C RTAINS PENSERONT ue c'est Zola ui rocèdecomme un metteur en scène de théâtre ors u'il constitue les « dossiers » de ses futurs romans, d'autres ue c'est Antoine, le naturaliste our élaborer ses s ectacles. Les uns et les autres auront raison : la méthode zolienne, ui consiste à mener une en uête sur le milieu dans le uel sont ris les ersonna es et, ar exem le, à établir les lans détaillés des a artements et des uartiers où ils évoluent, n'est as sans évo uer un dis ositifthéâtral et elle se retrouve au moins en artie dans le rotocole de la mise en scène naturaliste tel qu'André Antoine va le fixer à partir de 1887.
Si le théâtre est, selon son ét molo ie, le «lieu d'où l'on re arde», roman naturaliste et mise en scène moderne à ses ori ines ont en commun de rivilé ier le re ard ; on ourrait même dire de l'ai uiser. De même ue La Bête humaine est «lar ement un roman de l'œil et du re ard l », les mises en scène d'Antoine vont s éculer sur le re ard investi ateur du s ectateur de théâtre. Sur ce oint comme sur tant d'autres Antoine suit les traces de son maître Zola et entend romouvoir un art fondé sur V « en uête » et sur 1' « anal se ». Dans un texte bien connu des énéticiens et au uel, bien ue non énéticien, e me référerai, Carlo Ginzbur a arfaitement dénommé l'instrument rivilé ié d'un tel art : F «œil clini ue». L'œil clini ue si nale un re ard articulièrement ers icace et intelli ent. Le re ard de l'en-uêteur ar excellence en cette fin de xix e siècle : le détective, le limier, celui ui suit la trace et mène la chasse aux indices. Edgar Poe, père de la mise en scène moderne, l'hypothèse n'est pas complètement saugrenue... D'abord, l'anecdote : ce pseudonyme de Poe qu'accole à son nom Aurélien Lugné, comédien et régisseur d'Antoine au Théâtre Libre puis collaborateur du Théâtre d'Art et fondateur du théâtre de l'uvre. Ensuite, plus sérieusement, ce tropisme du naturalisme, aussi bien théâtral que romanesque, pour le genre policier naissant, lieu d'exercice s'il en fut de l'œil clinique : on sait que, travaillant à La Bête humaine, Zola flirte avec le roman poli-cier et qu'Antoine fait, à partir de 1902, une place au répertoire policier (notamment à Gustave Roger et à Maurice Leblanc) dans le théâtre qui porte son nom.
1. Jacques Dubois, « Lecture », dans Emile Zola, La Bête humaine, Arles, Actes Sud-Labor, « Babel, 55 », 1992, p. 631. Genesis 26, 2005
Pour Catherine et Jean-Pierre Naugrette La mise en scène. Art de l'inter rétation des si nes, des textes et des traces. Antoine V ITEZ , 1986
Genèse de la mise en scène moderne, une h othèse Jean-Pierre Sarrazac