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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 20 |
EAN13 | 9782824709932 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LA RECH ERCH E DE
L’ABSOLU
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA RECH ERCH E DE
L’ABSOLU
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0993-2
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.LA RECH ERCH E DE
L’ABSOLU
A MAD AME JOSÉP H I N E DELAN NO Y , N ÉE D OUMERC.
Madame , fasse Dieu que cee œuv r e ait une vie plus longue
que la mienne ; la r e connaissance que je v ous ai v oué e , et qui,
je l’ espèr e , ég alera v otr e affe ction pr esque mater nelle p our
moi, subsisterait alor s au-delà du ter me fix é à nos sentiments.
Ce sublime privilég e d’étendr e ainsi p ar la vie de nos œuv r es
l’ e xistence du cœur suffirait, s’il y avait jamais une certitude à
cet ég ard, p our consoler de toutes les p eines qu’il coûte à ceux
dont l’ambition est de le conquérir . Je rép éterai donc : Dieu le
v euille !
DE BALZA C.
D ouai dans la r ue de Paris une maison dont la phy
sionomie , les disp ositions intérieur es et les détails ont, plus que ceuxI d’aucun autr e logis, g ardé le caractèr e des vieilles constr uctions
flamandes, si naïv ement appr oprié es aux mœur s p atriar cales de ce b on
p ay s ; mais avant de la dé crir e , p eut-êtr e faut-il établir dans l’intérêt des
é crivains la né cessité de ces prép arations didactiques contr e lesquelles
1La r e cher che de l’absolu Chapitr e
pr otestent certaines p er sonnes ignorantes et v oraces qui v oudraient des
émotions sans en subir les princip es g énérateur s, la fleur sans la graine ,
l’ enfant sans la g estation. L’ Art serait-il donc tenu d’êtr e plus fort que
ne l’ est la Natur e ? Les é vénements de la vie humaine , soit publique , soit
privé e , sont si intimement liés à l’ar chite ctur e , que la plup art des obser
vateur s p euv ent r e constr uir e les nations ou les individus dans toute la vérité
de leur s habitudes, d’après les r estes de leur s monuments publics ou p ar
l’ e x amen de leur s r eliques domestiques. L’ar ché ologie est à la natur e
sociale ce que l’anatomie comp aré e est à la natur e or g anisé e . Une mosaïque
ré vèle toute une so ciété , comme un squelee d’ichthy osaur e sous-entend
toute une cré ation. D e p art et d’autr e , tout se dé duit, tout s’ enchaîne . La
cause fait de viner un effet, comme chaque effet p er met de r emonter à une
cause . Le savant r essuscite ainsi jusqu’aux v er r ues des vieux âg es. D e là
vient sans doute le pr o digieux intérêt qu’inspir e une description ar chite
cturale quand la fantaisie de l’é crivain n’ en dénatur e p oint les éléments ;
chacun ne p eut-il p as la raacher au p assé p ar de sé vèr es dé ductions ; et,
p our l’homme , le p assé r essemble singulièr ement à l’av enir : lui
raconter ce qui fut, n’ est-ce p as pr esque toujour s lui dir e ce qui sera ? Enfin,
il est rar e que la p eintur e des lieux où la vie s’é coule ne rapp elle à
chacun ou ses v œux trahis ou ses esp érances en fleur . La comp araison entr e
un présent qui tr omp e les v ouloir s se cr ets et l’av enir qui p eut les ré
aliser , est une sour ce inépuisable de mélancolie ou de satisfactions douces.
