Pourquoi le Parthénon? - article ; n°2 ; vol.128, pg 301-317
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1984 - Volume 128 - Numéro 2 - Pages 301-317
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Georges Roux
Pourquoi le Parthénon?
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 128e année, N. 2, 1984. pp. 301-
317.
Citer ce document / Cite this document :
Roux Georges. Pourquoi le Parthénon?. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
128e année, N. 2, 1984. pp. 301-317.
doi : 10.3406/crai.1984.14155
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1984_num_128_2_14155POURQUOI LE PARTHÉNON ? 301
Nous publions ici la communication du 23 mars 1984.
COMMUNICATION
POURQUOI LE PARTHÉNON ?
PAR M. GEORGES ROUX, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
Pourquoi le Parthénon fut-il appelé le Parthénon ? Cette question
est à nouveau posée dans l'ouvrage consacré par A. K. Orlandos au
grand temple de l'Acropole et publié en 1977, peu de temps avant la
disparition de son auteur1. Ces trois volumes, riches en renseigne
ments inédits, abondamment illustrés, comblent une lacune dont on
s'étonne qu'elle ait subsisté si longtemps concernant un tel monum
ent. Ils doivent cependant être déjà complétés sur un point. Un
architecte grec, M. Korès, en classant les fragments de marbre épars
sur le pourtour du temple, a fait une découverte qui modifie le plan
de l'édifice, en éclaire la signification et explique enfin ce fait para
doxal que la porte principale du Parthénon, à l'Est, est un peu moins
large que celle de la salle aux quatre colonnes, à l'Ouest. Je revien
drai sur ce sujet.
Mais il est un second point sur lequel la publication d'A. K. Orlan
dos me paraît caduque : examinant l'origine du nom du Parthénon,
l'auteur demeure fidèle à la théorie que développait à la fin du siècle
dernier W. Dôrpfeld et qu'ont adoptée, sans en méconnaître les
difficultés, les archéologues dans leur majorité2. Je voudrais rapide
ment reprendre ce problème, en réalité un faux problème. La
conclusion du savant allemand, « conclusion absolument sûre et qui
n'est plus mise en doute par personne » selon A. K. Orlandos (p. 415),
découle en effet d'une interprétation erronée de la documentation
épigraphique : erreur explicable par l'imprécision du vocabulaire
qui règne dans les inventaires athéniens des trésoriers d'Athéna, et
dont les comptes et de Délos offrent eux aussi tant
d'exemples.
L'explication proposée par W. Dôrpfeld est la suivante : un temple
dorique périptère enferme habituellement dans son péristyle un
bâtiment divisé en trois parties : pronaos, naos ou temple proprement
1. A. K. Orlandos, CH àpxtTexTovix'Jj toû Ilapôevœvoç, Athènes, 1977 : Un
atlas (tome I) ; 2 volumes de texte (tome II et III).
2. Bibliographie détaillée dans Orlandos, /./., t. III, p. 413-430. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 302
dit, et opisthodome. Le Parthénon, quant à lui, offre un plan beau
coup plus rare, que l'on trouve à l'état embryonnaire au temple C
de Thermos et sous une forme achevée à Corinthe, dans le
archaïque d'Apollon. Entre le pronaos et l'opisthodome s'intercale
une salle supplémentaire, séparée de la cella par un mur plein et
ouvrant du côté opposé (fig. 1). De vastes dimensions (256 m2), ses
plafonds soutenus à 12 m de hauteur par quatre colonnes présumées
ioniques (certains disent corinthiennes : ce serait en ce cas les
premières), donnant sur le vestibule ouest par une porte large de
5 m et haute de 10 m, cette salle monumentale (fig. 2), évidemment
conçue pour quelque usage solennel, se serait d'abord appelée
« Parthénon », au sens strict du terme. Puis, à cause de son carac
tère à la fois insolite et imposant qui faisait l'originalité de l'édifice,
ce xupicoç IlapGevcov, ce « Parthénon par excellence », selon l'expres
sion d'A. K. Orlandos, aurait donné par la suite son nom au temple
tout entier.
