Douce Lumière
142 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
142 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Marguerite Audoux est née à Sancoins dans le Cher, en 1863. Élevée dans un orphelinat, fille de ferme en Sologne, puis couturière à Paris, elle raconta sa vie dans Marie-Claire (1910), qui obtint le prix Fémina. Elle publia ensuite L'Atelier de Marie-Claire (1920), De la ville au moulin (1926), et Douce Lumière (1937). Extrait : Elle se laissa entraîner dans la ronde, mais il lui fut impossible de sauter. Ses jambes étaient devenues aussi lourdes que sa tête, dans laquelle la voix triste et dure de son grand-père redisait sans cesse : « Au frais matin les coqs ont chanté sa naissance, et, au soir tombant, la cloche de l'église a sonné le glas pour son père et sa mère. » Ses compagnes la tiraient et la poussaient en se moquant de sa maladresse. Elle n'y était pas sensible. Un étonnement sans bornes était en elle. Ainsi, comme son ami Noël et les autres enfants, elle avait eu un père et une mère, et pour eux le glas avait sonné, comme il sonnait pour tous ceux qui mouraient au village.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 46
EAN13 9782824712437
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

I NCON N U( E)
D OUCE LUMI ÈRE
BI BEBO O KI NCON N U( E)
D OUCE LUMI ÈRE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1243-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1243-7Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
  , tout comme les autr es jour s, elle joue av e c son
chien. Elle joue à courir dans le v er g er qui entour e la très vieilleD maison où, p ar un clair matin de mai, sa v enue au monde app orta
aux siens l’ang oisse , le deuil et un désesp oir sans limite .
A ujourd’hui, elle a sept ans et c’ est encor e un clair matin de mai. Et
si la vieille maison r este grise et triste sous les ray ons du frais soleil, le
v er g er brille , embaume et jee au v ent les mille et une fleur ees qui se
sép ar ent, comme à r egr et, des fr uits naissants.
La fillee court pie ds nus, tête nue , bras nus, n’ayant p our tout
vêtement qu’une souquenille de gr osse toile toute r ong é e p ar le bas, et dont
les accr o cs mal r e cousus menacent de s’ ouv rir , au moindr e effort. Elle
court le long de la haie d’aubépine taillé e à hauteur d’homme et aussi
imp énétrable qu’un gr os mur . Elle court sous les arbr es, les contour nant l’un
après l’autr e et p arfois, grimp ant sur l’une des gr osses branches, elle r este
là , p er ché e , à rir e au nez du chien qui s’ essouffle en des b onds énor mes
1D ouce Lumièr e Chapitr e I
et pleur e de ne p ouv oir la r ejoindr e . Parfois aussi tout en courant elle se
baisse p our ramasser une p oigné e de fleur ees qu’ elle lance adr oitement
dans la gueule de son comp agnon, rien que p our le v oir éter nuer , souffler ,
et r ejeter les fleur ees, puis b ondir sur elle , la r env er ser et la p ousser du
muse au jusqu’à ce qu’ elle soit deb out p our r ep artir . Elle joue sans br uit, la
b ouche seulement ouv erte p our des rir es muets ; car si elle ignor e la p eur
de r ester seule dans sa maison isolé e , elle craint les g amins qui rô dent
dans les champs d’alentour et viennent lui jeter des pier r es comme à un
vilain animal. À cause d’ eux, depuis longtemps déjà elle a pris l’habitude
du silence . Il y a encor e , der rièr e la maison, l’ entré e du p otag er qui lui
donne des soucis, malgré sa lar g e et forte grille dont les bar r e aux se
terminent en lances p ointues comme des fuse aux. Cee entré e-là fait face à
une haute et vaste sapinièr e dont on ne v oit p as la fin. Cee grille , elle ne
l’a jamais v ue ouv erte . Cep endant elle a dû s’ ouv rir autr efois p our laisser
entr er et sortir des char r ees dont on v oit encor e la trace à deux or nièr es
qui se p erdent au loin, entr e les sapins. Elle ne joue plus de ce côté depuis
qu’ elle a v u un homme à b esace s’achar ner contr e la ser r ur e massiv e et
r ouillé e , et cela sans s’inquiéter des ab oiements furieux du chien qui
disaient clair ement que p er sonne n’avait le dr oit d’ entr er p ar là . La ser r ur e
avait résisté , mais l’homme était p arti av e c des jur ons et des menaces qui
avaient ép ouvanté l’ enfant et la laissaient sous la crainte constante d’ elle
ne savait quel dang er . Et v oici qu’à l’instant même où elle y p ensait, et
sans qu’aucun br uit de la grille ne l’ eut av ertie , elle ap er ce vait tout à coup ,
v enant du p otag er , un jeune g ar çon qui s’avançait en lui souriant comme
à une amie de toujour s. Le chien, lancé p our une nouv elle cour se , s’ar rêta
net et gr onda ; mais il s’ap aisa vite ; sa p etite maîtr esse , comme airé e p ar
le sourir e jo y eux de l’ar rivant, mar chait lentement à sa r encontr e .
