The Project Gutenberg EBook of Le culte du moi 1, by Maurice Barr s �This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.netTitle: Le culte du moi 1 Sous l'oeil des barbaresAuthor: Maurice Barr s �Release Date: October 7, 2005 [EBook #16812]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE CULTE DU MOI 1 ***Produced by Marc D'HoogheFrom images generously made available by gallica(Biblioth que nationale de France) at http://gallica.bnf.fr.� * * * * *LE CULTE DU MOISOUS L'OEIL DES BARBARESparMAURICE BARRESDE L'ACAD �MIE FRAN �AISE * * * * *NOUVELLE DITION�PARIS1911TABLEEXAMEN DES TROIS ROMANS ID OLOGIQUES.�SOUS L'OEIL DES BARBARESVoici une courte monographie r aliste �LIVRE IAVEC SES LIVRESCHAPITRE PREMIER.--Concordance_D �part inquiet_CHAPITRE DEUXI ME.--Concordance�_Tendresse_CHAPITRE TROISI ME.--Concordance�_D �sint �ressement_LIVRE IIA PARISCHAPITRE QUATRI ME.--Concordance�_Paris vingt ans_ �CHAPITRE CINQUI ME.--Concordance�_Dandysme_CHAPITRE SIXI ME.--Concordance�_Extase_CHAPITRE SEPTI ME,--Concordance�_Affaissement_Oraison * * * * *EXAMEN DES TROIS ROMANS ID OLOGIQUES�A M. PAUL BOURGETMON ...
The Project Gutenberg EBook of Le culte du moi 1, by Maurice Barr�s This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Le culte du moi 1 Sous l'oeil des barbares Author: Maurice Barr�s Release Date: October 7, 2005 [EBook #16812] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE CULTE DU MOI 1 ***
Produced by Marc D'Hooghe
From images generously made available by gallica (Biblioth�que nationale de France) at http://gallica.bnf.fr.
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LE CULTE DU MOI * * * * * SOUS L'OEIL DES BARBARES par MAURICE BARRES DE L'ACAD�MIE FRAN�AISE * * * * * NOUVELLE�DITION PARIS 1911
* * * * *
TABLE
EXAMEN DES TROIS ROMANS ID�OLOGIQUES.
SOUS L'OEIL DES BARBARES
Voici une courte monographie r�aliste
LIVRE I
AVEC SES LIVRES
CHAPITRE PREMIER.--Concordance
_D�part inquiet_
CHAPITRE DEUXI�ME.--Concordance
_ _ Tendresse
CHAPITRE TROISI�ME.--Concordance
D�sint�ressement_ _
LIVRE II
A PARIS
CHAPITRE QUATRI�ME.--Concordance
Paris�vingt ans_ _
CHAPITRE CINQUI�ME.--Concordance
Dandysme _ _
CHAPITRE SIXI�ME.--Concordance
Extase _ _
CHAPITRE SEPTI�ME,--Concordance
Affaissement _ _
Oraison
* * * * *
EXAMEN DES TROIS ROMANS ID�OLOGIQUES
* * * * *
A M. PAUL BOURGET
MON CHER AMI, _ _ _ Ce volume , Sous l'oeil des Barbares, mis en vente depuis six semaines,�tait ignor�du public, et la plupart des professionnels le jugeaient incompr�hensible et choquant, quand vous lui apport�tes votre autorit�et voire amiti�fraternelle. Vous m'en avez continu�le b�n�fice jusqu'�ce jour. Vous m'avez abr�g�de quelques ann�es le temps fort p�nible o�un�crivain se cherche un public. Peut-�tre aussi mon travail m'est-il devenu plus agr�able�moi-m�me, gr�ce�cette courtoise et affectueuse compr�hension par o�vous n�gligez les imperfections de ces pages pour y souligner ce qu'elles comportent de tentatives int�ressantes. _ Ah! les ch�res journ�es entre autres que nous avons pass�es�Hy�res! _ Comme vous�criviez_ Un coeur de femme, _nous n'avions souci que du viveur Casal, de Poyanne, de la pliante madame de Tilli�re, puis aussi de la jeune B�r�nice et de cet idiot de Charles Martin qui faisaient alors ma complaisance. Ils nous amusaient parfaitement. J'ajoute que vous avez un art incomparable pour organiser la vie dans ses moindres d�tails, c'est-�-dire donner de l'intelligence aux h�teliers et de la timidit�aux importuns;�ce point que pas une fois, en me mettant� table, dans ce temps-l�, il ne me vint�l'esprit une r�flexion qui m'attriste en voyage,�savoir qu'�tant donn�le grand nombre de b�tes qu'on rencontre�travers le monde, il est bien p�nible que seuls, ou �peu pr�s, le veau, le boeuf et le mouton soient comestibles._ _Et c'est ainsi, mon cher Bourget, que vous m'avez procur�le plaisir le _ plus doux pour un jeune esprit, qui est d'aimer celui qu'il admire. Si j'ajoute que vous�tes le penseur de ce temps ayant la vue la plus _ nette des m�thodes convenables�chaque esp�ce d'esprit et le go�t le plus vif pour en discuter, on s'expliquera surabondamment que je prenne la libert�de vous adresser ce petit travail, ou je me suis propos� d'examiner quelques questions que soul�ve cette th�orie de la culture du Moi d�velopp� lee dans_ Sous l'oeil des Barbares, Un homme libre _et _ Jardin de B�r�nice.
