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The Project Gutenberg EBook of Les Noces Chimiques, by Christian Rosencreutz Copyright laws are changing all over the world. Be sure to check the copyright laws for your country before downloading or redistributing this or any other Project Gutenberg eBook. This header should be the first thing seen when viewing this Project Gutenberg file. Please do not remove it. Do not change or edit the header without written permission. Please read the "legal small print," and other information about the eBook and Project Gutenberg at the bottom of this file. Included is important information about your specific rights and restrictions in how the file may be used. You can also find out about how to make a donation to Project Gutenberg, and how to get involved.
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Title: Les Noces Chimiques Author: Christian Rosencreutz Release Date: April, 2005 [EBook #7854] [This file was first posted on May 24, 2003] Edition: 10 Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LES NOCES CHIMIQUES ***
Carlo Traverso, Charles Franks, and the Online Distributed Proofreading team
This file was produced from images generously made available by the Biblioth�que nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr.
LES NOCES CHIMIQUES DE CHRISTIAN ROSENCREUTZ ANN�E 1459
Les secrets perdent leur valeur; la profanation d�truit la gr�ce.
Donc: ne jette pas les perles aux porcs, et ne fais pas�un�ne un lit de roses.
STRASBOURG Chez les H�ritiers de feu Lazare Zetzner Ann�e M. DC. XVI
PREMIER JOUR
Un soir, quelque temps avant P�ques, j'�tais assis devant ma table et je m'entretenais, selon mon habitude, longuement avec mon Cr�ateur, dans une humble pri�re. Je m�ditais profond�ment les grands secrets, que le P�re de la Lumi�re, dans sa majest�, m'a laiss�contempler en grand nombre, plein du d�sir de pr�parer dans mon coeur un pain azyme sans tache, avec l'aide de mon agneau de P�ques bien-aim�. Soudain le vent vint�souffler avec tant de violence qu'il me sembla que la montagne dans laquelle ma demeure�tait creus�e, s'�croulerait sous la rafale. Cependant, comme cette tentative du diable, qui m'a accabl�de bien des peines, resta sans succ�s, je repris courage et pers�v�rai dans ma m�ditation. Tout�coup je me sens touch�au dos; j'en fus si effray� que je n'osai me retourner, quoiqu'en m�me temps j'en ressentisse une joie comme la faiblesse humaine n'en peut conna�tre que dans de semblables circonstances. Comme on continuait�me tirer par mes v�tements,�plusieurs reprises, je finis cependant par me retourner et je vis une femme admirablement belle, v�tue d'une robe bleue parsem�e d�licatement d'�toiles d'or, tel le ciel. Dans sa main droite elle tenait une trompette en or, sur laquelle je lus ais�ment un nom, que l'on me d�fendit de r�v�ler par la suite; dans sa main gauche elle serrait un gros paquet de lettres,�crites dans toutes les langues, qu'elle devait distribuer dans tous les pays comme je l'ai su plus tard. Elle avait des ailes grandes et belles, couvertes d'yeux sur toute leur �tendue; avec ces ailes elle s'�lan�ait et volait plus vite que l'aigle. Peut-�tre aurais-je pu faire d'autres remarques encore, mais, comme elle ne resta que tr�s peu de temps pr�s de moi tandis que j'�tais encore plein de terreur et de ravissement, je n'en vis pas davantage. Car, d�s que je me retournai, elle feuilleta son paquet de lettres, en prit une et la d�posa sur la table avec une profonde r�v�rence; puis elle me quitta sans m'avoir dit une parole. Mais en prenant son essor, elle sonna de sa trompette avec une telle force que la montagne enti�re en r�sonna et que je n'entendis plus ma propre voix pendant pr�s d'un quart d'heure. Ne sachant quel parti prendre dans cette aventure inattendue, je tombai�genoux et priai mon Cr�ateur qu'il me sauvegard�t de tout ce qui pourrait�tre contraire�mon salut�ternel. Tout tremblant de crainte je pris alors la lettre et je la trouvai plus pesante que si elle avait�t�toute en or. En l'examinant avec soin, je d�couvris le sceau minuscule qui la fermait et qui portait une croix d�licate avec
_ _ _ _ l'inscription: In hoc signo + vinces . D�s que j'eus aper�u ce signe je repris confiance car ce sceau n'aurait pas plu au diable qui certes n'en faisait pas usage. Je d�cachetai donc vivement la lettre et je lus les vers suivants,�crits en lettres d'or sur champ bleu: Aujourd'hui, aujourd'hui, aujourd'hui, Ce sont les noces du roi; Si tu es n�pour y prendre part Elu par Dieu pour la joie, Va vers la montagne Qui porte trois temples [NocesChimiqes-1.png] Voir les�v�nements. Prends garde�toi, Examine-toi toi-m�me. Si tu ne t'es pas purifi�assid�ment Les noces te feront dommage. Malheur�qui s'attarde l�-bas. Que celui qui est trop l�ger s'abstienne. Au-dessous comme signature: Sponsus et Sponsa . _ _ A la lecture de cette lettre je faillis m'�vanouir; mes cheveux se dress�rent et une sueur froide baigna tout mon corps. Je comprenais bien qu'il�tait question du mariage qui m'avait�t�annonc�dans une vision formelle sept ans auparavant; je l'avais attendu et souhait� ardemment pendant longtemps et j'en avais trouv�le terme en calculant soigneusement les aspects de mes plan�tes; mais jamais je n'avais soup�onn�qu'il aurait lieu dans des conditions si graves et si dangereuses. En effet, je m'�tais imagin�que je n'avais qu'�me pr�senter au mariage pour�tre accueilli en convive bienvenu et voici que tout d�pendait de l'�lection divine. Je n'�tais nullement certain d'�tre parmi les�lus; bien plus, en m'examinant, je ne trouvais en moi qu'inintelligence et ignorance des myst�res, ignorance telle que je n'�tais m�me pas capable de comprendre le sol que foulaient mes pieds et les objets de mes occupations journali�res;�plus forte raison je ne devais pas�tre destin��approfondir et�conna�tre les secrets de la nature. A mon avis, la nature aurait pu trouver partout un disciple plus m�ritant,�qui elle e�t pu confier son tr�sor si pr�cieux, quoique temporel et p�rissable. De m�me je m'aper�us que mon corps, mes moeurs ext�rieures et l'amour fraternel pour mon prochain n'�taient pas d'une puret�bien�clatante; ainsi, l'orgueil de la chair per�ait encore par sa tendance vers la consid�ration et la pompe mondaines et le manque d'�gards pour mon prochain. J'�tais encore constamment tourment�par la pens�e d'agir pour mon profit, de me b�tir des palais, de me faire un nom immortel dans le monde et autres choses semblables. Mais ce furent surtout les paroles obscures, concernant les trois temples, qui me donn�rent une grand inqui�tude; mes m�ditations ne parvinrent pas�les�claircir, et, peut-�tre, ne les aurais-je jamais comprises si la clef ne m'en avait�t�donn�e d'une mani�re merveilleuse. Ballott�ainsi entre la crainte et l'esp�rance, je pesais le pour et le contre; mais je n'arrivais qu'�constater ma faiblesse et mon impuissance. Me sentant incapable de prendre une d�cision quelconque, rempli d'effroi par cette invitation, je cherchai enfin une solution par ma voie habituelle, la plus certaine: je m'abandonnai au sommeil apr�s une pri�re s�v�re et ardente, dans l'espoir que mon ange voudrait m'appara�tre avec la permission divine
pour mettre un terme�mes doutes, ainsi que cela m'avait�t�d�j� accord�quelques fois auparavant. Et il en fut encore ainsi,�la louange de Dieu, pour mon bien et pour l'exhortation et l'amendement cordial de mon prochain. Car,�peine m'�tais-je endormi, qu'il me sembla que j'�tais couch� dans une tour sombre avec une multitude d'autres hommes; et, l�, attach�s�de lourdes cha�nes nous grouillions comme des abeilles sans lumi�re, m�me sans la plus faible lueur; et cela aggravait encore notre affliction. Aucun de nous ne pouvait voir quoi que ce fut et cependant j'entendais mes compagnons s'�lever constamment les uns contre les autres, parce que la cha�ne de l'un�tait tant soit peu plus l�g�re que celle de l'autre; sans consid�rer qu'il n'y avait pas lieu de se m�priser beaucoup mutuellement, car nous�tions tous de pauvres sots. Apr�s avoir subi ces peines pendant assez longtemps, nous traitant r�ciproquement d'aveugles et de prisonniers, nous entend�mes enfin sonner de nombreuses trompettes et battre le tambour avec un tel art que nous en f�mes apais�s et r�jouis dans notre croix. Pendant que nous�coutions, le toit de la tour fut soulev�et un peu de lumi�re put p�n�trer jusqu'�que l'on put nous voir tombernous. C'est alors les uns sur les autres, car tout ce monde remuait en d�sordre, de sorte que celui qui nous dominait tant�t�tait maintenant sous nos pieds. Quant�moi, je ne restai pas inactif non plus mais je me glissai parmi mes compagnons et, malgr�mes liens pesants, je grimpai sur une pierre dont j'avais r�ussi�, m'emparer; mais l�aussi je fus attaqu�par les autres et je les repoussai en me d�fendant de mon mieux des mains et des pieds. Nous�tions convaincus que nous serions tous lib�r�s mais il en fut autrement. Lorsque les Seigneurs qui nous regardaient d'en haut par l'orifice de la tour se furent�gay�s quelque peu de cette agitation et de ces g�missements, un vieillard tout blanc nous ordonna de nous taire, et, d�s qu'il eut obtenu le silence, il parla, si ma m�moire est fid�le, en ces termes: Si le pauvre genre humain Voulait ne pas se r�volter, Il recevrait beaucoup de biens D'une v�ritable m�re, Mais refusant d'ob�ir, Il reste avec ses soucis, Et demeure prisonnier. Toutefois, ma ch�re m�re ne veut pas Leur tenir rigueur pour leur d�sob�issance; Et laisse ses biens pr�cieux Arriver�la lumi�re trop souvent, Quoiqu'ils y parviennent tr�s rarement, Afin qu'on les appr�cie; Sinon on les consid�re comme fables. C'est pourquoi, en l'honneur de la f�te, Que nous c�l�brons aujourd'hui, Pour qu'on lui rende gr�ce plus souvent Elle veut faire une bonne oeuvre. On descendra la corde; Celui qui s'y suspendra Sera d�livr�. A peine eut-il achev�ce discours, que la vieille dame ordonna�ses serviteurs de lancer la corde dans la tour�sept reprises et de la ramener avec ceux qui auront pu la saisir. Oh Dieu! que ne puis-je d�crire avec plus de force l'angoisse qui nous
�treignit alors, car nous cherchions tous�nous emparer de la corde et par cela m�me nous nous en emp�chions mutuellement. Sept minutes s'�coul�rent, puis une clochette tinta;�ce signal les serviteurs ramen�rent la corde pour la premi�re fois avec quatre des n�tres. A ce moment j'�tais bien loin de pouvoir saisir la corde, puisque, pour mon grand malheur, j'�tais mont�sur une pierre contre la paroi de la tour, comme je l'ai dit; de cet endroit je ne pouvais saisir la corde qui descendait au milieu. La corde nous fut tendue une seconde fois; mais beaucoup parmi nous avaient des cha�nes trop lourdes et des mains trop d�licates pour y rester accroch�s, et, en tombant ils en entra�naient beaucoup d'autres qui se seraient peut-�tre maintenus. H�las! j'en vis qui, ne pouvant se saisir de la corde en arrachaient d'autres, tant nous f�mes envieux dans notre grande mis�re. Mais je plaignis surtout ceux qui�taient tellement lourds que leurs mains s'arrach�rent de leurs corps sans qu'ils parvinssent�monter. Il arriva donc qu'en cinq all�es et venues, bien peu furent d�livr�s; car�l'instant m�me o�le signal�tait donn�, les serviteurs ramenaient la corde avec une telle rapidit�que la plupart de ceux qui l'avaient saisie tombaient les uns sur les autres. La cinqui�me fois notamment la corde fut retir�e�vide de sorte que beaucoup d'entre nous, dont moi-m�me d�sesp�raient de leur d�livrance; nous implor�mes donc Dieu pour qu'il e�t piti�de nous et nous sortit de cette t�n�bre puisque les circonstances�taient propices; et quelques-uns ont�t� exauc�s. Comme la corde balan�ait pendant qu'on la retirait elle vint�passer pr�s de moi, peut-�tre par la volont�divine; je la suivis au vol et m'assis par-dessus tous les autres; et c'est ainsi que j'en sortis contre toute attente. Ma joie fut telle que je ne sentis pas les blessures qu'une pierre aigu�me fit�la t�te pendant la mont�e; je ne m'en aper�us qu'au moment o�,�mon tour, je dus aider les autres d�livr�s�retirer la corde pour la septi�me et derni�re fois; alors, par l'effort d�ploy�, le sang se r�pandit sur tous mes v�tements, sans que je le remarquasse, dans ma joie. Apr�s ce dernier retrait de la corde, ramenant un plus grand nombre de prisonniers, la dame chargea son tr�s vieux fils (dont l'�ge m'�tonnait grandement) d'exhorter les prisonniers restant dans la tour; celui-ci, apr�s une courte r�flexion, prit la parole comme suit: Chers enfants Qui�tes l�-bas, Voici termin� Ce qui�tait pr�vu depuis longtemps. Ce que la gr�ce de ma m�re A accord��vos fr�res Ne leur enviez point. Des temps joyeux viendront bient�t, O�tous seront�gaux; Il n'y aura plus ni pauvre ni riche. Celui�qui on a command�beaucoup Devra apporter beaucoup, Celui�qui on a confi�beaucoup Devra rendre des comptes s�v�res. Cessez donc vos plaintes am�res; Qu'est-ce que quelques jours. D�s qu'il e�t achev�ce discours, la toiture fut replac�e sur la tour. Alors l'appel des trompettes et des tambours retentit de nouveau, mais leur�clat ne parvenait pas�dominer les g�missements des prisonniers de la tour qui s'adressaient�tous ceux qui�taient dehors; et cela
