Réhabiliter le pouvoir et les Nations dans l analyse du Capitalisme Mondialisé
82 pages
Français

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Réhabiliter le pouvoir et les Nations dans l'analyse du Capitalisme Mondialisé , livre ebook

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Description

Dans le capitalisme mondialisé, les nations - menacées - sont de retour !
Cet ouvrage reprend l'ensemble des thématiques et théories en Economie Politique Internationale : commerce, finance, production, … pour analyser la mondialisation, en réintroduisant le pouvoir et les nations dans l'analyse des processus à l'oeuvre. Il propose également une généalogie des théories en présence, afin de faciliter la compréhension des concepts et des controverses qui traversent cette jeune discipline.

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Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336780023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

« Éditions Campus ouvert » Direction éditorialeen ÉconomieLAUCHU, Maître de Conférences honoraire Vincent P  : (Université Pierre Mendès France, Grenoble). Coordination : Pierre CROCE, ancien Responsable de la Cellule d ’aide à la publication de l’Université Pierre Mendès France, Grenoble. Cette maison d’édition, créée par l’Association pou r la Diffusion d’Études et Recherches (ADER), a pour principal objectif de rendre accessibles, à des prix raisonnables, des cours dispensés dans le champ des Sciences Sociales, et de diffuser des documents, études et recherches qui ne trouveraient pas leur place dans le secteur commercial classique . ADER : 10 rue champ Rochas - 38240 MEYLAN Mise en page :Myriam PLAUCHU ET Pierre CROCE Couverture :Myriam PLAUCHU et Frédéric SCHMITT
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© 2016,Campus Ouvert http://editionscampusouvert.wordpress.com/ editions.campus-ouvert@orange.fr EAN Epub : 978-2-336-78002-3 Distribution: Éditions L’Harmattan, 16 rue des Écoles - 75005 Paris www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr
Grégory VANEL Réhabiliter le pouvoir et les nations dans l’analyse du capitalisme mondialisé Théories et concepts de l’Économie Politique Intern ationale Éditions Campus Ouvert 2016
Le pouvoir, ce banni récalcitrant. François Perroux
Introduction
E CAP ITALISME EST UN SYSTÈME DE P RODUCTION relative ment ancien, puisqu’il Lsiècle, qui s’appuie sur l’accumulation systématique du capitalremonte globalement au XVI e par un groupe social particulier, celui des capitalistes. Cette accumulation du capital, véritable clé de voûte du système, est autant un phénomène économiqu e et social qu’un phénomène culturel ou politique. Très tôt, les grands penseurs du monde m oderne ont développé des analyses et des méthodologies faisant une très large place, aux côt és de la logique purement économique (notamment d’optimisation sous contrainte), aux dimensions sociales, culturelles et politiques de l’accumulation capitaliste. Ils ont élaboré ce que nous appelons aujourd’hui des systèmes d’économie politique. On pense notamment aux travau x mercantilistes, libéraux ou marxistes. Ce n’est que très récemment, à la fin du dix-neuvième siècle, que l’analyse du capitalisme s’est peu à peu détachée de cette dimension pluridisciplinaire pour ne retenir que la vision purement économique de l’accumulation, à travers la notion de marché et d’économie de marchés.
• Un cloisonnement disciplinaire durable et rigide À la recherche d’une plus grande scientificité, c’e st-à-dire d’une émancipation de toute considération morale, philosophique ou politique, les économistes se sont ainsi éloignés des autres sciences sociales, notamment de la sociologie et de la science politique, tout en revendiquant un 1 statut de science sociale à portée universelle . Plus particulièrement, les économistes ont peu à peu formulé une conception de l’économie en tant qu’ensemble des activités qui se rapportent au choix individueld’utilisation de ressources rares susceptibles d’avoir des usages alternatifs, dans une logique utilitariste d’optimisation sous contrainte. Autrement dit, dans cette conception de l’économie, celle-ci n’est considérée que comme une « économie de moyens », voire une science des moyen s, compte tenu de fins données. Ce réductionnisme centré sur la notion de coût d’opportunité a alors permis de concevoir l’économie comme l’étude des actions rationnelles visant à combiner le mieux possible des moyens rares pour atteindre des fins spécifiques (couverture des beso ins, recherche de bien-être individuel ou collectif, et bien sûr de profit). Cette trajectoire de la sci ence économique se retrouve bien évidemment lorsque les économistes étudient l’économie internationale. Une des conséquences notables est alors que la nation n’y est vue que comme un ensemble de facteurs de production plus ou moins mobiles à l’intérieur de frontières politiques, mais sans tenir compte de l’existence des États, sauf à les considérer comme les producteurs de biens publics. De son côté, la science politique s’est elle-même c onstruite sur la base de recherches principalement centrées sur l’analyse du pouvoir de l’État et des autorités publiques, en recherchant aussi cette scientificité propre à toute discipline souhaitant une certaine reconnaissance et autonomie institutionnelles. Le même phénomène que pour la sc ience économique s’est alors produit au e 2 3 tournant du XX siècle , puisque les Relations internationales se sont d’abord construites