Transition - Tome II
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Transition - Tome II , livre ebook

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Description

La vie est une longue quête de soi pour tout le monde. Parfois, cette quête s’avère
plus complexe qu’elle ne pourrait l’être. C’est souvent le rapport à l’autre et le degré
d’ouverture de ceux qui nous entourent qui complexifient cette découverte et cette
acceptation de soi.
Pour les personnes issues des communautés trans, il arrive que les épreuves
s’accumulent et minent leur bonheur. Des ressources d’aide et d’accompagnement
sont disponibles en grand nombre dans les organismes communautaires, dont l’Aide
aux Trans du Québec (ATQ). Le travail des intervenants est essentiel et permet, chaque
semaine, de sauver des vies. Les personnes concernées peuvent aussi compter sur
plus de soutien de la part de leur entourage. Même s’il faut encore oeuvrer à changer
les mentalités, nous pouvons constater que le monde progresse de la bonne façon.
L’auteur Jean-Sébastien Bourré a rencontré onze personnes afin de leur donner la parole.
C’était la suite logique de son premier livre, TRANSition : Évolution du mouvement trans
et de ses revendications, dans lequel il décrivait de façon beaucoup plus technique le
vécu des communautés transidentitaires en citant des auteurs et des études reconnus
sur la question trans. Si le premier livre permettait de vulgariser et de comprendre,
celui-ci permet de plonger au coeur de l’être humain et de sa nature unique et profonde.
Ainsi, à travers ce livre, nous en apprendrons davantage sur les parcours transidentitaires
d’individus fort différents les uns des autres, et ce, malgré quelques similitudes. Si le
vocabulaire peut varier, voire se contredire d’une personne à une autre, d’une réalité
à une autre, il en va de même en ce qui concerne le choix des étapes relatives à la
transition. Quels sont les «standards» imposés par la société aux personnes trans,
transsexuelles, transgenres et travesties? Qu’est-ce qui motive leurs choix de transition
et les rend plus fortes?
Toutes ces questions trouvent réponse à travers onze témoignages dans TRANSition
: Une quête de soi, dont les profits seront remis à l’Aide aux Trans du Québec.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782897263775
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce livre est dédié à tous ceux qui ont pavé la voie
et à tous ceux qui osent sortir de l’ombre pour prendre la parole


PRÉFACE
Il y a sept ans, j’ai décidé de faire de grands changements dans ma vie. J’ai changé de travail, je suis retourné aux études et, par-dessus le marché, j’ai changé d’identité de genre et de sexe !
Pourquoi, me demanderez-vous, avoir fait tous ces changements ? Tout simplement parce que j‘étais mal dans ma peau et dans ma tête. La souffrance causée par la dysphorie de genre était devenue si intense que les deux seules avenues qui s’offraient à moi étaient la transition ou… le suicide.
En ce moment, dans votre tête, les mille et une questions classiques qu’une personne trans est habituée de se faire poser s’entrechoquent probablement : « Est-ce que tu as eu ta chirurgie ou la grande opération ? », « As-tu des relations sexuelles et, si oui, comment t’y prends-tu ? » ou « Quel est ton ancien prénom ? »… En général, j’aime bien répondre aux gens par : « Et toi, es-tu à l’aise avec ton corps ? », ou « As-tu toujours su que tu étais un homme ou une femme ? »… Bref, vous aurez compris que ce genre de question ne se pose vraiment pas !
Trop souvent, la société oublie que derrière un parcours de transition, binaire ou non-binaire, se cache un être humain fait de chair, de sang, d’eau et qui respire. Chaque jour, cet être humain se lève, mange, boit, réfléchit et prend des décisions, comme tout le monde. Même si la douleur psychologique causée par la dysphorie peut le rendre, par moment, complètement dysfonctionnel en société et même le propulser au bord du précipice, il réapprend à vivre et, surtout, à se découvrir. Il peut enfin se libérer du fardeau imposé par le sexe qui lui a été assigné à la naissance – celui qui n’était pas le sien et qui l’obligeait à tenter de correspondre à ce qu’on attendait de lui en société – pour faire place à son véritable « moi » intérieur. Pourquoi vous raconter toutes ces choses ? Simplement pour que vous sachiez que les vraies questions à poser sont : « As-tu besoin d’aide ? », « Qu’est-ce que je peux faire pour que cela se passe bien pour toi ? » et, surtout : « À part être trans, ta vie ressemble à quoi ? ».
Après sept ans de transition, dont les trois dernières années à siéger à titre de président de l’organisme Aide aux Trans du Québec , j’ai croisé des centaines de confrères, de consœurs et de confroeurs de ma communauté. Tout le monde a un parcours transitoire différent et a une vie toute aussi différente. Tout le monde est unique. J’ai donc acquis une richesse phénoménale qu’aucun autre humain ne pourra me ravir ; celle d’avoir pris le temps de connaître, d’échanger et de communiquer avec chacun d’entre eux. Au sein de toutes les communautés marginalisées, il importe de laisser les personnes concernées prendre leur place et partager leur vécu. On doit surtout apprendre à les écouter pour les comprendre.
Quand mon ami Jean-Sébastien Bourré m’a demandé si je voulais participer à ce recueil de vécus transidentitaires, j’étais plus qu’heureux qu’un allié cisgenre ait envie de connaître mon récit ainsi que celui des autres qui composent ce livre. Après son premier livre, TRANS ition, documentant l’évolution du mouvement trans et de ses revendications, Jean-Sébastien a voulu mettre un visage plus humain sur le diagnostic de la dysphorie de genre et laisser toute la place aux membres de la communauté pour faire entendre leurs voix.
Et si, vous aussi, vous vous laissiez séduire par ce recueil et tourniez les prochaines pages pour acquérir une innommable richesse ? Celle de découvrir que nous sommes beaucoup plus que des humains en… TRANS ition !
Julien Leroux-Richardson
Président de l’Aide aux Trans du Québec