* * * * *
EXAMEN
Oui, il m'a sembl�, en lisant mes critiques les plus bienveillants, que ces trois volumes, publi�s�de larges intervalles (de 1888�91) n'avaient pas su dire tout leur sens. On s'est attach��louer ou� contester des d�tails; c'est la suite, l'ensemble logique, le syst�me qui seuls importent. Voici donc un examen de l'ouvrage en r�ponse aux critiques les plus fr�quentes qu'on en fait. Toutefois, de crainte d'offenser aucun de ceux qui me font la gracieuset�de me suivre, je proc�derai par exposition, non par discussion. Que peut-on demander�ces trois livres? N'y cherchez pas de psychologie, du moins ce ne sera pas celle de MM. Taine ou Bourget. Ceux-ci proc�dent selon la m�thode des botanistes qui nous font voir comment la feuille est nourrie par la plante, par ses racines, par le sol o�elle se d�veloppe, par l'air qui l'entoure. Ces v�ritables psychologues pr�tendent remonter la s�rie des causes de tout frisson humain; en outre, des cas particuliers et des anecdotes qu'ils nous narrent, ils tirent des lois g�n�rales. Tout�l'encontre, ces
ouvrages-ci ont�t��crits par quelqu'un qui trouve _l'Imitation de J�sus-Christ_ ou la _Vita nuova_ du Dante infiniment satisfaisantes, et dont la pr�occupation d'analyse s'arr�te�donner une description minutieuse,�mouvante et contagieuse des�tats d'�me qu'il s'est propos�s. Le principal d�faut de cette mani�re, c'est qu'elle laisse inintelligibles, pour qui ne les partage pas, les sentiments qu'elle d�crit. Expliquer que tel caract�re exceptionnel d'un personnage fut pr�par�par les habitudes de ses anc�tres et par les excitations du milieu o�il r�agit, c'est le pont aux�nes de la psychologie, et c'est par l�que les lecteurs les moins pr�par�s parviennent�p�n�trer dans les domaines tr�s particuliers o�les invite leur auteur. Si un bon psychologue en effet ne nous faisait le pont par quelque commentaire, �_ _ t que comprendrions-nous tel livre, l'Imitation , par exemple, don nous ne partageons ni les ardeurs ni les lassitudes? Encore la cellule d'un pieux moine n'est-elle pas, pour les lecteurs n�s catholiques, le lieu le plus secret du monde: le moins mystique de nous croit avoir des lueurs sur les sentiments qu'elle comporte; mais la vie et les sentiments d'un pur lettr�, orgueilleux, raffin�et d�sarm�, jet�� vingt ans dans la rude concurrence parisienne, comment un honn�te homme en aurait-il quelque lueur? Et comment, pour tout dire, un Anglais, un Norv�gien, un Russe se pourront-ils reconna�tre dans le livre que voici, o�j'ai tent�la monographie des cinq ou six ann�es d'apprentissage d'un jeune Fran�ais intellectuel? On le voit, je ne me dissimule pas les difficult�s de la m�thode que j'ai adopt�e. Cette obscurit�qu'on me reprocha durant quelques ann�es n'est nullement embarras de style, insuffisance de l'id�e, c'est manque d'explications psychologiques. Mais quand j'�crivais, tout men�par mon �motion, je ne savais que d�terminer et d�crire les conditions des ph�nom�nes qui se passaient en moi. Comment les euss�-je expliqu�s? Et d'ailleurs, s'il y faut des commentaires, ne peuvent-ils�tre fournis par les articles de journaux, par la conversation? Il m'est bien permis de noter qu'on n'est plus arr�t�aujourd'hui par ce qu'on d�clarait incompr�hensible�l'apparition de ces volumes. Enfin ce livre,--et voici le fond de ma pens�e,--je n'y m�lai aucune part didactique, parce que, dans mon esprit, je le recommande uniquement�ceux qui go�tent la sinc�rit�sans plus et qui se passionnent pour les crises de l'�me, fussent-elles d'ailleurs singuli�res. Ces id�ologies, au reste, sont exprim�es avec une�motion communicative; ceux qui partagent le vieux go�t fran�ais pour les dissertations psychiques trouveront l�un int�r�t dramatique. J'ai fait de l'id�ologie passionn�e. On a vu le roman historique, le roman des moeurs parisiennes; pourquoi une g�n�ration d�go�t�e de beaucoup de choses, de tout peut-�tre, hors de jouer avec des id�es, n'essayerait-elle pas le roman de la m�taphysique? Voici des m�moires spirituels, des�jaculations aussi, comme ces livres de discussions scolastiques que coupent d'ardentes pri�res. Ces monographies pr�sentent un triple int�r�t: 1�Elles proposent� formules_plusieurs les pr�cises de sentiments _ qu'ils�prouvent eux aussi, mais dont ils ne prennent�eux seuls qu'une conscience imparfaite; 2�Elles sont un _renseignement_ sur un type de jeune homme d�j� fr�quent et qui, je le pressens, va devenir plus nombreux encore parmi ceux qui sont aujourd'hui au lyc�e. Ces livres, s'ils ne sont pas trop d�lay�s et trop forc�s par les imitateurs, seront consult�s dans la suite comme documents;