comme une branche de la science politique qui traite des affaires internationales, et plus particulièrement de la notion de puissance. Cette branche de la science politique a alors essentiellement insisté sur la dialectique de la guerre et de la paix entre les États-nations, en minimisant l’importance des autres types d’interactions, notamment économiques, ou en les ramenant à cette dialectique supposée surdéterminante. D’un côté on a donc eu une branche des sciences sociales qui s’est principalement souciée du marché et du comportement d’individus rationnels su r les marchés, et de l’autre une autre branche des sciences sociales qui s’est souciée principalem ent de la puissance des États, et de leur comportement sur la scène internationale. La plupart du temps, les économistes expliquent ce divorce entre la science économique et les autres sciences sociales, notamment la science poli tique, par plusieurs raisons (plus ou moins justifiées) : – on ne peut étudier le monde avec une théorie qui intégrerait toutes ses dimensions. Si le tout provient du tout, il devient en effet difficile de séparer variables explicatives et variables
dépendantes, – la prospérité économique d’un pays, d’une firme ou des individus serait indépendante du régime politique en général. On a de nombreux exemples de démocraties pauvres et de dictatures riches, etvice versa. L’étude du contexte institutionnel serait ainsi i nutile lorsque l’on veut saisir le comportement économique des nations, – la science économique se veut amorale, c’est-à-dire dénuée de toute considération sur le bien ou le mal. Le concept d’utilité a d’ailleurs été forgé dans le but de libérer les économistes de ces considérations. – La science économique étudierait des fait « naturels », c’est-à-dire ceux qui s’imposent d’eux-4 mêmes au monde . Ces faits seraient naturels dans le sens où ils seraient antérieurs à la théorie, et l’économiste aurait alors pour mission de forger des théories servant à vérifier ces faits. – La science économique serait plus scientifique ca r elle utilise volontiers l’abstraction mathématique. Le reproche des économistes concerne ici les méthodes utilisées par les politistes, qui manqueraient de rigueur scientifique.
• L’international/ cet inconnu résiduel Ce cloisonnement disciplinaire a en outre eu pour effet d’envisager l’international d’une façon très particulière. Forgé par Jeremy Bentham lors d’ une année très importante pour l’histoire de 5 l’humanité, à savoir en 1789, à propos de ce qui deviendra dès lors le droit international , le mot « international » envisage dès l’origine toutes les activités au-delà des espaces nationaux contrôlés par l’État comme des activités résiduelles. Au mieu x, le mot international désignera plus tard les activités qui ne se déroulent que dans les interstices des nations, à l’abri mais aussi à l’ombre de la souveraineté de l’État. Reprenant à leurs comptes respectifs cette concepti on résiduelle induite par l’usage du mot international, l’économie politique classique d’abo rd, les travaux marxistes ou néoclassiques puis keynésiens ensuite, ne vont que renforcer cette vis ion du monde pour ce qui est des activités économiques. Dès le départ, les questions économiqu es internationales vont être reléguées systématiquement en fin des ouvrages, ou dans des revues spécifiques. Plus encore, l’analyse de ces activités ne va pouvoir s’envisager qu’une fois cel le des activités purement nationales aura été effectuée, et principalement comme une tentative d’explication des mises en cohérence entre les activités économiques des nations. On attend par exemple toujours le livre 5 duCapital de Marx, celui qui précisément aurait dû analyser la dynamique du capital au-delà des nations. Adam Smith rédigea les pages célèbres sur le « système mercantile » en fin deLa Richesse des Nations, pages qui contiennent pourtant la non moins célèbre parabole de la « main invisible ». Keynes lui-même, dans laThéorie générale, décide de raisonner en économie fermée, ce qui d’une certaine manière peut se comprendre car au moment de sa publication les nations sont pour l’essentiel fermées du fait de la crise, mais qui contraste très fortement avec l’effort immense qu’il fera par la suite pour penser le futur ordre économique d’après-guerre à partir précisément de la monnaie internationale. Des pans entiers et pourtant essentiels de l’activité économique dans le capitalisme vont ainsi être mis de côté, ou plutôt en sourdine, comme les activités des firm es transnationales, mais aussi des espaces essentiels, comme les paradis fiscaux. Dans la même veine, la jeune discipline des Relations internationales, durant l’entre-deux-guerres, va reprendre à son tour cette vision des activités en dehors de l’espace de la souveraineté des États, mais cette fois-ci en ne tenant compte presque excl usivement que des activités des États. La formation du concept d’anarchie internationale, sur lequel nous reviendrons par la suite, offre par exemple l’illusion que seuls les États sont en mesu re d’avoir des activités qui dépassent le cadre national, et même qu’ils en ont le privilège ultime. De la sorte, on va aussi construire des ensembles théoriques qui expliqueront les activités internati onales des États après avoir théorisé le rôle de l’État et du pouvoir dans la nation, les Relations internationales devenant peu à peu une sous-discipline de la science politique, aux côtés de la philosophie économique, de la sociologie politique et de l’étude des administrations publiques. Il n’est dès lors pas étonnant que les premiers travaux qui traitent exclusivement des relations internationales apparaîtront seulement après la Première Guerre mondiale, ni même que la première organisation internationale ayant dans ses statuts l’immense responsabilité de la pacification des relations int ernationales (l’Organisation Internationale du
Travail) soit instituée par le traité de Versailles en 1919. Jusqu’alors, on négligea d’ailleurs l’étu de des objets de la science politique purement internationaux, comme les organisations internationales.
• La mondialisation, ou le retour du refoulé Cette conception de l’international comme résidu va alors avoir pour effet de le réduire, du côté de la science économique, à la seule tectonique de nations supposées homogènes à l’intérieur, et du côté de la science politique, à la seule tectonique d’États supposés fonctionnellement indifférenciés, bref, à nier la diversité et l’hétérogénéité à la fois des États et de leur pouvoir, et des nations et de leurs acteurs. Et ceci aurait pu continuer assez lo ngtemps si la trajectoire historique du capitalisme n’était pas venue bousculer quelque peu ces représentations dès le début des années 1970. En effet, ce qu’on appelle la mondialisation fait voler tout cela en éclat. On voit en fait, dans notre vie de tous les jours, que le fonctionnement normal du système capitaliste, fondé sur la poursuite rationnelle du surplus économique, dépasse à la fois le cadre national et le cadre du marché. Cette caractéristique est loin d’être nouvelle, comme le montrent les tra vaux de Braudel, mais elle s’est révélée particulièrement prégnante depuis les quatre dernières décennies. Tous les jours ou presque, dans les actes de la vie courante, les individus participent de processus de production capitaliste qui dépassent le seul cadre national. Ils consomment des marchandises de provenances multiples, partagent des valeurs et des cultures différentes, communiquent ou valorisent le capital par-delà les frontières, sans savoir le plus souvent où et par quels mécanismes ces marchandises ont été produites. Depuis les années 1970, la mondialisation de l’activité économique semble s’accélérer et désoriente un peu plus chaque jour celles et ceux qui en subissent les con séquences négatives, que ce soit en termes d’emploi, d’inégalités ou de dommages environnement aux, alors qu’elle est une opportunité nouvelle d’accumulation de richesses pour d’autres groupes sociaux. De la même manière, l’intervention des États et, d’une manière générale, les formes de coordination non marchande de l’activité économique, sont loin d’être remises en cause par la mondialisation. Cette dernière a en effet pour conséquence directe d’augmenter les demandes de toute sorte, notamment de protection, mais aussi de coopération internationale, auxquelles les États, notamment les plus démocratiques d’entre eux, se doivent de répondre sous peine de r evoir le spectre des années 1930 européennes réapparaître. Comme le dit alors fort justement Christian Chavagneux, la question que pose cette trajectoire du 6 système capitaliste est la suivante : Qui dirige l’économie mondiale ? Qui a assez d’influence pour définir les règles du jeu et donner telle ou telle direction à la mondialisation économique ? Et comme lui, nous en arrivons à la conclusion assez décevante que ni les Relations internationales ni la science économique ne peuvent nous donner des réponses satisfaisantes et univoques. Si l’on écoute les économistes, que répondent-ils ? Que les États « devraient » coopérer entre eux pour limiter les 7 effets néfastes de la mondialisation mais qu’ils ne le font pas par manque de « volonté politique » . Si l’on écoute les théoriciens des Relations internationales, on aura à peu près le même problème. Cette fois-ci, ils ont trop peu de connaissances éc onomiques de base pour saisir les enjeux des transformations du capitalisme contemporain alors même qu’ils sonta prioriles mieux armés pour analyser les rapports de force qui découlent et qui participent de cette transformation. Même si les théories et les disciplines en sciences sociales se construisent souvent indépendamment des problèmes engendrés par l’activité humaine, force est néanmoins de constater que la mondialisation de l’activité économique a été le révélateur de cette grande insuffisance d’une part de la science économique à expliquer la transf ormation des relations économiques internationales à partir des années 1960 et des Relations internationales d’autre part à en comprendre les enjeux de nature politique. Dès les années 1970 , certains intellectuels insatisfaits ont ainsi appelé de leurs vœux l’émergence de travaux pluridisciplin aires dont l’objet serait précisément de comprendre les grands bouleversements économiques internationaux intervenus depuis la fin de la 8 Seconde Guerre mondiale . Au niveau institutionnel, Susan Strange participe à la fondation de l’International Political Economy Groupdès 1971. Au niveau académique, un groupe de (IP EG) chercheurs va prendre en main dès le début des années 1970 la revueInternational Organizationet en faire la revue phare dans le champ disciplinaire. Au niveau théorique, un ouvrage en particulier va avoir suffisamment d’influence pour faire entrer l’Économie Politique Internationale dans le jeu des 9 sciences sociales :La grande crise mondialede Charles :indleberger en 1973 .
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