Fraternité Matin n°17120 - du mercredi 19 janvier 2022
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Fraternité Matin n°17120 - du mercredi 19 janvier 2022 , magazine presse

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Date de parution 19 janvier 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Garantie bancaire pour les Pme Le gouvernement attend10 000 entreprisesP. 10 Mercredi 19 janvier 2022 / N° 17 120 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange ci) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES Dossier /Guiglo, Bloléquin, Toulepleu, Tabou De retour au pays, des réfugiés se font une place au soleilPp. 2-3-4 PH : SÉBASTIEN KOUASSI Une ferme de poulets tenue par des réfugiés ivoiriens revenus au pays. Litige foncier à la Riviera GolfCan 2021 /Avant Côte d’Ivoire – Algérie, jeudi Paulin Danho : Bruno Koné : ‘‘Je demande ‘‘ L’État va rétrocéder aux Ivoiriens de l’espace aux riverains ’’ rester sereins ’’ PHOTO : JOSÉPHINE KOUADIO P. 8 P. 20 PHOTO : JULIEN MONSAN
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Regard
On n’est jamais mieux que chez soi !
artir de sa terre natale pour fuir les bruits de bottes, P suite aux crises m ilitaro-politiques ou de manifestations violentes, cela relève de l’instinct de conser-vation. Donc, tout à fait normal. Mais, une fois la tempête passée, per-sister dans la logique de s’éterniser hors de sa terre natale s’explique difcilement. Comme le dit l’adage, «on n’est jamais mieux que chez soi». De toute évidence, les nombreux Ivoiriens qui sont partis de la Côte d’Ivoire aux lendemains des diffé-rentes crises qui ont secoué le pays ont fait l’amère expérience devivre loin de leur terre
Par MARCEL APPENA
natale. Aussi, n’ont-ils pas hésité à revenir, de-puis que règnent au pays la quiétude et la paix. Qu’ils soient hommes politiques, hautes per-sonnalités d’antan, ou citoyens lambda, c’est par vagues successives qu’ils sont revenus au bercail. Ainsi, plus de 98 % des 300 mille Ivoiriens ré-fugiés depuis 2011, ont sagement pris le chemin du retour, mettant n à leur statut de réfugié. Pour la plupart, rapa-triés de façon volontaire avec l’appui de parte-naires tels que le Hcr ou la Caritas. Dans ce lot, selon une enquête du Hcr, menée récemment en Afrique de l’Ouest, 60 % des réfugiés ivoiriens encore hors du pays, manifestent le désir ar-dent de revenir. Qu’à cela ne tienne ! Que deviennent-ils, ceux qui ont décidé d’effectuer ce come-back au pays na-tal? Pendant plus d’une semaine, nous avons sillonné villes, villages et hameaux, à l’ouest et au sud-ouest du pays, pour vivre les réalités aux-quelles sont confrontés ces rapatriés venus no-tamment du Liberia et de la Guinée.
Dossier
Mercredi 19 janvier 2022
Guiglo, Bloléquin, Toulepleu et Tabou / Rapatriés volontaires
De retour au pays, ils se font une place au soleil
Il y a un tempspour être réfugié et un autre pour revenir au bercail. De retour, il faut reprendre le cours de la vie. Quefaire? Al’ouest, zone frappée de plein fouet par les différentes crises en Côte d’Ivoire, nombreux sont les rapatriés volontaires qui ont décidé de reprendre leur destin en main. ouban Ana Sévérine. Ce nom ne passepas inaperçu à Yoya,vil-surG l’axe Guiglo Blolequin, lage situé à troiskilo-mètres de Blolequin, dans la région ouest de la Côte d’Ivoire. Cette jeunelle de 20 ans a, en effet, unehis-toire qui est bien différentede celle de l’habitant ordinaire. Aveugle, aux côtés de sama-man, elle avait fui les affres de la crise post-électoralede 2010 et 2011, pour le Libe-ria. Question