3�Mais voici un troisi�me point qui fait l'objet de ma sollicitude toute sp�ciale: ces monographies sont un enseignement . Quel que soit _ _ le danger d'avouer des buts trop hauts, je laisserais le lecteur s'�garer infiniment si je ne l'avouais. Jamais je ne me suis soustrait� l'ambition qu'a exprim�e un po�te�tranger:�Toute grande po�sie est un _ enseignement, je veux que l'on me consid�re comme un ma�tre ou rien.� _ Et, par l�, j'appelle la discussion sur la th�orie qui remplit ces volumes, sur _le culte du Moi_. J'aurai ensuite�m'expliquer de mon _ _ Scepticisme , comme ils disent.
* * * * *
I--CULTE DU MOI
a.--JUSTIFICATION DU CULTE DU MOI
M'�tant propos�de mettre en roman la conception que peuvent se faire de l'univers les gens de notre�poque d�cid�s�penser par eux-m�mes et non pas�r�p�ter des formules prises au cabinet de lecture, j'ai cru devoir commencer par une�tude du Moi. Mes raisons, je les ai expos�es dans une conf�rence de d�cembre 1890, au th��tre d'application, et quoique cette dissertation n'ait pas�t�publi�e, il me para�t superflu de la reprendre ici dans son d�tail. Notre morale, notre religion, notre sentiment des nationalit�s sont choses�croul�es, constatais-je, auxquelles nous ne pouvons emprunter de r�gles de vie, et, en attendant que nos ma�tres nous aient refait des certitudes, il convient que nous nous en tenions�la seule r�alit�, au Moi. C'est la conclusion du _ premier chapitre (assez insuffisant, d'ailleurs) de Sous l'oeil des _ Barbares . On pourra dire que cette affirmation n'a rien de bien f�cond, vu qu'on la trouve partout. A cela, s'il faut r�pondre, je r�ponds qu'une id�e prend toute son importance et sa signification de l'ordre o�nous la pla�ons dans l'appareil de notre logique. Et le culte du Moi a re�u un caract�re pr�pond�rant dans l'exposition de mes id�es, en m�me temps que j'essayais de lui donner une valeur dramatique dans mon oeuvre. �go�sme,�gotisme, Moi avec une majuscule, ont d'ailleurs fait leur chemin. Tandis qu'un grand nombre de jeunes esprits, dans leur d�sarroi moral, accueillaient d'enthousiasme cette chaloupe, il s'�leva des r�criminations, les sempiternelles d�clamations contre l'�go�sme. Cette clameur fait sourire. Il est f�cheux qu'on soit encore oblig�d'en revenir�des notions qui, une fois pour toutes, devraient�tre acquises aux esprits un peu d�frich�s.�Les moralistes, disait avec une haute clairvoyance Saint-Simon en 1807, se mettent en contradiction quand ils d�fendent�l'homme l'�go�sme et approuvent le patriotisme, car le patriotisme n'est pas autre chose que l'�go�sme national, et cet�go�sme fait commettre de nation�nation les m�mes injustices que l'�go�sme personnel entre les individus.�En r�alit�, avec Saint-Simon, tous les penseurs l'ont bien vu, la conservation des corps organis�s tient� l'�go�sme. Le mieux o�l'on peut pr�tendre, c'est�combiner les int�r�ts des hommes de telle fa�on que l'int�r�t particulier et l'int�r�t g�n�ral soient dans une commune direction. Et de m�me que la premi�re g�n�ration de l'humanit�est celle o�il y eut le plus d'�go�sme personnel, puisque les individus ne combinaient pas leurs int�r�ts, de m�me des jeunes gens sinc�res, ne trouvant pas,�leur entr�e dans la vie, un ma�tre,�_axiome, religion ou prince des hommes_,�qui s'impose a eux, doivent tout d'abord servir les besoins
de leur Moi. Le premier point, c'est d'exister. Quand ils se sentiront assez forts et possesseurs de leur�me, qu'ils regardent alors l'humanit�et cherchent une voie commune o�s'harmoniser. C'est le souci qui nous�mouvait aux jours d'amour du _Jardin de B�r�nice_. Mais, par un examen attentif des seuls titres de ces trois petites suites, nous allons toucher, s�rement et sans tra�ner, leur essentiel et leur ordonnance.
