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Intro À NOS LECTEURS Les Inrockuptibles18.10.2017 6 DEPUIS UNE SEMAINE, LA COUVERTURE QUE NOUS AVONS CONSACRÉEà Bertrand Cantat suscite une vive polémique. Certains de nos lecteurs, des personnalités, des citoyens, des artistes ont exprimé publiquement, parfois de façon très virulente, leur désaccord face à ce parti pris éditorial qui a été celui de notre hebdomadaire. Nous avons également reçu, à titre personnel, des messages qui signifiaient leur désaccord, leur mécontentement, voire leur profonde déception. Ces messages nous ont touchés, parfois bouleversés. Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé auxInrockuptiblesle besoin de nous rassembler, de parler, de débattre. Ensemble, en réunion générale et en plus petits comités, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés. Un journal est un bloc, mais c’est aussi un groupe d’individus qui, naturellement, ne sont pas tout le temps d’accord sur tout, et notamment sur cette couverture. De ces discussions nécessaires, qui furent animées et constructives, nous avons conclu plusieurs choses. D’abord que nous avions, et ce n’était pas là notre intention, ravivé une soufrance. L’ampleur et la gravité de l’afaire Harvey Weinstein, qui a explosé parallèlement à la sortie du magazine, est venue rappeler à quel point il existait, plus que jamais, un système d’oppression masculine dont la société ne veut plus.

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Publié le 17 octobre 2017
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Langue Français

Extrait

Intro
À NOS LECTEURS
Les Inrockuptibles18.10.2017
6
DEPUIS UNE SEMAINE, LA COUVERTURE QUE NOUS AVONS CONSACRÉEà Bertrand Cantat suscite une vive polémique. Certains de nos lecteurs, des personnalités, des citoyens, des artistes ont exprimé publiquement, parois de açon très virulente, leur désaccord ace à ce parti pris éditorial qui a été celui de notre hebdomadaire. Nous avons également reçu, à titre personnel, des messages qui signifiaient leur désaccord, leur mécontentement, voire leur proonde déception. Ces messages nous ont touchés, parois bouleversés. Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé auxInrockuptiblesle besoin de nous rassembler, de parler, de débattre. Ensemble, en réunion générale et en plus petits comités, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés. Un journal est un bloc, mais c’est aussi un groupe d’individus qui, naturellement, ne sont pas tout le temps d’accord sur tout, et notamment sur cette couverture. De ces discussions nécessaires, qui urent animées et constructives, nous avons conclu plusieurs choses. D’abord que nous avions, et ce n’était pas là notre intention, ravivé une soufrance. L’ampleur et la gravité de l’afaire Harvey Weinstein, qui a explosé parallèlement à la sortie du magazine, est venue rappeler à quel point il existait, plus que jamais, un système d’oppression masculine dont la société ne veut plus. Ce constat, Les Inrockuptiblesl’ont ait depuis de nombreuses années, et ce journal s’est toujours battu contre les violences envers les emmes, contre le sexisme et pour l’égalité entre les sexes. Ceci est une évidence. Certains nous demanderont alors comment il est concevable, sans aire preuve de schizophrénie, de consacrer une couverture
IntroA nos lecteurs
à Bertrand Cantat ? La réponse est complexe. Pour certains, elle est même inaudible. AuxInrockuptibles, nous aisons du journalisme. C’est notre métier, notre passion. Et le journalisme exige, parois, d’aller questionner les zones d’ombre, d’aller au-delà des rontières et des évidences, quelles qu’elles soient. Le journalisme, ce n’est pas simplement une posture morale qui consiste à lever ou à baisser le pouce. L’histoire de Bertrand Cantat ait partie de celle des Inrockuptibles, depuis les années 1980. Noir Désir a été l’un des groupes qui ont construit l’identité de ce journal, à tel point que nous lui avions confié, en 1997, les rênes d’un numéro dont il était rédacteur en che invité. Et c’est pour cela que nous nous sommes sentis légitimes, en 2013 déjà, à redonner la parole à Bertrand Cantat pour la toute première ois. A l’époque, cette interview fit déjà polémique. Des questions qui se posent naturellement aujourd’hui urent déjà soulevées. Cantat avait-t-il le droit, après avoir tué Marie Trintignant de ses poings, à une vie publique ? Comment dissocier l’homme de l’artiste, et aut-il le aire ? En tant que journalistes, nous sommes là pour poser ces questions. Et la question que soulevait notre article consacré à Bertrand Cantat est : pourquoi et comment aire de la musique quand on a tué une emme ? Une question bien trop vertigineuse pour appeler une seule et même réponse. Une question qui, pour certains, ne mérite même pas d’être posée, qui pour d’autres suscite encore des interrogations. Le débat qui suit d’ailleurs la publication de notre interviewest là pour le rappeler : rien n’est si simplement simple, rien n’est si simplement compliqué. Ce débat a largement dépasséLes Inrockuptibles. Il est désormais repris par les médias, et notamment au travers de la question
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de la réinsertion. Des représentants de l’Etat se sont exprimés, des citoyens, des juges aussi, dont celui qui a décidé de la libération de Bertrand Cantat. Plusieurs de nos couvertures ont déclenché des polémiques. Ces polémiques, nous en sommes conscients, sont souvent l’occasion de questionner notre travail, de nous interroger, de nous remettre en cause. Nous ne campons pas sur nos positions, nous ne aisons pas preuve d’arrogance. Lors des débats qui ont suivi ce dernier numéro, nous avons mis les choses sur la table. Car comme nous l’évoquions précédemment, la soufrance qu’a pu engendrer cette couverture nous a proondément touchés. Les réactions qui ont suivi, celles de lecteurs fidèles comme occasionnels, d’artistes dont nous avons toujours suivi le travail, nous ont bouleversés. Il était impossible de ne pas en tenir compte. Tout cela nous engage et nous engagera à aire toujours preuve de vigilance dans notre açon de traiter et de mettre en scène les sujets que nous estimons importants. Pour un magazine commeLes Inrockuptibles, le retour de Bertrand Cantat à la musique en ut un. Le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets. Les débats qui, la semaine passée, se sont ait jour, nous motivent aussi et surtout à poursuivre dans ces colonnes notre lutte contre les violences aites aux emmes. A continuer chaque jour le travail de déconstruction d’une domination masculine qui écrase les emmes, comme le prouve l’enquête que nous consacrons cette semaine au milieu du cinéma après la révélation de l’afaire Weinstein. A relayer les idées éministes comme cela a toujours été le cas. Il était important pour nous de vous dire cela.
18.10.2017Les Inrockuptibles
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