Voix et estime de soi chez les enfants ayant un vécu d abus sexuels
178 pages
Français

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Voix et estime de soi chez les enfants ayant un vécu d'abus sexuels , livre ebook

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Description

La Voix est au coeur de cette recherche-action qui vise à restaurer l'estime de soi d'enfants placés sous aide contrainte suite à des abus sexuels. Après l'articulation des propos analytiques, comportementalistes et la mise en place du cadre méthodologique, trois cas cliniques vous illustreront les possibilités de renouer avec les facultés d'apprentissage, de reconstruire des compétences affectives et cognitives, d'habiter son corps plus positivement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 89
EAN13 9782296932630
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VOIX ET ESTIME DE SOI
Recherche-action auprès d’enfants
ayant un vécu d’abus sexuels
Santé, Sociétés et Cultures
Collection dirigée par Jean Nadal

Peut-on être à l’écoute de la souffrance, en comprendre les racines et y apporter des remèdes, hors d’un champ culturel et linguistique, d’un imaginaire social, des mythes et des rituels ? Qu’en est-il alors du concept d’inconscient ? Pour répondre à ces questions, la collection Santé , Sociétés et Cultures propose documents, témoignages et analyses qui se veulent être au plus près de la recherche et de la confrontation interdisciplinaire.

Déjà parus

Renaud GAUCHER, La psychologie positive. Ou l’étude du meilleur de nous-mêmes , 2010.
Françoise ZANNIER, Éclectisme et intégration en psychothérapie. Intérêts et enjeux d’une profession , 2010.
Jean-Jacques WEISBUCH, Processus d’humanisation : devenir et être adulte , 2010.
Anne BLANCHARD-RÉMOND, Psychiatre : plombier de l’âme , 2010.
Nossrat PESESCHKIAN, L’utilisation d’histoires orientales dans la psychothérapie positive. Le marchand et le perroquet , 2009.
Marcelle MAUGIN, Etre psychothérapeute autrement. De l’écoute à la « rencontre », 2009.
J.-C. MEYER et M.-H. GAMBS-LAUTIER, De la psychanalyse à l’haptonomie, 2009.
Michel LOBROT, La puissance des rêves , 2009.
Pierre DALENS (Sous la dir.) L’Unité de l’Eros. Regards sur l’analyse relationnelle de la vie amoureuse , 2008.
Xavier SAINT-MARTIN, L’Appareil psychique dans la théorie de Freud. Essai de psychanalyse cognitive , 2007.
Sara PAIN, Les fondements de l’arthérapie, 2007.
Roland BRUNNER, Narcisse chez le psychanalyste , 2007.
Francis DESCARPENTRIES, Le consentement aux soins en psychiatrie, 2007.
Denise KÜNZI, Accompagner la vie , accompagner la souffrance , 2007.
Pierre ZAMET, À la recherche des besoins perdus , 2006.
Joëlle Déderix


VOIX ET ESTIME DE SOI
Recherche-action auprès d’enfants
ayant un vécu d’abus sexuels


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11198-1
EAN : 9782296111981


Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
REMERCIEMENTS
J’exprime ici ma gratitude aux professeurs de la faculté de psychologie de Louvain-la-Neuve. Plus particulièrement, je remercie Jean Florence de m’avoir soutenue avec autant d’humanité que de rigueur dans tous les méandres de ce projet osé et Robert Steichen pour l’horizon infini qu’il m’a ouvert sur l’autre. Merci à Patrick De Neuter de m’avoir interpellée sur le fantasme qui se niche, discret mais prompt à se réveiller dans les souterrains de ma démarche et à Eric Baruffol pour ses précieux conseils méthodologiques.

Merci à Valérie Lheureux, Anne-Rose Delmotte. Yorgos Lambropoulos et Pascale Anceaux qui ont accepté de former le chercheur collectif.

Ma reconnaissance se porte vers l’équipe éducative qui a accueilli positivement cette expérience et vers tous ces enfants qui sont venus habiter l’atelier vocal et l’habiller de leur mouvance.

Merci à Sara, Charles et Estelle pour l’esprit critique, l’amour inconditionnel et la lumière !
INTRODUCTION
A l’aube de ma vie, la musique et le chant m’habitaient déjà. Dans le grenier de mon enfance, j’écoutais les notes du piano quand des élèves venaient prendre leurs leçons deux étages plus bas. Mais surtout, tandis que je me cachais pour lire ou pour écrire, je percevais la voix de ma mère, douce musique qui me parvenait en sourdine comme lors de mon premier voyage en son sein. Ainsi, je n’avais jamais peur même lorsque le vent soufflait si fort dans les interstices des vieilles planches fendues. Quelquefois les souris dansaient une sarabande tandis que moi je restais là dans une sécurité absolue environnée par une matrice d’harmoniques maternelles diffuses mais tellement présentes.