TÉMOIGNAGE
Je me souviens d’une époque où je me considérais comme activiste passive . J’avais très peu de difficulté à parler de ma transidentité autour de moi, lorsque j’en avais l’occasion. J’étais prête à défendre mon point, doucement, avec écoute et empathie.
Je ne sais plus à quel moment tout cela a changé, à quel moment j’ai réalisé qu’une telle chose n’existait peut-être pas. On ne peut revendiquer passivement sa propre identité, à moins d’être dans la négation, dans le déni. On ne peut traverser sa propre vie en se cachant non plus. Tôt ou tard, l’urgence d’être soi commence par envahir un peu tout le reste – surtout à notre époque faite d’égos, de selfies , d’autopromotion virtuelle. Nous vivons à l’ère du culte de la personnalité. C’est sans doute pourquoi cette urgence d’être « moi » a surgi si tôt. Enfin, pas aussi tôt que je l’aurais souhaité.
En plus de mes conférences et sorties publiques dans les médias, je suis actuellement membre du conseil d’administration de l’organisme Enfants transgenres Canada / Gender Creative Kids Canada. J’ai rencontré des parents de jeunes enfants trans, des enfants conscients dès quatre ans de ce malaise d’aligner leur corps avec un système binaire garçon-fille, des jeunes éveillés et possédant les mots pour dire à leur famille : « Non, maman, je ne suis pas d’accord. » J’ai ressenti moi-même cette dichotomie, ce refus de me conformer, cette rage face à un système limité qui n’offrirait que deux options pour exprimer son identité, et encore plus de colère quand on me forçait à entrer dans la case du sexe opposé . À cinq ou six ans, pour moi, c’était un choix de jeux, de costumes, de rôles. Nous ne vivions pas dans ce monde qui a su créer, au cours des dix dernières années, tout un vocabulaire pour offrir le choix aux parents d’avoir une discussion ouverte et sensible avec leur enfant, pour savoir comment apprivoiser son unicité, qu’on aurait pu aussi nommer différence . C’était à une époque où on commençait à parler de tolérance , alors qu’aujourd’hui on parle plutôt d’ inclusion – deux mots qui ont une signification bien différente et qui traduisent les quelques pas franchis depuis.
J’avais 15 ans quand j’ai réellement pris conscience de l’existence de la transidentité, de la réelle possibilité de faire une transition sociale et chirurgicale, de modifier son corps pour incarner plus concrètement son genre, et non pas le sexe assigné à la naissance. À 19 ans, je m’envolais pour Bangkok, vers un chirurgien qui allait me libérer de certains appendices que je jugeais indésirables. À 25 ans, j’y suis retournée à la recherche de la perfection au féminin. Puis, à 28 ans, j’ai commencé à remettre toutes mes perceptions en question – après avoir tenté de me conformer, de me normaliser, d’atténuer ma différence. Oui, c’est sans doute là que j’ai commencé à être une activiste active, non plus passive.
Ma peur m’avait convaincue de rester cachée, de me soumettre et d’entrer dans le moule. Notre société me voulait uniquement femme et aussi soumise que possible. Le monde blanc, patriarcal et hétéronormatif dans lequel je vivais ne m’avait jamais semblé aussi problématique auparavant. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de commencer à faire une réelle différence ? Pourquoi m’être laissée convaincre que la solution à tous mes problèmes était de passer inaperçue, sans me révéler, de continuer à gravir les échelons sociaux et d’entrer dans la norme ? Je ne sais pas. Peut-être étais-je éblouie par mes propres privilèges. Peut-être était-ce dans mes veines de me voiler la face et de refuser de voir le colonialisme qui nous entoure pour ce qu’il est : une illusion, une machine qui nous broie systématiquement, construite sur le dos de ceux qui sont trop loin, trop conceptuels pour que l’on puisse réellement ressentir leur souffrance. Ceux que nous avons soumis à l’esclavage, ceux qui produisent nos biens de consommation, dans le silence. Notre modernité est un édifice fragile bâti sur le dos de l’Autre, de l’inférieur, toujours dans une idée binaire dominant-dominé. En me berçant d’illusions, j’ai oublié la vraie nature de ma quête identitaire. J’ai oublié la fausseté d’un système qui n’offre que deux options, alors que l&#

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