Il est de tristes fleurs qui fleurissent fanées, Aux crevasses des murs, sur les tours ruinées; Le soleil les accable, et le vent orageux Les déchire, cruel comme nous dans ses jeux. On les voit cependant, qui se pressent d'éclore, Comme si dans leur sein devait pleurer l'aurore: Comme si la bergère, en l'effeuillant, un jour, Y devait consulter l'oraclede l'amour! Car, tout suit une loi fatale; que l'on boive Le nectar ou l'absynthe, hélas! que l'on reçoive Le jour comme un bienfait ou comme un châtiment, Il faut naître, il faut vivre... il n'importe comment!
*** A Madame X
Ainsi, mes pauvres vers, floraison languissante, Entr'ouvrant leur calice à la rosée absente, Sous les coups de l'orage, au sifflement moqueur, S'obstinent à jaillir des fentes de mon cœur; Dans l'espoir qu'attendrie à je ne sais quel charme, Vous leur pourrez donner l'aumône d'une larme, Et que, même à la fête où l'on vous aime tant, Votre grâce en fera sa parure un instant... Tout meurtris, laissez-les vous chercher et vous suivre, Et qu'ils meurent du moins... comme je voudrais vivre Ou si, par un miracle, on les voit refleurir, Qu'ils vivent à vos pieds... comme on voudrait mourir!