* * * * *
b.--TH�SE DE�SOUS L'OEIL DES BARBARES�
Grave erreur de pr�ter�ce mot de _barbares_ la signification de �philistins�ou de�bourgeois�. Quelques-uns s'y m�prirent tout d'abord. Une telle synonymie pourtant est fort oppos�e�nos pr�occupations. Par quelle grossi�re obsession professionnelle s�parerais-je l'humanit�en artistes, fabricants d'oeuvres d'art et en non-artistes? Si Philippe se plaint de vivre�sous l'oeil des barbares�, ce n'est pas qu'il se sente opprim�par des hommes sans culture ou par des n�gociants; son chagrin c'est de vivre parmi des�tres qui de la vie poss�dent un r�ve oppos��celui qu'il s'en compose. Fussent-ils par ailleurs de fins lettr�s, ils sont pour lui des�trangers et des adversaires. Dans le m�me sens les Grecs ne voyaient que barbares hors de la patrie grecque. Au contact des�trangers, et quel que f�t d'ailleurs le degr� de civilisation de ceux-ci, ce peuple jaloux de sa propre culture �prouvait un froissement analogue�celui que ressent un jeune homme contraint par la vie�fr�quenter des�tres qui ne sont pas de sa patrie psychique. Ah! que m'importe la qualit�d'�me de qui contredit une sensibilit�! Ces �trangers qui entravent ou d�voient le d�veloppement de tel Moi d�licat, h�sitant et qui se cherche, ces barbares sous la pression de qui un jeune homme faillira�sa destin�e et ne trouvera pas sa joie de vivre, je les ha�s. * * * * * Ainsi, quand on les oppose, prennent leur pleine intelligence ces deux termes _Barbare _ _ _�re s et Moi . Notre Moi, c'est la mani re dont not organisme r�agit aux excitations du milieu et sous la contradiction des Barbares. Par une innovation qui, peut-�tre, ne demeurera pas inf�conde, j'ai tenu _ compte de cette opposition dans l'agencement du livre. Les concordances sont le r��it des faits tels qu'ils peuvent�tre relev�s _ du dehors , puis, dans une contre-partie, je donne le m�me fait, tel _ _ _ _ qu'il est senti au dedans . Ici, la vision que les Barbares se font d'un�tat de notre�me, l�le m�me�tat tel que nous en prenons conscience. Et tout le livre, c'est la lutte de Philippe pour se maintenir au milieu des Barbares qui veulent le plier�leur image. Notre Moi, en effet, n'est pas immuable; il nous faut le d�fendre chaque jour et chaque jour le cr�er. Voil�la double v�rit�sur quoi sont b�tis ces ouvrages. Le culte du Moi n'est pas de s'accepter tout entier. Cette �thique, o�nous avons mis notre ardente et notre unique complaisance, r�clame de ses servants un constant effort. C'est une culture qui se fait par�laguements et par accroissements: nous avons d'abord��purer notre Moi de toutes les parcelles�trang�res que la vie continuellement
y introduit, et puis�lui ajouter. Quoi donc? Tout ce qui lui est identique, assimilable; parlons net: tout ce qui se colle�lui quand il se livre sans r�action aux forces de son instinct. �Moi, disait Proudhon, se souvenant de son enfance, c'�tait tout ce que je pouvais toucher de la main, atteindre du regard et qui m'�tait bon� quelque chose; non-moi�tout ce qui pouvait nuire ou rtait �sister� moi.�Pour tout�tre passionn�qu'emporte son jeune instinct, c'est bien avec cette simplicit�que le monde se dessine. Proudhon, petit villageois qui se roulait dans les herbages de Bourgogne, ne jouissait pas plus du soleil et du bon air que nous n'avons joui de Balzac et de Fichte dans nos chambres�troites, ouvertes sur le grand Paris, nous autres jeunes bourgeois p�lis, affam�s de tous les bonheurs. Appliquez �l'aspect spirituel des choses ce qu'il dit de l'ordre physique, vous avez l'�tat de Philippe dans Sous l'oeil des Barbares . Les Barbares, _ _ voil�le non-moi, c'est-�-dire tout ce qui peut nuire ou r�sister au Moi. Cette d�finition, qui