Revue Défense Nationale N° 854 - Novembre 2022
140 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Revue Défense Nationale N° 854 - Novembre 2022 , magazine presse

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
140 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le savais-tu ? Tu peux t'abonner à ce journal en cliquant sur la petite cloche. Tu recevras alors une alerte par mail à chaque nouvelle parution !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Extrait

RDN Nouvelles questions militaires et stratégiques
« Envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir. »Hélie Denoix de SaintMarc
Revue Défense NationaleMensuel  Novembre 2022
desCri quOes fUait pRartIieR les militaires et leur famille en santé et en prévoyance PRÉVENTION  ACTION SOCIALE SOLUTIONS DU QUOTIDIEN Le nôtre est d’êt e là pourvous protéger SANTÉ  PRÉVOYANCE etproAtèugqeuloetuidripeon,uvUoniérodaaccchd.motaepagvneotre métier.
Document publicitaire. Crédit photo : ©Sandra Chenu Godefroy - Photographe d’action. Unéo, mutuelle soumise aux dispositions du livre II du Code de la mutualité, inscriteau répertoire SIRENE sous le numéro 503 380 081 et dont le siège social est situé 48 rue Barbès – 92544 Montrouge Cedex –
quBuiennepmlustuelle
Éditorial près 250 jours de batailles depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie de usaAge aveugle de la force brute. De nouvelles approches sont désormais nécessaires Vladimir Poutine, le retour de la guerre de haute intensité oblige à revoir l’ensemble de notre façon d’envisager les conflits de demain, entre hybridité et pour à la fois comprendre les bouleversements géopolitiques accélérés depuis le 24 février 2022 et adapter notre défense pour y faire face. Sans pour autant se limiter à ne prendre en compte que les enseignements tirés des combats à l’est de l’Ukraine, car ce serait une erreur stratégique que de ne se focaliser exclusivement sur ce théâtre. C’est ainsi que le dossier de ce mois propose plusieurs pistes de réflexion autour des évolutions nécessaires de notre écosystème de défense. Ainsi, la défense opé-rationnelle du territoire qui avait été mise en sourdine après la disparition de la menace soviétique redevient une exigence opérationnelle alors même que de nombreux « déserts militaires » ont de fait vu disparaître en métropole la présence de nos armées. Dans certains départements, seul le délégué militaire départemental avec sa petite équipe maintient un semblant d’armées. C’est d’ailleurs un des enjeux pour la Gendarmerie nationale – dont la militarité est vitale et essentielle – que d’assurer en même temps cette permanence militaire et le maintien de l’ordre public, alors même que celui-ci est de plus en plus contesté par des manifestants ou des groupes hostiles à l’État et à ses représentants. Autre leçon brutalement imposée par le 24 février, le passage à une « économie de guerre ». Avec les « dividendes de la paix », il est vrai que notre BITD avait dû s’adapter et s’inscrire dans des schémas économiques marqués par les flux et la dimi-nution des budgets. Au point de maintenir parfois le juste nécessaire pour conserver des savoir-faire précieux. Or, l’accroissement des menaces polymorphes oblige désor-mais à revoir à la hausse nos besoins, mais aussi de travailler différemment pour affer-mir notre souveraineté stratégique largement mise à mal ces dernières décennies. La crise sanitaire commencée en janvier 2020 avec la Covid-19 et maintenant la guerre en Ukraine ont révélé nos faiblesses et nos lacunes mettant à mal notre capacité à assurer notre indépendance, tant au niveau national qu’européen. Cela oblige à revoir le fonc-tionnement de la BITD pour être plus réactif, plus productif et donc plus efficace. Cette accélération dutempogéopolitique se fait dans une recomposition « mul-tipolaire » du monde comme l’ont démontré les « Conversations de Gouvieux » de juillet. Au tragique du monde, il faut désormais faire face et accepter simultanément la remise en cause des équilibres internationaux, mais aussi le besoin et l’exigence absolue de préparer notre défense à relever ces nouveaux défis, sous peine un jour de devoir revivre le tragique de l’histoire. Celle-ci revit ce mois-ci avec deux épisodes indispensables à être relus avec e acuité : le 80 anniversaire du sabordage de la Flotte à Toulon, où l’aveuglement ne e permit que de sauver l’honneur et le 60 anniversaire de la crise des missiles de Cuba, où le sang froid, associé à la fermeté permit d’éviter l’apocalypse.
