Fraternité Matin n°17174 - du mercredi 23 mars 2022
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Fraternité Matin n°17174 - du mercredi 23 mars 2022 , magazine presse

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Date de parution 23 mars 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 21 Mo

Extrait

2
Nation
Mercredi 23 mars 2022
Frontières nord de la Côte d’Ivoire Tougbo, quand un village vit avec la hantise d’attaques
Tougbo, Téhini, Kafolo, forêt de la réserve de la Comoé. Notre équipe de reportage a sillonné une zone sous étroite surveillance de l’armée ivoirienne mais qui vit souvent la peur au ventre.
ougbo, c’est dans la région du Boukani, dé-partement de Tehini. Mais pour y aller, il faut douTgou. C’est-à-dire délais-passer par Ferkessé-ser la route de l’Est qui passe par Adzopé, Abengourou et Bondoukou. Au prot de l’au-toroute du nord. Il y a bien une route qui relie Tougbo à Tehini, son chef-lieu de département. Mais personne ne conseille de l’emprunter. Nous nous sommes entêtés et avons vécu bien de sen-sations (Voir notre reportage dans l’édition de demain). Tougbo, comme Kafolo, sonne attaque djihadiste. Ce village situé à la frontière avec le Burkina Faso a vécu un jour inoubliable dans la nuit du lundi 07 juin 2021. Ce jour-là, aux environs de Vie tranquille à Tougbo. Seulement, quand quelqu’un revient des champs et dit avoir vu des gens bizarres, on perd le sommeil.(PHOTOS : BLEDSON MATHIEU) 21 heures, la localité a été revient des champs et dittachés à sa sous-préfecture mateur.deux messages radio. attaquée par des individus cone Assane Traoré, trans-avoir vu des gens bizarres,ont plus de 5000 réfugiés Outre la forte présence deTougbo vit aussi au rythme armés. Le détachement porteur moto.« Chaque fois on perd le sommeil»sur leur sol.des attaques au Burkina voi- , cone « Ceux qui sontl’armée, le gouvernement des Forces armées de Côteque je prends des clients, je un habitant du village. sin. C’est sur ses sols quearrivés sont beaucoup plusivoirien multiplie les efforts d’Ivoire pré-déployées sur lesme dis, est-ce que je ne vais L’armée déjà en alerte dans se réfugient les populationsnombreux. Mais certains ontpour éviter que les villages à lieux a immédiatement réagi.pas tomber sur ces assas-cette zone intensie alors apeurées qui fuient les at-continué leur route. La plu-la frontière sombrent. L’ennemi a été très rapide-sins. Mais quand quelques les patrouilles. Aucune alerte taques djihadistes au Burki-part de ceux qui transitent ment repoussé. Cependant,pas après tu croises les mili-n’est ici prise à la légère. na Faso voisin.vont vers l’ouest de la Côte l’armée ivoirienne perdra untaires ivoiriens, tu es rassuréBLEDSON MATHIEU Même si la plupart conduisent Tougbo et des villages rat-d’Ivoire», témoigne un infor-soldat des suites de ses bles-», ajoute-t-il. à des fakes, les hommes du sures. Il n’empêche, à Tougbo général Doumbia Lassina Aujourd’hui, Tougbo n’a pas on passe parfois des nuits ne veulent jamais se laisser oublié ce triste jour. L’armée blanches. mais la population a encore nie due à la peur d’attaqueL’autre solution surprendre. «De toute façon, est constamment présente Ce genre de jours où l’insom-alerte ou pas, nous sommes là pour la sécurisation du sec-en mémoire le crépitement est assez fréquente. Généra-a lutte contre le djiha- L’amélioration des condi-devise - Union - Discipline, teur et c’est notre travail », des armes.«Il y a des jours oùlement à la suite de faussestions d’études dans lesdisme et l’extrémisme Travail- et connecteront nous dira un capitaine entreécoles primaires, les col-violent ne peut se faire ses ambitions avec la ré-on ne ferme pas l’œil»rumeurs., nous « Quand quelqu’un L exclusivement sur le lèges et lycées ainsi qu’aualité des besoins de notre seul axe militaire. Tous supérieur est croissantemarché du travail ». les experts le mentionnent. dans cette zone. L’école de la deuxième Le gouvernement ivoirien chance a déjà offert aux qui en est bien conscientIdem pour les conditionsjeunes des villages fron-initie des actions de déve-de vie des ménages.taliers des opportunités loppement dans les zones de formation. Le ministre les plus exposées. Autre volet pris en charge Touré Mamadou qui pilote Il y a d’abord l’action des par le deuxième Pro- le projet explique que les Conseils régionaux. Qui gramme social du gouver- jeunes placés en formation intensient les actes de dé- nement : l’insertion pro- pratique dans des ateliers veloppement. fessionnelle des jeunes, le recevront une enveloppe Dans le Tchologo et le Bou- service civique et la cou- mensuelle, le temps de leur kani, écoles et centres de verture sociale des popula- apprentissage et aussi un santé poussent dans les tions fragiles. appui pour leur installation. contrées même les plus re- Ce programme a été expli- Une opportunité d’insertion culées. qué ainsi que ses objectifs sociale et de réussite pour L’eau potable et l’électricité par le Premier ministre qui ces jeunes n’ayant pu pour-aussi sont accessibles aux a justement lancé à Tougbo suivre des cursus scolaires populations les plus expo- le Psgouv2. Parmi ces ob- complets. Et qui, par leur sées. jectifs qui tiennent à cœur errance et oisiveté dans Ensuite, il y a le Psgouv 2 à Patrick Achi, il y a notam- les villages, sont un terreau avec son programme spé- ment« celui de l’insertionfertile pour les djihadistes. cique conçu pour les vil-des jeunes, avec le renfor-La Côte d’Ivoire attaque le lages situés aux frontièrescement du service civiqueproblème à la racine. Elle nord. Appuyant notammentet de l’école de la secondes’y prend tôt. la lutte contre la fragilitéchance qui B. M. dans les zones frontalièresrapprocheront notre jeu-du Nord.nesse des valeurs de notre Daïshi (comme Arafat Dj) le kiosque branché de Tougbo.
