Réputation
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Description

Philippe Lentschener est un stratège reconnu de la marque et des mécanismes de la Réputation. Il comprend les défis que doivent relever des dirigeants aux prises avec des attentes contradictoires de succès à court terme, de contentement des parties prenantes et de construction d’identité durable. Sa singularité est d’être un praticien de haut niveau et un décrypteur de la place de la communication dans son environnement économique, culturel et social.
« Réputation » est son quatrième livre, après la « Nouvelle Renaissance », « L’odyssée du prix » et « Marque France ».

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782312070506
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réputation
Philippe Lentschener
Réputation
Crise de la Vérité , Éthique , avènement des Plateformes , les nouveaux chemins de la Confiance
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur.
La nouvelle renaissance, 2007, éditions du Cherche midi.
L’odyssée du prix, 2007, éditions Nouveaux Débats Publics .
Marque France , 2016, les éditons du Cerf
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-07050-6
Merci à mon père et à ma mère. J’ai grandi au milieu d’inspirations. Il y avait tous les journaux, des livres, beaucoup de musique, et des gens qui passaient et aimaient discuter de tout avec nous alors que nous étions si jeunes.
Avant -propos
The Queen .
C’est un film admirable, qui sera multiprimé en cette année 2007 : Oscar, Bafta, César, Mostra, Goya… aucun prix ne lui échappera.
Au sortir de ce qui restera à jamais un « cruel summer » pour le Royaume - Uni , le temps de quelques jours, la décision politique n’appartient plus à la Reine .
Entre ce 31 août, jour où Diana Spencer meurt, et le 6 septembre, qui est la date de son enterrement, un monde a basculé durant ce laps de temps.
La Reine a cru qu’elle décidait comme la famille royale avait toujours décidé, mais pendant ces quelques petits jours, qui ont dû lui paraître des siècles, elle ne sait pas encore qu’elle est la représentante symbolique d’un pays devenu plateforme, dont les citoyens vont exiger qu’il rende hommage à Lady Diana Spencer , décédée dans un accident de voiture à Paris .
La famille royale ne souhaitait pas que ses obsèques aient un caractère national et officiel, et au-delà de son inimitié absolue pour Diana Spencer, elle pouvait s’abriter derrière le fait objectif que cette dernière n’était plus membre de la famille royale.
Mais Tony Blair, lui, a immédiatement compris avant tous les représentants officiels du royaume, qu’il fallait prendre sur soi et trouver la volonté de répondre à la demande du peuple britannique, afin de lui accorder ce qu’il réclamait : des funérailles officielles et solennelles.
Diana n’était certes plus duchesse de Windsor , mais le peuple l’avait érigée au rang de Princesse des cœurs. Le peuple était, durant ces jours de septembre, gestionnaire des émotions du Royaume - Uni et MC , Master of Ceremony , Grand Maître de cette cérémonie.
Et Tony Blair trouva les mots.
Et il sut convaincre la reine.
Le royaume devint ainsi une plateforme : il réaffirmait sa spécificité et surmontait une crise.
Aujourd’hui, à l’autre bout du spectre, dans une tour d’un quartier d’affaires, quelque part dans une entreprise, c’est l’histoire d’un produit qui se croyait sur un marché classique. Dictée par l’offre et la recherche, l’entreprise fabrique des produits, le Glyphosate par exemple, et elle se retrouve brutalement sur un marché dicté par la société civile.
Un marché qui se révèle violent, car il y faut gérer l’extrémisme. On peut y consacrer 400 millions d’euros à développer un produit que des agences sanitaires peuvent autoriser mais que la justice, elle, va refuser. Les responsables marketing et développement produit ont bien travaillé, bien étudié les fondamentaux de ce qu’ils ou elles doivent promouvoir, défini une cible, une promesse, un bénéfice, ils ou elles ont toutes les raisons de croire en ce qui sera promu ; même le niveau Corporate a été pensé, car nous sommes en présence d’un mission statement, d’un contrat, d’un programme.
Tout est précis.
Un tombereau d’études a été réalisé.
Tout est bordé.
Et cela ne fonctionnera pas.
En un éclair, cette industrie est devenue une industrie de communication. De plus en plus de personnes donnent leur opinion sur le sujet, parce qu’elles s’en sentent le droit ; des gens ont raison, d’autres tort, certains répandent des fausses nouvelles, non pas pour désinformer pensent-ils, mais pour conforter leur avis.
C’est l’histoire d’une crise qui advient dans une institution monétaire mondiale, logée dans un grand immeuble bourgeois d’un quartier cossu.
