Tribune Michaelle Jean
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Description

FRANCOPHONIE : POUR EN FINIR AVEC LES IDÉES FAUSSES L’INITIATIVE lancéepar le Président Emmanuel Macron — «Mon idée pour le français » etl’engouement qu’elle suscite sont là pour nous le rappeler: la Francophonie n’est pas une utopie. Elle est une espérance, elle est un idéal commun, mais elle est surtout une ambition qui, chaque jour se manifeste à maints égards, par des actes concrets. C’est ce que j’ai dit avec force, le 14 février dernier, à l’ouverture de laConférence pour la langue française et le plurilinguisme dans le mondeorganisée à la cité universitaire internationale de Paris. Depuis plusieurs semaines, intellectuels, artistes, universitaires francophones de renom — de France ou d’ailleurs — à travers nombre de contributions écrites, nous invitent au débat. Cette très forte et positive effervescence intellectuelle autour de la Francophonie et les très nombreuses idées qui naissent çà et là témoignent de ce que cette langue française que nous avons en partage, qui est l’alpha et l’oméga de notre Organisation, son moteur et son véhicule, est une langue active, féconde et pleinement vivante. La langue française est notre trait d’union pour agir.

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Publié le 16 mars 2018
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Langue Français

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FRANCOPHONIE :
POUR EN FINIR AVEC LES IDÉES FAUSSES
L’INITIATIVE lancée par le Président Emmanuel Macron — « Mon idée pour le français » et l’engouement qu’elle suscite sont là pour nous le rappeler : la Francophonie n’est pas une utopie. Elle est une espérance, elle est un idéal commun, mais elle est surtout une ambition qui, chaque jour se manifeste à maints égards, par des actes concrets. C’est ce que j’ai dit avec force, le 14 février dernier, à l’ouverture de laConférence pour la langue française et le plurilinguisme dans le mondeorganisée à la cité universitaire internationale de Paris. Depuis plusieurs semaines, intellectuels, artistes, universitaires francophones de renom — de France ou d’ailleurs — à travers nombre de contributions écrites, nous invitent au débat. Cette très forte et positive effervescence intellectuelle autour de la Francophonie et les très nombreuses idées qui naissent çà et là témoignent de ce que cette langue française que nous avons en partage, qui est l’alpha et l’oméga de notre Organisation, son moteur et son véhicule, est une langue active, féconde et pleinement vivante. La langue française est notre trait d’union pour agir. CETTE EFFERVESCENCE,salutaire, des intellectuels francophones, nous ramène, au fond, à nos racines, à cette époque de « la Francophonie des militants », lorsque journalistes, écrivains, hommes et femmes de la société civile, ont entrepris de se regrouper en associations, de se constituer en réseaux pour tirer profit de cette formidable opportunité qu’est la langue française. C’est précisément pour cette raison que ces contributions qui foisonnent sous nos yeux, ces interrogations et interpellations, je les reçois comme des encouragements.
Elles aident l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à renforcer son idéal et toute sa raison d’être. Elles viennent nourrir sa réflexion et sa capacité de se réinventer à l’aune des exigences et des défis de notre monde. Mes équipes et moi-même lisons, entendons et écoutons tout ce qui se dit et s’écrit. Depuis ma prise de fonction, à chaque fois que je me rends dans l’un des pays membres de la Francophonie, je vais à la rencontre des populations. J’observe. Je
tends l’oreille. Je note. Je saisis les idées, les aspirations et la volonté de se dépasser. Et toutes, absolument toutes, sont les bienvenues. Il y a, parmi les opinions exprimées, des idées généreuses, des critiques fondées, mais aussi des propositions concrètes et réalistes qui, toutes, retiennent mon attention. Il y a aussi — mais cela ne me paraît pas bien grave — sans doute, quelques approximations dues essentiellement à une méconnaissance, par leurs auteurs, de la complexité du projet francophone. Et là, j’entends aussi quelques affirmations gratuites.