A ussi, est-il pr esque imp ossible de ne p as êtr e pris d’une espè ce
d’aendrissement à la p eintur e de la vie flamande , quand les accessoir es en sont
bien r endus. Pour quoi ? Peut-êtr e est-ce , p ar mi les différ entes e xistences,
celle qui finit le mieux les incertitudes de l’homme . Elle ne va p as sans
toutes les fêtes, sans tous les liens de la famille , sans une grasse aisance
qui aeste la continuité du bien-êtr e , sans un r ep os qui r essemble à de la
bé atitude ; mais elle e xprime surtout le calme et la monotonie d’un b
onheur naïv ement sensuel où la jouissance étouffe le désir en le pré v enant
toujour s. elque prix que l’homme p assionné puisse aacher aux
tumultes des sentiments, il ne v oit jamais sans émotion les imag es de cee
natur e so ciale où les baements du cœur sont si bien réglés, que les g ens
sup erficiels l’accusent de fr oideur . La foule préèr e g énéralement la for ce
anor male qui déb orde à la for ce ég ale qui p er siste . La foule n’a ni le temps
2La r e cher che de l’absolu Chapitr e
ni la p atience de constater l’immense p ouv oir caché sous une app ar ence
unifor me . A ussi, p our frapp er cee foule emp orté e p ar le courant de la
vie , la p assion de même que le grand artiste n’a-t-elle d’autr e r essour ce
que d’aller au delà du but, comme ont fait Michel- Ang e , Bianca Cap ello ,
mademoiselle de La V allièr e , Be etho w en et Pag anini. Les grands
calculateur s seuls p ensent qu’il ne faut jamais dép asser le but, et n’ ont de r esp e ct
que p our la virtualité empr einte dans un p arfait accomplissement qui met
en toute œuv r e ce calme pr ofond dont le char me saisit les hommes sup
érieur s. Or , la vie adopté e p ar ce p euple essentiellement é conome r emplit
bien les conditions de félicité que rê v ent les masses p our la vie cito y enne
et b our g e oise . La matérialité la plus e x quise est empr einte dans toutes les
habitudes flamandes. Le comfort anglais offr e des teintes sè ches, des tons
dur s ; tandis qu’ en F landr e le vieil intérieur des ménag es réjouit l’ œil p ar
des couleur s mo elleuses, p ar une b onhomie v raie ; il implique le travail
sans fatigue ; la pip e y dénote une heur euse application du far niente
nap olitain ; puis, il accuse un sentiment p aisible de l’art, sa condition la plus
né cessair e , la p atience ; et l’élément qui en r end les cré ations durables,
la conscience . Le caractèr e flamand est dans ces deux mots, p atience et , qui semblent e x clur e les riches nuances de la p o ésie et r endr e
les mœur s de ce p ay s aussi plates que le sont ses lar g es plaines, aussi
fr oides que l’ est son ciel br umeux ; mais il n’ en est rien. La civilisation a
déplo yé là son p ouv oir en y mo difiant tout, même les effets du climat. Si
l’ on obser v e av e c aention les pr o duits des div ers p ay s du glob e , on est
tout d’ab ord sur pris de v oir les couleur s grises et fauv es sp é cialement
affe cté es aux pr o ductions des zones temp éré es, tandis que les couleur s les
plus é clatantes distinguent celles des p ay s chauds. Les mœur s doiv ent
nécessair ement se confor mer à cee loi de la natur e . Les F landr es, qui jadis
étaient essentiellement br unes et v oué es à des teintes unies, ont tr ouvé les
mo y ens de jeter de l’é clat dans leur atmosphèr e fuligineuse p ar les
vicissitudes p olitiques qui les ont successiv ement soumises aux Bour guignons,
aux Esp agnols, aux Français, et les ont fait frater niser av e c les Allemands
et les Hollandais. D e l’Esp agne , elles ont g ardé le lux e des é carlates, les
satins brillants, les tapisseries à effet vig our eux, les plumes, les mandolines,
et les for mes courtoises. D e V enise , elles ont eu, en r etour de leur s toiles
et de leur s dentelles, cee v er r erie fantastique où le vin r eluit et semble
3La r e cher che de l’absolu Chapitr e
meilleur . D e l’ A utriche , elles ont conser vé cee p esante diplomatie qui,
suivant un dicton p opulair e , fait tr ois p as dans un b oisse au. Le commer ce
av e c les Indes y