Ces enfants ont la joie d’étudier grâce à l’Ong Ecole pour tous de M. Sékou Touré.
la Dren, de l’Iep et des pa-rents d’élèves. A notre passage, l’attrac-tion se portait sur le petit Ouattara Jonas. Il a obte-nu son entrée en sixième il y a deux ans. Malheu-reusement, il n’a pas eu le soutien familial nécessaire pour poursuivre ses études. Aujourd’hui, il a repris le chemin de l’école et repren-dra le concours d’entrée en sixième. «Ce projet aussi intéresse le Papse qui y consacre l’énergie et les moyens -nanciers. «Les classes passerelles font partie des chantiers du Papse, Projet d’Amélioration de la Presta-tion des Services Éducatifs», explique Annin Malgrace qui conduisait la délégation dudit projet à Lassologo. L’Ong de M. Sékou essaie de multiplier les classes passerelles dans tout le pays en fonction des moyens dont il dispose . «Ce besoin existe partout, sauf qu’on ne cherche pas à le combler». Ces gamins qui sortent tôt de l’école ont plus de chance d’errer dans le vil-lage, désœuvrés. Et donc de constituer une sorte de terreau pour l’extrémisme violent. Lui et son Ong mènent par ailleurs la lutte contre le ter-rorisme.
Mercredi 23 mars 2022
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tombés sur l’Epp Lassolo-go. Dans l’école de ce sympa-thique village, une classepasserelle est destinée à ces rejetés du système scolaire. «Il y a des enfants qui, pour diverses raisons, sortent de l’école. Et ce, en cours préparatoire ou cours moyen. Quand un gamin de CP ou CM arrête d’aller à l’école, il devient une charge pour la société
BLEDSON MATHIEU
Quand on aime l’école... n kilomètre à pied,taient pour s’encourager à ça use, ça use, unaffronter les rayons ardents kilomètre à pied,du soleil. Mais probablement U ça use les souliers.aussi pour exprimer la joie Deux kilomètres àd’aller à l’école. pied, ça use, ça use, deuxDes écoliers qui bravent kilomètres à pied, ça use lesles intempéries pour rallier souliers… »l’école située dans un vil-En sortant de Lassologo,lage autre que le leur, nous nous avons croisé des en-en avons rencontrés à l’en-fants qui chantaient gaie-trée de Bouna. Ceux-là, ils ment. Ils s’étaient rangés doivent en plus éviter les vé-pour nous laisser passer,hicules lancés à vive allure mais vu la quantité de pous-et les gros camions sur cette sière que notre véhiculaitvoie internationale qui mène soulevait, nous avons préfé-à Bouna et au Burkina Faso. ré stationner, le temps qu’ils Ces enfants qui vivent au vil-soient à l’abri des particules lage, affrontent des réalités de poussière.un peu plus compliquées, Ils ne portaient pas de sou- passeront les mêmes di-liers qui couraient le risque plômes que ceux des de s’user, mais la marche grandes villes fréquentant est leur quotidien. Pour aller des écoles avec salles cli-au village voisin qui abritematisées. Avec peut-être de leur école.meilleures notes. Sur la route, certains chan-B. MATHIEU Des kilomètres à pied pour se rendre à l’école sous un soleil ardent.
Nation
normal. Avec une mise à niveau accélérée». Son Organisation non gou-vernementale, ‘’École Pour Tous’’ a vu le jour en 2003, en pleine crise ivoirienne. « La crise politico-militaire de 2002 en Côte d’Ivoire a oc-casionné la fermeture des écoles en zones Centres-Nord-Ouest (Cno) et le dé-placement massif des po-pulations, des enseignants vers les zones sécurisées
Une classe spéciale pour l’école de la deuxième chance
(Sud). Face à cette situa-tion, les enfants desdites zones n’avaient plus accès à l’école et étaient exposés à toutes les formes de dan-gers dont l’enrôlement dans les groupes armés. En réponse à cette urgence, un groupe d’enseignants a créé cette Ongqui, » aujourd’hui, s’occupe des gosses sortis de l’école. Elle bénécie du soutien de
Annin Malgrace du Projet d’amélio-ration de la prestation des services éducatifs (Papse).
parce que c’est notre de-voir à tous de songer à son avenir». Sékou Touré qui explique les raisons de la création des classes passerelles dirige une Ong chargée de réinsérer dans le système scolaire les enfants qui en sont sortis trop tôt. «On les regroupe dans une classe et selon leur niveau initial, on essaie de leur permettre de réintégrer le système
ue fait-on des gosses qui, très tôt, sortent de l’école ? Trop mineurs pour tionQou profes technique -suivre une forma-sionnelle. Alors ? Pas trop de solutions pour ces ga-mins cireurs de chaussures ou vendeurs de papiers je-tables. Qui errent dans les villes et villages. Entre Ferkessédougou et Tougbo, nous sommes
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