Traces du désir
220 pages
Français

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Traces du désir , livre ebook

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Description

Le désir traverse tous les sujets, il est l'élément qui fonde l'existence de la pulsion de vie. Sa disparition signifie l'approche d'un état de déréliction et d'absence au monde. Les auteurs choisis ici (Mishima, Joyce, Beckett) marquent dans leur écriture ce débat intérieur ainsi que la recherche d'arriver à exprimer d'une façon incandescente comment atteindre une forme de la jouissance sans s'y perdre. Ce qui n'est pas toujours le cas et alors s'entrouvre l'abîme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782140012549
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Études Psychanalytiques
Études Psychanalytiques
COLLECTION DIRIGÉE PAR ALAIN BRUN ET JOËL BERNAT
La collection Etudes Psychanalytiques veut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse.
Dernières parutions
Elisabeth LECLERC-RAZAVET, L’inconscient sort de la bouche des enfants , 2016.
Jean-Marie BOYER, Psychanalyse et architecture. Un regard insolite sur Louis Kahn et Le Corbusier , 2016.
Claude BRUERE-DAWSON et Marie-Laure ROMAN, Le psychodrame psychanalytique. Une méthode et une praxis aux confins de l’acte analytique , 2016
Philippe COLLINET, Je est un autre , 2016.
Joseph ROUZEL (dir.), Psychanalyse et écriture, Rencontre avec Pascal Quignard , 2015.
Élisabeth LECLERC-RAZAVET, Georges HABERBERG, Dominique WINTREBERT, L’enfant et la féminité de sa mère , 2015.
Laurent SOULAYROL, Les Mémoires d’une aliénée d’Hersilie Rouy. Vers de nouvelles perspectives , 2015.
Peggy DAVAIN-BERGEOT, La question de Dieu en psychanalyse. Naissance et mort de Dieu , 2015.
Claude-Raphaël SAMAMA, Le Spirituel et la psychanalyse , 2015.
Jean GODEBSKI, Le tout dernier enseignement de Lacan. Un renouvellement de la clinique ?, 2015.
Daniel LYSEK (dir.), Les maux du corps sur le divan.
Perspective psychosomatique, 2015.
J. GAVELLO, Freud, l’inavouable secret , 2015.
Lucien TENENBAUM, D’autres psychotiques que moi. Images de la psychose ordinaire en thérapie (et ailleurs) , 2015.
Titre


Raymond A RON





Traces du désir
Proximité de l’abîme
Copyright

Du même auteur :
Éditions de l’Harmattan (France) :
– Jouir entre ciel et terre (les mystiques dans l’œuvre de J. Lacan), L’Harmattan, Paris, 2003
Revue Le Bulletin Freudien (Belgique)
– « Remarques sur une pratique ou la violence de la théorie »
– « Le Questionnement Psychanalytique à l’épreuve de son histoire »
Revue de L’École de psychanalyse S. Freud (Paris)
– « Questions à Safouan sur la jouissance supplémentaire »
Revue du Questionnement Psychanalytique (Belgique)
– « Le contrôle : contour de cette institution »
– « Du regard : Mishima ou la quête de l’invincible… de l’invisible »
– « Avant-propos : s’autoriser, garantir, reconnaître »
– « Le signifiant de tous les dangers »
– « Ouverture, l’impossible position »
– « Regard, chute et phobie »
Revue Thalassa (Hongrie) – « Minden veszélyek jelentôje »
Lacan und das Deutsche , Ed. Kore – Freiburg ( Allemagne) – « Der Signifikant aller Gefahren »




© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-76490-0
Liminaire
« Encore une fois je te revois Ville de mon enfance effroyablement perdue… Ville triste et joyeuse, encore une fois je rêve, et c’est ici… Moi ? Mais suis-je le même que moi qui ai vécu ici, qui suis revenu, Qui y suis revenu à nouveau ? Ou alors sommes-nous toujours ces moi que J’ai vécu ici ou qui ont vécu, Un chapelet d’êtres-grains reliés par un fil de mémoire, Un chapelet de rêves de moi égrené par Quelqu’un au-dehors de moi ? » (F. PESSOA)
« … J’ai tourné… mon regard à l’intérieur vers ma pensée, je sens tout ce néant de ma vie, cent personnages de roman, l’Odyssée à Ulysse, de leur faire boire un peu de sang pour les mener à la vie… » (M. PROUST)
L’écriture du désir
Les traces du désir sont des fils qui accrochent toute œuvre d’écriture et mènent quelques auteurs à une recherche incandescente vers un Absolu. Le mot a été repris dans ce qui suit pour qualifier les écrits de Mishima mais il convient à tous les auteurs qui seront cités dans cet ouvrage.
L’atteindre, bien qu’il soit impossible en tant que lieu, implique un trajet par l’exercice pour les uns de se confronter à l’angoisse de la page blanche et pour quelques autres de se lancer dans un travail psychanalytique qui confine aussi à laisser venir une écriture.
Une écriture mélodique, la plus proche possible de la musique, tournée vers l’énigme et le mystère. J.P. Pontalis l’écrit si bien, « un commerce avec l’ombre » qui peut aller de la révélation du sordide à la beauté.
La folie d’écriture représentée par l’œuvre de S. Mallarmé ou de J. Joyce traque cette musicalité effrénée plus que Beckett ou Mishima. Ils se rejoignent par contre dans leur attitude de demande et d’attente quant à la création. Ce qu’évoque cet extrait :
« … de créer la notion d’un objet échappant, qui fait défaut… qu’une moyenne étendue des mots, sous compréhension du regard, se range en traits définitifs, avec quoi le silence… »
Nous est suggéré par cet auteur que tout écrit vise un objet qui lui échappe et que les mots se figent en des traits uniquement grâce au regard intérieur de l’écrivain. La conséquence en est qu’il découvre par les signifiants une équation : silence-vide-néant. Entrer dans cette voie signifie s’approcher de l’abyme où se profilerait un fondement de l’être. Cette occurrence est démontrée depuis des siècles par la calligraphie des sinogrammes où le trait est tout à la fois écriture et art poétique.
L’Absolu, impossible à rejoindre sinon dans la mort, se pose comme voilé, dissimulé derrière des couches à enlever ou à déchirer. Le chemin fait d’errance, de souffrance et d’angoisse est enserré par des mots. Jusqu’à constituer un aphorisme, une chanson, une missive, un poème, une nouvelle parfois un livre sinon toute une œuvre.
« Le livre, expansion totale de la lettre doit aller tirer, directement une mobilité et spatiaux, par correspondance, instituer un jeu, on ne sait, qui confirme la fiction » 1 .
Plus loin et plus clair,
« Avec véracité, qu’est-ce, les Lettres, que cette mentale poursuite menée en tant que le discours, afin de définir ou de faire, à l’égard de soi-même, preuve que le spectacle répond à une imaginative compréhension, il est vrai, dans l’espoir de s’y mirer ».
La Lettre, le regard, l’objet, la fiction, le narcissisme, le silence tout est repris en quelques phrases et subodore l’essentiel moteur de la création. Au-delà, la seule spiritualité acceptable est celle du Verbe qui crée la pensée et nomme les choses. Il y a de l’insensé dans le jeu des mots comme il y a du mystère dans une goutte d’encre noire pareille à la nuit sublime. Tout est et reste incertitude car l’écriture désigne le non-sens des mots. Cette conception mallarméenne est, suivant des voies (des voix) différentes, à l’orée des écrivains choisis pour illustrer et dire le non-dit ou l’intransmissible.
La référence à S. Mallarmé a été longtemps considérée comme « la tarte la crème » re-servie pour désigner tant la difficulté langagière que l’extrême de la poésie. Lacan qui n’était pas en reste dans le maniement de la langue ne fait pourtant référence à S. Mallarmé qu’à une seule reprise dans son séminaire 2 . Or, un des premiers, le poète, s’est totalement investi dans la quête des arcanes d’où vient et où va l’écrit ainsi que les conséquences y afférentes. En parallèle à la psychanalyse, il dit bien le bord sur lequel vient se tenir le créateur comme l’analysant.
L’absolu ou l’infini à l’horizon, en un éternel retour se répète par la construction et la destruction des schèmes littéraires. Les modes diffèrent mais le moyen reste toujours unique à savoir, l’agencement des signifiants.
Y. Mishima se donne une écriture classique pour mettre en valeur une violence sous-jacente et emmener le lecteur en face d’un acte mortifère et inéluctable.
J. Joyce triture la langue pour atteindre une autonomie où la fiction est seconde. 3 Le lecteur est invité à un jeu pour découvrir un au-delà des artifices et des effets des néologismes ou de l’amalgame des langues comme des références littéraires. Un extraordinaire labyrinthe dont les plus érudits ont les plus grandes difficultés à sortir puisque l’œuvre vise et demande une connaissance universelle.
S. Beckett, le déluge des mots dans une association sans fin vers la noyade du locuteur. Dans cette logorrhée, le vide et le silence n’apparaissent pas immédiatement alors que tout y mène et notamment son théâtre. La voix intérieure produit une pensée proche du délire. L’emprise des signifiants est fondée sur une absence d’historicité et d’anecdote.

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