, pour soulager des patients, les médecins peuvent être amenés à utiliser des médicaments en prenant potentiellement un risque d’accélérer la venue de la mort.
À titre d’exemple, nous pouvons citer le cas des personnes éprouvant des difficultés respiratoires imputables à un cancer du poumon. L’oxygénothérapie, les traitements spécifiques ou symptomatiques parviennent dans un premier temps à améliorer le confort du patient. Mais ces thérapeutiques peuvent n’être plus suffisamment efficaces lorsque la maladie continue d’évoluer. La personne « étouffe ». Dans ces situations, après information du patient lorsque cela est possible, les médecins ont la possibilité de l’endormir afin de la soulager. Cette pratique de soins est dénommée « sédation ». Les médicaments utilisés appartiennent le plus souvent à la classe médicamenteuse des benzodiazépines. Cette famille regroupe des médicaments très fréquemment prescrits en médecine pour leurs effets anxiolytiques et hypnotiques.
Après l’endormissement du patient, l’évolution clinique est variable.
Parfois la sédation induite permet de passer un cap. Lorsque le médicament ne fait plus effet, la personne malade se réveille en n’étant plus ou pas trop gênée pour respirer. Sa vie se poursuit avec un confort satisfaisant. Au fil du temps, il est possible qu’elle ressente une nouvelle difficulté respiratoire, conduisant les soignants à l’endormir de nouveau artificiellement.
Dans d’autres cas, l’atteinte respiratoire est trop importante. Dès que la personne se réveille, elle ressent une gêne respiratoire majeure. Il est alors nécessaire de l’endormir à nouveau et de poursuivre la sédation jusqu’à la venue naturelle de la mort. La personne décède en étant artificiellement endormie.
Bien que les médicaments utilisés ne soient pas particulièrement dangereux, il est possible que, dans ces situations extrêmes, leur utilisation précipite la venue de la mort. Ce point est discuté. En effet, il n’existe pas de consensus médical sur l’évaluation de ce risque. Certaines études le récusent. Si le médicament est correctement utilisé, il n’y a pas d’influence sur la venue de la mort. D’autres études font état d’un possible risque, même en cas de bonnes pratiques professionnelles.
Nous n’entrerons pas dans ce débat technique et complexe. Ce n’est pas le thème de notre travail. Quoi qu’il en soit, si un risque existe, il est minime. Il est accepté par la loi, notamment celle du 22 avril 2005 sur les droits des malades et la fin de vie, dite loi Léonetti 2 .
Au total, dans les situations d’intensification de traitements antalgiques ou sédatifs afin de soulager un patient d’une souffrance, l’intention du médecin n’est pas de mettre un terme à la vie du patient. Si la mort survient, elle est le plus souvent, voire toujours, liée à l’évolution naturelle de la maladie.
2. La non-introduction, la limitation et l’arrêt des traitements
Le deuxième type de décision concerne les non-introductions, les limitations et les arrêts de traitement.
Du fait des progrès technoscientifiques et de l’organisation du système de soins, les médecins disposent d’un gigantesque arsenal thérapeutique qui leur permet de prolonger plus ou moins l’existence des patients. Ce peut être des techniques assez contraignantes telles les ventilations artificielles, les nutritions artificielles, les dialyses rénales. Ce peut être des techniques moins envahissantes comme des perfusions, des transfusions, des antibiotiques ou d’autres médicaments administrés par voie intraveineuse ou orale.
L’usage de ces diverses possibilités thérapeutiques est le plus souvent tout à fait pertinent. Cela répond à la demande du patient. Les traitements sont bien supportés. La qualité de vie au décours de la complication est suffisamment bonne. La vie a du sens pour la personne traitée.
Mais, dans d’autres situations, notamment lorsque les patients sont atteints de maladies chroniques, il existe une incertitude sur le bien-fondé de l’usage de certains traitements. Est-il juste de chercher à prolonger la vie de cette personne ?
Parfois, la discussion est purement technique. Les critères peuvent être l’état général du patient, l’évolution générale de la maladie, la survenue successive de nombreuses complications, des marqueurs biologiques ou iconographiques...
Dans d’autres cas, les traitements en eux-mêmes sont source d’effets secondaires, d’inconfort, de souffrances. Il ne semble pas souhaitable d’imposer cette contrainte au patient.
Il se peut aussi que le confort du patient après l’éventuel traitement soit très incertain.
Mais l’interrogation peut émaner directement du patient. Il manifeste sa lassitude de vivre ou son souhait de ne pas subir des traitements contraignants… Son entourage ou les soignants peuvent relayer ces souhaits.
Si ces questions ne sont pas posées, le patient reçoit de manière continue les différents traitements. Cela conduit inexorablement à des situations d’« obstination déraisonnable » ou d’« acharnement thérapeutique ».
Dans ces situations d’incertitude sur les orientations des traitements, le médecin, en lien avec le patient si cela est possible et après délibération avec l’équipe soignante, peut décider de ne pas introduire, de limiter ou d’arrêter certains traitements. Ces décisions sont autorisées par la loi. Le processus décisionnel est encadré par la loi sur les droits des malades et la fin de vie, d’avril 2005.
Dans ces situations, l’intention du médecin n’est pas de provoquer la mort, mais plutôt d’éviter toute obstination déraisonnable. Il s’agit de ne plus s’opposer à la venue de la mort. La personne décède de mort naturelle ou par cessation des traitements qui la maintenaient artificiellement en vie. Le médecin renonce à poursuivre la prolongation artificielle qu’il avait initiée 3 .
3. L’euthanasie
Il n’existe pas de consensus sur la définition de l’euthanasie. Le Comité consultatif national d’éthique propose de définir le terme euthanasie comme « l’acte d’un tiers qui met délibérément fin à la vie d’une personne dans l’intention de mettre un terme à une situation jugée insupportable 4 ». C’est par exemple l’injection intraveineuse de produit tels les curares qui entraînent une paralysie complète des muscles respiratoires. La personne décède en quelques secondes après avoir été préalablement endormie.
Pour parler d’euthanasie, deux conditions sont nécessaires : d’une part, l’intention du médecin qui est d’arrêter la vie de la personne malade, d’autre part un lien de causalité directe entre l’administration du médicament et la survenue de la mort 5 . La personne décède de manière provoquée suite à l’injection du produit.
L’euthanasie est à distinguer du suicide assisté, c’est-à-dire le fait de fournir à une personne, à sa demande, les moyens de mettre fin à ses jours par elle-même.
1 Rapport annuel 2011 de l’Observatoire national de la fin de

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