La Vie N° 4043 - du 23 février 2023

LA VIE

Description

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Informations

• Publié par: La Vie
• Date de parution: 22 février 2023
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 22 Mo

Extrait

l’Hebdomadaire chrétien d’actualité


N o 4043 du 23 février au 1 er mars 2023



Slava ukraini


Ici se dessine l’avenir de l’Europe


sErie de CAREME
les pEres du dEsert avec jean-guilhem xerri



FIN DE VIE
toujours plus de pression sur la loi








Karine Tuil et Erri de Luca
Dialogue entre deux passionnés du Verbe












n o 4043 DU 23 février AU 1 er mars 2023


sommaire


18
La guerre en Ukraine, tournant du XXI e siècle
Le conflit a bouleversé les pays belligérants et les relations internationales. L’Europe y joue son âme, comme le rappelle le philosophe Constantin Sigov.


14
Y aura-t-il encore du lait français dans 10 ans ?
Le déclin de la collecte tricolore inquiète, d’autant plus qu’un éleveur sur deux prendra sa retraite d’ici à 2030. Un sujet au cœur du Salon international de l’agriculture qui ouvre le 25 février, à Paris.




Le choix de la vie


35 1/6 Gauthier Lartizien Animer la prière
Pendant le carême, découvrons des personnes qui œuvrent à faire de nos célébrations des moments de joie et de prière. Cette semaine, un médecin qui chante et joue de la guitare dans sa paroisse lilloise.


CAHIER
plus loin que l’actualité
80 ENCORE UN MOT
par Pascal Paillardet
80 courrier
80 LES AMIS DE LA VIE
81 L a chronique
par Gaël Brustier
82 LE BLOC-NOTES
par Jean-Claude Guillebaud
9 Bon d’abonnement
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SOCIéTÉ
Nouvelle étape entre l’islam de France et l’Élysée : « Il y a des montagnes à bouger »
GÉOPOLITIQUE
« En Syrie, le tremblement de terre est une nouvelle couche de désastre sur un désastre »
ÉGLISE
• Affaire Rupnik : 15 nouvelles victimes, 30 ans d’abus et une procédure interminable
• Le Portugal montre la voie à l’Italie et à l’Espagne sur les révélations d’abus
• « Les tensions entre les Églises orthodoxes en Ukraine sont toujours fortes et la confusion n’a fait que s’accroître »
HISTOIRE
Hans et Sophie Scholl, figures de la Résistance et martyrs du nazisme
PSYCHO
Peut-on « vendre » de l’écoute ?


5 ÉDITORIAL
par Aymeric Christensen
CAHIER
espérance
7 UN MONDE MEILLEUR Les jeunes Birmans reprennent en main leur éducation
10 croire
Au café du curé, le comptoir, c’est mieux que le confessionnal !
12 agir
La remontada des migrants
magazine
14 LE REPORTAGE
Y aura-t-il encore du lait français dans 10 ans ?
18 LE CHOIX DE LA VIE
La guerre en Ukraine, tournant du XXI e siècle
32 bioéthique
Au Cese, un pas de plus vers l’euthanasie et le suicide assisté
52 CULTURE
Karine Tuil et Erri de Luca, un duo contemporain autour du Texte ancien
guide
week end
57 DÉAMBULATION
Louise et Florian cultivent l’amour du maraîchage
60 MUSIQUE
Gabi Hartmann, étoile montante du jazz
61 SPECTACLES/EXPOS
62 Livres
63 cinéma
télé radio etc.

64 Notre sélection de la semaine
78 JEUX



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Le reportage


Les essentiels


la vie / 23 février 2023 3



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photo de couverture : Beata Zawrzel/Anadolu Agency via AFP


Spécial carême






la vie / 23 février 2023 5


bruno levy pour la vie



par Aymeric Christensen


éditorial


Le courage des engagés volontaires mérite plus que notre respect : parce que notre destin est commun, il exige notre solidarité.


