Psychiatrie, culture et politique
101 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Psychiatrie, culture et politique , livre ebook

-

101 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Livre de ce qui ne se dit pas et n'existe pas : le monde du "malade mental", ou du "fou", vocable le plus vraisemblable pour le rejeter et l'écraser au sein des systèmes les plus forts. Tour le monde mental ordinaire se vit dans une culture, même pour les personnes saines. Or sur toutes les sociétés pèse une politique. Les rapports inextricables entre les trois paramètres font apparaître un problème majeur, celui du pouvoir : pouvoir de la culture, pouvoir politique, pouvoir scientifique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 décembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336889030
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre


Rita E L K HAYAT









Psychiatrie, culture et politique
Copyright



























© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88903-0
PLAN
PREMIÈRE PARTIE Observations, la pratique : les études de « cas »
DEUXIÈME PARTIE L’enfant sans crayons de couleur. La pratique liée à la théorie
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
TITRES ET TRAVAUX EN PSYCHIATRIE DE L’AUTEURE
ANNEXE
DU MÊME AUTEUR
PSYCHOLOGIE AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN
Ce travail se lit très aisément si on considère que l’auteur, psychiatre et psychanalyste, met son savoir théorique mais surtout sa pratique, et donc son expérience personnelle, dans son texte, en se plaçant entre « Psychiatrie, Culture et Politique », pour expliquer les manques et les dégénérescences sociales dans les sociétés en mal de justice, d’équilibre, de promotion générale de tous leurs membres, expérience et position personnelle culturelle et politique se croisent…
Lorsque, par exemple, nous lisons chez Aristote que la Philia, l’amitié entre citoyens, est l’une des conditions fondamentales du bien-être commun, nous avons tendance à croire qu’il parle seulement de l’absence de factions et de guerre civile au sein de la cité. Mais, pour les Grecs, l’essence de l’amitié consistait dans le discours. Ils soutenaient que seul un « parler-ensemble » constant unissait les citoyens en une « polis ».
… Quelque intensément que les choses du monde nous affectent, et quelque profondément qu’elles puissent nous émouvoir et nous stimuler, elles ne deviennent humaines pour nous qu’au moment où nous pouvons en débattre avec nos semblables. Nous humanisons ce qui se passe dans le monde, et en nous en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains.
Hannah Arendt Vies politiques, p. 34-35
PREMIÈRE PARTIE Observations, la pratique : les études de « cas »
Pour donner une capacité de compréhension de la problématique, voici douze cas de problématiques psychiatriques liées à la culture et à la politique :
1- La détention psychiatrique des opposants politiques
2- Psychiatrie et migration
3- Le « cas Nadia », le recours aux voyantes
4- Les pathologies « locales »
5- Les toxicomanies et leur relation à la culture et à la politique
6- Les problèmes féminins et le psychisme, interférences politico-culturelles
7- Féminisme et psychiatrie
8- Les différences d’orientations sexuelles
9- Les enfants dans la configuration politico-culturelle
10- Les sacrifiés de la société
11- Les sociétés « schizophrènes »
12- Le pouvoir et la psychiatrie
Pourquoi ces observations , comme disent les médecins somaticiens, ces « CAS » ou ces « dossiers » de malades, plus vraisemblablement ces histoires et biographies de patients (vu la brièveté de chaque présentation et la vulgarisation exigée par le contexte du livre pour le rendre plus accessible à tous les lecteurs), et pas ceux de tous les autres, milliers de patients, milliers de personnes et d’enfants, de vieillards, de femmes et d’êtres consumés dans des pathologies pour le moins délétères, destructrices, envahissantes, permanentes et empêchant le plein exercice de la vie ?
Il fallait choisir des possibilités très démonstratives par leur humanité pour prouver la thèse qui a motivé ce travail « Psychiatrie, Culture et Politique » ; en fait, il fallait remonter aux sources de cette révolte terrible : pourquoi des vies sont ratées, pourquoi certains ne peuvent-ils aspirer à une vie aussi tranquille et équilibrée que possible ? Pourquoi la folie ? Pourquoi la perte ? Pourquoi la souffrance ? Le maître mot est lâché : certains êtres humains souffrent au-delà de ce qui est permis et possible de supporter.
