Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines
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Alors que, dans le contexte actuel, la biodiversité, notion récente dans l'histoire de la pensée économique, est principalement évoquée en termes de coûts, cette étude tente de définir des modèles économiques et sociaux positifs de sauvegarde de la biodiversité. Ces modèles sont re-situés dans l'histoire de la pensée économique classique et récente, ainsi que dans la lignée des efforts publics croissants consentis pour la protection de la biodiversité au plan mondial. L'étude parvient à un constat de diversité institutionnelle (E.Ostrom) des modèles économiques et sociaux ayant pour cœur la protection de la biodiversité : parcs naturels du Nord comme du Sud, entreprises privées de différents secteurs, ou encore coopération entre entreprises et organisations coopératives.
Frédéric Benhaim est un ancien étudiant d'HEC, diplômé de la Majeure Entrepreneurs en 2011.

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Observatoire du Management AlternatifAlternative Management Observatory__ssEiaPréserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humainesEnquête sur les modèles socio-économiques fondés sur la préservation de la biodiversitéFrédéric BenhaimNovembre 2010Majeure Alternative Management – HEC Paris2010-2011  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20101
Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines Enquête sur les modèles socio-économiques fondés sur la préservation de la biodiversitéCet essai a été réalisé sous la forme initiale d’un mémoire de recherche dans le cadre de la Majeure HEC Entrepreneurs, spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d’HEC Paris. Il a été dirigé par Eve Chiapello, Professeur à HEC Paris, co-Responsable de la Majeure Alternative Management et soutenu le 29 novembre 2010 en présence de Eve Chiapello et Céline Baud, doctorante à HEC Paris.Résumé : Alors que, dans le contexte actuel, la biodiversité, notion récente dans l'histoire de la pensée économique, est principalement évoquée en termes de coûts, cette étude tente de définir des modèles économiques et sociaux positifs de sauvegarde de la biodiversité. Ces modèles sont re-situés dans l'histoire de la pensée économique classique et récente, ainsi que dans la lignée des efforts publics croissants consentis pour la protection de la biodiversité au plan mondial. L'étude parvient à un constat de "diversité institutionnelle" (E.Ostrom) des modèles économiques et sociaux ayant pour cœur la protection de la biodiversité : parcs naturels du Nord comme du Sud, entreprises privées de différents secteurs, ou encore coopération entre entreprises et organisations coopératives.Mots-clés : Biodiversité, Business models, Modèles économiques, Préservation, Communautés.Protecting biodiversity, satisfying the needs of human communitiesA study on the social and economic business models of safeguarding biodiversityThis essay was originally presented as a Master's thesis at HEC Paris. It was supervised by Eve Chiapello, Professor at HEC Paris and Head of the Department of Alternative Management Studies, and delivered on November 29, 2010 in the presence of Professor Chiapello and Céline Baud, Ph.D student at HEC Paris. Abstrac t  : In the current context, biodiversity, which is a new notion in economics, is primarily viewed in terms of cost measurement and is rarely described as a source of economic opportunity. This study examines several business and social models that aim to preserve biodiversity while answering the needs of humans communities, thereby forming a new kind of opportunity. These models are analyzed with regards to recent and classical economic theory and to an escalating international public agenda. Thereby, in its own "institutional diversity" (E. Ostrom), the protection of biodiversity benefits from rare but nonetheless innovative examples of social and economic ventures. Key words  : Biodiversity, Business models, Conservation, Communities.Charte Ethique de l'Observatoire du Management AlternatifLes documents de l'Observatoire du Management Alternatif sont publiés sous licence Creative Commons http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/ pour promouvoir l'égalité de partage des ressources intellectuelles et le libre accès aux connaissances. L'exactitude, la fiabilité et la validité des renseignements ou opinions diffusés par l'Observatoire du Management Alternatif relèvent de la responsabilité exclusive de leurs auteurs.  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20102
