Une société parallèle : la vocation du peuple
193 pages
Français

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Une société parallèle : la vocation du peuple , livre ebook

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Description

Quelle place accorder aux discours et explications propres de la grande majorité rurale et suburbaine d'Haïti dans la quête de solution à ses grands problèmes de sous-développement ? Où trouver ces explications ? Comment les traiter ? Cet ouvrage à travers l'analyse des récits du "mythe du Grimaud" défend l'hypothèse qu'il existe simultanément en Haïti deux sociétés en exercice et deux projets de pays distincts et concurrents.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 204
EAN13 9782336264943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Conception de la maquette de couverture : Olrich Exantus Couverture : « Voyance », acrylique sur toile Etzer Charles © 2009 — tout droit réservé — reproduction interdite
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296091511
Une société parallèle : la vocation du peuple

Charles Daly Faustin
L’Autre Caraïbe
Dirigée par Fritz Calixte
Nous ne pouvons lancer « L’Autre Caraïbe » sans penser à Edward Saïd. En effet, l’idée de cette collection puise sa source dans son Orientalisme et la critique qu’il formule à l’encontre du discours simpliste sur l’Autre.
L’Autre que Saïd nous invite à faire l’effort de rencontrer ne réside pas dans un discours binaire de mondes se distinguant par la lumière et la barbarie.
Cette collection se propose de dépasser les discours préétablis sur la Caraïbe depuis l’association des Caribs à des Cannibales jusqu’à la représentation de cette région à la marge du monde. « L’Autre Caraïbe » vise à faire apparaître, dans son actualité et sans complaisance, la portée de la Caraïbe dans l’histoire de la pensée, mais aussi les travers qui la façonnent.
Nous comptons reconsidérer les sociétés caribéennes et étudier leur trajet, sans faire du passé, comme le suggère assez judicieusement Jean Chesneaux (1976), table rase. Nous envisageons, au contraire, d’interpeller certaines vérités reçues des aventures ethnocisantes de ce passé pour dévoiler la Caraïbe dans sa réalité, c’est-à-dire un lieu pétri de cette Histoire qui est saisissable, comme œuvre intégrale, à la croisée des chemins des Sciences Humaines.
Déjà parus
Marie MEUDEC, 2007, Maladie, Vodou et Gestion des Conflits en Haïti.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre L’Autre Caraïbe - Dirigée par Fritz Calixte Déjà parus Liste des acronymes Préface Avant-propos Remerciements Introduction générale Première partie: Monographie de La Vallée de Jacmel
Chapitre I - Survol historique Chapitre II - Le cadre physique, administratif et démographique Chapitre III - Les infrastructures Chapitre IV - La condition paysanne Chapitre V - Les mutations sociales
Deuxième partie Sociologie d’un mythe
Chapitre VI - Cadre conceptuel et fondements théoriques Chapitre VII - Le mythe du Grimaud Chapitre VIII - Interprétations sociologiques du mythe du Grimaud
Conclusion - La société parallèle Bibliographie Postface Ont contribué à cette publication:
Liste des acronymes
ACDI: Agence canadienne de développement international
ASEC: Assemblées des Sections communales
BRH: Banque de République d’Haïti
CARIFORUM: Caribbean Forum of African, Caribbean and Pacific States
CASEC: Conseils d’administration des Sections communales
CEP: Conseil électoral provisoire
CIDIHCA: Centre international de documentation et d’information haïtienne, caribéenne et afro-canadienne
CRESFED: Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement
FNUAP: Fonds des Nations unies pour la population
IDH: Indice de développement humain
IHSI : Institut haïtien de statistiques et d’informatique
MINUSTAH: Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti
OEA: Organisation des États américains
OMS/OPS: Organisation mondiale de la santé / Organisation panaméricaine de la santé
ONG: Organisation non gouvernementale
ONU: Organisation des Nations unies
PIB: Produit intérieur brut
PNH: Police nationale d’Haïti
PNUD: Programme des Nations unies pour le développement
RGPH: Recensement général de la population et de l’habitat en Haïti
UNICEF: Fonds des Nations unies pour l’enfance
USAID: United States Agency for International Development
Préface
J’ai eu Jean Price-Mars constamment à l’esprit en lisant ce beau et vigoureux essai de Roberson Édouard et Charles Daly Faustin. Cela a sans doute quelque rapport avec l’actualité de l’auteur de Ainsi parla l’Oncle (1928), ouvrage dont on vient de commémorer le quatre-vingtième anniversaire de parution. Certes, le livre n’a pas été conçu en vue de cette célébration et il n’y participe pas. Je veux dire: il n’est ni du côté de ceux qui prônent le recours à Price-Mars pour faire face à la situation présente 1 , ni du côté de ceux qui s’efforcent de renouveler le regard sur son œuvre 2 . Pourtant, à cause de la perspective adoptée, on est tenté de l’inscrire dans le débat sur la postérité du projet de Price-Marce.

