Les poètes maudits
72 pages
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Les poètes maudits

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Description

Les Poètes maudits fut publié une première fois en 1884. Les commentaires éclairés de Paul Verlaine, qui fréquentait personnellement ces auteurs, se ponctuent d'anecdotes de première main. Dans ce texte, il écrit à propos de 6 auteurs qu'il estime talentueux, mais qui n'ont pas été reconnus à leur juste valeur (Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam et Pauvre Lelian). Extrait : Nous avons eu la joie de connaître Arthur Rimbaud. Aujourd'hui des choses nous séparent de lui sans que, bien entendu, notre très profonde admiration ait jamais manqué à son génie et à son caractère. A l'époque relativement lointaine de notre intimité, Arthur Rimbaud était un enfant de seize à dix-sept ans, déjà nanti de tout le bagage poétique qu'il faudrait que le vrai public connût et que nous essaierons d'analyser en citant le plus que nous pourrons. L'homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d'ange en exil, avec des cheveux châtain-clair mal en ordre et des yeux d'un bleu pâle inquiétant. Ardennais, il possédait en plus d'un joli accent de terroir trop vite perdu, le don d'assimilation prompte propre aux gens de ce pays-là, --- ce qui peut expliquer le rapide dessèchement sous le soleil fade de Paris, de sa veine, pour parler comme nos pères, de qui le langage direct et correct n'avait pas toujours tort, en fin de compte !

Informations

Publié par
Nombre de lectures 65
EAN13 9782824711775
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