Mon parcours d’infirmière puis de pédagogue fit alliance avec l’art du chant. Combien de fois n’ai-je pas constaté le pouvoir des sons au chevet de tous ces malades côtoyés en tant que professionnelle de la santé. Mélopée flûtée à l’oreille du mourant, résurgence de souvenirs avec le dément, possibilité de symboliser émergeant pour le psychotique et de nombreux moments de joie vécus à l’hôpital.


En dehors de mon approche paramédicale, j’ai pu monter différents spectacles avec des groupes de jeunes et donner des cours dans un centre culturel autour d’un projet très original. En effet, il s’agissait de composer des chansons avec et pour l’élève en fonction de sa voix et de ce qu’il amenait de lui. Ces expériences généraient immanquablement des élans créatifs, l’expression d’émotions diverses voire permettaient de formuler l’inaudible. Une jeune fille y a déposé les mots qu’elle aurait tant voulu avoir le courage de dire à son père, une autre y a lâché le fardeau du suicide d’un proche. La voix chantée peut offrir une aire de transition entre le soi et le dire. A l’image de l’espace transitionnel de Winnicott {1} , l’écho chanté, comme un double de soi, dépose là un son qui est mis au-dehors. Ainsi, une souffrance même intense pourrait être révélée sans que la personne ne s’y noie parce qu’elle est tenue à une certaine distance.

Etant auteur-compositeur-interprète depuis plus de vingt ans, je connais bien la scène. A maintes reprises au-delà des apparences et de la timidité, j’ai pu découvrir le pouvoir libérateur et révélateur de la voix. Lorsqu’elle peut s’écouler sans entraves, elle offre une amarre à tous ces bateaux qui voguent à la dérive dans nos inconscients parce qu’elle leur confère une portée symbolique.

Le drame de celui qui souffre est qu’il est tantôt plongé dans les abîmes de son affectivité sans qu’il puisse en démêler le faisceau enchevêtré tantôt submergé par elle sans qu’il puisse la reconnaître et la nommer. Parfois encore il a posé sur elle un couvercle de fer la refoulant au plus loin lui donnant ainsi le pouvoir de rejaillir sur sa vie ou sur son corps sous la forme d’un symptôme ou d’un comportement invalidants. L’artiste parvient à la symboliser dans son œuvre créatrice et l’homme de théâtre qu’est Antonin Artaud {2} disait : "On n’a jamais écrit, peint, sculpté, modelé, construit que pour sortir de l’enfer"Pouvons-nous rajouter : chanté ?

L’éthologue Boris Cyrulnik nous parle du chemin de résilience de ces : "Vilains Petits Canards" {3} qu’ont été Barbara, Piaf, Callas et d’autres êtres au destin tourmenté mais dont la voix salvatrice nous traverse encore au-delà de leur mort. Que pourrions-nous puiser chez l’artiste chantant qui aiderait les enfants blessés dans ces préludes à l’estime de soi que sont les sentiments de sécurité et de confiance ?

L’histoire des premiers liens d’attachement est colorée par la musicalité vocale. L’enfant en gestation a été bercé par les harmoniques de la voix maternelle. Son univers originel est imprégné de musique, c’est un bain d’affect, une enveloppe sonore dirait Didier Anzieu. Après seulement, il s’ouvrira au langage porteur de raison. Les bébés qui vocalisent si aisément dans les extrêmes des tessitures humaines ne comprennent pas la teneur des mots mais communiquent par la musicalité vocale. La voix avant d’être porteuse de sens est donc d’abord présence. Nous sommes marqués par ces premières expériences dans lesquelles nous percevions la musique de la voix, le langage analogique, celui des émotions au travers de la sonate maternelle. {4} . Cette sonate qui me faisait goûter de façon inimitable tout ce que je découvrais dans mon grenier et qui bien plus tard, calmerait l’agonie d’une dame vivant ses derniers instants.

Les enfants abusés ou séparés de leur sphère familiale ont souvent connu une brisure dans ces prémisses identitaires et participatives de la construction du Moi. Peut-être que l’enfant victime d’un abus pourrait émouvoir les gardes chiourmes

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