La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 110 |
EAN13 | 9782824709611 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
A COMBI EN L’AMOU R
REV I EN T A UX
V I EI LLARDS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
A COMBI EN L’AMOU R
REV I EN T A UX
V I EI LLARDS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0961-1
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.A COMBI EN L’AMOU R
REV I EN T A UX V I EI LLARDS
, Nucing en allait mar chander la liv raison de
celle qu’il aimait, pr esque tous les jour s, dans l’ entr esol de la r ueD Neuv e-Saint-Mar c. Là trônait Asie entr e les plus b elles p ar ur es
ar rivé es à cee phase hor rible où les r ob es ne sont plus des r ob es et ne
sont p as encor e des haillons. Le cadr e était en har monie av e c la figur e que
cee femme se comp osait, car ces b outiques sont une des plus sinistr es
p articularités de Paris. On y v oit des défr o ques que la Mort y a jeté es
de sa main dé char né e , et l’ on entend alor s le râle d’une phthisie sous un
châle , comme on y de vine l’ag onie de la misèr e sous une r ob e lamé e d’ or .
Les atr o ces débats entr e le Lux e et la Faim sont é crits là sur de légèr es
dentelles. On y r etr ouv e la phy sionomie d’une Reine sous un turban à
plumes dont la p ose rapp elle et rétablit pr esque la figur e absente . C’ est le
hideux dans le joli ! Le fouet de Juv enal, agité p ar les mains officielles du
commissair e-priseur , ép ar pille les manchons p elés, les four r ur es flétries
des Messalines aux ab ois. C’ est un fumier de fleur s où çà et là , brillent des
r oses coup é es d’hier , p orté es un jour , et sur le quel est toujour s accr oupie
une vieille , la cousine-g er maine de l’usur e , l’O ccasion chauv e , é denté e , et
1A combien l’amour r e vient aux vieillards Chapitr e
prête à v endr e le contenu, tant elle a l’habitude d’acheter le contenant, la
r ob e sans la f emme ou la femme sans la r ob e ! Asie était là , comme
l’arg ousin dans le Bagne , comme un vautour au b e c r ougi sur des cadav r es,
au sein de son élément ; plus affr euse que ces sauvag es hor r eur s qui font
frémir les p assants étonnés quelquefois de r encontr er un de leur s plus
jeunes et frais souv enir s p endus dans le sale vitrag e der rièr e le quel
grimace une v raie Saint-Estè v e r etiré e .
D’ir ritations en ir ritations et de dix mille en dix mille francs, le
banquier était ar rivé à offrir soix ante mille francs à madame de Saint-Estè v e ,
qui lui rép ondit p ar un r efus grimacé à désesp ér er un macaque . Après
une nuit agité e , après av oir r e connu combien Esther p ortait de désordr e
dans ses idé es, après av oir ré alisé des g ains inaendus à la Bour se , il vint
enfin un matin av e c l’intention de lâcher les cent mille francs demandés
p ar Asie , mais il v oulait lui soutir er une foule de r enseignements.
― T u te dé cides donc, mon gr os far ceur ? lui dit Asie en lui tap ant sur
l’ép aule .
La familiarité la plus déshonorante est le pr emier impôt que ces sortes
de femmes prélè v ent sur les p assions effréné es ou sur les misèr es qui se
confient à elles ; elles ne s’élè v ent jamais à la hauteur du client, elles le
font asse oir côte à côte auprès d’ elles sur leur tas de b oue . Asie , comme
on le v oit, obéissait admirablement à son maîtr e .
― Il le vaud pien , dit Nucing en.
― Et tu n’ es p as v olé , rép ondit Asie . On a v endu des femmes plus
cher que tu ne p ay eras celle-là , r elativ ement. I l y a femme et femme !
D e Mar say a donné de Coralie soix ante mille francs. Celle que tu v eux a
coûté cent mille francs de pr emièr e main ; mais p our toi, v ois-tu, vieux
cor r ompu, c’ est une affair e de conv enance .
― Mèz ù ed-elle ?