Jérôme Pellistrandi –Rédacteur en chef
Sommaire Novembre 2022
Nouvelles questions militaires et stratégiques
7
13
18
24
33
39
44
Défense et territoire ANDRÉ YCHÉ Jusqu’à la fin de la guerre froide, la défense de la France a organisé le territoire. La loi du 16 mars 1882 a fondé durablement son fonctionnement avec sa dimension territoriale qui a été abandonnée, le contexte géopolitique éloignant la menace directe. Aujourd’hui, la question peut se reposer et oblige à repenser cette relation. L’enjeu de la préservation de la mobilité stratégique des forces armées SÉBASTIEN NOËL La mobilité stratégique de nos forces armées est une condition essentielle pour le succès opérationnel. Or, ces capacités ont été réduites, fragilisant la cohérence de nos actions. Au regard du 24 février 2022 avec la guerre en Ukraine, il convient de revoir à la hausse nos moyens, en particulier pour les vecteurs aériens. La donnée et la guerre : vers la guerre « donnée-centrée » ? MARION BUSSER – THIERRY KESSLER-RACHEL La donnée est l’élément central nécessaire au raisonnement puis à la décision. La donnée est donc indispen-sable pour le chef militaire. Acquisition, traitement et classement des données sont essentiels pour obtenir le succès. Dès lors, la guerre « donnée-centrée » est aujourd’hui une réalité inévitable. À propos de la « Nouvelle politique de rémunération des militaires » JACQUES ABEN La rémunération des militaires est une des conditions clé de leur fidélisation et de leur attachement à servir. D’où l’enjeu que représente la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM) qui doit contri-buer à consolider le modèle d’armée professionnelle. Il reste à vérifier l’efficacité de cette nouvelle NPRM. Industries et marché de l’armement contre le changement climatique NOËLLE LENOIR Le changement climatique oblige les États à réagir, mais cela n’est pas antinomique avec la défense de nos intérêts et la consolidation de nos industries d’armement. Il importe que l’UE prenne conscience de ce double enjeu et arrête de faire preuve d’une naïveté confondante par rapport à sa propre sécurité. Vous avez bien dit « économie de guerre » ? PATRICK BOURREAU Économie de guerre, économie dirigée, une approche économique différente de l’économie globalisée libé-rale et mondialisée que nous connaissons. Passer à une économie de guerre nécessite de profondes et rapides mutations sous le contrôle étroit de l’État, afin de répondre à des besoins opérationnels conséquents. 2021 dans les Outre-mer : un défi sécuritaire pour la Gendarmerie LOÏC LEROY L’année 2021 a vu un embrasement dans plusieurs territoires dans les Outre-mer, obligeant à un déploie-ment conséquent de la Gendarmerie quasi simultanément en Nouvelle-Calédonie et dans les Antilles. Avec l’appui sans faille des forces armées, les gendarmes ont su ramener la sécurité et l’ordre public.
Gouvieux 2022
53
59
Relever le défi des crises intérieures OLIVIER KIM Les crises intérieures sont une réalité et sont de plus en plus polymorphes. La Gendarmerie, de par sa mili-tarité, se révèle être un acteur essentiel pour relever ces défis sécuritaires. Les évolutions en cours permettront aux gendarmes d’active et de réserve de répondre avec efficacité aux risques d’un environnement conflictuel. L’affermissement de l’inter-indépendance stratégique OLIVIER PETROS – LOÏC TRIBOT LA SPIÈRE La guerre en Ukraine oblige à tirer de nombreux enseignements dont la recomposition « multipolaire » du monde. Il faut également souligner l’usage désinhibé de la force, avec toutes les conséquences pour notre propre défense, prenant en compte nos limites et nos dépendances.
Repères - Opinions
65
70
78
83
Quelles implications doctrinales d’un conflit de « haute intensité » en Europe ? ANDRÉ YCHÉ Après des décennies dédiées aux Opex, les armées françaises pourraient se retrouver face à un conflit de haute intensité en Europe, conséquence possible de la guerre en Ukraine. Il importe donc de réfléchir aux implications d’une telle mutation de la conflictualité et d’en tirer les enseignements notamment doctrinaux. L’Acte final d’Helsinki : un accord historique, vestige d’une époque révolue GUY VINET En 1975, l’Acte final d’Helsinki marquait une étape décisive dans le processus de dialogue entre le bloc occi-dental et le pacte de Varsovie dirigé par l’URSS. Or, aujourd’hui, tous les principes posés alors semblent remis en cause, d’autant plus qu’une nouvelle puissance, la Chine, se veut être reconnue. L’esprit et la bravoure : armes de résistance et de reconstruction massive MICHEL KLEN L’humour et la bravoure sont souvent très utiles en temps de guerre. Ils permettent une certaine distancia-tion avec le tragique des événements et servent de « respiration » face à l’absurde. Le conflit en Ukraine voit les Ukrainiens faire preuve d’une très grande résilience grâce, notamment, à un sens aigu de l’humour. (2/2) De la Vision stratégique au plan STAR de l’armée belge ANDRÉ DUMOULIN Face aux évolutions stratégiques accélérées par la guerre en Ukraine, la défense belge envisage un effort bud-gétaire pour ses capacités qui avaient connu de fortes réductions depuis des décennies. Le plan STAR (sécurité/ service, technologie, ambition, résilience) permettra de redonner à la Belgique un nouveau rôle à ses armées.