« La Nature a (…) besoin de protection, et c’est le rôle de Congrès semblables à celui qui vient de se clore de chercher à concilier sa sauvegarde avec les transformations économiques qui s’imposent, de suggérer les mesures nécessaires pour empêcher les égoïsmes individuels ou collectifs de dilapider un patrimoine de beauté qui s’impose à tous.Mais nous n’intervenons pas seulement pour la satisfaction de l’esthétique, nous voulons aussi dénoncer et enrayer la destruction désastreuse, même au simple point de vue pratique, d’incalculables richesses dont l’exploitation prudente devrait assurer la perpétuité. »Louis Mangin. 1er juin 1923, Muséum d’Histoire naturelle, Paris. Dernier jour du Congrès international pour la protection de la nature. Voir P.Blandin, De la protection de la nature au pilotage de la biodiversité. Paris, Quaé, 2009.  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20103
Table des matièresAvant-propos…………………………………......………………………….……………...…..p.5Introduction..………………………………….....………………………….……………….....p.6Première partie : Récente dans la théorie économique et les affaires publiques, la biodiversité commence à peine à modifier les modèles économiques..................….………p.121.1. Retour historique sur la question de la biodiversité de Theodore Roosevelt à Nagoya .p.121.1.1. Présentation des enjeux environnementaux et humains...........................................p.121.1.2. L’histoire d’une mobilisation de Theodore Roosevelt aux années 2000..................p.171.2. Biodiversité, pensée économique et économie : de la destruction à la rédemption ?.....p. 241.2.1. De facteur de production à valeur à quantifier : la biodiversité, la nature et la pensée économique........................................................................................................................p.241.2.2. La promesse d’une économie qui vivrait du vivant en le préservant ?....................p.271.3. La protection de la biodiversité favorise des modèles de propriété, de gouvernance et de croissance propres...................................................................................................................p.301.3.1. Propriété privée, collective et étatique : entre partage et « appropriation ».............p.301.3.2. Equilibres économiques, gouvernance et biodiversité............................................ p.32Deuxième partie : La préservation de la biodiversité au travers d’exemples de modèles économiques et d’entreprises…………………….................................………………….....p.36 2.1. Le parc / réserve naturelle, entre préservation, habitants, et marché...............................p.362.1.1. Logique d’exception, logique de dérogation............................................................p.372.1.2. Logique sociale et logique environnementale : allier biodiversité d'exception et développement humain......................................................................................................p.392.1.3. Le Parc naturel régional des Vosges du Nord : la vie (humaine) au parc................p.432.2. Du marché de la biodiversité à la bio-entreprise sociale ?..............................................p.442.2.1. La finance de la biodiversité....................................................................................p.442.2.2. De nouveaux business models mixtes......................................................................p.45Conclusion……………………………………………………………....……………………..p.50Bibliographie………………………………………………………………....………………..p.52Indexe.........................................................................................................................................p.54Encadrés.....................................................................................................................................p.55Annexes......................................................................................................................................p. 56  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20104
Avant-propos - RemerciementsEntrepris en pleine année internationale de la biodiversité, ce mémoire a été soutenu à HEC en octobre 2010, sous l’encadrement de la Professeure Eve Chiapello .Il a ensuite été retravaillé au printemps 2011 en vue de sa publication par l’Observatoire du Management Alternatif d’HEC. Les remarques formulées par Eve Chiapello ainsi que Céline Baud ont été intégrées à la version revue.Ce travail doit beaucoup aux rapports et publications parues à l’occasion de l’année internationale, ainsi qu’à des rapports comme celui de B.Chevassus-au-Louis, et à des ouvrages tels ceux de R.Barbaut et J.Weber, ou ceux de P.Blandin. Qu’ils soient remerciés pour leurs écrits qui m’ont aidé à construire ce travail de réflexion. Saluons aussi le travail entrepris par des institutions, groupements et organismes aussi divers que les Nations Unies, le réseau OREE, le MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) et le Muséum d'Histoire naturelle.Je tiens à remercier la Professeure Chiapello pour son attention patiente et bienveillante à travers un processus long et lent de maturation de ce projet. D'autre part, je voudrais témoigner de ma reconnaissance à David Valence, ainsi qu’Alix George et Sima Kammourieh pour leur soutien moral. Sans oublier les nombreuses personnes qui, de manière formelle ou informelle, m’ont prodigué conseils et encouragements pour œuvrer à ce mémoire malgré une formation qui laissait peu de temps à la réflexion, et une vie professionnelle déjà engagée. Plusieurs rencontres en particulier m'ont aidé, et ont été favorisées par les activités de l'association que j'ai l'honneur de co-présider, Entreprendre Vert. Parmi celles-ci, Philippe Peiger, Gérant de Jardin Jade; Patrice Valantin, Fondateur de Dervenn (génie écologique); Philippe Lévêque; ainsi que Daniel Joubert, fondateur d'Aïny. Merci à ces personnes pour leur facilité de contact et leur oeuvre. J’espère que la multiplication de travaux tels que celui-ci pourra être utile à la préservation de notre environnement au bénéfice des générations à venir et présentes.  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20105
Introduction - La biodiversité du politique à l’économie2010 année internationale de la biodiversité : aboutissement d’une montée en puissance dans le débat public ?Dans ce mémoire, on évoquera la biodiversité pour décrire la diversité du vivant sous toutes ses formes. Cette notion est historiquement récente. Elle a mis du temps à se faire connaître. Aujourd’hui, la protection de la biodiversité est devenue un enjeu public, sans être encore, souvent, connue du grand public. C’est que la biodiversité n’a pas conquis le statut public et médiatique du changement climatique. Il n’y a pas eu de Inconvenient Truth1 de la biodiversité. Pour le grand public, si le danger présenté par le changement climatique est relativement bien compris, celui que présente l’érosion de la biodiversité est bien moins clair. Pourtant, la biodiversité a beaucoup progressé dans le discours et l’agenda publics dans le monde depuis environ cinq ans. A cet égard, la consécration de la question par une « année mondiale » et par le relatif succès du sommet de Nagoya est une forme d’aboutissement. Selon l’UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature), au rythme actuel de progression des diverses activités humaines, entre le tiers et la moitié des espèces vivantes sur Terre seraient menacées d’extinction dans le siècle présent.2 C’est une nouvelle grande extinction. Ces données sont corroborées par l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire de l’Organisation des Nations Unies (2005). La destruction dont il est question aura des conséquences dramatiques sur les activités humaines, à commencer par l’agriculture.3  Une série d’articles de presse, de travaux scientifiques, et une mobilisation forte des organisations non gouvernementales a permis de faire émerger le problème de la sixième grande extinction. Parallèlement, la publicité donnée à l’érosion « ordinaire » de la biodiversité a contribué à alerter les citoyens. C’est le cas de l’ordinaire mais emblématique abeille, menacée dans la plupart des 1 Il s’agit du film réalisé par Al Gore sur la question du changement climatique.2 Voir par exemple, The status of the world’s land and marine mammals, in Revue Science, 2008. http://www.sciencemag.org/content/322/5899/225.abstract3 La destruction concerne particulièrement la France, pays « méga-divers » du fait de la variété de ses paysages métropolitains, et surtout des territoires ultramarins (Guyane, Nouvelle Calédonie notamment). La France est ainsi selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) au quatrième rang des espèces animales menacées, au neuvième des plantes. Voir le Rapport Chevassus-au-Louis, II.2.2., p.43  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20106
pays industrialisés4. Les espèces emblématiques deviennent comme le blason et le bouclier iconographique de la protection des espaces naturels et agricoles. C'est aussi le rôle occupé par le grand hamster d’Alsace dans le débat qui oppose tenants et opposants du grand contournement Ouest de Strasbourg (GCO) depuis plusieurs années.L’année internationale 2010 a permis de renforcer la sensibilisation. En octobre ,la conférence de Nagoya a permis d’aboutir à un accord des pays participants (les « parties ») visant à protéger la biodiversité par une série de mesures de protection, de mécanismes financiers et d’accords. Ceux-ci ouvrent des perspectives nouvelles pour une meilleure protection de la biodiversité et pour un début d’adaptation de notre système économique. Imaginer des solutions