s'illuminera dans _l'Homme libre_ et _le Jardin de B�r�nice_, est bien trouble encore au cours de ce premier volume. C'est que la naissance de notre Moi, comme toutes les questions d'origine, se d�robe�notre clairvoyance; et le souvenir confus que nous en conservons ne pouvait s'exprimer que dans la forme ambigu�du symbole. Ces premiers c� �_�_�ation hapitres des Barbares , le Bonhomme Syst me , duc d�sol�e qu'avant toute exp�rience nous re��mes de nos ma�tres, _Premi�res _ Tendresses , qui ne sont qu'un baiser sur un miroir, puis _� �_, assaillie dans une fa�on de tour d'ivoire par les Barb , Ath n ares sont la description sinc�re des couches profondes de ma sensibilit�.... Attendez! voici qu'�Milan, devant le sourire du Vinci, le Moi fait sa haute�ducation; voici que les Barbares, vus avec une plus large compr�hension, deviennent l'adversaire, celui qui contredit, qui divise. Ce sera l'Homme libre , ce sera B�r�nice . Quant�ce premier volume, _ _ _ _ je le r�p�te, point de d�part et assise de la s�rie, il se limite� d�crire l'�veil d'un jeune homme�la vie consciente, au milieu de ses livres d'abord, puis parmi les premi�res brutalit�s de Paris. Je le v�rifiai�leurs sympathies, ils sont nombreux ceux de vingt ans qui s'acharnent�conqu�rir et�prot�ger leur Moi, sous toute l'�cume dont l'�ducation l'a recouvert et qu'y rejette la vie�chaque heure. Je les vis plus nombreux encore quand, non contents de c�l�brer la sensibilit�qu'ils ont d'eux-m�mes, je leur proposai de la cultiver, d'�tre des�hommes libres�, des hommes se poss�dant en main.
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c.--TH�SE D'�UN HOMME LIBRE�
Ce Moi, qui tout�l'heure ne savait m�me pas s'il pouvait exister, voici qu'il se perfectionne et s'augmente. Ce second volume est le d�tail des exp�riences que Philippe institua et de la religion qu'il pratiqua pour se conformer a la loi qu'il se posait d'�tre ardent et clairvoyant. Pour parvenir d�lib�r�ment�l'enthousiasme, je me f�licite d'avoir restaur�la puissante m�thode de Loyola. Ah! que cette m�canique morale, compl�t�e par une bonne connaissance des rapports du physique et du moral (o�j'ai suivi Cabanis, quelqu'autre demain utilisera nos hypnotiseurs), saurait rendre de services�un amateur des mouvements de l'�me! Livre tout de volont�et d'aspect dess�ch�comme un recueil de formules, mais si r�ellement noble! J'y fortifie d'une m�thode r�fl�chie un dessein que j'avais form�d'instinct, et en m�me temps je l'�l�ve.
A Milan, devant le Vinci, Philippe�pure sa conception des Barbares; en Lorraine, sa conception du Moi. Ce ne sont pas des hors-d'oeuvre, ces chapitres sur la Lorraine que tout d'abord le public accueillit avec indulgence, ni ce double chapitre sur Venise, qui m'est peut-�tre le plus pr�cieux du volume. Ils d�crivent les moments o�Philippe se comprit comme un instant d'une chose immortelle. Avec une pi�t�sinc�re, il retrouvait ses origines et il entrevoyait ses possibilit�s futures. A interroger son Moi dans son accord avec des groupes, Philippe en prit le vrai sens. Il l'aper�ut comme l'effort de l'instinct pour se r�aliser. Il comprit aussi qu'il souffrait de s'agiter, sans tradition dans le pass�et tout consacr�� une oeuvre viag�re. Ainsi,�force de s'�tendre, le Moi va se fondre dans l'Inconscient. Non pas y dispara�tre, mais s'agrandir des forces in�puisables de l'humanit�, de la vie universelle. De l�ce troisi�me volume, _le Jardin de B�r�nice_, une th�orie de l'amour, o�les producteurs fran�ais qui tapageaient contre Schopenhauer et ne savaient pas reconna�tre en lui l'esprit de notre dix-huiti�me si�cle, pourront varier leurs d�veloppements, s'ils distinguent qu'ici l'on a mis Hartmann en action.