Le plus terrible est que la chaîne de la souffrance causée par les désordres psychiques concerne toutes les composantes d’une famille, sans distinction de générations, au-delà d’une possibilité qui consiste à dire que seul le malade mental est affecté par sa maladie. Est-ce là la vraie limite de l’être humain : pourquoi ne peut-il repousser utilement et efficacement les souffrances et toutes formes de souffrance, psychologique et même physique ? Là est la seule question de la Psychiatrie, anéantir la souffrance, là est le mystère de la Culture, offrir à l’être humain une vie en groupe plus supportable, voire heureuse et agréable, de la Politique, elle ne devrait être que la gestion de la POLIS , la cité, par ceux qui peuvent la gérer au mieux de la justice et de l’équité entre individus, que ceux-ci puissent être plus heureux, moins révoltés, plus égaux, moins tourmentés par leur condition – de toute façon mortelle – d’être humain !
Or, comme dirait Hippocrate, le premier médecin qui compte dans la vie de tout autre médecin :
La vie est brève, L’art est long,
L’opportunité fugitive
L’expérience incertaine,
Et le jugement, difficile »
Premier Aphorisme
Des milliers d’années plus tard, chaque médecin prononce « Le Serment d’Hippocrate » avant de pouvoir pratiquer son art, la Médecine…
P REMIÈRE OBSERVATION
Aziz El Ouadie (Voir ses lettres, en Annexe), la politique, Saïda Mnebhi, le 5° étage de l’Hôpital Avicenne
Les cas d’utilisation du savoir psychiatrique à des fins politiques
Le problème d’Aziz el Ouadie est exemplaire ici en ce sens qu’il a à voir complètement avec la Psychiatrie et la Politique : il était prisonnier politique quand j’eus à le consulter à l’Hôpital Averroès de Casablanca…
Né à Casablanca en 1956 de père et de mère militants nationalistes reconnus, il est actuellement enseignant et journaliste. Incarcéré à l’âge de dix-huit ans quand il était lycéen, il fût condamné à 22 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et gracié en 1984, il aura passé dix ans de sa vie en prison pour délit d’opinion.
D’autres personnes ont décompensé des psychoses en prison, comme Hassan El Bou, emprisonné pendant 12 ans ou Miloud Achdini au Maroc. Leur état de délabrement mental est tel que plus aucun soin n’est efficace sur eux : les fonds alloués par le Centre contre la torture, de Copenhague, furent utilisés par le psychiatre qui reçut ces sommes, à des fins personnelles, quand les malades mentaux ayant décompensé leur pathologie mentale furent relâchés au Maroc.
En Tunisie, c’est Noureddine Benkhider, dix ans de prison politique, qui témoigne sur la folie d’un codétenu, un adolescent tellement claustrophobe que l’incarcération en cellule fit sur lui l’effet d’un traumatisme sans retour : il hurla pendant des jours et des semaines, puis devint « fou » , c’est-à-dire qu’il perdit totalement le contact avec la réalité et devint inerte, déconnecté du monde réel, sans réactions.
Aziz El Ouadie fut incarcéré avec tous les gauchistes, communistes, maoïstes, trotskistes, marxistes ; il adhérait au groupuscule « 23 mars 1965 » ; des groupes analogues existaient à Rabat, Casablanca, Fès et dans les autres principales cités du royaume.
La torture des prisonniers était systématique : la description des violences physiques était telle que des délabrements sont encore notables dans la personnalité de ces sujets, dix, quinze, voire vingt ans plus tard.
Voilà ce qu’il en fût : Aziz El Ouadie a écrit, à mon intention, sachant que j’écrivais ce livre, une lettre, en arabe. (Il se livra, ainsi que son frère, détenu comme lui pour délit d’opinion, à ce que les Marocains appellent aujourd’hui la « Littérature carcérale », dont la maison d’édition Tarik s’est fait une spécialité à travers des documents effroyables comme celui d’Ahmed Marzouki, « Cellule 10 ». Marzouki fut détenu pendant dix-huit ans dans le bagne mouroir de Tazmamart : au sortir de celui-ci, les morts-vivants furent examinés par des psychiatres militaires patentés par l’Etat à cette mission et on ne saura jamais ce que les rescapés présenta

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents