La lecture à portée de main
Description
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 65 |
EAN13 | 9782824711775 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
P A U L V ERLAI N E
LES POÈT ES MA U DI TS
BI BEBO O KP A U L V ERLAI N E
LES POÈT ES MA U DI TS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1177-5
BI BEBO OK
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Sour ces :
– B.N.F .
– Éfélé
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
T RIST AN CORBI ÈRE
C un Br eton, un marin, et le dé daigneux p ar
e x cellence , œs triple x. Br eton sans guèr e de pratique catholique ,T mais cr o yant en diable ; marin ni militair e , ni surtout mar chand,
mais amour eux furieux de la mer , qu’il ne montait que dans la tempête ,
e x cessiv ement fougueux sur ce plus fougueux des che vaux ( on raconte
de lui des pr o dig es d’impr udence folle ), dé daigneux du Succès et de la
Gloir e au p oint qu’il avait l’air de défier ces deux imbé ciles d’émouv oir
un instant sa pitié p our eux !
Passons sur l’homme qui fut si haut, et p arlons du p oète .
Comme rimeur et comme pr oso diste il n’a rien d’imp e ccable , c’
est-àdir e d’assommant. Nul d’ entr e les Grands comme lui n’ est imp e ccable , à
commencer p ar Homèr e qui somnole quelquefois, p our ab outir à Gœthe
le très humain, quoi qu’ on dise , en p assant p ar le plus qu’ir régulier
Shaksp e ar e . Les imp e ccables, ce sont. . . tels et tels. Du b ois, du b ois et encor e
du b ois. Corbièr e était en chair et en os tout bêtement.
1Les p oètes maudits Chapitr e I
Son v er s vit, rit, pleur e très p eu, se mo que bien, et blague encor e
mieux. Amer d’ailleur s et salé comme son cher O cé an, nullement b
erceur ainsi qu’il ar riv e p arfois à ce turbulent ami, mais r oulant comme lui
des ray ons de soleil, de lune et d’étoiles dans la phosphor escence d’une
houle et de vagues enrag é es !
Il de vint Parisien un instant, mais sans le sale esprit mesquin : des
ho quets, un v omissement, l’ir onie fér o ce et pimp ante , de la bile et de la
fiè v r e s’ e x asp érant en g énie et jusqu’à quelle g aîté !
Ex emple :
RESCOUSSE
Si ma guitar e
e je rép ar e ,
T r ois fois barbar e ,
Kriss indien,
Cric de supplice ,
Bois de justice ,
Boite à malice ,
Ne fait p as bien. . .
Si ma v oix pir e
Ne p eut te dir e
Mon doux marty r e . . .
— Métier de chien ! —
Si mon cig ar e ,
Viatique et phar e ,
Point ne t’ég ar e ;
— Feu de brûler . . .
Si ma menace ,
T r omb e qui p asse ,
Manque de grâce ;
— Muet de hurler !. . .
2Les p oètes maudits Chapitr e I
Si de mon âme
La mer en flamme
N’a p as de lame ;
— Cuit de g eler . . .
V ais m’ en aller !
A vant de p asser au Corbièr e que nous préfér ons, tout en raffolant des
autr es, il faut insister sur le Corbièr e p arisien, sur le D é daigneux et le
Railleur de tout et de tous, y compris lui-même .
Lisez encor e cee
ÉP I T AP H E
Il se tue d’ardeur et mour ut de p ar esse .
S’il vit, c’ est p ar oubli ; v oici qu’il se laisse :
Son seul r egr et fut de n’êtr e p as sa maîtr esse ,
Il ne naquit p ar aucun b out,
Fut toujour s p oussé v ent deb out
Et fut un arle quin-rag oût,
Mélang e adultèr e de tout.
Du je-ne-sais-quoi. — Mais sachant tout
D e l’ or , — mais av e c p as le sou ;
D es nerfs, — sans nerf. Vigueur sans for ce ;
D e l’élan, — av e c une entor se ;
D e l’âme , — et p as de violon ;
D e l’amour , — mais pir e étalon ;
T r op de noms p our av oir un nom.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nous en p assons et des plus amusants.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pas p oseur , — p osant p our l’unique ;
3Les p oètes maudits Chapitr e I
T r op naïf étant tr op cy nique ;
Ne cr o yant à rien, cr o yant tout.
— Son g oût était dans le dég oût.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
T r op soi p our se p ouv oir souffrir ,
L’ esprit à se c et la tête iv r e ,
Fini, mais ne sachant finir ,
Il mour ut en s’aendant viv r e
Et vé cut, mourir .
Ci-gît, cœur sans cœur , mal planté ,
T r op réussi comme raté .
Du r este , il faudrait citer toute cee p artie du v olume , et tout le
v olume , ou plutôt il faudrait ré é diter cee œuv r e unique , Les Amours
Jaunes ¹ , p ar ue en 1873, aujourd’hui intr ouvable ou pr esque ² , où Villon
et Pir on se complairaient à v oir un rival souv ent heur eux, — et les plus
illustr es d’ entr e les v rais p oètes contemp orains un maîtr e à leur taille , au
moins !
Et tenez, nous ne v oulons p as encor e ab order le Br eton et le marin
sans quelques der nièr es e xp ositions de v er s détachés, qui e xistent p ar
eux-mêmes, de la p artie des Amours Jaunes qui nous o ccup e .
A pr op os d’un ami mort « de chic , de b oir e ou de phthisie » :
Lui qui sifflait si haut son p etit air de tête .
A pr op os du même , pr obablement :
Comme il était bien Lui, ce Jeune plein de sè v e !
Apr e à la vie O gué !. . . et si doux en son rê v e .
Comme il p ortait sa tête ou la couchait g aîment !
Enfin ce sonnet endiablé , d’un rhythme si b e au :
H EU RES
1. Glady frèr es.
2. Ré é dition V anier , 1891.
4Les p oètes maudits Chapitr e I
A umône au malandrin en chasse !
Mauvais œil à l’ œil assassin !
Fer contr e fer au sp adassin !
— Mon âme n’ est p as en état de grâce ! —
Je suis le fou, de Pamp elune ,
J’ai p eur du rir e de la Lune
Cafarde av e c son crêp e noir . . .
Hor r eur ! tout est donc sous un éteignoir .
J’ entends comme un br uit de cré celle . . .
C’ est la maie heur e qui m’app elle .
D ans le cr eux des nuits tomb e un glas. . . deux glas.
J’ai compté plus de quator ze heur es. . .
L’heur e est une lar me . — T u pleur es,
Mon cœur !. . . Chante encor , va ! — Ne compte p as.
A dmir ons bien humblement, — entr e p ar enthèses, cee langue forte ,
simple en sa br utalité , char mante , cor r e c