Esther heureuse
141 pages
Français

Esther heureuse

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Pour pénétrer jusqu’au fond des misères de cette horrible vie, il faudrait avoir vu jusqu’où la créature peut aller dans la folie sans y rester, en admirant la violente extase de la Torpille aux genoux de ce prêtre. La pauvre fille regardait le papier libérateur avec une expression que Dante a oubliée, et qui surpassait les inventions de son Enfer. Mais la réaction vint avec les larmes. Esther se releva, jeta ses bras autour du cou de cet homme, pencha la tête sur son sein, y versa des pleurs, baisa la rude étoffe qui couvrait ce cœur d’acier, et sembla vouloir y pénétrer. Elle saisit cet homme, lui couvrit les mains de baisers 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 46
EAN13 9782824709680
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
EST H ER H EU REUSE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
EST H ER H EU REUSE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0968-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.S. A. LE P RI NCE ALFONSO SERAF I NO DI PORCIA
Laissez-moi mer e v otr e nom en tête d’une œuv r e essentielle-A ment p arisienne et mé dité e chez v ous ces jour s der nier s. N’ est-il
p as natur el de v ous offrir les fleur s de rhétorique p oussé es dans v otr e
jardin, ar r osé es des r egr ets qui m’ ont fait connaîtr e la nostalgie , et que v ous
av ez adoucis quand j’ er rais sous les b oschei dont les or mes me rapp
elaient les Champs-Ély sé es  ? Peut-êtr e rachèterai-je ainsi le crime d’av oir
rê vé Paris en face du Duomo , d’av oir aspiré à nos r ues si b oueuses sur les
dalles si pr opr es et si élég antes de Porta Renza. and j’aurai quelques
liv r es à publier qui p our r ont êtr e dé diés à des Milanaises, j’aurai le b
onheur de tr ouv er des noms déjà cher s à v os vieux conteur s italiens p ar mi
ceux des p er sonnes que nous aimons, et au souv enir desquelles je v ous
prie de rapp eler
V otr e sincèr ement affe ctionné
DE BALZA C.
A oût 1838.
n
1EST H ER H EU REUSE
 1824,   der nier bal de l’Op éra, plusieur s masques fur ent
frapp és de la b e auté d’un jeune homme qui se pr omenait dans lesE cor ridor s et dans le fo y er , av e c l’allur e des g ens en quête d’une
femme que des cir constances impré v ues r etiennent au logis. Le se cr et
de cee démar che , tour à tour indolente et pr essé e , n’ est connu que
des vieilles femmes et de quelques flâneur s émérites. D ans cet immense
r endez-v ous, la foule obser v e p eu la foule , les intérêts sont p assionnés,
le désœuv r ement lui-même est pré o ccup é . Le jeune dandy était si bien
absorbé p ar son inquiète r e cher che , qu’il ne s’ap er ce vait p as de son
succès  : les e x clamations railleusement admirativ es de certains masques, les
étonnements sérieux, les mordants lazzis, les plus douces p ar oles, il ne les
entendait p as, il ne les v o yait p oint. oique sa b e auté le classât p ar mi
ces p er sonnag es e x ceptionnels qui viennent au bal de l’Op éra p our y av oir
une av entur e , et qui l’aendent comme on aendait un coup heur eux à
la Roulee quand Frascati vivait, il p araissait b our g e oisement sûr de sa
soiré e  ; il de vait êtr e le hér os d’un de ces my stèr es à tr ois p er sonnag es qui
comp osent tout le bal masqué de l’Op éra, et connus seulement de ceux
qui y jouent leur rôle  ; car , p our les jeunes femmes qui viennent afin de
p ouv oir dir e  : J’ai vu  ; p our les g ens de pr o vince , p our les jeunes g ens
2Esther heur euse Chapitr e
ine xp érimentés, p our les étrang er s, l’Op éra doit êtr e alor s le p alais de la
fatigue et de l’ ennui. Pour eux, cee foule noir e , lente et pr essé e , qui va,
vient, ser p ente , tour ne , r etour ne , monte , descend, et qui ne p eut êtr e
comp aré e qu’à des four mis sur leur tas de b ois, n’ est p as plus compréhensible
que la Bour se p our un p ay san bas-br eton qui ignor e l’ e xistence du
GrandLiv r e . A de rar es e x ceptions près, à Paris, les hommes ne se masquent
p oint  : un homme en domino p araît ridicule . En ce ci le g énie de la
nation é clate . Les g ens qui v eulent cacher leur b onheur p euv ent aller au bal
de l’Op éra sans y v enir , et les masques absolument for cés d’y entr er en
sortent aussitôt. Un sp e ctacle des plus amusants est l’ encombr ement que
