Système matrimonial et artisanat féminin en Algérie
244 pages
Français

Système matrimonial et artisanat féminin en Algérie , livre ebook

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244 pages
Français

Description

Le système dotal, en tant que fait social organisant le don et le contre-don, met en évidence l'importance de la petite production marchande féminine, source substantielle de revenu dans des villes moyennes où l'offre d'emploi est quasiment inexistante. Par ailleurs, l'ouvrage s'attache au statut de la femme du point de vue matériel et scolaire, et à l'idée que les femmes se font d'elles-mêmes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 26
EAN13 9782296500228
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Système matrimonial et artisanat féminin en Algérie
Chafika Dib Marouf Système matrimonial et artisanat féminin en Algérie
L’HARMATTAN
© L'HARM ATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96424-2 EAN : 9782296964242
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« Les jours de printemps arrivent Les abeilles se font entendre Celle qui ne sait user de son fuseau N’aura fil à se mettre… »
à mes parents, mes enfants…
à Nadir
Préface
Ce travail reflète une réalité que j’ai investie voilà bientôt trois décennies dans la ville de Tlemcen et son «hawz». Les quelques incursions sur ce terrain, que j’ai réalisées de manière ponctuelle, notamment par les entretiens ici et là, nous révèlent, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, que les faits analysés dans cette étude passée n’ont pas évolué d’un iota.
Ce qui a changé, c’est le coût des articles et celui des prestations. Ce coût a augmenté en rapport avec le coût de la vie en général et de la déflation du dinar. L’un dans l’autre, eu égard au pouvoir d’achat, il ne semble pas y avoir de montée sensible des prix, sauf sur des articles mineurs qui intéressent une clientèle particulière statistiquement négligeable.
Le changement le plus significatif se situe en revanche, dans l’implication masculine, en aval de la fabrication de produit ouvré, quelquefois les maris qui ouvrent boutique, en s’inscrivant dans une optique de division familiale du travail. Plus généralement, il s’agit d’initiatives mâles, en l’occurrence des commerçants, déjà rompus dans le commerce du tissu tous azimuts voire même spécialisés dans le vêtement « traditionnel d’importation » qui élargit le stand du vêtement ouvré local. Ainsi le champ qui circonscrivait jadis la petite production domestique féminine, qui travaillait dans la maison et qui recevait commande de la part des clientèles privées familiales, s’élargit à des commanditaires marchands devenant des intermédiaires entre les artisans et une clientèle désormais anonyme. Cela signifie qu’au-delà des changements contractuels, le marché du trousseau sort de l’espace privé pour s’insérer dans l’espace public de la corporation des marchands de tissus.
Enfin, autre signe des temps, au plan urbanistique, ce ne sont plus seulement les espaces marchands, jadis spécialisés dans ce commerce (comme le quartier de laQiçariya en l’occurrence), mais l’ensemble du tissu urbain, et plus encore dans les nouveaux lotissements résidentiels (comme c’est le cas àKiffane) qui abritent ce commerce. Dans ce dernier cas, l’utilisation de la villa familiale où on assiste à une division sexuelle du travail (l’épouse et ses filles à l’intérieur et le père ou le mari à l’extérieur de la demeure) semble prendre plus
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d’importance, ce qui indique que ces reconversions, de date relativement récente, au sein de lagentmasculine, sont le signe d’un marché plus que prospère.
La rédaction de ce livre a été entamée il y a une dizaine d’années. Je l’ai abandonnée à plusieurs reprises, pour des raisons qui tenaient au thème – difficilement réductible au seul point de vue sociologique – autant qu’aux conditions matérielles. Je l’ai reprise chaque fois qu’une perspective nouvelle s’offrait à moi, s’agissant du premier cas, ou que les tâches familiales devenaient moins contraignantes. Dans l’un et l’autre cas, cependant, ce ne furent que des épisodes, des échappées éphémères, de courts moments arrachés au quotidien.