Ainsi parla l’Oncle est un ouvrage capital en ce qu’il a donné une impulsion décisive au tournant ethnologique 3 advenu en Haïti dans la première moitié du XX ème siècle. Ce tournant, en procédant à une redéfinition de la collectivité en termes de “communauté culturelle”, a accompli un formidable renversement paradigmatique: l’indépendance et la légitimité politique, conquises de haute lutte, sur lesquelles repose le nouveau corps sociétal instauré en 1804, ne suffisent plus, comme dans la pensée du XIX ème siècle, à circonscrire l’identité collective dont on perçoit désormais les composantes culturelles qu’il convient d’inventorier, d’analyser et de promouvoir. Cette opération de redéfinition a placé l’ethnologie en position de discours hégémonique auquel n’a échappé aucune autre discipline. Désormais s’est installé un nouveau régime de pensée qui constitue le cadre dans lequel se sont déployées les recherches en sciences humaines et sociales menées sur Haïti au cours du XX ème siècle. L’ouvrage que voici se situe dans cette mouvance.

Cependant les auteurs le disent et le redisent: ils entendent rompre avec certaines démarches habituelles. Si l’étude porte sur la paysannerie, il ne s’agit pas de légiférer d’en haut; si l’objet circonscrit est saisi dans le temps conjoncturel d’une société en mutation, il ne s’agit pas de rhabiller le diagnostic ressassé de l’échec d’un modèle conçu par des élites qui ne parviendraient pas à l’imposer aux masses. Dès lors, la morphologie et la physiologie sociales se révèlent insuffisantes. L’option retenue consiste à articuler leurs ressources méthodologiques à une perspective émique, c’est-à-dire restituer le propre discours social des acteurs. La focale est ajustée sur l’univers de l’imaginaire et du symbolique, un champ d’investigation peu exploré; l’exception notable étant, soulignent les auteurs, les travaux de Laënnec Hurbon et de Jean Casimir.

Pour bien apprécier ce qui est ici en jeu, il faut remonter à La vocation de l’élite (1919). Dans cet ouvrage, Price-Mars constate que “l’élite” perd son pouvoir de commandement. Il l’invite à se ressaisir et lui recommande, pour y parvenir, de cesser de se comporter comme une entité externe au reste de la nation. Le projet, durkheimien dit Michel-Rolph Trouillot 4 , d’éducation civique, de réforme sociale de Price-Mars vise une intégration des “deux nations” sous la gouverne de “l’élite”. À l’évidence, cette intégration n’a pas eu lieu. Et le même diagnostic est constamment réactualisé, avec le même schéma vertical d’analyse allant de haut en bas. C’est ce modèle que nos auteurs s’emploient à renverser à la recherche de... La vocation du peuple !

Certes, la critique, implicite et explicite, de ce modèle est amorcée depuis longtemps. Toutefois, elle acquiert ici une force de formulation décisive. Dans le cheminement qui y a conduit nos auteurs, peut-être faut-il reconnaître l’impact des travaux du sociologue Claude Souffrant. Auteur d ’Une négritude socialiste , Souffrant est le penseur de “La révolution culturelle de Price-Mars”, mais aussi le critique sans concession d’un certain indigénisme, “l’indigénisme de l’enfermement”. Promoteur d’une sociologie prospective, il n’a cessé d’en appeler à la planification du futur. On comprend son rejet de toute approche essentialiste de la paysannerie dont il s’emploie à décrire le déclin, pour lui inéluctable 5 . Quand on a été formé à cette pensée du changement social, comme l’a été l’un de nos deux auteurs, on est peu enclin à s’en aller sur le terrain recueillir des survivances. Sensibilisé aux dynamiques de transformations, on est porté à s’interroger sur leur mise en œuvre, leurs rythmes, leurs effets, etc. On est d’autant plus préoccupé que le phénomène s’accélère. S’amplifie. Affecte la société entière. L’urbanisation croissante, l’explosion démographique, l’irruption du peuple sur la scène politique, l’essor des organisations paysannes, la décroissance chron

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