Approches régionales
89
Les ambivalences de la doctrine nucléaire nord-coréenne NICOLAS TÉNÈZE La doctrine nucléaire nord-coréenne reste complexe à décrypter tant la transparence n’est pas une vertu pre-mière du régime de Kim. Cependant, certains éléments permettent de comprendre les ambivalences de la dissuasion voulue par Pyongyang, avec beaucoup de gesticulations et de déclarations comminatoires.
97
Toulon, 27 novembre 1942. Le sabordage de la Flotte TRISTAN LECOQ Le sabordage, le 27 novembre 1942, de la quasi-totalité de la Flotte à Toulon constitue une défaite morale au nom d’une conception de l’honneur touchant à l’aveuglement. La fidélité absolue au Maréchal Pétain priva la France combattante d’un outil parti en fumée. Cuba 1962, crise nucléaire PHILIPPE WODKA-GALLIEN Il y a juste 60 ans, la crise de Cuba posait la question de l’emploi de l’arme nucléaire et de la dissuasion. Le sang froid de J. F. Kennedy permit d’éviter l’escalade sans pour autant humilier l’URSS. À l’heure de la guerre en Ukraine, réétudier cet épisode de tension reste indispensable pour comprendre la grammaire nucléaire. De la rue Saint-Guillaume à l’Algérie déchirée ÉLISABETH DUFOURCQ 1961-1962 : l’Algérie choisit l’indépendance, après des années de guerre et de violence. Pourtant, les nouveaux élèves de l’ENA y sont affectés, souvent après y avoir servi sous l’uniforme. Et surtout avec l’ambition d’y agir pour le bien collectif, voyant alors leurs illusions s’envoler face aux déchirures entre Européens et Algériens.
Approches historiques
e Histoire militaire- La question polonaise: du XVIIIsiècle à nos jours CLAUDE FRANC e La question polonaise a traversé les siècles depuis le XVI siècle avec la difficile constitution d’un État viable et indépendant. Son existence fut souvent contestée par ses puissants voisins, la Russie et ce qui allait devenir l’Allemagne. Il fallut attendre la chute du Mur (1989) pour que Varsovie puisse enfin exercer sa souveraineté.
121
113
107
Chronique
Régis Debray:D’un Siècle l’autre(Thibault Lavernhe) Général André Beaufre:Le Drame de 1940(Claude Franc) Raymonde Litalien:La Louisiane, une affaire d’État – 1684-1687(Jean Esmein)
125
Recensions
Programme de laRDNen ligne, p. 136
Nouvelles questions militaires et stratégiques
« Envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir. » Hélie Denoix de SaintMarc
RDN
Revue Défense Nationale Novembre 2022
Défense et territoire
André Yché
Président du conseil de surveillance chez CDC Habitat. a France d’Ancien Régime fut modelée, en partie, par les armées : la éteLsiècle et incluant la Recouvrance et le plateau des Capucins, sur landu au XIX construction des ports militaires et des arsenaux, depuis Brest, point d’appui de la flotte romaine de la Manche et de la mer du Nord, progressivement e rive de la Penfeld, jusqu’à Toulon, l’arsenal du Mourillon et la base de Saint-Mandrier, en passant par Cherbourg et Rochefort, tous ces chantiers firent que la physionomie des littoraux océanique et méditerranéen est marquée par l’empreinte de nos armées, de terre et de mer. Ainsi en va-t-il de nos provinces frontières, Metz en tout premier lieu, éri-gée en symbole depuis le siège de 1552, ordonné par Charles Quint et forteresse défendue victorieusement par François de Guise ; mais aussi Lille, Dunkerque, Besançon conservent le témoignage du « pré carré » de Vauban. La Révolution et l’Empire portent la guerre en Europe, au-delà des « fron-tières naturelles » et, en dehors du fonctionnement de la conscription, la question de la relation de l’armée au territoire ne se pose plus vraiment jusqu’à la fin du Second Empire, dans une Europe apparemment pacifiée depuis le Congrès de Vienne. C’est alors que d’une catastrophe, comme c’est trop souvent le cas dans notre pays, vont éclore les conditions du redressement national. Les causes de la défaite,a prioride 1870, sont diverses : inconcevable, l’impréparation de la nation et de l’armée, trop assurée de sa supériorité après l’intervention en Crimée, en dépit du revers mexicain, certitude