Mais précisément en raison de ces vacations par bribes, les différentes parties de ce travail, avant de s’emboîter comme les éléments d’un puzzle, furent d’abord des dossiers « sédimentaires » correspondant chacun à une séquence particulière de cette réalité mouvante de la dot. Il s’agissait autant de témoignages momentanés recueillis sur le vif que de restitution de cette réalité, voire d’écritures différentes résultant de ma propre évolution, ou maturation par rapport au sujet traité.
L’assemblage de ces dossiers allait poser un problème de distorsion entre les éléments nouveaux (sinon quant à la démarche, du moins quant au contenu documentaire) et d’autres moins neufs, donc à renouveler pour ce qui est de la démarche, ou à actualiser pour ce qui est de l’information…
Un tel édifice reste cependant partiel et, en de multiples endroits, n’est qu’une ébauche pour une réflexion plus systématique, plus approfondie.
Mais la présente contribution, fût-elle modeste, n’aurait jamais été possible sans l’aide combien précieuse, de toutes celles et de tous ceux que j’ai approchés, soit pour solliciter leurs conseils au plan méthodologique et scientifique, soit pour recueillir leurs témoignages ou leurs opinions factuelles.
Et d’abord, toutes celles qui, courbant l’échine, attelées aux travaux ménagers, ou « rivées » inlassablement sur l’ouvrage à confectionner, m’ont transmis plus que des informations, un message… en ce qu’il
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résultait moins du protocole de l’interview que du désir ardent de communiquer, de confier l’intimité de leurs fantasmes, la profondeur de leurs aspirations et, avec la même chaleur communielle, leurs raisons d’espérer, ou leur désespoir.
C’est auprès d’elles que j’ai compris la raison d’être de ce travail, c’est grâce à elles que j’ai entrevu le chemin à suivre qui devait m’écarter des sentiers battus de la controverse et du débat public. C’est au travers de leur quête intimiste du « sens pratique » que la finalité, à la fois humaine et scientifique de ce travail longtemps enfouie, encombrée par les « dossiers » et les statistiques, s’est révélée à moi sous son jour le plus satisfaisant. Et c’est au travers de cette même quête que je parvins à me réconcilier avec moi-même, en tant que chercheur, et en tant que femme… Elles ont inspiré ce qu’il y a de quintescent dans la présente étude. Aussi s’inscrit-elle d’abord comme un hommage rendu à ce qu’elles sont, à leur condition, à leur passion…
Cependant, quelques indications subsidiaires, mais utiles restent à mentionner, en marge de ce liminaire :
D’abord, en ce qui concerne le mot «hawz» contenu dans le titre initial de l’ouvrage, il ne peut être traduit ni par « banlieue » (trop restrictive), ni par « région » (trop vague, en plus de sa connotation 1 administrative) . C’est une « ceinture », un espace-tampon entre la ville et la campagne, dont les caractéristiques, non seulement géographiques mais encore sociales et culturelles sont originales : grande fluidité avec l’espace citadin de l’antique Médina au plan socio-culturel, mais rupture caractérisée au plan de l’activité économique. Cette originalité donne duhawztlemcenien un caractère spécifique, voire unique au Maghreb (exception faite pour la ville de Salé au Maroc qui, selon Jacques BERQUE, partage avec Tlemcen cette spécificité).
Ensuite, quelques mots sur les sigles et abréviations. Ils sont récapitulés dans leur version « décodée » en marge de la Nomenclature qui suivra la Bibliographie.
1 « Le système total dans une ville moyenne : Tlemcen et sonhawz», OPU, 1983.
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Enfin la transcription (des mots arabes pour l’essentiel) ne révèle pas un système bien arrêté et se conforme dans la mesure du possible aux versions appliquées aux travaux les plus récents en même temps que les plus usuels se rapportant au Maghreb.
D’autre part, l’emploi fréquent de termes dialectaux locaux – qui sont tantôt de l’arabe berbérisé, tantôt du berbère arabisé – ne s’accommode pas aisément du système international de transcription, en raison précisément de certaines singularités phonétiques au plan local.
Par ailleurs, les noms d’auteurs arabes contemporains, dans la mesure où ils ont été « normalisés » par l’Etat-Civil (tout au moins dans sa version napoléonienne), sont, à l’instar de tous les autres noms, écrits en lettres capitales. Dans le cas contraire, il s’agit d’une indifférenciation du nom et du prénom (difficile à trancher), ou tout simplement d’un système de filiation où le « prenomen » de l’ascendant joue le rôle de « nomen » générique.
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