― Ah ! tu la v erras. Je suis comme toi : donnant, donnant !. . . Ah !
çà , mon cher , ta passion a fait des folies. Ces jeunes filles, ça n’ est p as
raisonnable . La princesse est en ce moment ce que nous app elons une
b elle de nuit. . .
― Eine pelle.. .
― Allons, vas-tu fair e le jobard ? . . . Elle a Louchard à ses tr ousses. Je
lui ai prêté , moi, cinquante mille francs. . .
2A combien l’amour r e vient aux vieillards Chapitr e
― Finte-sinte ! tis tonc , s’é cria le banquier .
― Parbleu, vingt-cinq p our cinquante , ça va sans dir e , rép ondit Asie .
Cee femme-là , faut lui r endr e justice , c’ est la pr obité même ! Elle
n’avait plus que sa p er sonne , elle m’a dit : Ma p etite madame Saint-Estè v e ,
je suis p our suivie , il n’y a que v ous qui puissiez m’ oblig er , donnez-moi
vingt mille francs, et je v ous les hy p othè que sur mon cœur . . . Oh ! elle a
un joli cœur . . . Il n’y a que moi qui sache où elle est. Une indiscrétion me
coûterait mes vingt mille francs. . . A up aravant, elle demeurait r ue T
aitb out. A vant de s’ en aller de là . . . ( ― son mobilier était saisi. . . ― rapp ort
aux frais. ― Ces gueux d’huissier s !. . . ― V ous sav ez, v ous qui êtes un fort
de la Bour se !) ― Eh ! bien, p as bête , elle a loué p our deux mois son
app artement à une Anglaise , une femme sup erb e qu’avait ce p etit chose . . .
Rub empré , p our amant, et il en était si jaloux qu’il la faisait pr omener la
nuit. . . Mais, comme on va v endr e le mobilier , l’ Anglaise a déguer pi,
d’autant plus qu’ elle était tr op chèr e p our un p etit criquet comme Lucien. . .
― Vus vaides la panque dit Nucing en.
― En natur e , dit Asie . Je prête aux jolies femmes ; et ça r end, car on
escompte deux valeur s à la fois.
Asie s’amusait à charger le rôle des r e v endeuses à la toilee qui sont
bien âpr es, mais plus p atelines, plus douces que la Malaise , et qui
justifient leur commer ce p ar des raisons pleines de b e aux motifs. Asie se
p osa comme ayant p erdu ses illusions, cinq amants, ses enfants, et se
laissant voler ! Elle montra de temps en temps des r e connaissances du
Montde-Piété , p our pr ouv er combien son commer ce comp ortait de mauvaises
chances. Elle se donna p our gêné e , endeé e . Enfin, elle fut si naïv ement
hideuse que le bar on finit p ar cr oir e au p er sonnag e qu’ elle r eprésentait.
― Eh ! pien, si che lâge les sante mille, ù la ferrai-che ? dit-il en faisant
le g este d’un homme dé cidé à tous les sacrifices.
― Mon gr os pèr e , tu viendras ce soir , av e c ta v oitur e , p ar e x emple , en
face le Gy mnase . C’ est le chemin, dit Asie . T u t’ar rêteras au coin de la r ue
Sainte-Barb e . Je serai là en v e dee , nous ir ons tr ouv er mon hy p othè que
à che v eux noir s. . . Oh ! elle a de b e aux che v eux, mon hy p othè que ! En
ôtant son p eigne , Esther se tr ouv e à couv ert comme sous un p avillon.
Mais si tu te connais aux chiffr es, tu m’as l’air assez jobard sur le r este , je
te conseille de bien cacher la p etite , car on te la four r e à Sainte-Pélagie ,
3A combien l’amour r e vient aux vieillards Chapitr e
et viv ement, le lendemain, si on la tr ouv e . . . et. . . On la cher che .
― Ne bourraid-on boind rageder les pilets ? dit l’incor rigible
Loupcer vier .
― L’huissier les a. . . mais il n’y a p as mè