* * * * *
d.--TH�SE DU�JARDIN DE B�R�NICE�
Mais peut-�tre n'est-il pas superflu d'indiquer que la logique de l'intrigue est aussi serr�e que la succession des id�es.... A la fin de Sous l'oeil des Barbares , Philippe, d�courag�du contact _ _ avec les hommes, aspirait�trouver un ami qui le guid�t. Il faut toujours en rabattre de nos r�ves: du moins trouva-t-il un camarade qui partagea ses r�flexions et ses sensations dans une retraite m�thodique et f�conde. C'est Simon, ce fameux Simon (de Saint-Germain). Lass� pourtant de cette solitude, de ce dilettantisme contemplatif et de tant d'exp�riences menues, aux derni�res pages d'_Un Homme libr _ e , Philippe est pr�t pour l'action. _Le Jardin de B�r�nice_ raconte une campagne �lectorale. Ce que Philippe apprend, et du peuple et de B�r�nice qui ne font qu'un, je n'ai pas�le reproduire ici, car je me propose de souligner l'esprit de suite que j'ai mis dans ces trois volumes, mais non pas de suivre leurs d�veloppements. Une vive allure et d'�l�gants raccourcis toujours me plurent trop pour que je les g�te de commentaires superflus�. Qu'il me suffise de renvoyer�une phrase des _Barbares_, fort essentielle, quelques-uns qui se troublent, disant:�B�r�nice est-elle une petite-fille, ou l'�me populaire, ou l'Inconscient?� Aux premiers feuillets, leur r�pondais-je, on voit une jeune femme autour d'un jeune homme. N'est-ce pas plut�t l'histoire d'une�me avec ses deux�l�ments, f�minin et m�le? Ou encore,�c�t�du Moi qui se garde, veut se conna�tre et s'affirmer, la fantaisie, le go�t du plaisir, le vagabondage, si vif chez un�tre jeune et sensible? Que ne peut-on y voir? Je sais seulement que mes troubles m'offrirent cette complexit�o�je ne trouvais alors rien d'obscur. Ce n est pas ici une enqu�te logique sur la transformation de la ' sensibilit�; je restitue sans retouche des visions ou des�motions profond�ment ressenties. Ainsi, dans le plus touchant des po�mes, dans la _Vita nuova , la B�atrice est-elle une amoureuse, l'�glise _ ou la Th�ologie? Dante, qui ne cherchait point cette confusion, y _� � aboutit, parce qu' des mes, aux plus sensitives, le vocabulaire
commun devient insuffisant. Il vivait dans une surexcitation nerveuse qu'il nommait, selon les heures, d�sir de savoir, d�sir d'aimer, d�sir sans nom,_--et qu'il rendit immortelle par des proc�d�s heureux. A-t-on remarqu�que la femme est la m�me�travers ces trois volumes, accommod�e simplement au milieu? L'ombre�l�gante et tr�s raisonneuse des premiers chapitres des _Barbares_, c'est d�j�celle qui sera B�r�nice; elle est vraiment d�sign�e avec exactitude au chapitre Aventures d'amour , dans l'Homme libre , quand Philippe l'appelle _ _ _ _ l'�Objet�. Voil�bien le nom qui lui convient dans tous ses aspects, au cours de ces trois volumes. Elle est, en effet, objectiv�e, la part sentimentale qu'il y a dans un jeune homme de ce temps.... Et vraiment n'�tait-il pas temps qu'un conteur accueill�t ce principe, admis par tous les analystes et v�rifi�par chacun de nous jusqu'au plus profond d�senchantement,�savoir que l'amour consiste�v�tir la premi�re venue qui s'y pr�te un peu des qualit�s que nous recherchons cette saison-l�? �C'est nous qui cr�ons l'univers,�telle est la v�rit�qui impr�gne chaque page de cette petite oeuvre. De l�leurs conclusions: le Moi d�couvre une harmonie universelle�mesure qu'il prend du monde une conscience plus large et plus sinc�re. Cela se con�oit, il cr�e conform�ment�lui-m�me; il suffit qu'il existe r�ellement, qu'il ne soit pas devenu un reflet des Barbares, et dans un univers qui n'est que l'ensemble de ses pens�es r�gnera la belle ordonnance selon laquelle s'adaptent n�cessairement les unes aux autres les conceptions d'un cerveau lucide. Cette harmonie, cette s�curit�, c'est la r�v�lation qu'on trouve au _Jardin de B�r�nice_, et en v�rit�y a-t-il contradiction entre cette derni�re�tape et l'inqui�tude du d�part _Sous l'oeil des Barbares_? Nullement, c'�tait acheminement. Avant que le Moi cr��t l'univers, il lui fallait exister: ses duret�s, ses n�gations, c'�tait effort pour briser la coquille, pour�tre.
