Société civile et transformation sociale au Cameroun

Anselme Nzoko

Description

Au regard des problématiques liées au vivre-ensemble, cet ouvrage s'interroge sur les choix à opérer pour fixer les nouvelles balises d'une réforme de la gouvernance sociétale. L'auteur a procédé à une participation observante de longue durée (entre 2002 et 2015) au sein de l'Association pour l'Éducation et le Développement (AED), organisation de la société civile camerounaise.Elle génère des dynamiques interactionnelles inhabituelles entre diverses composantes de la société camerounaise et internationale depuis sa création dans un environnement institutionnel hostile. Elle apparaît donc comme un analyseur de la société camerounaise contemporaine.

Sujets

• Sociologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 octobre 2018
• Nombre de lectures: 13
• EAN13: 9782140102899
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Anselme N zoko

Société civile et transformation sociale au Cameroun

Questions d’éthique sociétale

Préface d’André Julien Mbem

Etudes Eurafricaines

Société civile et transformation sociale au Cameroun Questions d’éthique sociétale

Collection Etudes Eurafricaines

Dirigée par André Julien Mbem Le Sahara et la Méditerranée, frontières entre l’Afrique et l’Europe, sont aussi des passerelles par lesquelles, depuis des siècles, au-delà des tragédies et des drames, se rapprochent et se remodèlent ces deux ensembles géographiques et leurs civilisations. La collectionEtudes Eurafricainesencourage la diffusion d’études historiques et prospectives sur les symbioses dont cette partie du monde est l’antique théâtre. Déjà paru Jean-Alexis Mfoutou,La langue de l'école au Congo-Brazzaville, 2010. Yves-Marie LAULAN,L'Europe face à l'Afrique : du choc démographique au choc des civilisations ?, 2010. Jean-Alexis Mfoutou,La langue de l’amour et de la sexualité au Congo- Brazzaville, 2010. Patrice Moundounga Mouity,La société gabonaise de cour, 2010. Christelle Gaborieau,Deux ans au cœur du Tchad, 2009. Jean-Alexis Mfoutou,La langue française et le fait divers en Afrique noire francophone, 2009. Roland Willay Adams,Expériences initiatiques en terre africaine, 2009. Jean-Alexis Mfoutou,La langue de la nourriture, des aliments et de l’art culinaire au Congo-Brazzaville, 2009. Philippe Milon,! Cri de révolte d’unRendons le pouvoir à l’Afrique bénévole de terrain, 2009. André Julien Mbem,Nicolas Sarkozy à Dakar. Débats et enjeux autour d’un discours, 2007.

Anselme N ZOKO Société civile et transformation sociale au Cameroun Questions d’éthique sociétale Préface d’André Julien Mbem

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15645-3 EAN : 9782343156453

A mon frère défunt Alain NZOKO qui a toujours aiguisé ma capacité à m’indigner par l’écriture

PREFACE

Assumer la maîtrise des orientations majeures de leurs sociétés au sein d’Etats souverains, participer à l’élaboration des politiques de développement inclusives inspirées de leur génie et de leurs cultures, devenir sujets de leur propre histoire, telles étaient les attentes des peuples africains au moment de l’accession de leurs pays à l’indépendance. Les combats de libération nationale, les différentes formes d’opposition à l’ordre colonial occidental au lendemain de la seconde guerre mondiale étaient aussi des luttes de réappropriation par les Africains des leviers de leur « être-dans-le-monde ». Le propre du système colonial en Afrique comme partout ailleurs est d’inscrire le colonisé dans une trajectoire historique où il n’est guère le sujet de sa propre historicité. Contre sa volonté etparfois sans qu’il s’en aperçoive, le colonisé organise l’espace et le temps, créé des richesses et des biens qui ont pour finalité d’entretenir un ordre qui l’opprime, réifie sa conscience, le cantonne à la périphérie du bien-être auquel il aspire, annihile sa capacité d’initiative historique. Les jeunes Etats africains postcoloniaux ont exprimé l’ambition d’élever des peuples rendus hétéronomes par le système colonial vers l’assomption entière et plénière de leur devenir. Pour les peuples africains, l’accession à l’indépendance n’était cependant pas réductible à la seule capacité d’un Etat qui se réclamerait de leurs univers anthropologiques à remplir ses missions régaliennes aux plans national et international. L’Etat africain indépendant était aussi censé émerger à partir d’un contrat social 7