P A U L V ERLAI N E
LES POÈT ES MA U DI TS
BI BEBO O KP A U L V ERLAI N E
LES POÈT ES MA U DI TS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1177-5
BI BEBO OK
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Sour ces :
– B.N.F .
– Éfélé
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
T RIST AN CORBI ÈRE
  C  un Br eton, un marin, et le dé daigneux p ar
e x cellence , œs triple x. Br eton sans guèr e de pratique catholique ,T mais cr o yant en diable  ; marin ni militair e , ni surtout mar chand,
mais amour eux furieux de la mer , qu’il ne montait que dans la tempête ,
e x cessiv ement fougueux sur ce plus fougueux des che vaux ( on raconte
de lui des pr o dig es d’impr udence folle ), dé daigneux du Succès et de la
Gloir e au p oint qu’il avait l’air de défier ces deux imbé ciles d’émouv oir
un instant sa pitié p our eux  !
Passons sur l’homme qui fut si haut, et p arlons du p oète .
Comme rimeur et comme pr oso diste il n’a rien d’imp e ccable , c’
est-àdir e d’assommant. Nul d’ entr e les Grands comme lui n’ est imp e ccable , à
commencer p ar Homèr e qui somnole quelquefois, p our ab outir à Gœthe
le très humain, quoi qu’ on dise , en p assant p ar le plus qu’ir régulier
Shaksp e ar e . Les imp e ccables, ce sont. . . tels et tels. Du b ois, du b ois et encor e
du b ois. Corbièr e était en chair et en os tout bêtement.
1Les p oètes maudits Chapitr e I
Son v er s vit, rit, pleur e très p eu, se mo que bien, et blague encor e
mieux. Amer d’ailleur s et salé comme son cher O cé an, nullement b
erceur ainsi qu’il ar riv e p arfois à ce turbulent ami, mais r oulant comme lui
des ray ons de soleil, de lune et d’étoiles dans la phosphor escence d’une
houle et de vagues enrag é es  !
Il de vint Parisien un instant, mais sans le sale esprit mesquin  : des
ho quets, un v omissement, l’ir onie fér o ce et pimp ante , de la bile et de la
fiè v r e s’ e x asp érant en g énie et jusqu’à quelle g aîté  !
Ex emple  :
RESCOUSSE
Si ma guitar e
e je rép ar e ,
T r ois fois barbar e ,
Kriss indien,
Cric de supplice ,
Bois de justice ,
Boite à malice ,
Ne fait p as bien. . .
Si ma v oix pir e
Ne p eut te dir e
Mon doux marty r e . . .
— Métier de chien  ! —
Si mon cig ar e ,
Viatique et phar e ,
Point ne t’ég ar e  ;
— Feu de brûler . . .
Si ma menace ,
T r omb e qui p asse ,
Manque de grâce  ;
— Muet de hurler  !. . .
2Les p oètes maudits Chapitr e I
Si de mon âme
La mer en flamme
N’a p as de lame  ;
— Cuit de g eler . . .
V ais m’ en aller  !
A vant de p asser au Corbièr e que nous préfér ons, tout en raffolant des
autr es, il faut insister sur le Corbièr e p arisien, sur le D é daigneux et le
Railleur de tout et de tous, y compris lui-même .
Lisez encor e cee
ÉP I T AP H E
Il se tue d’ardeur et mour ut de p ar esse .
S’il vit, c’ est p ar oubli  ; v oici qu’il se laisse  :
Son seul r egr et fut de n’êtr e p as sa maîtr esse ,
Il ne naquit p ar aucun b out,
Fut toujour s p oussé v ent deb out
Et fut un arle quin-rag oût,
Mélang e adultèr e de tout.
Du je-ne-sais-quoi. — Mais sachant tout
D e l’ or , — mais av e c p as le sou  ;
D es nerfs, — sans nerf. Vigueur sans for ce  ;
D e l’élan, — av e c une entor se  ;
D e l’âme , — et p as de violon  ;
D e l’amour , — mais pir e étalon  ;
T r op de noms p our av oir un nom.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nous en p assons et des plus amusants.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pas p oseur , — p osant p our l’unique  ;
3Les p oètes maudits Chapitr e I
T r op naïf étant tr op cy nique  ;
Ne cr o yant à rien, cr o yant tout.
— Son g oût était dans le dég oût.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
T r op soi p our se p ouv oir souffrir ,
L’ esprit à se c et la tête iv r e ,
Fini, mais ne sachant finir ,
Il mour ut en s’aendant viv r e
Et vé cut, mourir .
Ci-gît, cœur sans cœur , mal planté ,
T r op réussi comme raté .
Du r este , il faudrait citer toute cee p artie du v olume , et tout le
v olume , ou plutôt il faudrait ré é diter cee œuv r e unique , Les Amours
Jaunes ¹ , p ar ue en 1873, aujourd’hui intr ouvable ou pr esque ² , où Villon
et Pir on se complairaient à v oir un rival souv ent heur eux, — et les plus
illustr es d’ entr e les v rais p oètes contemp orains un maîtr e à leur taille , au
moins  !
Et tenez, nous ne v oulons p as encor e ab order le Br eton et le marin
sans quelques der nièr es e xp ositions de v er s détachés, qui e xistent p ar
eux-mêmes, de la p artie des Amours Jaunes qui nous o ccup e .
A pr op os d’un ami mort « de chic , de b oir e ou de phthisie »  :
Lui qui sifflait si haut son p etit air de tête .
A pr op os du même , pr obablement  :
Comme il était bien Lui, ce Jeune plein de sè v e  !
Apr e à la vie O gué  !. . . et si doux en son rê v e .
Comme il p ortait sa tête ou la couchait g aîment  !
Enfin ce sonnet endiablé , d’un rhythme si b e au  :
H EU RES
1. Glady frèr es.
2. Ré é dition V anier , 1891.
4Les p oètes maudits Chapitr e I
 A umône au malandrin en chasse  !
 Mauvais œil à l’ œil assassin  !
 Fer contr e fer au sp adassin  !
— Mon âme n’ est p as en état de grâce  ! —
 Je suis le fou, de Pamp elune ,
 J’ai p eur du rir e de la Lune
  Cafarde av e c son crêp e noir . . .
Hor r eur  ! tout est donc sous un éteignoir .
 J’ entends comme un br uit de cré celle . . .
  C’ est la maie heur e qui m’app elle .
D ans le cr eux des nuits tomb e un glas. . . deux glas.
 J’ai compté plus de quator ze heur es. . .
 L’heur e est une lar me . — T u pleur es,
Mon cœur  !. . . Chante encor , va  ! — Ne compte p as.
A dmir ons bien humblement, — entr e p ar enthèses, cee langue forte ,
simple en sa br utalité , char mante , cor r e c

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