économiques de préservation de la biodiversitéNous vivons dans un monde dont les besoins augmentent du fait du développement économique comme de la croissance démographique. Or, la préservation des milieux naturels et des espèces semble encore entrer en contradiction avec le développement. L’urbanisation, la production économique, l’extraction minière, l’agriculture, l’aménagement de terres agricoles nouvelles pour des cultures comme le soja, sans compter un système social inégalitaire qui fait des ressources menacées du vivant la dernière ressource pour une bonne partie des habitants de la planète… tout cela entretient la déplétion de la pluralité du vivant ! Il ne peut y avoir, à long terme, de développement véritable sans protection de la nature, mais cela suppose d’intéresser les individus et les entités économiques à sa protection au moins à court ou moyen terme ! Comment faire de la protection de la biodiversité une opportunité plutôt qu’une contrainte ?L’objet de ce mémoire est de poser cette question à travers l’examen de la biodiversité en tant que notion économique et d’exemples concrets de double gain .Or, l’une des principales préoccupations des milieux d’affaires (publiques et privées) travaillant sur la biodiversité5 a été la comptabilisation de la destruction de la biodiversité ainsi que l’estimation de la valeur économique du vivant. Du point de vue des entreprises privées, l’analyse des flux, la question du 4 Plusieurs espèces d’abeilles autochtones britanniques et américaines ont ainsi disparu depuis les années 1960. On pourra également se reporter à une étude réalisée au Trinity College (The State of Ireland’s Bees, Dublin, 2006, Trinity College), établissant que près de 50% des abeilles d’Irlande seraient en déclin, tandis que plusieurs se seraient éteintes depuis plusieurs décennies. 5 On peut citer les institutions et réseaux internationaux onusiens, le réseau TEEB, World Business Council for Sustainable Development…, mais aussi en France groupes de travail du Réseau Orée parmi lesquels M.Weber et M.Houdet, auteur d’une thèse sur l’impact de la biodiversité sur les stratégies d’entreprises…  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20107
risque sont centrales dans les sujets abordés par les publications, colloques… mais ce travail d’inventaire ne suffit pas à constituer un ensemble de modèles économiques nouveaux, respectueux de la nature, et largement à inventer.Ci-dessus : tableau des risques et de leur impact. Source : Forum Economique Mondial, 2010.L’analyse - ou plutôt l'élaboration - de la biodiversité comme opportunité humaine reste, par conséquent, en grande partie à élaborer, ainsi que l’ensemble des systèmes économiques permettant de respecter la biodiversité tout en subsistant aux besoins des populations. Cette problématique d’opportunité est pourtant fondamentale et incontournable non pour prouver que nous sommes obligés d'agir, que nous paierons lourdement l'inaction... mais bien qu'il existe des moyens de concilier l'injonction de protection et celle de la satisfaction des besoins humains. La   Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20108
biodiversité en tant qu'opportunité commence à être évoquée, comme un appel du pied, par les institutions internationales en direction du monde des affaires6. Ainsi l’ONU estime la valeur, dans le monde, d’une industrie de réduction de la perte de biodiversité à quatre à cinq milliards d’euros. Le cabinet de conseil Boston Consulting Group chiffre pour sa part l’industrie de la monétisation (financiarisation) de la biodiversité à trois milliards d’euros…Imaginer des modèles économiques permettant aux hommes d’assurer leur subsistance tout en préservant la biodiversité suppose de regarder les modèles existants sur le plan micro-économique. Mais pour cette étude, définir un seul modèle (micro-)économique ayant pour moteur la biodiversité poserait d’énormes problèmes de méthode ! D’autre part, il est évident qu’une énorme partie de l’économie dépend de manière directe ou indirecte du vivant et de sa diversité. La biodiversité est au début de la chaîne productive de nombreux secteurs et notamment de l’agriculture. Comment cultiver un verger sans insectes pollinisateurs ? L’objet de ces réflexions est donc de se poser la question de la préservation de la biodiversité mise en rapport avec la la pérennité économique et sociale. Ainsi, notre objet d’étude présent ne peut être l’ensemble des secteurs dépendant de la biodiversité, mais les organisations ou modèles d’échange ayan tla protection de la biodiversité au cœur du modèle économique. Ceux-ci peuvent ensuite servir de référence pour d'autres organisations dont le but n'est pas explicitement la préservation de la biodiversité. Par leur valeur de