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II.--PR�TENDU SCEPTICISME Et maintenant au lecteur inform�de reviser ce jugement de scepticisme qu'on porta sur notre oeuvre. Nul plus que nous ne fut affirmatif. Parmi tant de contradictions que, �notre entr�e dans la vie, nous recueillons, nous, jeunes gens inform�s de toutes les fa�ons de sentir, je ne voulus rien admettre que je ne l'eusse�prouv�en moi-m�me. L'opinion publique fl�trit�bon droit l'hypocrisie. Celle-ci pourtant n'est qu'une concession�l'opinion elle-m�me, et parfois, quand elle est l'habilet�d'un Spinoza ou d'un Renan sacrifiant pour leur s�curit�aux dieux de l'empire, bien qu'elle demeure une d�faillance du caract�re, elle devient excusable pour les qualit�s de clairvoyance qui la d�cid�rent. Mais de ce point de vue intellectuel m�me, comment excuser des d�guis�s sans le savoir, qui marchent v�tus de fa�ons de sentir qui ne furent jamais les leurs? Ils introduisent le plus grand d�sordre dans l'humanit�; ils contredisent l'inconscient, en se d�robant�jouer le personnage pour lequel de toute �ternit�ils furent fa�onn�s. �coeur�de cette mascarade et de ces m�langes impurs, nous avons eu la passion d'�tre sinc�re et conforme�nos instincts. Nous servons en sectaire la part essentielle de nous-m�me qui compose notre Moi, nous ha�ssons ces�trangers, ces Barbares, qui l'eussent corrod�. Et cet acte de foi, dont re�urent la formule, par mes soins, tant de l�vres qui ne
savaient plus que railler, il me vaudrait qu'on me d�t sceptique! J'entrevois une confusion. Des lecteurs superficiels se seront m�pris sur l'ironie, proc�d�litt�raire qui nous est familier. Vraiment je ne l'employai qu'envers ceux qui vivent, comme dans un mardi-gras perp�tuel, sous des formules lou�es chez le costumier�la mode. Leurs convictions, tous leurs sentiments, ce sont manteaux de cour qui pendent avilis et flasques, non pas sur des reins maladroits, sur des mollets de bureaucrates, mais, disgr�ce plus grave, sur des�mes indignes. Combien en ai-je vu de ces nobles postures qui tr�s certainement n'�taient pas h�r�ditaires!... Ah! laissez-m'en sourire, tout au moins une fois par semaine, car tel est notre manque d'h�ro�sme que nous voulons bien nous accommoder des conventions de la vie de soci�t�et m�me accepter l'�trange dictionnaire o�vous avez d�fini, selon votre int�r�t, le juste et l'injuste, les devoirs et les m�rites; mais un sourire, c'est le geste qu'il nous faut pour avaler tant de crapauds. Soldats, magistrats, moralistes,�ducateurs, pour distraire les simples de l'�pouvante o�vous les mettez, laissez qu'on leur d�masque sous vos durs raisonnements l'imb�cillit�de la plupart d'entre vous et le remords du surplus. Si nous sommes impuissants�d�gager notre vie du courant qui nous emporte avec vous, n'attendez pourtant pas, d�testables compagnons, que nous prenions au s�rieux ces devoirs que vous affichez et ces mille sentiments qui ne vous ont pas co�t�une larme. Ai-je eu en revanche la moindre ironie pour Ath�n�dans son S�rapis, pour ma tendre B�r�nice humili�e, pour les pauvres animaux? Nul ne peut me reprocher le rire de Gundry sur le passage de J�sus portant sa croix, ce rire qui nous glace d _ _�ry non p ans Parsifal . Seulement, Gund lus je ne jetterai pas la r�probation, parce que, si nerveuse, elle-m�me est bien faite pour souffrir. Toujours je fus l'ami de ceux qui�taient mis�rables en quelque chose, et si je n'ai pas l'espoir d'aller jusqu'aux pauvres et aux d�sh�rit�s, je crois que je plairai�tous ceux qui se trouvent dans un�tat f�cheux au milieu de l'ordre du monde,� tous ceux qui se sentent faibles devant la vie. Je leur dis, et d'un ton fort assur�:�Il n'y a qu'une chose que nous connaissions et qui existe r�ellement parmi toutes les fausses religions qu'on te propose, parmi tous ces cris du coeur avec lesquels on pr�tend te reb�tir l'id�e de patrie, te communiquer le souci social et t'indiquer une direction morale. Cette seule r�alit�tangible, c'est le Moi, et l'univers n'est qu'une fresque qu'il fait belle ou laide. �Attachons-nous�notre Moi, prot�geons-le contre les�trangers, contre les Barbares. �Mais ce n'est pas assez qu'il existe; comme il est vivant, il faut le cultiver, agir sur lui m�caniquement (�tude, curiosit�, voyages). �S'il a faim encore, donne-lui l'action (recherche de la gloire, politique, industrie, finances). �Et s'il sent trop de s�cheresse, rentre dans l'instinct, aime les humbles, les mis�rables, ceux qui font effort pour cro�tre. Au soleil inclin�d'automne qui nous fait sentir l'isolement aux bras m�me de notre ma�tresse, courons contempler les beaux yeux des phoques et nous d�soler de la myst�rieuse angoisse que t�moignent dans leur vasque ces b�tes au coeur si doux, les fr�res des chiens et les n�tres.