de «se mettre à l’abri, loin des canons»,a-t-elle expliqué, au cours d’un entretien, le 26 octobre, dans cette contrée. Au Liberia, elle vit dansun camp de réfugiés. Septans plus tard, Gouban Ana Sé-rine réalise que son «avenir reste incertain et presquehy-pothétique», loin de sa patrie. Il faut donc y retourner !Sur-tout qu’entre-temps, lapaix est revenue au pays. A côté de sa génitrice, elle prend«la sage décision» de retournerUne ferme avicole tenue par des rapatriés et des membres de la population hôte, dans le village de Zéaglo à l’Ouest sur la terre de ses ancêtres.du pays.(PHOTOS: SÉBASTIEN KOUASSI De retour, la jeune lle et sa Comme elle, nombreux sont tains rapatriés, loin d’être desont des anciens réfugiésafrme avec beaucoup de mère se terrent au campe-les réfugiés ivoiriens qui ont vaines paroles, ont été tra- revenus du Liberia. Les 30%erté, Lokoui Gnao Alexis, se-ment, pendant près de douze pris la ferme résolution de duits par des faits, à travers la sont issus de la communauté crétaire général de ce grou-mois, car sans logis et sans rentrer en Côte d’Ivoire, deen œuvre de plusieurs hôte.- mise pement d’élevage de poulets nourriture au village. puis que le climat politique activités génératrices de re-projet a débuté par la Ce de chair, délégué des rapa-Rentrée au village, Ana Sévé-s’est apaisé. Mais, se pose venus. L’une des plus réustriés du village. Autrement,du bâtiment le - construction rine saisit une opportunité de à eux, l’épineux problème desies,«fierté des partenaires23 mars 2020. Il a véritable- ce sont près de 3 000 poulets l’Agence des Nations unies leur réintégration dans la viehumanitaires qui ont financéqui ont été écoulés, en moinsment démarré quatre mois pour les réfugiés (HCR) qui sociale et dans le tissu éco-ce projet», est sans doute lad’une année et demi.plus tard, le 27 juillet, après nance et aide les personnes nomique.ferme d’élevage de pouletsla livraison par le Hcr et ses«De quoi être vraiment er », « vulnérables» à travers la En effet, selon le sous-préfet de chair de Zeaglo, à 18 kilo-assure l’éleveur qui afrmepartenaires, de l’ensemble du mise en œuvre de plusieurs de Blolequin, Gnahoua Dago, mètres de Bloléquin, sur l’axeque le groupement met unmatériel et de 500 poussins. activités génératrices de re-rencontré à son cabinet leGuiglo-Bloléquin. Elle est te-«Aujourd’hui, quinze moisaccent particulier sur la qua-venus (Agr). Elle est désor-26 octobre, «là commence nue par un groupement deaprès, nous sommes à notrelité, en suivant à la lettre les mais commerçante, après un la situation la plus difcile».quinze personnes dont 70%sixième bande de poulets»du technicien du Hcr, conseils appui nancier et technique Car nombreux parmi les ra-du Chr et de Caritas. C’est patriés ont perdu leurs terres, donc devant son étale que leurs maisons et d’autres nous l’avons trouvée, ce mar-biens. Que faut-il, alors, faire sa cours, au beau milieu duDe nombreux convois di 26 octobre 2021. Devant pour reprendre son destin en main? village, elle vend «un peu de preuve, selon le avec les autorités ivoi- ivoiriens avaient été mis tout: banane, poissons et gre-Hcr, sur 300 000 riennes. Vangah Christelle en berne. A .g.r pour nouilles séchées, huile rouge, réfugiés ivoiriens est cheffe du bureau de laMais, cette année, l’opé-la réintégration légumes...». Malgré son han-regardante» sur ses nancesA aulendemain de laDirection d’aide et d’assis-ration a repris en juillet.