Une vie de traverse
212 pages
Français

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Une vie de traverse , livre ebook

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212 pages
Français

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Description

J'ai grandi dans une roulotte, entre une mère gitane et un père gadjo, rebelle et anarchiste. À quatorze ans, dans des petites usines de la banlieue parisienne, je suis passée de l'enfance à l'âge adulte en découvrant un monde ouvrier sans pitié. Chaque soir je m'évadais pour retrouver ma bande de copains et faire les quatre cents coups dans des jeux dangereux... jusqu'à un mariage catastrophique. Ce récit plein de tendresse, de rires et de catastrophes est un hommageŠà mes parents, à ma jeunesse, à mes copains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296489462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie de traverse


Souvenirs truculents d’une Gitane rebelle
Graveurs de mémoire


Maurice STROUN, "Mon cher collègue , je ne serai pas recteur". Une aventure dans le monde de l’Université et de la recherche scientifique , 2012.
Nadine BERKOWITZ, Les tribulations d’une Parisienne , 2012.
René NAVARRE, François-Marie PONS, Fantômas c’était moi , 2012.
Gilbert CARRÈRE, Mémoires d’un préfet. À la traverse du XX e siècle , 2012.
François DELPEUCH, Chronique édilique , 2012.
Jean Michel CANTACUZENE, Une vie en Roumanie. De la Belle Epoque à la République populaire. 1899-1960 , 2011.
Claude DIAZ, Demain tu pars en France. Du ravin béni-safien au gros caillou lyonnais , 2011.
Jacques QUEYREL, Un receveur des Postes durant les trente glorieuses , 2011.
Benoît GRISON, Montagnes… ma passion , Lettres et témoignages rassemblés par son père , 2011.
Henri Louis ORAIN, Avec Christiane, 68 ans de bonheur , 2011.
Pascale TOURÉ-LEROUX, Drôle de jeunesse , 2011.
Emile HERLIC, « Vent printanier » , nom de code pour la rafle du Vél’ d’hiv’. Récit , 2011.
Dominique POULACHON, René, maquisard. Sur les sentiers de la Résistance en Saône-et-Loire , 2011.
Shanda TONME, Les chemins de l’immigration : la France ou rien ! (vol. 3 d’une autobiographie en 6 volumes) , 2011.
Claude-Alain CHRISTOPHE, Jazz à Limoges , 2011.
Claude MILON, Pierre Deloger (1890-1985). De la boulange à l’opéra , 2011.
Jean-Philippe GOUDET, Les sentes de l’espoir. Une famille auvergnate durant la Seconde Guerre mondiale , 2011.
Armand BENACERRAF, Trois passeports pour un seul homme, Itinéraire d’un cardiologue , 2011.
Vincent JEANTET, Je suis mort un mardi , 2011.
Pierre PELOU, L’arbre et le paysage. L’itinéraire d’un postier rouergat (1907-1981) , 2011.
Alouisa PIERRON


Une vie de traverse


Souvenirs truculents d’une Gitane rebelle
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-97018-2
EAN : 9782296970182

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A Robert Alaux mon compagnon,
à Patrick et Béatrice mes enfants,
à mes petits enfants,
à mes copains.
Introduction
Pour savoir qui l’on est, il faut connaître ses origines et les accepter. Les miennes sont pour le moins originales.

L’histoire qui suit retrace la vie de mes parents et la mienne. Je suis l’enfant d’une union improbable entre une jolie gitane itinérante et un sédentaire anarchiste et rebelle (un gadjo comme on dit chez les voyageurs). Qu’ils se rencontrent était déjà de l’ordre du miracle.

Par ce récit, je veux les remercier post mortem de l’amour et de la force qu’ils m’ont légués en héritage. Ils m’ont appris à respecter l’amitié et à ne jamais courber l’échine, ni devant l’adversité, ni devant la maladie. Ils m’ont aussi appris à ne pas m’apitoyer sur moi-même, à regarder la vie en face et à prendre mes responsabilités. Cette éducation m’a permis de franchir toutes les épreuves difficiles de ma vie. Tout cela dans une époque hors du commun où alternaient des moments de dureté, de plaisir, de bras de fer et de fête.

Grâce à mes parents j’ai gardé en mémoire des anecdotes d’un autre temps, d’un monde à la Kusturica et ces morceaux d’histoires entre contes à la Grimm, fables et thrillers ont fait de ma vie une aventure vraiment à part.