� Un tel repliement sur soi-m�me est dess�chant, m'a-t-on dit. Nul d'entre vous, mes chers amis, qui ne sourie de cette objection, s'il se conforme �la m�thode que j'expose. Ce que l'on dit de l'homme de g�nie, qu'il s'am�liore par son oeuvre, est�galement vrai de tout analyste du Moi. C'est de manquer d'�nergie et de ne savoir o�s'int�resser que souffre
le jeune homme moderne, si prodigieusement renseign�sur toutes les fa�ons de sentir. Eh bien! qu'il apprenne�se conna�tre, il distinguera o�sont ses curiosit�s sinc�res, la direction de son instinct, sa v�rit�. Au sortir de cette�tude obstin�e de son Moi,�laquelle il ne retournera pas plus qu'on ne retourne�sa vingti�me ann�e, je lui vois une admirable force de sentir, plus d'�nergie, de la jeunesse enfin et moins de puissance de souffrir. Incomparables b�n�fices! Il les doit� la science du m�canisme de son Moi qui lui permet de varier�sa volont� le jeu, assez restreint d'ailleurs, qui compose la vie d'un Occidental sensible. J'entends que l'on va me parler de solidarit�. Le premier point c'�tait d'exister. Que si maintenant vous vous sentez libres des Barbares et v�ritablement possesseurs de votre�me, regardez l'humanit�et cherchez une voie commune o�vous harmoniser. Prenez d'ailleurs le Moi pour un terrain d'attente sur lequel vous devez vous tenir jusqu'�ce qu'une personne�nergique vous ait reconstruit une religion. Sur ce terrain�b�tir, nous camperons, non pas tels qu'on puisse nous qualifier de religieux, car aucun doctrinaire n'a su nous proposer d'argument valable, sceptiques non plus, puisque nous avons conscience d'un probl�me s�rieux,--mais tout�la fois religieux et sceptiques. En effet, nous serions enchant�que quelqu'un surv�nt qui nous fourn�t des convictions.... Et, d'autre part, nous ne m�prisons pas le scepticisme, nous ne d�daignons pas l'ironie.... Pour les personnes d'une vie int�rieure un peu intense, qui parfois sont tent�es d'accueillir des solutions mal v�rifi�es, le sens de l'ironie est une forte garantie de libert�. * * * * * Au terme de cet examen, o�j'ai resserr�l'id�e qui anime ces petits trait�s, mais d'une main si dure qu'ils m'en paraissent maintenant tout froiss�s, je crains que le ton d�monstratif de ce commentaire ne donne le change sur nos pr�occupations d'art. En v�rit�, si notre oeuvre n'avait que l'int�r�t pr�cis que nous expliquons ici et n'y joignait pas des qualit�s moins saisissables, plus nuageuses et qui ouvrent le r�ve, je me tiendrais pour malheureux. Mais ces livres sont de telle naissance qu'on y peut trouver plusieurs sens. Une besogne purement didactique et toute de clart�n'a rien pour nous tenter. S'il m'y fallait plier, je rougirais d'ailleurs de me limiter dans une froide th�orie parcellaire et voudrais me jouer dans l'abondante�rudition du dictionnaire des sciences philosophiques. Aurais-je admis que ma contribution doubl�t telle page des manuels�crits par des ma�tres de conf�rences sur l'ordinaire de qui j'eusse paru empi�ter! Nul qui s'y m�prenne: dans ces volumes-ci, il s'agissait moins de composer une chose logique que de donner en tableaux�mouvants une description sinc�re de certaines fa�ons de sentir. Ne voici pas de la scolastique, mais de la vie. De m�me qu'�la salle d'armes nous pr�f�rons le jeu utile de l'�p�e aux finesses du fleuret, de m�me, si nous aimons la philosophie, c'est pour les services que nous en attendons. Nous lui demandons de pr�ter de la profondeur aux circonstances diverses de notre existence. Celles-ci, en effet,�elles seules, n'�veillent que le b�illement. Je ne m'int�resse �mes actes que s'ils sont m�l�s d'id�ologie, en sorte qu'ils prennent devant mon imagination quelque chose de brillant et de passionn�. Des pens�es pures, des actes sans plus, sont�galement insuffisants. J'envoyai chacun de mes r�ves brouter de la r�alit�dans le champ illimit�du monde, en sorte qu'ils devinssent des b�tes vivantes, non plus d'insaisissables chim�res, mais des�tres qui d�sirent et qui souffrent. Ces id�es o�du sang circule, je les livre non�mes a�n�s, non�ceux qui viendront plus tard, mais�plusieurs de mes