«Il faut s’armer de courage et dicap, la jeune lle se dit «très crise de 2010-2011, tance pour les réfugiés et«Jusqu’au 30 septembre, partir à nouveau du bon pied 287 000 ont déjà regagnéles apatrides (Daara) de nous avons accueilli dans ! Il ne faut Jamais baisser les tenues par sa génitrice. Très la terre d’Eburnie. (Soit Guiglo, ville non loin de la Zar Nord, 4403 per-bras», cone, avec beaucoup rigoureuse dans la gestion, un taux de plus de 94 %).la frontière libérienne, àsonnes, dont 2347 femmes d’émotions, Ana Sévérine, la comme elle le soutient, elle Le Haut-commissariat del’Ouest de la Côte d’Ivoire. et 1856 hommes», fait-elle jeune lle aveugle rapatriée assure faire en permanence l’Onu pour les réfugiés assavoir. Par ailleurs, la pa-supervise la Zone - Elle que nous avions rencontrée à le point nancier sur ses re-sure, qu’il ne reste «qu’en-d’accueil des réfugiés, dite tronne de la Daara à Gui-Yayo. A l’instar de cette jeune cettes et dépenses, avec sa viron 91 000 réfugiés ivoi-Zar Nord.glo précise que, dans ce femme, la majorité des réfu-génitrice. Conséquences, les riens dans le monde. 45Et qui prend en compte lot, 62,51% (soit 2739) giés que nous avons rencon-bénéces engendrés, elle 000 vivent en Afrique de les régions du Tonkpi, du sont des enfants, ayant trés dans les villages et villes s’en est servie pour agran-de Guiglo, Bloléquin, Toule-l’Ouest», dont 33 000 au Guemon, du Cavally et moins de 17 ans. Deux dir son petit commerce. En pleu et Tabou, afrment qu’ilspartie du Haut Sass-Liberia. une jours plus tard, à Prollo, plus, en partie, elle dit avoir ont pris leur courage à deux Ce qui explique d’ailleurssandra. village situé à 28 km de investi dans la construction mains pour regagner la mèreRencontrée à Guiglo le 27 Tabou, au bord du euveles nombreux convois de d’un abri offert par l’agence patrie, en vue de se battre rapatriements, en prove-Cavally, 140 autres rapaoctobre, elle explique que, -de l’Onu: une maison de trois pour se réintégrer dans la vie. nance de ce pays, ainsi du fait de la crise sanitaire, triés volontaires venus du pièces qui sert d’habitation à Cette détermination et ceque de bien d’autres, de laLiberia ont été accueillis.les convois humanitaires quelques membres de la fa-courage, dont parlent cer-sous-région, qu’il organisede rapatriés volontaires mille, aujourd’hui.M.A
Mercredi 19 janvier 2022
et de la Caritas, qui les a for-més et les assiste régulière-ment dans leurs tâches. Face à la concurrence, dans la région, le Sg du groupement indique qu’il joue sur la carte de proximité.«Nous nous dé-plaçons vers les clients pour livrer nos produits»,dit-il. Pour ce rapatrié volontaire qui a foulé le sol de son pays en 2016, «après avoir long-temps peiné au Liberia», l’ac-tivité qu’il vient d’embrasser avec ses amis lui sied par-faitement. Car, très lucrative, elle leur permet de gagner convenablement leur vie. Il explique qu’en moyenne, ce sont près de 500 volailles que son groupement vend, en 45 jours, en raison de 2 500 F Cfa l’unité. «Faites le compte et vous verrez !», dit-il. Et d’ajouter :«Notre acti-vité nous permet, à présent, d’être financièrement auto-nomes». Au point où, les yeux tournés vers l’avenir, ce groupement envisage d’agrandir son af-faire.«Retirés du village, par pur stratégie d’emplacement, nous voulons construire d’autres bâtiments, pour doubler la quantité de pous-sins que nous recevons tous les 45 jours», afrme-t-il, en guise de perspective. Mieux, il assure que le groupement envisage de se doter d’une couveuse professionnelle, dans les prochaines années. «Nous voulons avancer, pour oublier les durs moments, passés hors du pays », pro-jette-t-il.