laboratoire et d'exemple, ils nous aident à mieux comprendre les enjeux d'une convergence réussie entre objectifs de préservation des milieux et satisfaction des besoins humains.Préserver la biodiversité revient parfois à remettre en cause institutions et systèmes socio-économiques dans leurs formesEn parlant de modèle économique, on fait abstraction de la seule propriété privée et on se réfère à la fois au modèle économique par excellence du système capitaliste, l’entreprise, mais aussi aux modèles économiques communautaires ou coopératifs produits par des communautés humains et qui font vivre ces dernières.Cela nous permettra, dans la seconde partie de cette étude, d’évoquer des expériences qui permettent de subvenir à la subsistance d’organisations ou de communautés en facilitant la 6 Celui-ci commence toutefois à s’emparer de la question : ainsi le MEDEF a-t-il publié un document intitulé Entreprises et biodiversité en janvier 2010, recueillant un certain nombre de « bonnes pratiques ».   Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 20109
gestion durable des ressources du vivant. Cela nous permettra d’autre part - ce qui est plus fondamental sur le plan théorique, d’adopter une approche critique vis-à-vis des approches économiques classiques de la biodiversité et de la nature. Tout en cherchant à donner une valeur financière, monétaire, économique au vivant, il est important de situer cette approche dans son contexte et d’ouvrir la voie à des solutions qui ne reposent pas uniquement sur ses prémisses, mais qui passent par une gouvernance différente, ouvrant la voie à la « diversité institutionnelle » (Ostrom)… Pour résumer cet argument, on peut dire qu’il faut à la fois penser la vision capitaliste du vivant et sortir d’une vision capitaliste pour imaginer une harmonie entre l’humanité et le vivant, l’économique, le social et le vivant. Au cœur de cette problématique, la propriété et la gouvernance sont des variables importantes pour imaginer de nouvelles solutions économiques. Ce sont souvent ces variables qui assurent le succès des entreprises de conservation. Une approche adaptée de la propriété (collective ou individuelle) et de la gouvernance permet la subsistance des communautés humaines, et donc permet des compromis pérennes de protection du vivant. Une ressource n’est pas nécessairement une propriété individuelle, mais cela ne posera pas de problème si elle est soumise à une gouvernance non spoliatrice. C’est une forme de négatif de la main invisible assortie au principe de la propriété privée. A titre d’exemple, les pêcheurs de l’Etat du Maine, cités par E. Ostrom7, organisent leur gestion communautaire de la ressource en homards par la délibération, au sujet d’une ressource qui est en accès libre et qui n’appartient à personne en particulier. Enfin, à l’image de notre connaissance très incomplète du vivant, la connaissance des modèles de soutenabilité économique et écologique d’un avenir souhaitables sont encore largement inconnus. On peut penser que, comme la diversité du vivant et des milieux eux-mêmes, ces modèles seront d’une grande variété. On peut même penser que les paramètres naturels des compromis économiques (et vice-versa) à venir ne sont pas encore connus. Cependant, nous pouvons esquisser le visage institutionnel et social des compromis qui fonctionnent afin d’en favoriser d’autres à l’avenir. Ces compromis sont donc à entendre, sur le plan institutionnel, et donc idéologique, dans la diversité. A travers la capacité à s’adapter, à se transformer de nos propres institutions, c’est l’avenir partagé de l’humanité et des espèces dont cette humanité dépend, qui est en jeu. 7 OSTROM Elinor, Sustainable development and the tragedy of commons, Stockholm Whiteboards, 2009. Extrait de conférence visionnable ici : http://www.youtube.com/watch?v=ByXM47Ri1Kc  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 201010
Cette étude se propose la démarche suivante : d’abord, d’étudier la montée en puissance de la question de la biodiversité comme phénomène économique. Car avant de considérer un phénomène naturel ou scientifique comme un objet économique, il convient de faire un détour par la pensée économique et brièvement par les observations scientifiques pour s'assurer de bien comprendre l'objet. Puis l'étude examinera à travers les parcs nationaux et quelques exemples d’entreprises, comment la préservation de la biodiversité peut se concilier, voire contribuer à la subsistence des humains, en fournissant des modèles économiques pratiques, influencés par la pensée économique de la biodiversité.  Frédéric Benhaim - « Préserver la biodiversité en subvenant aux besoins des communautés humaines » - Novembre 201011
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