Divagations/Verlaine
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Stéphane MallarméDivagationsBibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897 (pp. 77-79).VERLAINELa tombe aime tout de suite le silence.Acclamations, renom, la parole haute cesse et le sanglot des vers abandonnés nesuivra jusqu’à ce lieu de discrétion celui qui s’y dissimule pour ne pas ...

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Langue Français

Extrait

Stéphane Mallarmé Divagations Bibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897(pp. 77-79).
VERLAINE
La tombe aime tout de suite le silence.
Acclamations, renom, la parole haute cesse et le sanglot des vers abandonnés ne suivra jusqu’à ce lieu de discrétion celui qui s’y dissimule pour ne pas offusquer, d’une présence, sa gloire.
Aussi, de notre part, à plus d’un menant un deuil fraternel, aucune intervention littéraire : elle occupe, unanimement, les journaux, comme les blanches feuilles de l’œuvre interrompu ressaisiraient leur ampleur et s’envolent porter le cri d’une disparition vers la brume et le public.
La Mort, cependant, institue exprès cette dalle pour qu’un pas dorénavant puisse s’y affermir en vue de quelque explication ou de dissiper le malentendutendu. Un adieu du signe au défunt cher lui tend la main, si convenait à l’humaine figure souveraine que ce fut, de reparaître, une fois dernière, pensant qu’on le comprit mal et de dire : Voyez mieux comme j’étais.
Apprenons, messieurs, au passant, à quiconque, absent, certes, ici, par incompétence et vaine vision se trompa sur le sens extérieur de notre ami, que cette tenue, au contraire, fut, entre toutes, correcte.
Oui, lesFêtes Galantes, laBonne Chanson, Sagesse, Amour, Jadis et Naguère, Parallèlementne verseraient-ils pas, de génération en génération, quand s’ouvrent, pour une heure, les juvéniles lèvres, un ruisseau mélodieux qui les désaltérera d’onde suave, éternelle et française — conditions, un peu, à tant de noblesse visible : que nous aurions profondément à pleurer et à vénérer, spectateurs d’un drame sans le pouvoir de gêner même par de la sympathie rien à l’attitude absolue que quelqu’un se fit en face du sort.
Paul Verlaine, son génie enfui au temps futur, reste héros.
Seul, ô plusieurs qui trouverions avec le dehors tel accommodement fastueux ou avantageux, considérons que — seul, comme revient cet exemple par les siècles rarement, notre contemporain affronta, dans toute l’épouvante, l’état du chanteur et du rêveur. La solitude, le froid, l’inélégance et la pénurie, qui sont des injures infligées auxquelles leur victime aurait le droit de répondre par d’autres volontairement faites à soi-même — ici la poésie presque a suffi — d’ordinaire composent le sort qu’encourt l’enfant avec son ingénue audace marchant en l’existence selon sa divinité : soit, convint le beau mort, il faut ces offenses, mais ce sera jusqu’au bout, douloureusement et impudiquement.
Scandale, du côté de qui ? de tous, par un répercuté, accepté, cherché : sa bravoure, il ne se cacha pas du destin, en harcelant, plutôt par défi, les hésitations, devenait ainsi la terriblerobité. Nous vîmes cela, messieurs, et en témoinons :
cela, ou pieuse révolte, l’homme se montrant devant sa Mère quelle qu’elle soit et voilée, foule, inspiration, vie, le nu qu’elle a fait du poëte et cela consacre un cœur farouche, loyal, avec de la simplicité et tout imbu d’honneur.
Nous saluerons de cet hommage, Verlaine, dignement, votre dépouille.
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