Étangs piscicoles Autre village: Klaon, dans la sous-préfecture de Nezobly, département de Toulepleu. Ici, se trouve aussi un autre exemple réussi de groupe-ment qui s’est spécialisé dans la pisciculture. Au nombre de douze, ses membres, reve-nus tous du Liberia, après s’y être réfugiés pendant des années, ont créé trois étangs piscicoles de 32 mètres de long sur 16 mètres de large, chacun. Le mercredi 27 octobre, sur place, notre équipe de repor-tage a pu les visiter. Au terme d’une pêche improvisée très
fructueuse, nous avons pu nous rendre compte de la richesse halieutique dont re-gorgent ces étendues d’eau. Au grand bonheur des pro-ducteurs, ers de leur ré-alisation. Selon Doh Félix, vice-président du groupe-ment, cette activité qui a dé-marré en juillet 2020, avec trois mille alevins, fournis gracieusement par le Hcr, est entrée en production, depuis six mois. Aujourd’hui, ces producteurs afrment que cette exploitation piscicole leur a permis de scolariser leurs enfants, à la rentrée scolaire. A Tuambly, à Blolequin et à Pata Idie, non loin de Tabou, se trouvent d’autres coopé-ratives dont les membres (is-sus en partie des groupes de personnes rapatriées et de la population hôte) exploitent des fermes spécialisées, res-pectivement, dans l’élevage de porcs et de cabris. A côté, il faut aussi noter le fait que des jeunes rapatriés, asso-ciés à d’autres jeunes des populations locales, exercent d’autres activités comme la coiffure et l’esthétique (Zeaglo), la calligraphie et la peinture en bâtiment (Ta-bou), la location de chaises et de bâches, l’exploitation de machines broyeuses de ma-nioc... Malgré les nombreuses dif-cultés qu’ils rencontrent, tous croient en un avenir ra-dieux, après avoir regagné la terre natale. Seul bémol, les structures humanitaires (Hcr, notamment) qui nancent, forment et font le suivi de ces activités génératrices de revenus, ont des critères de sélections qui ne permettent pas de prendre en compte l’ensemble des rapatriés, vues les contraintes bud-gétaires, des contingences, urgences et priorités du mo-ment. Le Hcr assure que pour des«raisons de contraintes budgétaires», il n’assiste «qu’environ 40% des per-sonnes rapatriées, celles d’entre elles, le plus dans le besoin». MARCEL APPENA
ENVOYE SPECIAL
Du poisson pêché dans un étant piscicole, après plusieurs mois de dur labeur.(PHOTOS:SÉBASTIEN KOUASSI)
Dossier 3 Des fortunes diverses ans le processus de re- se prendre en charge, en atten-tour en Côte d’Ivoire etdant de se signaler auprès des de réintégration dans le autorités locales et du Hcr. Fort neDfrères de la communauté bur-sont pas logés à la même tissu économique, les heureusement, nos parents rapatriés volontaires restés sur place, nos amis et enseigne. Selon qu’ils optentkinabé nous ont apporté aides, pour un retour spontané ousecours et soutien moral», té-organisé. Ils connaissent desmoigne le natif de Zéaglo, Sg fortunes diverses.de la chefferie. Qui a coné Le retour spontané ou rapatrie-qu’il a pu désormais faire face ment spontané est le fait pour à ses charges après un tra-un réfugié de rentrer sponta- vail acharné.«Aujourd’hui, nément sans informer le HCR.j’ai à mon actif près de cinq Sans accord ofciel.hectares de cacao, fruits des Il décide de le faire avant la nefforts que j’ai consentis, de-des hostilités sans procédurepuis mon retour du Liberia»,d’enregistrement et sans as-afrme, avec beaucoup de sistance internationale dûmenterté, Gnahé Adolphe, homme structurée. Par contre, le ra-d’une cinquantaine d’années. patriement organisé intervient Visiblement, cet homme très après la signature des accordsvigoureux, s’est appuyé sur tripartites entre le pays d’ac- sa force physique pour créer cueil, le pays d’origine et le Hcrde nouvelles plantations, une Gnahé Adolphe, secrétaire général de la chefferie centrale du par lesquels les États offrentfois au pays.