Tranches de vie d un expat  de l humanitaire
247 pages
Français

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Tranches de vie d'un expat' de l'humanitaire , livre ebook

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Description

Un nouveau livre sur l'humanitaire ? Oui, mais pas seulement : l'action humanitaire à long terme, telle que vécue dans son ensemble, c'est-à-dire avec son corollaire d'expatriation longue et de questionnements. L'humanitaire comme parcours professionnel, mais aussi comme chemin de vie de famille, voire comme aventure spirituelle. On trouvera dans ce livre des récits d'actions d'urgence, certes, mais aussi des réflexions sur le développement et la coopération internationale, telles qu'elles peuvent mûrir au contact du terrain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 février 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336893808
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Graveurs de mémoire

Cette collection est consacrée à l’édition de témoignages, récits personnels divers contemporains. Depuis 2012, elle est organisée par séries en fonction essentiellement de critères géographiques mais présente aussi des collections thématiques (univers professionnels, itinéraires divers…).

Déjà parus

BSÉRÉNI (Alice), De « Vincennes » à Saint-Denis, La rançon des utopies, 2020.
Niccolaïni (Gwenola), L’Algérie, connais pas, Treize témoins en quête de souvenirs , 2019.
Rozan-Loubeyre (Aliette), La somme des couleurs , 2019
Roux (Jean-Baptiste), Confidences d’un maire dans la tourmente de 14-18 , textes rassemblés par Elisabeth Roux, 2019
Ossoma-Lesmois (Richard), Antoine Ndinga Oba, Homme de terroir, éducateur, diplomate, africanité, 1941 – 2005, 2019.
Dijou-Guiffrey (Andrée), 1846. Destination : l’Afrique , 2018. Garron (Robert), Itinéraire d’un professeur au long cours, 2018.
Schneider (Bertrand), Mes révolutions. Souvenirs de l’ancien secrétaire général du Club de Rome , 2018.
Saad (Robert), Le jasmin dans la savane , 2018.
Banoun-Caracciolo (Frédérique), Les tribulations d’une traductrice , 2018.

Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Stéphane P. Rousseau







TRANCHES DE VIE D’UN EXPAT’ DE L’HUMANITAIRE

Petits extraits de trente ans de missions et de vie en Asie du Sud-Est
Copyright





***
























© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89380-8
PRÉFACE
Lors de notre première rencontre, Stéphane terminait son année de formation à l’Institut Bioforce. Je me souviens m’être dit qu’il semblait un peu égaré dans un projet humanitaire alors complaisamment présenté comme un défi logistique et organisationnel, valorisant les aptitudes à la débrouille avant tout. Lui, toujours tiré à quatre épingles, me paraissait idéaliste et emprunté, si discret et modeste, premier de la classe, trop appliqué et tendre peut-être pour affronter les caprices d’événements violents et volontiers cruels… ce n’était peut-être pas pour lui, me disais-je alors ; quelle erreur d’appréciation !
Aujourd’hui, sans surprise – et au-delà d’un parcours professionnel plus linéaire que le sien – son récit m’a frappé par le parallélisme entre nos histoires personnelles, le cheminement de nos motivations et l’affirmation de valeurs forgées dans le terreau fertile d’une famille nombreuse, stimulées par des parents eux-mêmes engagés, et un irrésistible appel du large. La galaxie humanitaire des années 80/90 a ainsi contribué à étancher la soif d’altruisme de plusieurs générations de jeunes volontaires, « leur offrant l’opportunité d’embrasser une carrière qui donne sens à la vie » comme me l’a joliment écrit Stéphane dans son invitation à rédiger cette préface. Une chose est sûre, pour l’un comme l’autre, cette aventure humanitaire nous a fait grandir.
Dès son affectation en Thaïlande pour Handicap International – où je me rendais très régulièrement pour veiller sur le tout premier programme de l’association – j’ai pu mesurer et apprécier combien Stéphane s’est vite senti à l’aise avec la philosophie singulière d’une ONG 1 en plein devenir. Au début des années 1980 Handicap International est née en effet d’une révolte sur la véritable « transparence » infligée aux personnes en situation de handicap par l’organisation des secours ; devant affronter non seulement les contraintes liées à leur handicap, mais plus encore les insurmontables difficultés d’un environnement brutalement dégradé, elles étaient confrontées à l’absence assumée de mesures concrètes pour répondre à leurs besoins spécifiques. C’est ce que nous appelions alors la loi du triple malus .
Quand tout s’effondre autour de soi, quand le salut est synonyme d’exode éperdu pour fuir la dévastation de son univers familier, quand une pauvreté écrasante et insurmontable rend l’accès aux soins impossible ou inabordable aux plus démunis, quand la santé publique est en faillite, que reste-t-il ?
Nous l’apprendrons au contact même des communautés. Lorsque le malheur frappe avec une telle intensité, se mettent en place toutes sortes « de stratégies de survie », déployées par ceux qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Elles se nourrissent du courage individuel, mais aussi de la solidarité de proximité, celle de la structure familiale, mais aussi des réseaux d’entraide communautaire ; ils reposent sur des individus ordinaires, cherchant à porter secours à leurs proches et à leurs voisins. Ces stratégies de survie nous ont enseigné que dans les situations réputées les plus désespérées ou les moins favorables, le champ du possible est très vaste ; que les individus, les familles et les communautés n’abandonnent et ne renoncent jamais totalement ; que ce qui est possible devient alors impérieux !
Née de la récusation de l’inaction habituelle – sous prétexte de l’impossibilité de déployer des soins conformes à une exigence de qualité, prétendument respectueuse des droits des personnes –, notre approche s’est donc appuyée sur les compétences et les solutions techniques observées localement et s’est attachée à les mettre en valeur. Elle s’est ainsi fondée sur la technologie appropriée, à hauteur des membres d’une communauté, dénuée du surplomb habituel de l’expertise, bousculant les principes trop convenus et le politiquement correct qui prônaient l’abstention quand les conditions n’étaient pas réunies. Combattre cette rationalité nous a permis d’innover et de forcer des solutions pertinentes dans un environnement précaire, hostile ou difficile, et de contribuer à mettre fin à ce qui était à nos yeux un véritable déni d’humanité autant que de droit. Et Stéphane y a pris sa part. Bien sûr, cette posture nous a valu critiques et mises en cause par nombre d’experts ; mais plus encore l’adhésion de la communauté des acteurs humanitaires et de celles et ceux qui les soutiennent dans les médias et l’opinion. « Les praticiens de Handicap International savent penser avec leurs mains », a dit de nous le politologue Philippe Dujardin ; peut-être le compliment le plus flatteur qui nous ait été adressé.
Agir dans le champ du possible est tout le contraire d’une absence d’ambition. C’est l’impact de notre action sur des individus et des familles qui relevaient la tête qui nous a fait prendre conscience de la dimension intrinsèquement subversive du soin ; en permettant à ses bénéficiaires de prendre ou reprendre l’ascension de l’échelle du mieux-être en lieu et place de la résignation, en nourrissant l’espoir individuel et celui des familles, le soin favorise des petites victoires qui nourrissent à leur tour des progrès issus de la communauté ; et s’appuyant sur la collectivité et ses associations, ces progrès parviennent à « forcer » des infléchissements des politiques publiques. Sans ancrage communautaire, sans recours aux forces vives du groupe social, cette dimension ne trouverait ni sa place ni ses moyens d’expression.
Peut-être plus que d’autres, Stéphane s’est très vite senti à l’aise dans cette conception de l’aide, la faisant sienne, profitant de son isolement pour oser des solutions techniques, mais aussi des approches relationnelles qui lui permettront de tenir et de réussir dans un environnement difficile et volontiers dangereux. La grande autonomie dont il jouissait lui a permis l’audace indispensable lors de situations tendues, et le refus, volontiers farouche, d’appliquer la règle lorsque celle-ci lui a semblé contraire aux valeurs que son empathie profonde l’invitait à suivre. Cette capacité de rébellion se retrouve dans nombre des situations qu’il a connues dans une carri&

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