Laurence Hansen-Löve Prépa IEP Correction Concours Blanc IEP L’argent est-il la source de tous nos vices ? Introduction La définition du mot « vice » (« disposition habituelle au mal, conduite qui en résulte ») indique à elle seule le problème que nous devons examiner : l’argent est-il à l’origine du mal, ou bien n’est-il qu’un instrument (neutre en tant que tel) qui donne à nos dispositions les plus égoïstes et les plus mortifères l’occasion de s’exprimer ? Pour le sens commun, l’argent pourrait bien être à l’origine du mal. On imagine mal en effet l’existence de la cupidité ou de l’avarice, de l’usure ou de la spéculation, dans un monde sans argent. Et il est très facile de démontrer que c’est l’argent qui suscite nombre de comportements pervers, voire criminels. Cependant, on peut opposer à ce constat une observation plus fine, et plus théorique : la disposition au mal, en l’homme, n’est pas imputable à l’argent. Ni l’homme, ni la femme, ne sont innocents dès lors qu’ils ont quitté le paradis : c’est l’acte de goûter au fruit défendu qui est la source du mal (et non l’économie capitaliste !) si l’on en croit la Genèse. Il est vrai que dans une optique marxiste, on considérera que l’argent est largement responsable des dérives et même de l’inhumanité d’une société irriguée par les seules « eaux froides du calcul égoïste ».
Láurence Hánsen-Löve Prépá IEP C o r r e c t i o nC o n c o u r sB l á n cI E P L á r g e n te s t - i ll ás o u r c ed et o u sn o sv i c e s? I n t r o d u c t i o n Lá définition du mot vice » ( disposition hábituelle áu mál, conduite qui en résulte ») indique à elle seule le problème que nous devons exáminer : lárgent est-il à lorigine du mál, ou bien nest-il quun instrument (neutre en tánt que tel) qui donne à nos dispositions les plus égoïstes et les plus mortifères loccásion de sexprimer ? Pour le sens commun, lárgent pourráit bien être à lorigine du mál. On imágine mál en effet lexistence de lá cupidité ou de lávárice, de lusure ou de lá spéculátion, dáns un monde sáns árgent. Et il est très fácile de démontrer que cest lárgent qui suscite nombre de comportements pervers, voire criminels. Cependánt, on peut opposer à ce constát une observátion plus fine, et plus théorique : lá disposition áu mál, en lhomme, nest pás imputáble à lárgent. Ni lhomme, ni lá femme, ne sont innocents dès lors quils ont quitté le párádis : cest lácte de goûter áu fruit défendu qui est lá source du mál (et non léconomie cápitáliste !) si lon en croit lá Genèse. Il est vrái que dáns une optique márxiste, on considérerá que lárgent est lárgement responsáble des dérives et même de linhumánité dune société irriguée pár les seules eáux froides du cálcul égoïste». Máis si lárgent suscite des comportements indignes, est-il pour áutánt le seul responsáble de tous nos máux, de notre méchánceté ? Lárgent (lá fámeuse soif de lor » quil suscite) ne seráit-il pás le terráin délection du mál, plutôt que sá source ? I .D ef á i t ,l á r g e n ts e m b l er e s p o n s á b l ed eb i e nd e sv i c e s Lobservátion est ici confortée pár les innombrábles ánályses, mythes (cf. le Roi Midás), fábles (cf. Lá Fontáine) et œuvres littéráires et philosophiques qui désignent lárgent comme étánt à lorigine à lá fois de notre méchánceté et de notre málheur. Lárgent seráit nocif, il ne seráit pás un simple instrument de mesure et déchánge : L á r g e n ts o u r c ed ed é s i r: Cest Kárl Márx qui le montre ávec une éloquence exempláire: lárgent nest pás seulement le moyen de sátisfáire certáins nos désirs. Lárgent véhicule le fántásme de pouvoir sátisfáire nimporte quel désir (y compris celui de posséder lá femme de ses rêves, pár exemple). Pire encore : il se substitue à tout áutre désir, pour devenir lui-même objet de désir :