Regard d un militaire sur la société française
301 pages
Français

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Regard d'un militaire sur la société française , livre ebook

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Français

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Description

Cet ouvrage se veut le témoignage humble d'un citoyen français, militaire de carrière au service de son pays depuis plus de 23 années, soucieux de l'évolution de la société qu'il lègue à ses quatre enfants. Le recul dont il dispose l'autorise à une approche originale des problèmes sociaux, sans passion ni polémique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 372
EAN13 9782336278537
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Diplomatie et Stratégie
DIRIGÉE PAR EMMANUEL CAULIER
Professeur responsable des études du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques Professeur de droit à l’ESCEM et Chargé de cours à HEC Avocat au Barreau de Paris
En couverture : La rue Montorgueil , Claude Monet, 1878. Le 30 juin 1878, dans le cadre de l’exposition universelle, Paris se pavoise pour fêter la paix et le travail.
© l’Harmattan 2007 5-7 rue de l’École Polytechnique ; Paris 5 e
www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296031968
EAN : 9782296031968
Regard d'un militaire sur la société française

Bruno Mignot
Avant d’aller à la bataille, les soldats français de l’an II entonnaient ce refrain :
La République nous appelle
Sachons vaincre ou sachons périr,
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un Français doit mourir.
Extrait du Chant du départ, 1794 Marie-Joseph Chénier (1764-1811)
à Agnès et en souvenir de Philippe
Sommaire
Collection Diplomatie et Stratégie Page de Copyright Page de titre Dedicace AVANT-PROPOS PREMIERE PARTIE - UNE PHOTO DE LA SOCIETE FRANÇAISE CONTEMPORAINE
CHAPITRE 1 - LE PAYS SE DIVISE ET LES REPERES SE PERDENT CHAPITRE 2 - EXEMPLES SYMPTOMATIQUES DE L’ETAT DE LA SOCIETE
DEUXIEME PARTIE - LA FILIATION ENTRE L’ARMEE ET LA NATION
CHAPITRE 1 - LE CONCEPT DE NATION A LA FRANÇAISE CHAPITRE 2 - ARMEE ET NATION, UN MARIAGE D’AMOUR CHAPITRE 3 - GRANDEUR ET SERVITUDES DU MILITAIRE
TROISIEME PARTIE - LE MONDE DANS LEQUEL VIVENT LES MILITAIRES
CHAPITRE 1 - LE CONTEXTE STRATEGIQUE A ENCORE CHANGE CHAPITRE 2 - LES NOUVELLES MENACES CHAPITRE 3 - LE CADRE RENOUVELE DES CONFLITS CHAPITRE 4 - LES MISSIONS DE SERVICE PUBLIC ET DE SECURITE PUBLIQUE CHAPITRE 5 - L’IMPERIEUSE NECESSITE DU RENSEIGNEMENT CHAPITRE 6 - L’ARMEE VIT AU CŒUR DE LA SOCIETE
QUATRIEME PARTIE - LE ROLE SOCIAL DE LA DEFENSE
CHAPITRE 1 - LA COMMUNAUTE MILITAIRE, UNE ENTITE NON NEGLIGEABLE CHAPITRE 2 - LE LIEN ARMEE-NATION N’EST PAS MORT CHAPITRE 3 - QUEL ROLE POUR LES MILITAIRES ET POUR QUEL PROJET ?
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE PRINCIPAUX ARTICLES DE L’AUTEUR
Dans les colonnes du Figaro, le 7 mars 2007, Jean Dufourcq écrit « qu’un débat stratégique tous les cinq ans pour éclairer les électeurs n’est pas de trop ».
Faut-il le répéter? Le débat est une nécessité absolue de la vie démocratique. Que l’esprit critique vienne à manquer, et c’est notre perte qui s’annonce inexorablement.
Alors, le colonel Mignot, en se découvrant par l’écriture – et chacun sait à quel point on y confesse tant sur soi-même – n’écoute ici que son courage. Il en va du caractère républicain de nos institutions : « c’est le titre ! » . . .
Sa démarche l’honore, lui, l’ensemble du personnel du Collège interarmées de défense, que je suis fier de diriger, et bien au-delà.
Général de division aérienne Jean-Marc Journot Directeur du Collège interarmées de défense
AVANT-PROPOS
Le soir du 6 octobre 2001 au stade de France, près de Paris, la Marseillaise est copieusement sifflée avant un match de football amical opposant la France et l’Algérie. Indigné, le président de la République quitte la tribune pour montrer son mécontentement. Au cours des jours qui suivent, bien que de nombreux médias l’aient commentée, l’affaire est vite oubliée, subissant la loi de l’actualité et des médias qui veut qu’une affaire en chasse une autre. Et pourtant, un symbole de l’unité nationale française a été bafoué. Au-delà de l’indignation, l’analyse qui a été faite de l’événement a consisté à dire que c’était un non événement puisqu’il est de notoriété publique, mais sans que cela ait été jusqu’alors montré en direct à la télévision, que beaucoup de jeunes gens issus de l’immigration, notamment maghrébine dite de 2 e génération, refusent de s’intégrer à la société française. Et les uns de regretter que la discrimination positive ne soit pas la règle dans une société qui oublie ses racines de 1789 et tourne le dos aux plus faibles pour protéger les nantis. Et les autres de dénoncer le laxisme de l’Etat à tolérer que des groupes de rap comme « Nique ta mère » diffusent des paroles telles que « La jeunesse se doit d’être à l’heure au rendez-vous fixé (. . .) pour pisser sur la flamme tricolore, le putain d’étendard du parti des porcs » 1 . Qui a raison ?
9 juillet 2006 : finale de la coupe du monde de football opposant l’équipe de France et celle d’Italie. Depuis que les Français sont parvenus en 8 e de finale, les journalistes sportifs ont retourné leur veste et croient en la victoire finale. Au-delà de la performance d’une équipe qui a fait rêver des millions de personnes, on constate qu’il faut une compétition sportive pour que le drapeau tricolore réinvestisse la rue et réunisse tout le monde 2 . Allons plus loin : combien aujourd’hui de nos concitoyens détiennent le drapeau tricolore chez eux ? Quel contraste avec les Etats-Unis où l’on voit partout des drapeaux étoilés hissés au haut d’un mât ou flotter à un balcon ! Qu’est-ce qui se passe en France pour que l’unité nationale et le patriotisme ne soient sortis du placard que lors des grandes occasions ? Pourquoi faut-il des émotions fortes pour raviver la flamme ? Que veut dire aujourd’hui le mot « nation » ? Qu’est-ce qui nous rassemble ?
Ces deux exemples sont caricaturaux pour certains et symptomatiques pour d’autres. Ils sont loin d’être les seuls. En effet, pendant plusieurs années, ils ont été nombreux à alimenter les chroniques, les éditoriaux et les journaux télévisés. Les noter jour après jour a été un travail délicat mais instructif sur l’état du pays : à les parcourir aujourd’hui, on obtient une image assez troublante de la société dans laquelle nous évoluons. Ce qui était tabou et interdit hier s’affiche aujourd’hui dans la rue. Toute vérité cachée est bonne à dire, toute beauté chaste est bonne à exhiber. Cet ouvrage est né tous les jours un peu plus dans un inconscient rebelle à ces transformations inexorables, pour enfin éclore à présent et mettre au nu ce qui apparaît clairement : un prélude à une décadence. Il se veut neutre et impartial et écarte résolument les faux-semblants, le convenu et le bien-pensant.

