Une baraque de la foire
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Description

Louis Bouilhet — Dernières chansons
Une baraque de la foire
Oh ! qu’il était triste, au coin de la salle !
Comme il grelottait, l’homme au violon !
La baraque en planche était peu ...

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Langue Français

Extrait

Louis BouilhetDernières chansons
Une baraque de la foire
Oh ! qu’il était triste, au coin de la salle ! Comme il grelottait, l’homme au violon ! La baraque en planche était peu d’aplomb, Et le vent soufflait dans la toile sale.
Des bourgeois blasés ― l’un d’eux s’en alla ! ― Raillaient à plaisir ces vieilles sornettes, Ainsi qu’il convient à des gens honnêtes Qui sont revenus de ces choses-là !
Dans son ermitage, Antoine, en prière, Se couvrait les yeux, sous son capuchon ; Les diables dansaient ; ― le petit cochon Passait, effaré, la torche au derrière.
Découvrant sa gorge, et portant, je croi, Sur son carton peint, la mouche assassine, En grand falbala venait Proserpine, Comme une princesse à la cour d’un roi.
Tout l’enfer sautait au bout des ficelles. ― Dieu l’avait permis, très-évidemment ! ― Puis ce fut le tour du bleu firmament Avec ses pétards et ses étincelles.
Le soleil tournait, plein de vérité Chaque trou d’étoile était à sa place, Des anges bouffis flottaient dans l’espace, Pendus au plafond pour l’éternité.
― Oh ! qu’il était triste ! oh ! qu’il était pâle !... Oh ! L’archet damné raclant sans espoir ! Oh ! Le paletot plus sinistre à voir Sous les transparents aux lueurs d’opale !
Comme un chœur antique au sujet mêlé, Il fallait répondre aux péripéties, Et quitter soudain, pour des facéties, Le libre juron, tout bas grommelé !...
Il fallait chanter ! Il fallait poursuivre Pour le pain du jour, la pipe du soir, Pour le dur grabat dans le grenier noir, Pour l’ambition d’être homme et de vivre !
Mais parfois, dans l’ombre ― et c’était son droit ! ― Il lançait, lui pauvre et transi dans l’âme, Un regard farouche aux pantins du drame Qui reluisaient d’or et n’avaient pas froid.
Puis ― comme un rêveur dégagé des choses ― Sachant que tout passe et que tout est vain, Sans respect du monde, il chauffait sa main Au rayonnement des apothéoses !...
Novembre 1867.
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