«A mon retour, village de Zéaglo des garanties pour un retourjamais je ne me suis laissé dans la sécurité et la dignité.présidentielle d’octobre 2020 »gagner par le découragement. .que la chance inouïe qu’il a eue On observe que des réfugiésJ’ai foncé comme un taureau etUne année plus tard,«la situa-à son retour, c’est qu’il n’a pas ivoiriens ont opté pour le pre-aujourd’hui, les résultats sont tion était tellement difficile queété dépossédé de ses terres. mier cas de gure.probants. Je savais que j’y ar-nous avions pris la décision deSes hectares de terre l’atten-C’est le cas de Gnahé Ado-riverais »,souligne-t-il.revenir »,explique-t-il.daient.« Ceux qui ont tout pris lphe, secrétaire général de laIl assure que, dans la mêmeSelon lui, une fois au pays,sur nos plantations, en notre chefferie centrale du village de période, ce sont plus de 250la difculté à laquelle il fallaitabsence ne pouvaient pas re-Zéaglo, une sous-préfecture autres personnes qui ont éga-d’emblée faire face, c’était departir avec la terre heureuse-dans le département de Blo- lement regagné Zéaglo, leur mettre tout en œuvre pour quement », s’est-il réjoui. léquin.«Avec les membres de village natal. sa famille ne meure pas deIl s’est donc remis au travail. ma famille, au nombre de huit,A l’instar de Gnahé Adolphe,faim.« C’est la seule richesse dont« Il fallait, tout de suite, se nous étions à Zouédrou au Li- Tahé Henri du village de Prol-nous disposons ici au village.mettre à l’ouvrage pour nourrir beria.lo situé sur les rives du euvetoute la famille. Nous n’avions Il faut donc la fructifier. C’est En 2012, avant que les auto- Cavally à la frontière ivoirienne,en le faisant que nous seronsrien trouvé dans les champs rités ivoiriennes ne prennent est un rapatrié volontaire. Ren-que nous avions laissés avant toujours heureux. Je suis fier l’initiative d’organiser descontré dans cette localité, à 28d’être revenu »de partir au Liberia. Avec mon , a-t-il conclu. convois, nous étions déjà rede Tabou, avec son- kilomètres épouse et l’aide des enfants,Pour rappel, c’est le 17 no-venus au village», fait-il savoir.épouse et ses cinq enfants, ilnous nous sommes mis auvembre 2013 que la Côte «Étant donné que nous explique qu’ilstravail pour reprendre tout à«ont fui le pays, d’Ivoire a enregistré son tout avions décidé de revenirzéro»pour gagner le Liberia, à cause , explique le planteur depremier convoi de rapatriement nous-mêmes, nous étionsdes violentes manifestationsProllo qui assure n’avoir rienvolontaire. conscients qu’il fallait d’abordde l’opposition qui ont suivi lareçu des Ong humanitaires, àMARCEL APPENA son arrivée. Henri Tahé afrme
La restitution des terres, la question ! aciliter l’accès et la res-comme une «gangrène»,Right Watch, dans un rapportrestées sur place. «Il s’agit titution aux logements,intitulé: «Cette terre est la ri-particulièrement à Blolequin, de récupérer dénitivement terres et biens meubleschesse de ma famille ».et d’une manière générale, les terres perdues pour les et immeubles en confor- dans la région. «Ce sont, enrestituer une fois pour toute ! eFst un des points clés de lade litiges fonciers auxquellessur des papiersnous le faisons, mais ce sera mité avec les lois », tel moyenne dix à quinze affairesDes transactions de terresDans nos fonctions actuelles, Déclaration conjointe relative nous sommes appelés à ju-de cigarette...de façon accrue. Des comités à la feuille de route pour lesger chaque jour», souligne-t-Pour le sous-préfet de Blole- seront mis sur pied, pour ai-solutions durables à la situa-il, pour montrer l’ampleur deder les propriétaires à récupé-quin, cette situation se com- tion des réfugiés ivoiriens, la situation. Au nombre des plique davantage, dans larer dénitivement leurs terres, signé à Abidjan, le 7 sepse trouvent des - plaignants, mesure où acheteurs et ven-biens économiques par excel-tembre 2021. Dans le cadre propriétaires terriens qui, ré-deurs de terre n’établissent lence ici à Guiglo», explique des mesures garantissant le fugiés hier au Liberia, et re- pas de papiers administratifs, le sous-préfet. rapatriement volontaire et la venus au pays, ont trouvé,ayant valeur juridique. AvecA ce chapitre, il faut égale-réintégration de ces