me fit venir les larmes aux yeux. La vieille dame prit place�c�t�de son fils sur le si�ge dispos�� son intention et fit compter les d�livr�s. Quand elle en eut appris le nombre et l'eut marqu�sur une tablette en or, elle demanda le nom de chacun qui fut not�par un page. Elle nous regarda ensuite, soupira et dit�son fils (ce que j'entendis fort bien):�Ah! que je plains les pauvres hommes dans la tour; puisse Dieu me permettre de les d�livrer tous�. Le fils r�pondit:�M�re, Dieu l'a ordonn�ainsi et nous ne devons pas lui d�sob�ir. Si nous�tions tous seigneurs et possesseurs des biens de la terre, qui donc nous servirait quand nous sommes� table?�. A cela, sa m�re ne r�pliqua rien. Mais bient�t elle reprit:�D�livrez donc ceux-ci de leurs cha�nes�. Cela fut fait rapidement et l'on me d�barrassa presque le dernier. Alors, quoiqu'ayant observ�d'abord la fa�on de se comporter de mes compagnons, je ne pus me retenir de m'incliner devant la vieille dame et de remercier Dieu, qui, par son interm�diaire, avait bien voulu me transporter de la t�n�bre�la lumi�re, dans sa gr�ce paternelle. Les autres suivirent mon exemple et la dame s'inclina. Enfin chacun re�ut comme viatique une m�daille, comm�morative en or; elle portait sur l'endroit l'effigie du soleil levant, sur l'envers, si ma m�moire est fid�le, les trois lettres D. L. S.. _ _ [ Deus Lux Solis vel Laus Semper: Dieu lumi�re du Soleil ou A Dieu louange toujours.] Puis on nous cong�dia en nous exhortant�servir notre prochain pour la louange de Dieu, et�tenir secret ce qui nous avait�t�confi�; nous en f�mes la promesse et nous nous s�par�mes. Or, je ne pouvais marcher qu'avec difficult�,�cause des blessures produites par les anneaux qui m'avaient encercl�les pieds et je bo�tais des deux jambes. La vieille dame s'en aper�ut, en rit, me rappela et me dit:�Mon fils, ne t'attriste pas pour cette infirmit�, mais souviens-toi de tes faiblesses et remercie Dieu qui t'a-laiss� parvenir�cette lumi�re�lev�e, tandis que tu s�journes encore en ce monde, dans ton imperfection; supporte ces blessures en souvenir de moi�. A ce moment, les trompettes sonn�rent inopin�ment; j'en fus tellement saisi que je m'�veillai. C'est alors seulement que je m'aper�us que j'avais r�v�. Toutefois, j'avais�t�si fortement impressionn�que ce songe me pr�occupe encore aujourd'hui et qu'il me semble que je sens encore les plaies de mes pieds. En tous cas, je compris que Dieu me permettait d'assister aux noces occultes; je lui en rendis gr�ce, en sa majest�divine, dans ma foi filiale, et je le priai de me garder toujours dans sa crainte, de remplir quotidiennement mon coeur de sagesse et d'intelligence et de me conduire enfin, par sa gr�ce, jusqu'au but d�sir�, malgr�mon peu de m�rite. Puis je me pr�parai au voyage; je me v�tis de ma robe de lin blanche et je ceignis un ruban couleur de sang passant sur les�paules et dispos�en croix. J'attachai quatre roses rouges�mon chapeau, esp�rant que tous ces signes distinctifs me feraient remarquer plus vite dans la foule. Comme aliment, je pris du pain, du sel et de l'eau; j'en usai par la suite dans certains cas,�plusieurs reprises, non sans utilit�, en suivant le conseil d'un sage. Mais avant de quitter ma caverne, pr�t pour le d�part et par�de mon habit nuptial, je me prosternai�genoux et priai Dieu qu'Il perm�t
que tout ce qui allait advenir f�t pour mon bien; puis je Lui fis la promesse de me servir des r�v�lations qui pourraient m'�tre faites, non pour l'honneur et la consid�ration mondaines, mais pour r�pandre Son nom et pour l'utilit�de mon prochain. Ayant fait ce voeu, je sortis de ma cellule, plein d'espoir et de joie.
