Télévision et intégration
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La télévision en tant que facteur de non intégration.

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Publié le 19 janvier 2012
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Langue Français

Extrait

Télévision et intégration
On s’interroge sans cesse sur les raisons pour lesquelles les arabo-musulmans ne s’intègrent
pas aux peuples occidentaux, en particulier à la France, dont beaucoup d’entre eux, sont
pourtant proches par la langue, par l’histoire et par le fait que c’est vers elle que le plus
naturellement du monde ils iront, en tant que de besoin, chercher refuge, se faire soigner,
travailler, étudier, vivre une nouvelle vie…
Cette non-intégration est d’autant plus étonnante qu’à l’ère coloniale, le « petit peuple » était
fier de servir la France, à travers son armée à laquelle il a donné tant de combattants loyaux et
téméraires. La bourgeoisie quant à elle cherchait souvent à ressembler au colonisateur à en
adopter la culture, la langue, parfois même les mœurs, signes évidents de la consécration de
son ascension sociale. Habib BOURGUIBA féru de littérature française, marié à une française
et qui a eu toute sa vie durant la photo du président Mendès France sur son bureau, devait
conserver à l’une des principales artères de Tunis, le nom de Charles de GAULLE, alors que
d’aucuns s’accordaient à penser, à juste raison, qu’il n’aurait pas survécu à l’affaire de
Bizerte.
Après l’arabisation de l’Algérie par le Président Houari BOUMEDIENNE, nombre de cadres
et de Hauts fonctionnaires algériens durent quitter l’Algérie, car issus de la bourgeoisie au
sein de laquelle, comme à Rome, il était « vulgaire » de parler le dialecte, ils ignoraient leur
propre langue, certains d’entre eux ne pouvant même pas lire les panneaux indicateurs des
rues ou des villes.
A CASABLANCA, le lycée LYAUTEY forme depuis des décennies l’élite de la société
marocaine...
Les guerres de libération ne devaient entamer que beaucoup plus relativement qu’on aurait pu
l’imaginer, le prestige de la France y compris en Algérie, où après quelques atermoiements,
les algériens demeurèrent dans leur ensemble francophiles, en particulier les jeunes algériens
nés après l’indépendance, traités de « fils de CHIRAC » par les islamistes, qui leur
reprochaient d’avoir pour seule ambition d’obtenir un visa pour la France.
Une passion pour la France, avec comme toutes les passions des hauts et des bas des bons et
des mauvais jours, un fond d’amour viscéral, si l’on excepte les intégristes de tout poil.
Alors, que s’est-il passé depuis lors pour que même après avoir réalisé son rêve et encore
parfois au delà après avoir acquis la nationalité française, un jeune maghrébin demeurera
toujours et avant tout tunisien, algérien, marocain, avant d’être français, qu’il soit ou non né
en France, qu’il parle ou non la langue de ses ancêtres, qu’il connaisse ou non le pays de ses
origines.
Les causes sont certainement comme toujours multiples, mais il y en a une que je veux viser
particulièrement car elle me paraît irréfragable, c’est l’impudeur qui domine désormais la
société française. Les français manquent de plus en plus de pudeur, ils ne connaissent plus de
sentiment de honte, la grossièreté la plus insigne a droit de citer elle devient même une valeur.
Plus de retenue, de réserve, de délicatesse, l’éducation devient un signe de ringardise,
l’impolitesse est toujours préférée à la civilité, le délinquant en vient a être admiré et respecté,
tandis que la victime apparaît comme un perturbateur, un réactionnaire répressif incapable de
pardonner et qui ne retrouve un intérêt fugace, que lorsqu’il réclame l’absolution de son
tortionnaire.
Pour s’en rendre compte, il suffit à chacun d’observer avec un peu d’attention les nombreuses
émissions télévisées à succès qui nous sont proposées et qui sillonnent nos jours et nos
soirées. Les RUQUIER, ARDISSON, TEX, NAGUY, DELARUE, DAVANT et j’en oublie,
ne les connaissant pas tous, chacun dans son style, à sa manière, de façon plus ou moins
criante, plus ou moins triviale, nous proposent des émissions dans lesquelles, sur un fond de
démagogie la plus vile, on peut y trouver selon les cas, grossièretés, plaisanteries graveleuses,