réfugiés, hélas, leurs parcelles de terreun brin d’humour, il nous ament noter les préoccupa-le gouvernement de Côte mis en valeur par de tiercestions liées aux patrimoinesfait savoir que c’est sur «des d’Ivoire, le Haut-commissabouts de papiers de ciga- - personnes. immobiliers des réfugiés qui, riat de l’Onu pour les réfugiésDes agents humanitaires,rettes», au coin du champ,en leur absence, sont deve-(Hcr) et six autres pays de larencontrés à Blolequin etque s’effectuent les transac-nus les propriétés d’autres sous-région ont paraphé ce Toulepleu, interrogés sur la tions entre vendeurs et ache-personnes qui n’en sont pas document, au terme d’une question, afrment que celes détenteurs. teurs. «Vous rendez-vous Là aussi, se-rencontre qui s’est tenue àgenre de situation est mon-compte ?», s’est-il indigné !lon des responsables, aussi Abidjan, les 6 et 7 septembre.naie courant. Des villageoisLe comble, «c’est que toutbien à la Daara que chez les Si l’État de Côte d’Ivoire, leshumanitaires, des démarchesle monde accepte de donner rencontrés à Tuambly, dans partenaires humanitaires et le département de Blolequin,sa caution aux personnes quivisant à la restitution sont toutes les parties prenantesexpliquent également queachètent des terres sur un menées pour que les vrais aux processus de rapatrie- certains réfugiés ivoiriens ne bout de papier, alors que les propriétaires entrent en pos-ment volontaire des réfu- veulent pas revenir au pays,textes sont clairs, seul celuisession de leurs biens immo-giés ivoiriens ont cru bon deparce qu’informés du fait qui est nanti d’un documentbiliers. Dame Doumbia et son mettre un accent particulierqu’ils ne disposent plus deauthentique peut vendre lals sont restés longtemps en sur la question des terres et terre dans leur propres pays.Guinée. Rentrés récemment,terre», a-t-il tenu à préciser, des biens, c’est qu’elle constià la faveur des rapatriementsen outre. dépossession des - «La tue un problème crucial que terres engendrent les consé-volontaires, joints par téléFace à cette «poudrière» à -vivent, notamment, popu- quences économiques les-Blolequin, et partant de l’en-phone, ils afrment qu’ils ont lations et réfugiés rapatriéssemble de la localité, l’admiquelles gurent parmi les - retrouvé leur patrimoine im-dans le Grand ouest de lanistrateur fait savoir que de principales raisons pour les- mobilier à Danané occupé par Côte d’Ivoire.quelles certains réfugiés au nouvelles mesures adoptées une tierce personne. Selon le Selon le sous-préfet de Blole-Liberia disent qu’ils ne sevisent à restituer les terresls, c’est un membre de la fa-quin, Gnahoua Dago, renconperdues, que ce soient cellespas capables de ren- - sentent mille qui a voulu s’accaparer tré à son cabinet, le 26 octobretrer chez eux», indiquait déjà,des rapatriés volontaires ou de la maison de sa génitrice. 2021, ce éau se présentele 9 octobre 2013, Human celles émanant de personnes M. APPENA
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Dossier
Mercredi 19 janvier 2022
Interview/ Ana Sévérine (non voyante rapatriée volontaire du Liberia):
‘‘Faire grandir mon commerce, c’est ce que je suis en train de faire’’
Vous êtes non voyante. Pendant la crise post-élec-torale de 2010-2011, vous êtes partie de votre village pour vous réfugier au Liberia. Comment avez-vous fait? J’étais avec ma mère. C’était difcile de rester ici au village, du fait que tout le monde partaient au Liberia. Nous avons donc marché pendant trois jours pour at-teindre le premier village au Liberia. Nous avons continué et le quatrième jour, nous somme arrivées à Solobly. Et c’est là que nous avons élu domicile.
Sur la route, en brousse, n’aviez-vous pas de crainte ? Bien sûr qu’on avait peur. Mais il fallait partir, compte tenu de la situation dif-cile dans toute la région de l’ouest. Il fallait tout faire pour se mettre à l’abri. Souvent la nuit, nous étions obligées de marcher ! C’était une ques-tion de survie ! Pensez-vous qu’on avait le choix ? Non, il fallait partir à tout prix. il fal-lait fuir la mort .