Mais pourquoi la salle aux quatre colonnes aurait-elle été
dénommée « salle de la vierge » ou « salle des vierges » ? Furtwângler
supposait qu'on y aurait célébré le culte de quelques vierges athé
niennes, Aglaurides ou Érechthéides3. Cette hypothèse, échafaudée
pour les besoins de la cause, n'est étayée par aucun témoignage
antique. Dôrpfeld et d'autres ont alors proposé une seconde explica
tion : neuf mois avant les Grandes Panathénées, des jeunes filles,
choisies dans les familles aristocratiques d'Athènes, étaient chargées
de broder le péplos offert à la vieille idole d'Athéna en bois d'olivier,
tombée du ciel disait-on4. Ces brodeuses, présumées vierges, auraient
effectué leur travail dans la salle du temple construite à cet effet,
et appelée en conséquence « salle des vierges », Parthénon.
Les inscriptions et les textes nous apprennent d'autre part que
« l'argent d'Athéna » et « l'argent des autres dieux », en fait les
réserves monétaires de l'État athénien, fort abondantes grâce à la
contribution annuelle que lui versaient bon gré mal gré ses alliés
de la Ligue de Délos, étaient conservés « dans l'opisthodome »5.
Or le vestibule hexastyle prostyle, à l'Ouest du Parthénon (au sens
large), contrairement à ce qui a lieu dans les autres temples, était
clôturé par des panneaux à claire-voie insérés entre les colonnes6.
Ces panneaux protecteurs, en ébénisterie, ont naturellement disparu,
mais les seuils de marbre qui les portaient, les tenons qui les assujet-
3. Meisterwerke, p. 172 ; M. Collignon, Le Parthénon, (1914) p. 53.
4. Collignon, /./., p. 52, n. 1 ; p. 53.
5. Cf. en particulier IG F, 91, 1. 15-18 A ; 92, 1. 52-56 ; 139, 1. 17 ; 324, 1. 20.
Le mot Ô7uct068o[zoç dans le Ploutos d'Aristophane (joué en 388) est glosé :
TOCfAietov ÔtuctBev toû TTJç 'A07)vàç vaou. Démosthène, Contre Timocrate (XXIV),
136. Plutarque, Vie de Démétrios, 23.
6. G. P. Stevens, Hesperia, Suppl. III, 1940, p. 67-79. POURQUOI LE PARTHÉNON ? 303
9....? «9*
Fio. 1. — Plan du Parthénon selon l'interprétation traditionnelle :
1) pronaos ; 2) naos hécatompédos ; 3) « Parthénon » ; 4) opisthodome.
Fig. 2. — La salle aux quatre colonnes du Parthénon,
restaurée par A. K. Orlandos.
1984 20 COMPTES RENDUS DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 304
tissaient, ont laissé des traces fort nettes sur le dallage et sur les
tambours des colonnes. Certains panneaux, mobiles, faisaient office
de porte et donnaient accès à « l'opisthodome » d'abord, au « Parthé-
non » ensuite. Ainsi apparaissent dans le plan du temple les quatre
parties mentionnées, nous dit-on, dans les sources antiques (fig. 1) :
le TCpovecoç (vestibule est), l'éxaTOfZTOSoç vswç (« temple de cent
pieds », contenant la grande statue chryséléphantine), le IlapGsvtov
(où les vierges brodaient le péplos) et rÔ7u<706So[Aoç, abri de la fortune
d'Athènes.
Cette interprétation soulève de nombreuses difficultés, dont
certaines ont embarrassé Dôrpfeld lui-même. Tout d'abord, et pour
ainsi dire a priori, quand on pense que V hécatompédos néôs, aussi
grand à lui seul qu'un temple de taille normale, renfermait la célèbre
statue de Phidias, haute de 12 m, toute d'ivoire et d'or, classée parmi
les Sept Merveilles du monde, il apparaît peu vraisemblable que le
temple ait emprunté le nom sous lequel il allait être universellement
connu à une salle en somme secondaire, faisant office d'ouvroir
durant neuf mois seulement tous les quatre ans. En réalité, c'est
Y hécatompédos néôs, non la salle aux quatre colonnes, que les auteurs
tiennent pour la partie la plus remarquable du temple, au point de
désigner par elle le temple tout entier : IlepixXTJç ... xà IIpoTrûXaia
xal to 'QiSetov xal xè 'ExaréfATOSov oîxoSofATjo-aç,, écrit Lycurgue.7
Plutarque le cite sous cette forme à deux reprises : tov èxccxoyjzz^ov
vswv IïepixXéouç év 'Axpo7roXsi xaracrxsuàÇovTOç, ... ô 8s tgîv 'AG-
Yjvatwv $9j[zoç <hxo8o(zcov tov 'ExaT6{X7t£8ov ..

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