tournant presque toujours autour du sexe, utilisé de la façon la plus vulgaire qui soit, parfois
même sous une présentation pseudo scientifique et ce, dans devant des « spectateurs appâts »,
avec des invités ou des candidats, pour la plupart asservis et veules, l’ensemble conçu pour
manipuler le public des téléspectateurs, par la flatterie de ses instincts les plus bas.
En voilà un qui annonce qu’il exerce la profession de fonctionnaire des impôts ou de police
ou pis encore de gardien de prison, il est immédiatement sifflé et conspué avec les
encouragements d’un présentateur goguenard, tandis que juste après, le rappeur condamné
pour trafic de stupéfiants qui a fait sa notoriété pour avoir réussi à échapper à la police et
même pour l’avoir nargué, devient un véritable héros, un exemple pour ses semblables, un
chanteur talentueux, victime d’une société qui n’a été que trop longtemps sourde et aveugle à
l’art et à la culture.
A partir de 12 heures NAGUY s’évertue à transformer en vannes salaces tout ce qui passe à sa
portée, sombrant volontiers si l’occasion lui en est donnée dans la scatologie. Le samedi soir,
tout en tenant compte d’un public qui se veut plus intellectuel, RUQUIER donne dans le
même registre, en n’omettant pas de nous rappeler plusieurs fois par soirée, sans que l’on en
comprenne les raisons, sa préférence sexuelle envers les hommes. Quelques heures
auparavant ARDISSON qui adopte en tant que de besoin le vocabulaire le plus cru qui soit,
estimant n’avoir pas à s’embarrasser d’euphémisme, s’évertue à nous démontrer que nous
sommes dans une société pourrie, raciste à l’extrême, indifférente aux malheur des gens.
Et puis il y a ceux chez qui l’on peut tranquillement aller exhiber son intimité devant des
centaines de milliers de personnes. Des gens « normaux » viennent nous raconter avant le
déjeuner, « pour rire », chez TEX, et après le déjeuner le plus sérieusement du monde, chez
Sophie DAVANT, leurs ébats sexuel, leurs premières expériences, leurs performances, leurs
échecs, ceux de leur mari, de leur femme, de leur ex comme ils disent, de leurs maîtresses, de
leurs amants, ne nous épargnant aucun détail, aucune description, et dont le caractère
affligeant voire répugnant accroit toujours plus, semble-t-il, l’intérêt de l’émission.
Tous ces gens ont-ils un instant songé, que pour leur père leur mère, leurs enfants, les copains
de leurs enfants, leurs amis, leurs collègues de travail, leurs proches, qu’ils rencontreront le
lendemain et dont ils croiseront le regard, ils deviendront et à jamais des êtres de peu de
considération, des tristes sires. Tous ces gens, et les chaines de télévision qui les mettent en
scène comme des marionnettes, ont-ils songé un seul instant qu’ils sont la vitrine de la
France ?
Confrontés à la réalité du pays, les immigrés, dont on observera qu’ils ne participent jamais à
ces émissions, ne veulent pas de cette société, mieux ils tiennent à tout prix à montrer qu’ils
ne font pas parti de ce monde « aux mœurs dépravés » et tiennent à le manifester dès que
l’occasion leur en est donnée.
C’est ainsi qu’en France plus de 50% des tunisiens, dont la plupart ont la double nationalité,
ont voté NAHDA, alors qu’en Tunisie, où la tradition islamique est encore importante dans
certaines régions, seuls 37% d’entre eux ont voté pour ce parti. Paradoxalement, on trouve
beaucoup plus de femmes musulmanes voilées en France que dans la Tunisie islamique de
l’après-Ben Ali. C’est ainsi que de jeunes tunisiennes qui ne portent pas le foulard dans leur
propre pays, se voulant moderne et libérées des entraves d’une société qui a eu tendance à
restreindre leurs droits, se couvrent dès leur départ pour la France. Ce qui peut-être un signe
de soumission, devient en France un moyen de protection, contre des mœurs que l’on
réprouve, d’une société jugée décadente.
Par une pratique plus soutenue de leur religion, les maghrébins marquent ainsi leur différence,
pour signifier qu’ils ne font pas parti de ce monde, tel qu’il leur est proposé. Si la France attire
toujours pour son modèle social, les maghrébins savent que ce ne sera plus en France qu’ils
trouveront une culture ou des mœurs auxquels ils pourront adhérer et qui pourraient se
substituer aux leurs propres.
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