Comment viviez-vous à Solobly ? Dans le camp de réfugiés où nous étions, le Hcr nous prenait en charge, avec des vivres et non vivres. Mais en ce qui me concerne, bien plus tard, cette institution humani-taire m’a inscrite dans une école pour apprendre à lire et à écrire. Les formateurs et apprenants étaient tous des non-voyants comme moi. J’ai fait sept ans au Liberia, dont deux années d’apprentis-sage dans cette école. Au départ, on était angois-sées. Mais petit à petit, l’ha-bitude s’est installée. Avec l’appui du Hcr, on se sentait mieux et plus en sécurité.Mais comme on le dit, on est mieux que chez soi. Le pays me manquait.
A quel moment avez-vous pris la décision de revenir au village ? Il est difcile d’oublier la terre qui t’a vu naître. On se de-mandait ce qui était arrivé à nos parents restés au pays. Un beau matin, je me suis décidée à prendre la route du retour C’est en 2018 que je me suis inscrite pour le ra-patriement volontaire En décembre 2018, nous sommes revenues au village.
Comment s’est déroulé ce retour ? Cette fois-ci, nous n’avons pas marché. Le Hcr a dépê-ché des camions pour nous convoyer jusqu’au village à Yoya.
Lorsque vous avez pris la décision de retourner au village, étiez-vous consciente de ce qui vous attendait là-bas? Avez-vous pensé à la vie que vous allez mener, une fois au village ? A vrai dire non ! Mais j’avais conscience que ce n’était pas un saut dans l’inconnu. Je savais que la paix était revenue au pays. Tout était donc possible. Étant jeune, je pouvais reprendre la vie normalement.
Aujourd’hui, en tant que personne vulnérable, vous avez bénéîcié d’aides înancières de structures humanitaires telles que le Hcr et la Caritas pour mieux vous réintégrer dans le tissu économique. Quel a été le processus pour l’inscription sur la liste des bénéîciaires? J’ai été identiée parles agents du Hcr qui sont venus ici pour me poser desques-tions. C’est un processus aubout duquel j’ai eu le statut de personne d’extrêmevul-nérabilité. Je voudraisdire qu’arrivées au village, nous n’avions rien du tout : ni mai-son, ni nourriture... On s’est donc repliées au campement où nous avons passé plus d’une année. Aujourd’hui, grâce aux structures huma-nitaires, nous bénécions d’un abri. C’est une maison de trois pièces construite spécialement pour moi, alors que mon village n’était pas sur la liste des localités bé-néciaires du programme d’abris du Hcr.
Hier, vous étiez au cam-pement, aujourd’hui vous tenez un petit commerce depuis deux années. Après avoir bénécié du statut d’extrême vulnérabili-té, les agents humanitaires
Gnahoua Alexis (Secrétaire d’un groupement d’élevage de poulets de chair à Zéaglo):
‘‘Nous produisons des poulets de chair de qualité»
Nous sommes revenus en 2016 du Liberia. Nous nous sommes regroupés pour monter une coopérative. Tout va bien aujourd’hui. Pour la vente de nos pou-lets, nous menons des stra-tégies pour faire évacuer ra-pidement nos produits. Nous allons en permanence vers les clients. Nous mettons un point d’honneur à produire des poulets de chair de qua-lité supérieure. En 2019, en ma qualité de délégué des
m’ont demandé ce que je pouvais faire pour subvenir à mes besoins. Après avoir consulté ma maman, en-semble, nous avons convenu de faire du commerce. Une somme de 250 000 FCfa a été décaissée pour débu-ter ce projet. Avec un agent humanitaire, nous nous sommes rendues au marché pour l’approvisionnement de départ : piment, aubergine, poisson sec, grenouille sé-chée, savon, huile... Depuis lors, chaque mercredi, un agent du Hcr vient faire le point et voir l’état d’avance-ment du projet.
Vous êtes non voyante. Comment arrivez-vous à faire ce commerce ? Je travaille en collaboration avec ma maman. C’est elle qui s’occupe des approvi-sionnements chaque jeudi, jour de marché. Moi, je suis en permanence devant la table sur laquelle sont ex-posés les produits. Nous sommes installées devant notre maison. Lorsqu’un client arrive, si maman n’est pas à côté, je l’appelle pour qu’elle vienne le servir rapi-dement. Le soir, lorsqu’on a ni, on fait les comptes et on marque tout dans un ca-
hier. Chaque mercredi, avec l’agent du Chr, on fait aussi le point.