— T u es donc toute seule av e c lui ? demanda le jeune g ar çon en
désignant le chien.
— Oui, dit la p etite , il joue av e c moi et il n’ est p as mé chant.
— J’ai bien v u qu’il n’était p as mé chant, r eprit le g ar çon, et j’ai sauté
p ar-dessus la grille p our v enir jouer av e c v ous deux.
Et comme si cela eût été une chose conv enue depuis longtemps, les
deux enfants se prir ent p ar la main et se mir ent à courir de toutes leur s
for ces, suivis du chien qui les dép assait, r e v enait en ab o yant, manquait
2D ouce Lumièr e Chapitr e I
de les fair e tomb er , et r ep artait p our r e v enir encor e . À b out de souffle , ils
s’ar rêtèr ent enfin. Assis près des p ommier s dont les fleur s tour no yaient
au-dessus de leur s têtes comme de fins p apillons, ils jouaient à les arap er .
Puis, subitement lassé de ce jeu, le g ar çon p osa des questions pré cises.
« Pour quoi était-elle seule à la maison ? Comment s’app elait-elle ? Et
son chien, comment s’app elait-il ? Et ses p ar ents, où étaient-ils ? »
Les rép onses étaient faciles et la p etite les faisait au fur et à mesur e
des demandes. Elle était seule p ar ce que son grand-pèr e travaillait loin du
v er g er . Elle s’app elait D ouce et son chien s’app elait T ou. Elle n’avait p as
de p ar ents p ar ce qu’ elle était né e sans pèr e ni mèr e .
Et p our s’ e x cuser de n’êtr e p as semblable aux autr es enfants, elle
ajouta très vite :
— T ou aussi est né sans pèr e ni mèr e . Je l’ai tr ouvé dans le b ois, sur
la mousse . Mèr e Clarisse a dit qu’il était tout frais naissant et qu’il était
mon p etit frèr e puisqu’il n’avait p as de p ar ents non plus.
La v oix était de v enue si grav e en disant cela que le g ar çon n’ osa même
p as sourir e . Et tous deux, comme à l’annonce d’un malheur , fir ent silence
un long moment. Puis le g ar çon p arla de lui-même . Il s’app elait Noël
Barray . Il était aussi du villag e de Blér oux, et demeurait av e c ses p ar ents dans
une fer me , de l’autr e côté de la sapinièr e , une grande fer me où il y avait
b e aucoup de che vaux, b e aucoup de vaches et b e aucoup de moutons, il y
avait encor e tr ois chiens, mais c’étaient des chiens mé chants qui r estaient
à l’aache et ne sauraient p as jouer comme T ou. Et depuis que Luc, son
grand frèr e , était p arti p our le régiment, il s’ ennuyait à la maison où ne v
enaient p as de p etits camarades ; mais maintenant qu’il connaissait D ouce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents