Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
53 pages
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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) , livre ebook

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Description

Alors que la musique de Chostakovitch semblait devoir rester largement prisonnière des normes esthétiques du réalisme socialiste, elle domine aujourd’hui la vie musicale du monde entier. Quel est ce mystérieux pouvoir de la musique de survivre ainsi aux idéologies et aux contextes sociaux qui l’ont dominée de leurs conventions et de leurs contraintes ? Soumise durant des siècles aux rigueurs du christianisme, la musique religieuse continue à être exécutée et souvent bien plus fréquemment (que l’on songe aux Passions de Bach) en dehors des raisons cultuelles et dévotionnelles de ses origines. Chostakovitch a vécu longtemps dans cette dualité des promesses de l’idéologie dominante qu’il faut célébrer et des évidences que l’on doit taire. De là ce double langage, avec sa part d’ironie, d’allusions, de secrets mêmes. Son interprétation n’est donc pas sans aléas et elle a alimenté de vifs débats. Frans Lemaire en propose ici une synthèse biographique basée essentiellement sur les
témoignages qui s’imposent avec évidence, au départ de la musique et des textes.

Ingénieur civil (UCL), gradué de Harvard, Frans Lemaire a mené parallèlement une carrière industrielle et l’écriture de nombreux articles et essais, ainsi que de plusieurs ouvrages aux Éditions Fayard, notamment sur la musique russe du XXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 17
EAN13 9782803103683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DIMITRI CHOSTAKOVITVH (1906-1975). LES RÉBELLIONS D'UN COMPOSITEUR SOVIÉTIQUE
Frans C. Lemaire
Dimitri Chostakovitch (1906-1975). Les rébellions d'un compositeur soviétique
Préface de Pierre Bartholomée
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0368-3

© 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 25
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
info@bebooks.be
www.bebooks.be

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-083-8

A propos
Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
Au-delà des censures et de l’air du temps
Dimitri Chostakovitch est ce célèbre compositeur russe de la période soviétique en qui, peut-être parce qu’il fut un grand symphoniste, parce qu’il a écrit de nombreux quatuors à cordes et parce que son œuvre exprime et assume un ensemble de tensions excédant largement la stricte dimension musicale, certains ont voulu voir une sorte de « Beethoven du XX e siècle ».
Une grande confusion persiste à son égard : bien des questions concernant sa vie et son œuvre sont longtemps demeurées obscures. De nombreux éléments touchant à son attitude et à ses intentions artistiques ont été mal compris voire manipulés et une part importante de son œuvre est toujours méconnue.
En dépit de l’accueil enthousiaste réservé, partout dans le monde, à certaines de ses symphonies ou à son opéra Lady Macbeth du district de Mzensk, sa position quant à la modernité demeure controversée.
C’est que le contexte historique dans lequel il a vécu et travaillé, résisté, tendait à la mise sous tutelle des esprits libres et créateurs.
La production de ce grand compositeur russe semble donc devoir être appréhendée selon plusieurs angles : ambiguïté, ruse et enracinement.
Annexé par un pouvoir totalitaire très sourcilleux des effets de l’art sur les consciences, un pouvoir qui a voulu faire de lui une icône, Dimitri Chostakovitch a composé des musiques capables de parler aux foules tout en offrant une matière riche, originale et puissamment critique aux mouvements artistiques si complexes de son époque.
Réécouter ses œuvres, les lire attentivement, aujourd’hui, à l’abri des étiquettes et anathèmes dont le XX e siècle s’est montré si friand, permet de mieux saisir l’importance de sa contribution à l’évolution de la musique moderne.
Apparemment éloigné des mouvements qui, de la seconde école viennoise à la fulgurante période d’orthodoxie sérielle des années cinquante et aux créations conceptuelles ou minimalistes d’importation américaine, Chostakovitch a dû et a voulu inscrire son travail dans une ligne d’apparence traditionnelle.
N’étant pas homme à s’exiler, il ne pouvait pas échapper aux diktats du jdanovisme mais, paradoxalement, cette situation d’extrême tension semble avoir été une des clés de la richesse et de la grandeur de son œuvre.
Car quelque chose en lui était du côté du renouveau et de l’invention. On le sait à présent, bien que coupé du monde, Chostakovitch était, en fait, aussi informé que possible de l’évolution musicale en Occident.
Sa curiosité était vive et, si son propre travail était contraint de s’inscrire dans la continuité – une continuité non dénuée de gestes de rupture qui ont, parfois, pu lui coûter cher – l’attention qu’il portait aux travaux des plus audacieux et des plus indépendants parmi les compositeurs de la génération qui, dans l’Union soviétique, suivait la sienne, Alfred Schnittke, Edison Denisov, Sofia Goubaïdoulina, Andreï Volkonski et quelques autres, témoigne non seulement d’une grande perspicacité mais de quelque chose de probablement beaucoup plus profond.
Chostakovitch avait-il une vision à ce point puissante et libre de l’évolution de son art pour croire à une modernité non déracinée – sans tabula rasa – au point d’y projeter toutes ses forces créatrices ?
Il y a quelques mois, lors d ’ une communication à la Classe des Arts de l’Académie royale de Belgique, Victor Kissine, compositeur né et formé, comme Chostakovitch, dans cette grande ville qui s’est, un temps, appelée Leningrad, a montré, partitions ouvertes, comment et combien certaines œuvres de son illustre aîné sont codées. Pratiquant un double langage extrêmement subtil, Chostakovitch, cet artiste parmi les plus grands de son siècle s’exprimait en quelque sorte à l’ombre – ou à l’abri – d’un premier degré habilement érigé en façade.
N’est-ce pas un des privilèges de l’art – et une de ses fonctions – que de transcender les premiers niveaux du sens ?
Frans Lemaire est passionné de musique. Il en a une connaissance pratique et une vision encyclopédique.
Ayant beaucoup visité la Russie et noué de nombreux contacts, il a plus particulièrement travaillé sur les relations houleuses de la création artistique avec le régime issu de la révolution soviétique. On lui doit deux ouvrages importants sur ces questions : La musique du XX e siècle en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques et Le destin russe et la musique . Un siècle d ’ histoire de la Révolution à nos jour s*. L’œuvre de Chostakovitch lui est familière. Il en a saisi la dimension tragique autant que l’étrange et puissante singularité.
À partir des éléments réunis pour la conférence qu’il a donnée, en février 2013, au Collège Belgique, il nous propose un petit livre passionnant et très documenté qui retrace le parcours créateur d’un grand musicien moderne confronté aux exigences exorbitantes d’une puissante censure étatique.
Pierre Bartholomée,
compositeur,
membre de la Classe des Arts
de l’Académie royale de Belgique
* Éditions Fayard, coll. « Les chemins de la musique ».
En promenade au Kremlin, 1970.
Tous droits réservés
Introduction
Selon les archives soviétiques, Chostakovitch a beaucoup parlé pour donner à sa musique le sens réaliste et socialiste que l’on attendait-elle. En disant parfois aussi « c’est ma musique qu’il faut entendre », sous-entendait-il « et non pas mes paroles » (ou celles qu’on lui faisait dire) ? Toute son existence s’est trouvée ainsi partagée entre l’image du « fils fidèle » que le Parti célébrera jusque dans la nécrologie du 12 août 1975 et celle d’un musicien formaliste, ennemi du peuple, régulièrement dénoncé, condamné en 1936 et 1948. Ce double statut, perçu en Occident comme celui d’un compositeur à la fois officiel et rebelle a donné lieu à plusieurs décennies de controverses après la parution en 1979 des soi-disant Mémoires élaborés par un musicologue russe émigré aux États-Unis, Solomon Volkov et amplifiés par les excès interprétatifs du film Testimony (1984) de Tony Palmer ou de la biographie The New Shostakovitch (1990), de Ian MacDonald. Ce courant mythologisant a rencontré l’opposition de musicologues universitaires américains comme Richard Taruskin et Laurel E. Fay, auteure avec Shostakovich, A Life de la biographie la plus soignée parue à ce jour aux côtés du recueil de témoignages, Shostakovich: A Life Remembered (2004) réalisé par Elisabeth Wilson.
La chute du régime communiste et de ses contraintes a rendu possible l’accès à de nombreuses sources inaccessibles jusqu’alors : correspondances privées, souvenirs personnels, partitions inédites, textes restés cachés. Il était donc temps de faire le point sur la base des meilleures connaissances et références disponibles aujourd’hui sur la vie et l’œuvre du compositeur du XX e siè

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