Comment évolue le projet ? Votre petit commerce marche-t-il bien ? Oui, ça va ! Je suis pas à pas l’évolution de ce commerce. Compte tenu de mon état d’extrême vulnérabilité, ma-man m’aide énormément. Mais je veille au grain. Je suis très rigoureuse dans la ges-tion. Ayant bénécié d’une formation de base, je sais ce qui constitue mon fonds de commerce et mes bénéces. Je ne les confonds pas.
Que faites-vous des béné-îces ? Je réinjecte une partie dans le commerce pour l’agrandir. Récemment, j’ai utilisé une partie pour crépir en partie l’abri que nous a offert le Chr. Grace à ce commerce, ma petite famille et moi, nous avons retrouvé le sourire et la vie que nous menions avant de partir au Liberia.
Quels sont vos projets pour demain? Aller de l’avant, faire gran-dir mon commerce, c’est ce que je suis en train de faire actuellement. Mon objec-
Ils ont dit... rapatriés et compte tenu deJ’avoue honnêtement que ma réintégration réussie, nous gagnons beaucoup membre d’une délégation d’argent. En raison de 2500 ofcielle, je suis allé au Li-F le poulet, nous avons déjà beria pour partager mon ex-vendu six bandes (500 ou périence avec ceux qui hé- 600 volailles par bande). sitent à revenir. Je suis alléNous avons aisément mai-leurporter la bonne nouvelle trisé la production parce que d’ici. Et ils ont compris quenous suivons, à la lettre, l’homme n’est mieux queles conseils de nos forma-chez soi !teurs. Dans le processus de vente, nous avons une ap-Congo Amena Léaproche de proximité. Ce qui (Trésorière du groupementfait qu’on écoule facilement. d’élevage de poulets deC’est à Bloléquin que nous chair à Zéaglo) :avons une forte clientèle. ‘‘Nous gagnons beaucoupMais compte tenu de l’état d’argent...’’des routes, nous perdons beaucoup de poulets. Alors, on a décidé de les abattre sur place, on les conserve très bien, pour les acheminer dans cette localité.
Nous menons cette activité avec beaucoup de plaisir.
M. Agnini (Technicien en AGR à la Caritas) :
‘‘Cette équipe fait notre erté. Tout marche à mer-veille !’’ Le groupement avicole de Zeaglo compte quinze membres dont huit sont des rapatriés volontaires, contre sept issus de la commu-nauté des familles hôtes (familles n’ayant pas fait le déplacement hors du pays).
tif, c’est d’avoir demain une boutique pour vendre tout ce dont ont besoin les popu-lations du village, en ce qui concerne les produits de pre-mière nécessité. Quand on commence une chose, il faut avancer. J’ai aussi l’intention de repartir à l’école. J’y ai passé deux ans au Liberia. On a fait les mathématiques, le français, l’anglais... J’ai également appris le braille. Ici, en Côte d’Ivoire, si j’ai l’opportunité de poursuivre, je n’hésiterai pas.
Que pouvez vous dire au réfugiés encore sur le sol libérien? Moi j’ai choisi de revenir au pays, après sept passées au Liberia. Chaque personne choisit librement le chemin de sa vie. Mais je pense qu’il n’y a plus de raison de rester hors de la Côte d’Ivoire. La guerre est nie depuis long-temps. Il y a la paix. Tout est redevenu normal. Je suis re-venue, j’ai du travail, je suis en train de gagner ma vie. Tous ceux qui sont encore hors de la Côte d’Ivoire de-vraient songer à regagner dénitivement la mère patrie. RÉALISÉE PAR MARCEL APPENA
Ce projet qui s’inscrit dans la cadre de la cohésion sociale, prend en compte allogènes,
autochtones et allochtones. Au départ, on a fourni 500 poussins, de l’alimentation, des mangeoires, abreu-voirs... Aujourd’hui, nous sommes à la sixième bande. A la première bande, le Hcr et la Caritas ont fourni tout. A terme, après la vente, les membres ont réinjecté une partie de leurs gains pour s’approvisionner, ainsi de suite jusqu’à la sixième bande. Cette équipe fait notre erté, car depuis que le projet a commencé, tout marche à merveille ! PROPOS RECUEILLIS PARM. APPENA
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