IL FAUT EN FINIRcette affirmation — fausse — qui prétend que la avec Francophonie serait un machin ringard, un cénacle de défense du français contre l’anglais. IL FAUT EN FINIRavec cette autre affirmation — saugrenue — qui voudrait faire de la Francophonie un avatar du colonialisme, pire encore le bras armé caché de la politique étrangère française dans les anciens territoires de l’Empire. Disons-le tout net : la France n’est pas un État membre tout à fait comme les autres, elle est l’État hôte de notre siège et il ne saurait y avoir de Francophonie forte, sans un engagement fort de la France, tant au sein de notre Organisation, que dans sa politique en faveur du rayonnement de la langue française. Mais elle agit de concert avec les 83 autres États et gouvernements qui forment notre famille. C’est à Niamey au Niger, qu’est née la Francophonie, le 20 mars 1970, sous l’impulsion de ces figures des mouvements d’indépendance que furent le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba, le Nigérien Hamani Diori, le Cambodgien Norodom Sianouk. C’est grâce à eux, hommes du Sud, que le français est devenu la langue de l’émancipation, de l’ouverture, de la coopération, mais aussi ce pont qui relie les centaines de langues parlées dans l’espace francophone, parfois à l’intérieur d’un même pays. IL FAUT EN FINIRcette image — caricaturale — d’une action politique qui avec serait exclusivement au service des régimes autoritaires. Affirmer cela c’est nier toute notre expertise dans le domaine de l’ingénierie électorale, dans le domaine des
opérations de maintien et de consolidation de la paix, dans le domaine de la médiation. C’est, surtout, faire offense aux pays francophones, qui grâce à l’OIF ont réussi à s’installer durablement dans la vie démocratique. L’action politique de l’OIF, butte, comme celle de toutes les autres Organisations internationales, sur des réalités structurelles du terrain. L’OIF, au cours de ces vingt dernières années, a suspendu, accompagné et réintégré près d’une dizaine d’États membres, et œuvré,
dans le même élan, à garantir l’État de droit, une vie politique apaisée, et le respect des droits et des libertés. IL FAUT EN FINIRcette vision — inexacte — d’une Francophonie avec institutionnelle inefficace. Que la Francophonie institutionnelle doive être réformée en certains aspects ne fait pas de doute. Mais le cadre qui permet l’expression de tous, en français, est structuré par l’existence d’une Francophonie institutionnelle. Point d’actions de terrain sans Francophonie institutionnelle. Car, autrement, comment accompagner les pays du Sud à s’arrimer au Commerce international ? Comment combattre l’extrême pauvreté dans les zones rurales ? Comment former des milliers de maîtres et d’enseignants du cycle primaire en Afrique? Comment aider des tribunaux à s’équiper pour rendre justice aux citoyens? Comment assurer la présence des écrivains, cinéastes et artistes francophones du Sud sur la scène internationale? La Francophonie englobe l’ensemble des problématiques que rencontrent les
Francophones dans leur diversité. Ce qui est en jeu, aussi, c’est notre capacité à agir solidairement, dans la réciprocité, pour répondre, ensemble, aux menaces transnationales et aux défis inédits de la mondialisation. J’AI INSCRIT MON MANDAT SOUS LE SIGNE DE L’ÉCOUTE ET DE L’OUVERTURE. Je veux que la Francophonie revienne à sa vocation originelle : un lieu de maturation d’idées, d’innovation, de renouvellement de notre pensée commune. C’est pourquoi j’invite tous ceux et celles qui, depuis plusieurs semaines, s’expriment sur la Francophonie et tous les autres, à venir dialoguer, débattre, échanger, au siège de l’OIF, en marge des célébrations de la Journée internationale de la
Francophonie, toute la semaine du 20 mars. Je les invite à venir comprendre ce qu’est la Francophonie, d’où elle vient, où elle va, les actions qu’elle mène, l’idéal qui l’anime, les valeurs qu’elle porte et qu’elle défend. Michaëlle Jean Secrétaire générale de la Francophonie
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