Jeune militaire, je me suis juré de quitter les armées le jour où, dans les rangs, je ne sentirai plus ce frisson merveilleux en écoutant l’hymne national, porteur des valeurs de mon pays, du sacrifice de mes anciens et d’une histoire qui n’a rien à envier à personne. Aujourd’hui, ce serment terrible semble s’inscrire en complet décalage avec la dilution des valeurs constatée dans la société française actuelle. Serais-je devenu un alien ? De même, la recherche du moindre effort et le culte de l’individualisme s’opposent vigoureusement à tout ce que j’ai appris et à mes idéaux de militaire qui se résument en un mot : servir.
Les lignes qui suivent rapportent, en toute simplicité, le regard d’un militaire sur la société actuelle, un regard ni trop tendre ni trop injuste car, comme le disait Talleyrand, « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Cette vision, qui se veut objective et la moins prétentieuse possible, veut rappeler qu’il y a des gens qui résistent au marasme ambiant, sorte de défaitisme officialisé, et gardent encore un grand espoir en l’avenir.
Aujourd’hui, il y a pourtant tout lieu d’être inquiet quant à l’état de la société française. Force est de constater la partition de la société française en de multiples chapelles, la vocifération des minorités accusant la majorité des pires maux, le formatage des esprits et les dommages causés par la pensée unique, et le fait que ce sont ceux qui montrent parfois la plus superbe impudence ou qui crient le plus fort qui font l’opinion.
Si la société française résiste encore à ces coups de boutoir quotidiens, c’est que le fond doit être solide. Mais ce fond si solide, où se cache-t-il ?
Par nature improductif au sens industrieux du terme, le militaire bénéficie d’un certain recul vis-à-vis du « système » économique et de la société actuelle. Il est donc susceptible d’en dresser un portrait assez fidèle, portrait qui est proposé au lecteur dans la première partie de cet ouvrage. Dans un deuxième temps, nous évoquerons les liens filiaux qui existent entre la nation française et son armée pour planter ensuite le décor de ce qui fait le quotidien des militaires. Enfin, forts des divers constats réalisés, il s’agira d’établir un bulletin de santé du lien armée-nation pour montrer en

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