DEUXI�ME JOUR
A peine�tais-je entr�dans la for�t qu'il me sembla que le ciel entier et tous les�l�ments s'�taient d�j�par�s pour les noces; je crus entendre les oiseaux chanter plus agr�ablement et je vis les jeunes cerfs sauter si joyeusement qu'ils r�jouirent mon coeur et l'incit�rent�chanter. Je chantai donc�haute voix: Sois joyeux, cher petit oiseau; Pour louer ton cr�ateur El�ve ta voix claire et fine, Ton Dieu est tr�s puissant; Il t'a pr�par�ta nourriture Et te la donne juste en temps voulu, Sois satisfait ainsi. Pourquoi donc serais-tu chagrin, Pourquoi t'irriter contre Dieu De t'avoir fait petit oiseau? Pourquoi raisonner dans ta petite t�te Parce qu'il ne t'a pas fait homme? Oh! tais-toi, il a profond�ment m�dit�cela, Sois satisfait ainsi. Que ferais-je, pauvre ver de terre Si je voulais discuter avec Dieu? Chercherais-je�forcer l'entr�e du ciel Pour ravir le grand art par violence? Dieu ne se laisse pas bousculer; Que l'indigne s'abstienne. Homme, sois satisfait. S'il ne t'a pas fait empereur N'en soit pas offens�; Tu aurais peut-�tre m�pris�son nom Et de cela seul il se soucie. Les yeux de Dieu sont clairvoyants; Il voit au fond de ton coeur Donc tu ne le tromperas pas. Et mon chant, partant du fond de mon coeur se r�pandit�travers la for�t en r�sonnant de toutes parts. Les montagnes me r�p�t�rent les derni�res paroles au moment o�, sortant de la for�t, j'entrais dans une belle prairie. Sur ce pr�s'�lan�aient trois beaux c�dres dont les larges rameaux projetaient une ombre superbe. Je voulus en jouir aussit�t car malgr�que je n'eusse pas fait beaucoup de chemin, j'�tais accabl�par l'ardeur de mon d�sir; je courus donc aux arbres pour me reposer un peu. Mais en approchant de plus pr�s j'aper�us un�criteau fix��un arbre et voici les mots�crits en lettres�l�gantes que je lus:
�Etranger, salut: Peut-�tre as-tu entendu parler des Noces du Roi,
dans ce cas, p�se exactement ces paroles: Par nous, le Fianc�t'offre le choix de quatre routes, par toutes lesquelles tu pourras parvenir au Palais du Roi,�condition de ne pas t'�carter de sa voie. La premi�re est courte, mais dangereuse, elle passe�travers divers �cueils que tu ne pourras�viter qu'�grand peine; l'autre, plus longue, les contourne, elle est plane et facile si�l'aide de l'aimant tu ne te laisse d�tourner, ni�droite, ni�gauche. La troisi�me est en v�rit�la voie royale, divers plaisirs et spectacles de notre Roi te rendent cette voie agr�able. Mais�peine un sur mille peut arriver au but par celle-l�. Par la quatri�me, aucun homme ne peut parvenir au Palais du Roi, elle est rendue impossible car elle consume et ne peut convenir qu'aux corps incorruptibles. Choisis donc parmi ces trois voies celle que tu veux, et suis la avec constance. Sache aussi que quelle que soit celle que tu as choisie, en vertu d'un Destin immuable, tu ne peux abandonner ta r�solution, et revenir en arri�re sans le plus grand danger pour ta vie. Voil�ce que nous avons voulu que tu saches, mais prends garde aussi d'ignorer que tu d�ploreras d'avoir suivi cette voie pleine de p�rils: En effet s'il doit t'arriver de te rendre coupable du moindre d�lit contre les lois de notre Roi, je te prie pendant qu'il en est encore temps de retourner au plus vite chez toi, par le m�me chemin que tu as suivi pour venir�. _ [ Hospes salve: si quid tibi forsitan de nuptiis Regis auditum. Verba haec perpende. Quatuor viarum optionem per nos tibi sponsus offert, per quas omnes, modo non in devias delabaris, ad Regiam ejus aulam pervenire possis. Prima brevis est, sed periculosa, et quae te in varios scopulos deducet, ex quibus vix te expedire licebit. Altera longior, quae circumducet te, non abducet, plana ea est, et facilis, si te Magnetis auxilio, neque ad dextrum, neque finistrum abduci patieris. Tertia, vere Regia est, quae per varias Regis nostri delicias et spectacula viam tibi reddet jucundam. Sed quod vix millesimo hactenus obtigit. Per quartam nemini hominum licebit ad Regiam pervenire, ut pote, quae consumens, et non nisi corporibus incorruptibilibus conveniens est. Elige nunc ex tribus quam velis, et in ea constans permane. Scito autem quamcunque ingressus fueris: ab immutabili Fato tibi ita destinatum, nec nisi cum maximo vitae periculo regredi fas esse. Haec sunt quae te suivisse eolvimus: sed heus cave ignores, quanto cum periculo te huie viae commiseris: nam si te vel minimi delicti contra Regis nostri leges nosti obnoxium: quaeso dum adhuc licet pereandem viam, qua accessisti: domum te confer quam _ citissime. ] D�s que j'eus lu cette inscription, ma joie s'�vanouit; et apr�s avoir chant�si joyeusement je me mis�pleurer am�rement; car je voyais bien les trois routes devant moi. Je savais qu'il m'�tait permis d'en choisir une; mais en entreprenant la route de pierres et de rocs, je m'exposais�me tuer mis�rablement dans une chute; en pr�f�rant la voie longue je pouvais m'�garer dans les chemins de traverse ou rester en route pour toute autre cause dans ce long voyage. Je n'osais pas esp�rer non plus, qu'entre mille je serais pr�cis�ment celui qui pouvait choisir la voie royale. La quatri�me route s'ouvrait�galement devant moi; mais elle�tait tellement remplie de feu et de vapeur que je ne pouvais en approcher, m�me de loin. Dans cette incertitude je r�fl�chissais s'il ne valait pas mieux renoncer�mon voyage; d'un part, je consid�rais mon indignit�; mais d'autre part, le songe me consolait par le souvenir de la d�livrance de la tour, sans que je pusse cependant m'y fier d'une mani�re
absolue. J'h�sitais encore sur le parti�prendre, lorsque mon corps, accabl�de fatigue, r�clama sa nourriture. Je pris donc mon pain et le coupai. Alors une colombe, blanche comme la neige, perch�e sur un arbre et dont la pr�sence m'avait�chapp�e jusqu'�ce moment, me vit et descendit; peut-�tre en�tait-elle coutumi�re. Elle s'approcha tout doucement de moi et je lui offris de partager mon repas avec elle; elle accepta, et cela me permit d'admirer sa beaut�, tout�mon aise. Mais un corbeau noir, son ennemi, nous aper�ut; il s'abattit sur la colombe pour s'emparer de sa part de nourriture, sans pr�ter la moindre attention�ma pr�sence. La colombe n'eut d'autre ressource que de fuir et ils s'envol�rent tous deux vers le midi. J'en fus tellement irrit�et afflig�que je poursuivis�tourdiment le corbeau insolent et je parcourus ainsi, sans y prendre garde, presque la longueur d'un champ dans cette direction; je chassai le corbeau et je d�livrai la colombe. A ce moment seulement, je me rendis compte que j'avais agi sans r�flexion; j'�tais entr�dans une voie qu'il m'�tait interdit d'abandonner dor�navant sous peine d'une punition s�v�re. Je m'en serais consol�si je n'avais regrett�vivement d'avoir laiss�ma besace et mon pain au pied de l'arbre sans pouvoir les reprendre; car d�s que je voulais me retourner, le vent me fouettait avec tant de violence qu'il me jetait aussit�t�terre; par contre en poursuivant mon chemin je ne sentais plus la tourmente. Je compris alors que m'opposer au vent, c'�tait perdre la vie. Je me mis donc en route en portant patiemment ma croix, et, comme le sort en�tait jet�, je pris la r�solution de faire tout mon possible pour arriver au but avant la nuit. Maintes fausses routes se pr�sentaient devant moi; mais je les�vitai gr�ce�ma boussole, en refusant de quitter d'un pas le m�ridien, malgr�que le chemin f�t fr�quemment si rude et si peu praticable que je croyais m'�tre�gar�. Tout en cheminant, je pensais sans cesse�la colombe et au corbeau, sans parvenir�en comprendre la signification. Enfin je vis au loin un portail splendide, sur une haute montagne; je m'y h�tais malgr�qu'il f�t tr�s, tr�s�loign�de ma route, car le soleil venait de se cacher derri�re les montagnes sans que j'eusse pu apercevoir une ville au loin. J'attribue cette d�couverte�Dieu seul qui aurait bien pu me laisser continuer mon chemin sans m'ouvrir les yeux, car j'aurais pu le d�passer facilement sans le voir. Je m'en approchai, dis-je, avec la plus grande h�te