renforcée par la parité acquise avec l’Angleterre en matière navale, alors que cette quasi-égalité devenait inutile dans la perspective de l’« Entente cordiale ». En termes d’équipement et d’armement, l’excellent « Chassepot » avait été choisi par Napoléon III, mais fut distribué en trop petit nombre dans les unités. L’artillerie, atout majeur de la France depuis la bataille de Castillon et celle de Marignan, était partiellement obsolète et surclassée ; enfin, le système de mobilisa-tion s’avéra totalement inefficace et largement dépassé par le rythme imposé par l’ennemi prussien. Quant au fond, en dehors de la question essentielle de l’esprit national, inculqué outre-Rhin par l’université et l’école, les failles de la défense nationale revêtaient un double aspect : la continuité du commandement entre le temps de
Revue Défense Nationale n° 854 - Novembre 2022
7
NOUVELLES QUESTIONS MILITAIRES ET STRATÉGIQUES
8
paix et le temps de guerre n’était pas assurée ; la cohérence d’ensemble de l’armée, segmentée en corps d’armées, et coupée des services de soutien devenus indispen-sables : intendance, génie, santé, logistique des approvisionnements en munitions et en matériels, était devenue illusoire.
Le traitement de ces failles béantes, à côté de la loi Niel remaniée pour ins-tituer un service militaire universel, contre une partie de l’opinion et de la classe politique, vint avec la loi du 16 mars 1882, sur l’administration de l’armée, qui renforçait fondamentalement et durablement l’organisation de la défense.
En effet, c’est le cadre territorial, celui de la région militaire, qui va garantir aux armées la cohérence de l’organisation et la continuité du commandement qui leur faisaient défaut. D’abord, le général commandant la région militaire a désormais pleine autorité sur les troupes qui y sont stationnées, non seulement pour leur mise en condition et leur entraînement en temps de paix, mais aussi pour les opérations en temps de guerre ; en termes militaires, on dit qu’il exerce un double commande-ment : organique (sur les formations) et opérationnel (sur leur emploi). Par délé-gation du ministre, il exerce également son autorité sur les services associés : inten-dance, santé, cantonnement, matériel… Enfin, il est responsable de la mobilisation dans le cadre régional pour assurer la montée en puissance du corps d’armées qu’il commande, constitué des divisions formées au niveau départemental. Pour planifier et diriger la manœuvre d’ensemble, un état-major général est constitué, surmontant ainsi les réticences politiques à l’encontre d’une autorité militaire centralisée. C’est ce système qui supportera le choc de 1914 et assumera quatre années de guerre de tranchées. Seule lacune, de taille, dénoncée par le commandant, puis colonel de Gaulle : l’absence d’une réserve stratégique mobile dotée d’une puissance de feu adéquate, telle que des divisions blindées auraient pu la porter. Mais en 1880, il n’était question ni de chars d’assaut qui ne firent leur apparition qu’en 1917, ni d’aviation de guerre qui ne se développa qu’à partir de 1915. Ce modèle rigoureusement cartésien se doublait d’une spécialisation des territoires, puisque l’essentiel des formations de combat se trouvait déployé dans les trois régions du Nord-Est, de taille limitée et concentrant les effectifs, alors que les autres territoires accueillaient un réseau national d’entrepôts, d’établissements de soutien et, surtout, d’industries d’armement, en dehors des axes d’invasion les plus exposés. C’est ainsi que naquit une tradition industrielle dans des villes qui s’en trouvaient dépourvues et qui la conservent aujourd’hui, au moins partielle-ment : Bourges, Roanne, Tarbes, Salbris, Angoulême, Châteaudun, Ambérieu, Cusset, Bergerac, réseau que viendra compléter la filière aéronautique : Nantes, Figeac, la région toulousaine, la vallée de l’Adour… Sans oublier les grandes implan-tations d’Île-de-France, Satory, bien sûr, Brétigny et Montlhéry, mais aussi le grand
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents