Nina de Callias La Jalousie du jeune Dieu Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1869-1871 (1971) (pp. 95-95).
NINA DE CALLIAS
LA JALOUSIE DU JEUNE DIEU
Un savant visitait l’Égypte ; ayant osé Pénétrer dans l’horreur des chambres violettes Où les vieux rois thébains, en de saintes toilettes, Se couchaient sous le roc profondément creusé,
Il vit un petit pied de femme, mais brisé Par des Bédouins voleurs de riches amulettes. Le baume avait saigné le long des bandelettes, Le henné ravivait les doigts d’un ton rosé.
Pur, ce pied conservait dans ses nuits infernales Le charme doux & froid des choses virginales : L’amour d’un jeune dieu l’avait pris enfantin.
Ayant baisé ce pied posé dans l’autre monde, Le savant fut saisi d’une terreur profonde Et mourut furieux le lendemain matin.