novateur et inclusif en rupture avec la société coloniale, inspiré par une philosophie du développement qui mobilisât toutes les richesses humaines, matérielles et immatérielles de l’Afrique en vue du bien-être individuel et collectif. Il s’en est plutôt suivi dans l’Afrique postcoloniale une sacralisation de l’Etat comme le commencement et la fin de toute chose. Pour paraphraser Hegel, l’Etat devint alors «le rationnel en soi et pour soi», l’ordonnateur du bien et du mal, du permis et du défendu, voire du temporel et du spirituel, au détriment des libertés et des possibilités citoyennes d’innovation. Durant deux décennies, jusqu’à l’orée des années 80, l’Etat africain a semblé être l’entité historique et juridique indépassable pour le développement des sociétés africaines. Mais les politiques de dérégulation de l’économie mondiale inspirées du Consensus de Washington, l’effondrement du modèle dirigiste d’inspiration communiste, l’amenuisement substantiel des possibilités redistributrices de l’Etat postcolonial africain révèleront ses faiblesses, sa crise et la portée désormais inopérante de son modèle jacobin. En dépit de son incapacité manifeste à garantir le bien-être pour tous et à inscrire les sociétés africaines dans un horizon de progrès, cet Etat en crise conservera néanmoins le « monopole de la violence légitime » et une réelle capacité de coercition. Au Cameroun notamment, dans la sphère citoyenne, des individus, des groupes organisés comprirent qu’il ne leur était plus possible d’attendre de cet Etat en crise de ressources et d’autorité des lendemains qui chantent. C’est ainsi que des citoyens firent montre d’une capacité d’initiative sans précédent dans divers champs de l’organisation sociale. Dans lescomme dans les discours pratiques, le concept émergeant de « société civile » 8

s’imposa dans le lexique des partenaires au développement, des gouvernants, des leaders ou des faiseurs d’opinion, au risque de le voir galvaudé ou vidé de la substance qui l’articule aux problématiques de développement. L’indispensable ouvrage que publie Anselme NZOKO est une « archéologie » du concept de société civile et une analyse épistémologique de son implémentation dans la société camerounaise contemporaine. Comme l’atteste la réalisation du projet de l’Université des Montagnes, en dépit d’une rude adversité et d’un contexte plutôt défavorable, nous apprenons de ce cas d’école sans précédent au Cameroun qu’une société civile n’est guère envisageable sans un socle éthique auquel sont arrimés les individus qui la fondent. Il n’est pas superflu pour conclure, de préciser que c’est de manière fortuite que se noue le contact entre notre maison d’édition et le travail de recherche universitaire tout aussi colossal que novateur dont le présent ouvrage inaugure une trilogie. La quête et la diffusion permanentes de l’innovation intellectuelle étant au cœur du métier d’éditeur, nous ne pouvions demeurer indifférents lorsque nous avons reçu dans notre base données une thèse de doctorat inédite intituléeL’Université des montagnes: une alternative citoyenne face à la crise de l’enseignement supérieur au Cameroun. Nous nous avons aussitôt réalisé que le projet original, citoyen et avant-gardiste de l’Université des Montagnes et le questionnement du chercheur sur la construction citoyenne de la Cité au Cameroun méritaient une large diffusion bien au-delà de l’institution académique qui aura consacré la thèse de doctorat pionnière d’Anselme NZOKO. Dans une société camerounaise où ne cessent de s’étendre l’effondrement des valeurs et le primat de l’intérêt 9