Avec l’Ukraine, choisir la liberté


répit. Et laisser planer un danger permanent sur l’Europe, une ombre funeste sur la Mol- davie, la Pologne, la Finlande, la Suède… Sans compter le signal qui serait envoyé à toutes les nations-ogres du monde, à commencer par la Chine, qui n’attend que cela pour fondre sur Taïwan. Oui, il faut une paix négociée, mais, au préalable, il est indispensable que Poutine perde et que la Russie se retire.
Alors, « Slava Ukraini », « Gloire à l’Ukraine » ; que vive l’Ukraine ! Si des années de paix nous ont conduits à envisager la guerre essentiel- lement comme un jeu de puissances, une violence qui s’imposerait d’en haut pour des motifs cyniques, la résistance de ce peuple vient rappeler que la force de la base peut également précéder celle de ses dirigeants, pour préserver sa liberté, sa fierté, sa dignité. N’oublions pas que, face aux milices merce- naires du groupe Wagner et aux bataillons de mobilisés russes, ce sont des femmes et des hommes, pour la plupart engagés volontaires, qui se défendent aujourd’hui. Ce courage-là mérite plus que notre respect : parce que notre destin est commun, il exige notre solidarité.
Le 27 janvier 2023, le philosophe ukrainien Constantin Sigov nous faisait l’honneur et l’amitié de venir rencontrer les lectrices et les lecteurs de La Vie. Au moment de repartir, il me confiait : « Le choix face auquel nous sommes n’est pas entre la guerre et la paix, mais entre la tyrannie et la liberté. » Malgré la gravité de la situation, sachons recevoir là un authentique témoignage d’espérance – pour peu que l’on n’entende pas l’espérance comme un simple optimisme, mais la capacité à dis- tinguer, au cœur des ténèbres, les premières lueurs de l’aube. Cette espérance se manifeste avec force dans la résistance héroïque de tout un peuple, aux avant-postes de ce qui est, sans doute, une bataille pour l’âme de l’Europe. ’ [e-mail]


L a guerre, encore. Un an après le début de l’agression inique de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, l’illusion de l’ « opération spéciale » a laissé place à l’évidence d’un conflit qui, déjà, redé- finit les enjeux du siècle. Face à un tel déchaî- nement de fureur impérialiste, l’année écou- lée est aussi l’histoire d’un lent réveil occidental, passant de la sidération à l’hébé- tude, puis à la timide mise en œuvre d’une inéluctable solidarité. Comment, en effet, rester neutre quand Moscou ne cache même pas que ce sont nos démocraties qu’elle entend combattre ? Comment ne pas être du côté de l’opprimé, quand les pluies de missiles et les crimes de guerre frappent toujours le même côté de la frontière ?
Pourtant, par peur (légitime) d’un embra- sement nucléaire, ou par antiatlantisme – qui n’est bien souvent qu’un alignement sur le Kremlin qui s’ignore… ou feint de s’ignorer –, bien des voix continuent d’en appeler l’Ukraine à être « raisonnable » et à négocier la paix. Une paix qui aurait surtout des allures de capitulation. Et qui oublierait un peu vite que cette guerre n’a en réalité pas commencé en 2022, mais en 2014, avec l’annexion de la Cri- mée et l’offensive dans le Donbass. Le temps de la diplomatie et des compromis(sions) pour tenter d’empêcher l’escalade a déjà eu lieu ; et le recul montre qu’il n’a fait qu’attiser les appétits impérialistes de Vladimir Poutine, galvanisé par l’impunité dont il a pu bénéficier.
Voilà pourquoi Emmanuel Macron a cent fois raison quand il déclare que « la Russie ne peut pas, ne doit pas l’emporter ». C’est une impossibilité tant stratégique que morale. Qui peut encore croire aujourd’hui que satis- faire les exigences d’un autocrate se compor- tant comme un vulgaire caïd mettrait un terme à sa violence ? Ce serait au contraire payer le prix fort pour, tout au plus, un fragile






Les jeunes Birmans reprennent en main leur éducation


Enregistrement d’un cours pour la plateforme en ligne de la Burma Academy, à Mae Sot, Thaïlande, le 20 janvier 2023.


Depuis plus de deux ans, écoles et universités sont fermées en Birmanie. En réaction, des jeunes réfugiés en Thaïlande ont créé la Burma Academy, qui met en ligne formations et cours gratuits.


C ’est une petite maison que rien ne distingue, dans un quartier résidentiel tranquille de Mae Sot, en Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie. Dans la chaleur moite de l’après- midi, les ruelles sont vides et il n’y a pas un bruit. S’y joue pourtant un acte essentiel de la révolution qui a cours au Myanmar (nom officiel de la Birmanie). « Bien- venue à la Burma Academy, lance Myat en souriant, c’est ici que la magie opère. » Le jeune homme de 24 ans, fine moustache et cheveux longs, est, avec une petite


dizaine de personnes, à l’origine de cette école d’un nouveau genre qui, depuis un appartement anonyme, offre aux étudiants birmans la possibilité de suivre des cours gratuitement.
« Cela va bientôt faire trois ans que les jeunes n’ont pas été à l’école ou à l’université , explique Kyaw Linn, 24 ans également, ex-étudiant de l’université Yadanabon, à Mandalay, dans le centre de la Birmanie, et président de la Burma Academy. Avec le Covid d’abord, puis le coup d’État l’année suivante, les écoles


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