Les mécanismes de la gestion de crise sont pensés.
Un porte-parole est nommé, des cellules sont créées : la cellule de veille, la cellule riposte, la cellule digital factory pour créer et diffuser des messages, la cellule anticipation de scénario, etc.
Tout est bordé.
Et cela ne fonctionne pas.
Les publics institutionnels, les parties prenantes, les gens n’adhèrent pas…
Pourquoi ?
« Where did I go wrong ? » disent nos amis anglo-saxons.
Communiquer est devenu quelque chose de très compliqué.
Vous pensez avoir tout fait, tout bien fait, et cela ne fonctionne pas.
C’est très neuf dans le monde des interactions personnelles.
C’est très neuf dans le monde des media.
C’est très neuf dans le monde de la culture.
C’est très neuf dans le monde du business.
C’est très neuf dans le monde de la politique.
C’est très neuf partout, quels que soient les gens qui prennent la parole.
Et intuitivement les questions que chacun se pose sont les questions de tous.
La porosité de secteurs est absolue. Dans un dîner, quel que soit le sujet de conversation et la personne incriminée, on parlera d’une absence ou d’une mauvaise communication avec les mêmes mots qui concernent chacun.
Pourquoi ?
Parce qu’elle signifie autre chose aujourd’hui, qu’elle est une composante de notre sociologie, de notre vivre ensemble.
Chacun le vit, mais peu ont fait l’effort d’essayer de comprendre comment et pourquoi.
Auparavant, c’est la publicité qui était l’alpha et l’oméga de la structuration des tendances et du discours des marques ou des institutions.
Dans les années 1980, le magazine Actuel épouse ses codes. Garouste et Bonetti, Jean-Jacques Annaud, Philippe Starck, Jean Baptiste Mondino et tant d’autres accèdent à la lumière à travers elle.
Elle trouvait les solutions pour tout un chacun qui, en cascade, en tirait les conséquences.
Et on ne se posait pas de questions… On a tant de fois déclaré que la publicité était morte, qu’elle devait être le souffre-douleur du consomacteur, que le marketing était aux mains des clients, la décision aux mains des marques, que les codes-barres donnaient le pouvoir aux distributeurs, etc.
Mais non, rien n’y faisait : la publicité pliait mais ne rompait jamais. Mieux : elle revenait plus puissante…
Changement après changement, cela ne changeait pas.
Dans un pays où, quelles que soient les sciences, le fondamental l’emporte sur l’appliqué, où les philosophes comme Deleuze et Derrida parlent de honte quand les gens de marketing osent utiliser le mot « concept », où la politique même s’empare d’elle pour l’intégrer en 1993 à une loi anti-corruption, la guerre contre la publicité est constante. En fait, c’était comme si les superstructures de ce pays ne rencontraient jamais le pays réel qui lui, faisait son affaire de ses rapports à la publicité, assez critiques et distanciés, amusés et bienveillants.
Nous étions juste face à des prophéties qui se voulaient auto-réalisatrices, issues de gens qui se faisaient passer pour des observateurs alors qu’ils étaient de faux experts et probablement de vrais publiphobes.
Aussi, quand on a dit que l’économie des plateformes et des data allait une fois de plus tout changer, que de nouveaux prophètes digitaux, tel Saint-Just qui, commentant les lois de ventôse, déclarait que « le bonheur est une idée neuve en Europe », se sont levés et nous ont annoncé ce monde horizontal dont l’économie rêvait depuis 40 ans – avec son corollaire, un règne sans partage sur les mécanismes de l’économie –, pourquoi croire cette prophétie plus que les précédentes ?
Pourquoi ?
Parce que depuis des siècles on sait très bien quand les passages d’ères adviennent.
On sait qu’elles basculent à un moment donné.
On sait désormais qu’elles le font quand rien ne semble devoir ébranler l’ordre établi.
Elles basculent quand on ne réalise pas que le changement est déjà là, et on l’oublie à chaque fois parce qu’on est au cœur.
Depuis toujours, il y a eu en tous domaines l’équivalent des amis de Léon Trotsky, de Varlam Chalamov, de ceux d’Alexandre Soljenitsyne ou d’Andreï Sakharov : tous ont crié à la dégénérescence de l’Union Soviétique, alors que personne n’y croyait vraiment – et un jour de novembre 1989 Rostropovitch a joué devant un mur qui s’écroulait.
Car un jour, dans l’indifférence, on se rend compte qu’advient ce à quoi on ne pensait plus.
Il en est de la communication comme de la marche du monde.
C’est quand les choses sont au plus haut que la décadence s’approche.
Stefan Zweig , dans Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen , parle du

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