et quand j'y parvins les derni�res lueurs du cr�puscule me permirent encore d'en distinguer l'ensemble. Or c'�tait un Portail Royal admirable, fouill�de sculptures repr�sentant des mirages et des objets merveilleux dont plusieurs avaient une signification particuli�re, comme je l'ai su plus tard. Tout en haut le fronton portait ces mots: LOIN D'ICI,�LOIGNEZ-VOUS PROFANES. [ Procul hinc, procul ite prophani ] _ _ avec d'autres inscriptions dont on m'a d�fendu s�v�rement de parler. Au moment o�j'arrivai au portail, un inconnu, v�tu d'un habit bleu du ciel, vint�ma rencontre. Je le saluai amicalement et il me r�pondit de m�me en me demandant aussit�t ma lettre d'invitation. Oh! combien fus-je joyeux alors de l'avoir emport�e avec moi car j'aurais pu l'oublier ais�ment, ce qui, d'apr�s lui,�tait arriv��d'autres. Je la lui pr�sentai donc aussit�t; non seulement il s'en montra satisfait, mais�ma grande surprise, il me dit en s'inclinant:
�Venez, cher fr�re, vous�tes mon h�te bienvenu�. Il me pria ensuite de lui dire mon nom, je lui r�pondis que j'�tais le fr�re de la Rose-Croix Rouge , il en t�moigna une agr�able surprise. Puis il me _ _ demanda:�Mon fr�re, n'auriez-vous pas apport�de quoi acheter un insigne?�Je lui r�pliquai que je n'�tais gu�re fortun�mais que je lui offrirais volontiers ce qui pourrait lui plaire parmi les objets en ma possession. Sur sa demande, je lui fis pr�sent de ma fiole d'eau, et il me donna en�change un insigne en or qui ne portait que _ ces deux lettres: S.C. [ Sanctitate constantia, Sponsus Charus, Spes _ Charitas : Constance par la saintet�; Fianc�par amour; Espoir par la charit�.] Il m'engagea�me souvenir de lui dans le cas o�il pourrait m'�tre utile. Sur ma question il m'indiqua le nombre des convives entr�s avant moi; enfin, par amiti�, il me remit une lettre cachet�e pour le gardien suivant. Tandis que je m'attardais�causer avec lui, la nuit vint; on alluma sous la porte un grand falot afin que ceux qui�taient encore en route pussent se diriger. Or le chemin qui conduisait au ch�teau se d�roulait entre deux murs; il�tait bord�de beaux arbres portant fruits. On avait suspendu une lanterne�un arbre sur trois de chaque c�t�de la route et une belle vierge v�tue d'une robe bleue venait allumer toutes ces lumi�res avec une torche merveilleuse; et je m'attardais plus qu'il n'�tait sage�admirer ce spectacle d'une beaut�parfaite. Enfin l'entretien prit fin et apr�s avoir re�u les instructions utiles je pris cong�du premier gardien. Tout en cheminant je fus pris du d�sir de savoir ce que contenait la lettre; mais comme je ne pouvais croire�une mauvaise intention du gardien je r�sistai�la tentation. J'arrivai ainsi�la deuxi�me porte qui�tait presque semblable�la premi�re; elle n'en diff�rait que par les sculptures et les symboles secrets. Sur le fronton on lisait: DONNEZ ET L'ON VOUS DONNERA. [ Date et dabitur vobis .] _ _ Un lion f�roce, encha�n�sous cette porte, se dressa d�s qu'il m'aper�ut et tenta de bondir sur moi en rugissant; il r�veilla ainsi le second gardien qui�tait couch�sur une dalle en marbre; celui-ci me pria d'approcher sans crainte. Il chassa le lion, prit la lettre que lui je tendis en tremblant et me dit en s'inclinant profond�ment: �Bienvenu en Dieu soit l'homme que je d�sirais voir depuis longtemps�. Ensuite il me pr�senta un insigne et me demanda si je pouvais l'�changer. Comme je ne poss�dais plus rien que mon sel, je lui offris et il accepta en me remerciant. Cet insigne ne portait encore que deux lettres: S. M. [ Studio merentis; Sal memor; Sponso mittendus; Sal _ _ mineralis; Sal menstrualis: D�sir de m�riter; Sel du souvenir; Produit par le fianc�; Sel min�ral; Sel des menstrues.] Comme je m'appr�tais�converser avec lui�galement, on sonna dans le ch�teau; alors le gardien me pressa de courir de toute la vitesse de mes jambes, sinon tout mon travail et mes efforts seraient vains car on commen�ait d�j���teindre toutes les lumi�res en haut. Je me mis imm�diatement�courir, sans saluer le gardien car je craignais d'arriver trop tard, non sans raison. En effet, quelque rapide que f�t ma course, la vierge me rejoignait d�j�et derri�re elle on�teignait toutes les lumi�res. Et je n'aurais pu rester dans le bon chemin si elle n'avait fait arriver une lueur de son flambeau jusqu'�moi. Enfin, pouss�par l'angoisse, je parvins� entrer juste derri�re elle;�cet instant m�me les portes furent referm�es si brusquement que le bas de mon v�tement fut pris; et je dus l'y abandonner car ni moi ni ceux qui appelaient�ce moment au