Bien qu’ils n’aient jamais rien possédé, ils ont toujours partagé avec les autres. Ce récit veut leur rendre hommage et faire revivre leurs souvenirs pour ceux que j’aime, maintenant que je peux enfin profiter d’une paix durement acquise.

La plupart des gitans d’aujourd’hui roulent dans de belles caravanes, tirées par de grosses voitures. Ils ont l’électricité, le chauffage, les toilettes, l’eau chaude, la télévision et Internet, bref, tout le confort moderne dont nous sommes devenus si dépendants. Mais ils ont toujours autant de difficultés pour stationner dans les villes et les villages. Cette vie de liberté est devenue attirante aujourd’hui au point d’occuper un créneau touristique (vacances en roulottes offertes en coffrets cadeaux et autres aventures clés en main, garanties sans problème). Mais pour s’en rapprocher réellement, il faut retourner dans le passé à l’époque de la dernière guerre mondiale.

Au milieu du XX e siècle, la vie de nomade était d’aller de village en village. Les roulottes de cette époque étaient en bois, avec trois petites marches, tirées par un cheval ou deux, selon les moyens pécuniaires de leur propriétaire. Ces ancêtres de nos caravanes, sans eau ni électricité, étaient chargés de tous les biens matériels de la famille. Avec l’hiver arrivaient la pluie, la neige et le froid glacial. Il fallait se lever le matin, allumer la cuisinière à charbon ou à bois pour réchauffer la caravane, faire disparaître les stalactites qui s’étaient formées à l’intérieur pendant la nuit, se laver, cuisiner, faire la lessive et surtout tenter de vivre le plus correctement possible.

Lorsqu’il faisait beau, on dormait à la belle étoile, caressés par la brise de printemps ou les bruits nocturnes de l’été. Le soir à la veillée, autour du feu on racontait des histoires, on jouait de la musique et, entraînés par nos airs endiablés, on chantait et on dansait. Notre vie était comme une fête perpétuelle, de ces fêtes que l’on savait organiser pour une naissance, un mariage, un anniversaire ou même un enterrement. En fait, tout était prétexte à danser et à chanter, et malgré sa dureté, la vie elle-même devenait réjouissante.
Mes parents
Ma mère était une jolie gitane brune. Son histoire commence le 13 novembre 1921, date de sa naissance.

Ce jour-là il faisait si froid que le thermomètre affichait moins onze degrés. Sept roulottes étaient regroupées sur un terrain vague, en banlieue parisienne. Ce fut dans l’une de ces caravanes que ma mère est née. En ce temps-là, les femmes étaient obligées d’accoucher par n’importe quel temps et dans des conditions parfois catastrophiques pour leur santé.

Ma mère a passé toute son enfance avec les roulottes pour seul univers.

Première fille de la famille, elle est venue juste après l’aîné, mon oncle. Ils étaient les deux premiers des quinze enfants que ma grand-mère mit au monde. Parmi eux dix seulement survivront. Une telle mortalité infantile n’avait alors rien d’exceptionnel dans ce milieu en cette époque difficile. Ma grand-mère, Marie, au fil des naissances, s’était déchargée progressivement des tâches ménagères sur ma mère, lui retirant ainsi toute chance d’aller à école.

Chez les gens du voyage on ne se préoccupait pas de l’obligation d’enseignement. S’il n’y avait pas de leçon de mathématiques ou de français, il y avait bien d’autres choses à apprendre de la vie, pour une petite gitane : faire la lessive à mains nues dans une eau puisée parfois sous la glace, lire les lignes de la main, préparer la nourriture avec ce qu’on avait sans se préoccuper de l’endroit où on l’avait trouvé, apprendre à danser sur des airs de guitare, faire le ménage et chanter.

Dans ce monde autarcique, les gitans n’attendent rien des autres qui les rejettent et ils se protègent comme ils peuvent. Prisonniers de ce manque d’ouverture, les gitans n’ont d’autres choix que de devenir débrouillards, charmeurs, roublards et chapardeurs ; ils seront toujours traités de « voleurs de poules ». Mais au sein de leur communauté ils ont leurs propres règles reconnues, acceptées et respectées de tous.

S’occupant des enfants, ma mère Louise devenait en quelque sorte leur vraie mère. Elle a nourri, lavé, habillé, défendu et protégé ses frères et ses sœurs, développant ainsi, sans se poser de questions, un instinct de berger, toujours vigilante pour son petit troupeau. Elle était exploitée par sa propre mère qui n’était jamais en manque d’inspiration pour essayer de la briser, de la soumettre. Il me vient facilement à l’esprit cette image de la marâtre, belle-mère de Cendrillon, sauf que l

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