pr o duit à la p orte , dès l’ ouv ertur e du bal, le flot des g ens qui s’é chapp ent
aux prises av e c ceux qui y montent. D onc, les hommes masqués sont des
maris jaloux qui viennent e spionner leur s femmes, ou des maris en b onne
fortune qui ne v eulent p as êtr e espionnés p ar elles, deux situations ég
alement mo quables. Or , le jeune homme était suivi, sans qu’il le sût, p ar un
masque assassin, gr os et court, r oulant sur lui-même comme un tonne au.
Pour tout habitué de l’Op éra, ce domino trahissait un administrateur , un
ag ent de chang e , un banquier , un notair e , un b our g e ois quelconque en
soup çon de son infidèle . En effet, dans la très-haute so ciété , p er sonne ne
court après d’humiliants témoignag es. D éjà plusieur s masques s’étaient
montré en riant ce monstr ueux p er sonnag e , d’autr es l’avaient ap ostr
ophé , quelques jeunes s’étaient mo qués de lui, sa car r ur e et son maintien
annonçaient un dé dain mar qué p our ces traits sans p orté e  ; il allait où le
menait le jeune homme , comme va un sanglier p our suivi qui ne se
soucie ni des balles qui sifflent à ses or eilles, ni des chiens qui ab oient après
lui. oiqu’au pr emier ab ord le plaisir et l’inquiétude aient pris la même
liv ré e , l’illustr e r ob e noir e vénitienne , et que tout soit confus au bal de
l’Op éra, les différ ents cer cles dont se comp ose la so ciété p arisienne se
r etr ouv ent, se r e connaissent et s’ obser v ent. Il y a des notions si pré cises
p our quelques initiés, que ce grimoir e d’intérêts est lisible comme un r
oman qui serait amusant. Pour les habitués, cet homme ne p ouvait donc
p as êtr e en b onne fortune , il eût infailliblement p orté quelque mar que
conv enue , r oug e , blanche ou v erte , qui signale les b onheur s apprêtés de
longue main. S’agissait-il d’une v eng e ance  ? En v o yant le masque suivant
de si près un homme en b onne fortune , quelques désœuv rés r e v enaient
3Esther heur euse Chapitr e
au b e au visag e sur le quel le plaisir avait mis sa divine auré ole . Le jeune
homme intér essait  : plus il allait, plus il ré v eillait de curiosités. T out en
lui signalait d’ailleur s les habitudes d’une vie élég ante . Suivant une loi
fatale de notr e ép o que , il e xistait p eu de différ ence , soit phy sique , soit
morale , entr e le plus distingué , le mieux éle vé des fils d’un duc et p air , et
ce char mant g ar çon que naguèr e la misèr e étr eignit de ses mains de fer
au milieu de Paris. La b e auté , la jeunesse p ouvaient masquer chez lui de
pr ofonds abîmes, comme chez b e aucoup de jeunes g ens qui v eulent jouer
un rôle à Paris sans p ossé der le capital né cessair e à leur s prétentions, et
qui chaque jour risquent le tout p our le tout en sacrifiant au dieu le plus
courtisé dans cee cité r o yale , le Hasard. Né anmoins, sa mise , ses
manièr es étaient ir répr o chables, il foulait le p ar quet classique du fo y er en
habitué de l’Op éra. i n’a p as r emar qué que là , comme dans toutes les
zones de Paris, il est une façon d’êtr e qui ré vèle ce que v ous êtes, ce que
v ous faites, d’ où v ous v enez, et ce que v ous v oulez  ?
― Le b e au jeune homme  ! Ici l’ on p eut se r etour ner p our le v oir , dit
un masque en qui les habitués du bal r e connaissaient une femme comme
il faut.
―  V ous ne v ous le rapp elez p as  ? lui rép ondit le cavalier , madame du
Châtelet v ous l’a cep endant présenté . . .
― oi  ! c’ est le p etit ap othicair e de qui elle s’était amouraché e , qui
s’ est fait jour naliste , l’amant de mademoiselle Coralie  ?
― Je le cr o yais tombé tr op bas p our jamais p ouv oir r emonter , et je ne
compr ends p as comment il p eut r ep araîtr e dans le monde de Paris, dit le
comte Sixte du Châtelet.
― Il a un air de prince , dit le masque , et ce n’ est p as cee actrice av e c
laquelle il vivait qui le lui aura donné  ; ma cousine , qui l’avait de viné ,
n’a p as su le débarb ouiller  ; je v oudrais bien connaîtr e la maîtr esse de ce
Sar gine , dites-moi quelque chose de sa vie qui puisse me p er mer e de
l’intriguer .
Ce couple qui suivait le jeune homme en chuchotant fut alor s p
articulièr ement obser vé p ar le masque aux ép aules car ré es.
―  Cher monsieur Chardon, dit le préfet de la Char ente en pr enant
le dandy p ar l

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