dehors, ne p�mes obtenir du gardien de la porte qu'il l'ouvr�t de nouveau; il pr�tendit avoir remis les clefs�la vierge, qui les aurait emport�es dans la cour. Je me retournai encore pour examiner la porte; c'�tait un chef-d'oeuvre admirable et le monde entier n'en poss�dait pas une qui l'�gal�t. A c�t�se dressaient deux colonnes; l'une d'elles portaitde la porte une statue souriante, avec l'inscription: CONGRATULATEUR [ Congratulor. ]; sur l'autre la statue cachait sa figure tristement _ _ et au-dessous on lisait: JE COMPATIS [ Condoleo ]. En un mot, on _ _ voyait des sentences et des images tellement obscures et myst�rieuses que les plus sages de la terre n'eussent pu les expliquer; mais, pourvu que Dieu le permette, je les d�crirai tous sous peu et je les expliquerai. En passant sous la porte il m'avait fallu dire mon nom, qui fut inscrit le dernier sur le parchemin destin�au futur�poux. Alors seulement le v�ritable insigne de convive me fut donn�; il�tait un peu plus petit que les autres mais beaucoup plus pesant. Les trois lettres suivantes y�taient grav�es: S.P.N.[ Salus per naturam; Sponsi _ praesentandus nuptiis : Sant�par la nature; offert aux noces du _ fianc�.]; ensuite on me chaussa d'une paire de souliers neufs, car le sol entier du ch�teau�tait dall�de marbre clair. Comme il m'�tait loisible de donner mes vieux souliers�l'un des pauvres qui s'asseyaient fr�quemment mais tr�s d�cemment sous la porte, j'en fis pr�sent�un vieillard. Quelques instants apr�s, deux pages tenant des flambeaux, me conduisirent dans une chambrette et me pri�rent de me reposer sur un banc; ce que je fis, tandis qu'ils disposaient les flambeaux dans deux trous pratiqu�s dans le sol; puis ils s'en all�rent, me laissant seul. Tout�coup, j'entendis pr�s de moi un bruit sans cause apparente et voici que je me sentis saisi par plusieurs hommes�la fois; ne les voyant pas je fus bien oblig�de les laisser agir�leur gr�. Je ne tardai pas�m'apercevoir qu'ils�taient perruquiers; je les priai alors de ne plus me secouer ainsi et je d�clarai que je me pr�terais� tout ce qu'ils voudraient. Ils me rendirent aussit�t la libert�de mes mouvements et l'un d'eux, tout en restant invisible, me coupa adroitement les cheveux sur le sommet de la t�te; il respecta cependant mes longs cheveux blanchis par l'�ge sur mon front et sur mes tempes. J'avoue que, de prime abord, je faillis m'�vanouir; car je croyais que Dieu m'avait abandonn��cause de ma t�m�rit�au moment o�je me sentis soulev�si irr�sistiblement. Enfin, les perruquiers invisibles ramass�rent soigneusement les cheveux coup�s et les emport�rent; les deux pages revinrent alors et se mirent�rire de ma frayeur. Mais�peine eurent-ils ouvert la bouche qu'une petite clochette tinta, pour r�unir l'assembl�e ainsi qu'on me l'apprit. Les pages me pr�c�d�rent donc avec leurs flambeaux et me conduisirent �la grande salle,�travers une infinit�de couloirs, de portes et d'escaliers. Une foule de convives se pressait dans cette salle; on y voyait des empereurs, des rois, des princes et des seigneurs, des nobles et des roturiers, des riches et des pauvres et toutes sortes de gens; j'en fus extr�mement surpris en songeant en moi-m�me:�Ah! suis-je assez fou! pourquoi m'�tre tant tourment�pour ce voyage! Voici des compagnons que je connais fort bien et que je n'ai jamais estim�s; les voici donc tous, et moi, avec toutes mes pri�res et mes supplications, j'y suis entr�le dernier, et�grand'peine!